Chapitre 33

PDV Emma

– Emma, tu peux aller prendre la commande là-bas, s'il te plait ? me demanda Crystal, toute souriante.

J'hochais la tête, lui rendant son sourire au passage, et partis aussitôt prendre la commande. C'est un peu plus dur pour moi maintenant, étant donné que les deux cruches sont parties il y a quelques jours déjà.

Pourquoi ?

Car tout simplement elles ne faisaient que draguer et ne faisaient plus leur boulot correctement. Donc, du balais ! C'est pour ça que je me retrouve désormais seule, à prendre toutes ces commandes et à préparer les cafés, chocolats...

Crystal a passé une annonce et à ce que je sais, quelqu'un devrait venir fin d'après-midi pour voir s'il est apte ou non à prendre ce job.

Il n'y a donc que deux choses qui rythment mes journées : mon travail et... toujours cette même pensée.

Owen.
Owen.
Owen.

Je ne cesse de penser à lui. Je croyais que ça allait me faire du bien de m'éloigner un peu, mais en fait pas du tout. Il me manque affreusement et je n'ai jamais ressenti un manque aussi intense dans ma petite vie.

À chaque fois j'espère le voir franchir la porte du café, mais pourtant, tout ceci ne sont que des illusions. Après tout, il est encore là-bas. Loin de moi. Il ne reviendra pas encore. Je ne suis même plus en colère contre lui, car le manque est passé au dessus de tout ça.

Il me manque. C'est indéniable.

Wendy m'avait appelé il y a deux semaines, pour me parler de lui.

Et comment dire... il a très mal réagit quant à mon départ précipité. On m'avait dit que déjà, il s'était blessé à la main et qu'en plus, il n'avait cessé de crier sur Wendy, Lucile et les autres, qui étaient au courant pour mon départ.

Depuis cet appel-là, d'autres personnes avaient aussi tenus à me passer un coup de fil. Logan et Klark, pour ma grande surprise. Logan me disait souvent que je lui manquais et qu'il y avait un certain vide sans moi. Ça m'avait beaucoup touché.

Mais, ce qui m'avait le plus touché, c'était l'appel de Klark. J'avais littéralement fondu en larmes (seule dans ma chambre, évidemment), quand il m'avait raconté pour Owen. Comment il avait réagi quand Klark lui avait annoncé que j'étais bel et bien partie.

Il avait frappé le mur. Et une larme avait aussi coulé le long de sa joue.

C'étaient les paroles dictées par Klark, qui ne cessaient de m'hanter et de me faire encore plus ressentir, de la peine et de la tristesse.

Je n'ai jamais vu un de mes proches masculins pleurer. Je sais que c'est dure pour certains hommes -pas tous- d'exprimer leurs émotions et même, de laisser échapper une larme. Surtout qu'Owen, n'était pas du tout le genre de mec à pleurer.

Et pourtant. Il a versé une larme.
Pour moi.

Et ça, je l'ai affreusement mal vécu. Je m'étais dit que j'en avais peut-être trop fait, que nous aurions dû avoir d'autres discussions. Plus parler. Plus communiquer. J'en avais donc parlé à Crystal et elle m'avait dit que c'était tout à fait normal la réaction que j'avais eu. Qu'elle aurait fait pareil, mais « aurait quand même brûlé l'autre blondasse ».

J'avoue avoir rigolé et cela m'avait fait un bien fou.

Elle m'avait aussi expliqué que je n'étais pas partie que pour lui, mais également pour laisser ma place à une nouvelle infirmière. Je sais qu'elle avait raison, mais je m'en voulais toujours un peu d'être partie comme ça.

J'aurais peut-être dû lui laisser une lettre, un mot... Mais non. Je n'ai rien laissé. Je suis partie comme ça.

Et Owen l'a très mal vécu, c'est sûr et certain, puisque depuis deux semaines nous n'avons plus aucun contact. Rien... Il ne m'a pas appelé une seule fois comme je ne l'ai pas fait d'ailleurs. Mon esprit est partagé entre le fait de l'appeler, mais aussi ne pas le faire. Il m'a quand même menti. Peut-être avait-il des raisons, mais il l'a quand même fait.

Mais moi aussi je l'avais laissé et étais partie.

Nous avions tous deux nos torts, nos erreurs et surtout, une trop grande fierté. À cause de cela, personne n'a osé faire le premier pas depuis exactement deux semaines. C'est con. Extrêmement bête, mais c'est notre caractère...

Même si les filles m'appellent une fois par semaine pour me donner de ses nouvelles, ça me fait plus de peine de savoir que ce ne sera pas sa voix que j'entendrai... J'ai déjà voulu l'appeler, mais à chaque fois cette image de lui et l'autre blonde me revenait en tête.

J'abandonnais donc aussitôt et partais toujours me réfugier sous ma couette.

On m'avait également dit que ces deux dernières semaines, Owen était d'une humeur exécrable. Il ne souriait plus et était constamment en colère. Wendy avait essayé de lui parler, mais elle s'était fait immédiatement rembarrée. On m'avait aussi dit que l'autre blonde de Laïa était retournée dans son camps.

J'avais envie de dire, tant mieux, qu'elle se casse, mais je m'étais tout de même résigner à ne pas leur faire part de mes autres pensées morbides.

Sinon depuis deux semaines également, je suis passé chez Belle récupérer mon chat. Kaporal. J'avais les larmes aux yeux dès que je l'avais aperçu. Car après tout, c'était le cadeau d'Owen avant son départ. À chaque fois que je vois cette boule de poil, ça me fait encore plus penser à lui.

Avec tout ce qui s'est passé entre nous deux, nous sommes tellement bornés et têtus, que personne ne fera encore le premier pas. Je le sais. Il doit certainement le savoir lui aussi.

Je lui en veux pour son mensonge.
Il m'en veut pour être partie.

Mais le pire je crois, c'est quand Belle m'avait raconté pour eux deux. La blonde et Owen. Elle m'avait tout expliqué de A à Z. Elle était une des rares personnes avec Alex, à savoir pour ces fameux fiançailles. J'aurais vraiment dû gifler cette fille quand j'en avais eu l'opportunité en fait.

Mais quelle conne celle-là ! Et dire que j'avais un peu de pitié pour elle et bien là, tout s'était immédiatement envolé. J'avais donc tout compris grâce à Belle.

Même si tout était clair désormais, j'étais quand même encore déçue. Il aurait dû me le dire. Me l'avouer. Et voilà à quoi tout cela nous avait mené...

Je ne sais pas si nous nous reverrons un jour ou encore, si j'obtiendrai des nouvelles de lui. Pas pour le moment, je pense. J'ai toujours cette immense fierté qui m'oblige à ne pas l'appeler. Et lui, doit sûrement m'en vouloir beaucoup pour ne pas m'appeler.

C'était peut-être juste un amour de passage et finalement, nous n'étions pas fait pour être ensembles...

Mon cœur se noua aussitôt rien qu'à cette pensée. C'est sûre qu'aucun mec ne m'avait fait ressentir ça aussi rapidement, mais peut-être qu'après tout, ça n'allait pas coller...

– Emma ! Attention ! cria soudainement une voix féminine, me faisant immédiatement sortir de mes pensées.

Ah merde. Je venais de foncer dans quelqu'un, le café se reversant donc sur lui.

– Excusez-moi ! Désolée ! m'exclamais-je directement, avant de me baisser et de commencer à ramasser les quelques bouts de verre.

L'individu se baissa et commença lui aussi à m'aider à ramasser.

– Laissez faire, ce n'est pas à vous de faire ça. Encore désolée, dis-je tout bas, avant de relever la tête et de croiser...

Des yeux verts.

C'était un homme beaucoup plus âgé que moi, mais qui possédait tout de même un certain charisme. Je ne suis pas attirée par les hommes plus âgés que moi, loin de là, mais son visage à lui, me faisait quelque chose.

Il devait avoir vers les cinquante ans et avait déjà quelques cheveux grisonnants. Habillé plutôt classe, il avait une chemise blanch...

Que je venais littéralement de ruiner.
Oh merde !

Je me levais en vitesse et me morfondais en excuses, extrêmement gênée de cet accident. Ça ne m'arrive pas souvent ces choses-là ; juste trois fois par semaine normalement...

– Attendez, je vais vous chercher une serviette... un torchon... enfin... commençais-je à bafouillais-je.

– Ce n'est pas grave mademoiselle. Ça arrive à tout le monde. J'irai me changer, je n'habite pas très loin d'ici. Excusez-moi de vous importuner en plein service, mais êtes-vous Emma ? demanda soudainement l'homme, un sourire chaleureux plaqué au visage.

– Si je réponds oui, vous allez me poursuivre ? répliquais-je aussitôt, ce qui lui fit échapper un rire sincère.

Mais...
Cette ressemblance...
Les mêmes traits...

– Pas du tout mademoiselle. J'étais venu pour vous remettre ceci. Vous êtes réellement charmante, comme on me l'avait décrit. Passez une bonne journée, continua l'homme âgé, tout souriant, en me donnant au passage une petite enveloppe.

Il me souriait encore, avant de me saluer et de partir. Comme ça.

Je le regardais toujours, sa silhouette venant de disparaître à la seconde ruelle. Je regardais directement l'enveloppe et vis qu'elle comportait un truc. Il n'y avait pas qu'une seule lettre, mais également un objet.

Je ramassais encore les bouts de verre et nettoyais le sol, avant de partir derrière le comptoir et d'ouvrir cette étrange enveloppe. J'avais raison. Il y avait bien une lettre à l'intérieur. Enfin un bout de papier et un collier. Et une plaque... ?

Je le pris en main et dès que mes yeux se posaient sur la gravure, mon cœur loupa un battement. Même deux, je l'avoue. Il s'en suivait une danse plus qu'endiablée dans ma cage thoracique. Je passais mes doigts dessus et lisais sans cesse ce qui était gravé dessus.

|Owen Hamley. |
|Caporal de la seconde division.|
|15/03/90. |

Je m'empressais de prendre le bout de papier, les mains légèrement tremblantes. Mon cœur tambourinait toujours aussi intensément dans ma poitrine. À peine avais-je lu, que les six derniers mots retenaient directement mon intention :

J'en avais deux au cas où. Garde-le pour moi.

Tu me manques.
Je t'aime.










**





( Normalement ce n'est pas marqué ça sur les plaques, j'ai mit au hasard. 🙋🏼Têtus les deux, hein ! 😁)

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