Chapitre 24
– Et tu vois, j'étais déjà à ma deuxième année pour devenir mannequin, mais...
Mais s'il vous plaît.
Faite le taire !
Ça fait déjà quinze minutes que Benny est en train de me parler de son passé. De sa vie. De ses études. De tout ce que je m'en fous.
Vu que je ne voulais pas ouvrir la bouche, monsieur s'était donc décidé à raconter lui-même sa vie. J'ai essayé de m'enfuir, je vous le jure. Je m'étais levée, j'avais commencé à sauter à cloche-pieds, mais il m'avait aussitôt rattrapé. Vu que je n'ai pas mes béquilles, je ne peux pas l'assommer. Je ne peux pas non plus me lever et le frapper comme ça. Ma cheville ne survivrait pas. Et je ne peux pas crier. Après tout, on le prendrait pour quoi, lui ?
Et dire qu'Owen m'attends. Il doit être furax.
– Allez, maintenant parle-moi de toi ! s'exclama-t-il, me rompant de mes pensées.
– Je dois aller aux toilettes, dis-je.
– Je t'y emmène alors ! répliqua-t-il tout souriant, en s'approchant de moi et en me prenant par la taille.
Il était entrain d'ouvrir la porte, mais je lui donnais un joli coup dans le ventre, avant de commencer à partir...
À cloche-pied.
Vive la vitesse.
J'étais en train de prendre un nouveau couloir, quand je fonçais dans quelqu'un.
- Alex ! C'est toi ! m'exclamais-je, super méga trop heureuse de le retrouver.
– Emma ! Bah tiens ! rétorqua-t-il, en m'enlaçant chaleureusement.
– Mon chaton, où es-tu ? dit une voix que je reconnus aussitôt.
– Alex. Prend moi dans tes bras et amène moi aux dortoirs s'il te plaît, chuchotais-je, en m'agrippant à lui.
– Pourquoi ? On dirait qu'une charmante compagnie est à ta rech...
– Je vais appeler Belle et lui dire que tu la trompes, le coupais-je immédiatement.
– J'ai dit quoi avant ? Allons-y ! répliqua Alex, en se retournant directement.
– Ah Emma ! Tu es là ! intervenait l'autre crét...
C'est vrai que crétin est réservé à Owen. J'avais oublié.
– Bouge tes fesses Alex, repris-je.
Il laissa échapper un petit rire et il commença à courir légèrement. Quelques minutes plus tard, il entamait les escaliers. Arrivés au dernier étage, je guidais Alex vers la chambre et il me déposa ensuite à terre.
– Merci. T'es génial.
– Si je croise Benny, je lui donnerai une tâche à faire. répliqua Alex, un grand sourire plaqué au visage.
– Tout le monde connaît Benny, à ce que je vois, dis-je, en levant les yeux au ciel.
– Ce gamin est plutôt drôle. Mais très collant quand il s'agit de fille. Allez vas-y. Et aussi, ne pas va raconter des bobards à ma femme, Emma ! s'exclama Alex, en me lançant un clin d'œil au passage.
– Merci encore ! Ne t'en fait pas, je dirais que tu es le plus fidèle des maris !
Il me salua une dernière fois et pendant ce temps, je pris une profonde inspiration, avant de me décider d'entrer dans la chambre. Bon si Owen me gueule dessus, après tout il a le droit. Je suis arrivée en retard. Mais après, ce n'était pas de ma faute. J'espère qu'il ne montera pas dans les tours.
La poignée en main, je me décidais enfin à rentrer dans la chambre. Une tristesse et une grande déception m'envahissaient à la simple vue d'une chambre vide. Sans Owen. Il ne m'a même pas attendu...
Je m'avançais à cloche-pied, encore une fois, et pris ensuite place sur mon lit. Il y avait un petit mot que je m'empressais de déplier.
– Je t'ai attendu. La première preuve est là. Mais la deuxième non. Elle ne pourra se faire sans toi.
Dès que j'avais fini de lire ces quelques lignes, un pincement au cœur se fit ressentir. Ça me faisait de la peine en constatant qu'il ne m'avait pas attendu... Je sais que je suis en retard, mais bon... J'aurai peut-être espérée mieux de sa part...
Je laissais échapper un profond soupir et m'étalais sur mon lit. Soudain, une douce odeur enivra mes narines. Cette odeur. Je me relevais aussitôt et apercevais sur la commode...
Oh oui.
L'assiette, avec mon fondant au chocolat...
Il a vraiment trouvé la première preuve. Celle quand lui et moi étions allés grignoter quelque chose et qu'il m'avait donné un bout de son fondant au chocolat.
Un de nos souvenirs passés ensembles...
Ok Emma.
Tu sais ce qu'il te reste à faire !
Je me levais en trombe de mon lit -enfin pas trop, quand même- et partis chercher Owen. À cloche-pied, évidemment. Dans le couloir, il y avait une multitude de portes, qui s'offraient à moi. Je commençais à m'avancer, enfin à sautiller, et toquais aussitôt à une porte. Personne ne répondait.
J'ai continué un petit moment, mais toujours la même chose. Personne n'ouvrait ! Mais bon sang, ils sont passés où tous ces hommes ! Je laissais échapper un petit grognement, très charmant, et continuais donc dans ma lancée.
Je venais de frapper à une porte et surprise ! Elle s'ouvrit immédiatement, avec un homme... à moitié nu, une serviette couvrant simplement ses parties intimes.
Je ne pus m'empêcher de crier par surprise, mais lui aussi, cria. Soudain, plusieurs portes s'ouvraient à la volée, laissant apparaître d'autres hommes en serviettes.
Bon sang...
Ils étaient en train de prendre leurs douches...
Je commençai à reculer, mais je glissais sur je ne sais quoi -encore et toujours-. Mais cela changea puisque l'homme devant moi me rattrapa. Fausse bonne idée. Il a perdu sa serviette au passage. Je poussais un énorme cri, avant de me cacher les yeux à l'aide de mes mains.
– Rentrez immédiatement dans vos chambres, s'exclama soudainement une voix grave et autoritaire.
Owen...
– Oui chef, répondirent les hommes, avant que plusieurs claquements de portes ne se fassent entendre.
Je commençai à ouvrir les yeux, quand deux bras m'encerclèrent et je finissais donc en mode koala contre un torse dur.
- Cette fille... pesta-t-il, avant de commencer à avancer.
– Owen...
Owen ne répliqua rien et ouvrit une porte à l'aide de son pied. Nous venions donc d'entrer dans sa chambre personnelle. Owen me posa délicatement sur son lit et resta ensuite debout, à me fixer.
– J'ai rien vu. C'était un énorme accident, avouais-je tout bas, les joues encore rouges après le spectacle qui m'avait été donné.
- Je t'ai attendu, répliqua-t-il assez froidement, ce qui m'étonnait assez.
– Je sais et je suis désolée... Hélas Benny m'a en quelque sorte pris avec lui et...
– Pris avec lui ? Vous étiez en train de faire quoi ? rétorqua Owen, visiblement énervé.
– Ah mais non ! Comment dire... nous étions tous les deux dans une salle et Benny me racontait un peu sa vie.
– Et tu avais oublié notre rendez-vous ? C'est ça ?
– Ah non non ! C'est juste que j'étais sans mes béquilles et au premier étage. Disons que pour m'enfuir, c'était un peu dur...
– Tu aurais pu demander à quelqu'un de t'aider, bon sang ! s'exclama-t-il un peu fort, me faisant sursauter au passage.
– Comment aurais-je pu ! J'étais dans une salle avec lui ! J'allais pas faire des signaux de fumée, hein ! m'exclamais-je moi aussi, la colère commençant à monter.
– Tu aurais pu crier ! Je sais pas moi ! Le laisser en plan ! Je t'ai attendu merde ! continua Owen, en faisant des signes avec ses mains.
– Crier ? Mais ça va pas ! J'aurais eu l'air de quoi, moi ! Et on aurait pu limite croire qu'il m'avait séquestré, t'imagine ce qu'il aurait eu ! Et avec une cheville en compote, je serais allée super loin, c'est sûr !
Même si je ne porte pas spécialement Benny dans mon cœur, je sais qu'il aurait pu avoir de lourdes conséquences si j'avais crié. On aurait pu le prendre pour un malade, venant de séquestrer une infirmière. Il aurait pu perdre sa place dans l'armée.
Mais franchement, je ne voulais pas qu'il subisse ça, je sais qu'il a un bon cœur, au fond. Et puis je lui devais cette faveur là quand il m'avait aidé au collège...
– Tu défends Benny maintenant ?! reprit Owen, encore plus énervé.
– Bon j'avoue que c'était de sa faute, mais je n'allais tout de même pas crier ! Je pense aux conséquences, moi ! Et puis c'est bon, tu aurais pu m'attendre ! Arrête de faire tout un plat pour ça !
Certes c'est de la faute à Benny. Certes je suis arrivée plus qu'en retard. Mais Monsieur Owen aurait pu ranger sa fierté et m'attendre. Il aurait pu venir me chercher. Après tout, ce n'était pas je n'étais toujours pas là !
– Ça aurait dû déjà faire plus de trente minutes que tu devais être là ! J'allais pas encore attendre ! répliqua-t-il.
– Bah pourquoi ! Je ne compte pas assez pour toi, pour que tu m'attendes ? Ah non excuse-moi, à peine quinze minutes de retard et monsieur se barre déjà. Moi je t'aurais attendu !
Et c'est vrai. Je l'aurais vraiment attendu. Au bout de heure heures par contre, je me serai barrée. Mais oui, je l'aurais attendu. Mes sentiments auraient pris le dessus et mon cœur m'aurait dicté de l'attendre. Mais à ce que je vois, il ne doit pas avoir les mêmes sentiments que moi. Et sa fierté est grande. Beaucoup trop grande.
– Bon, on a finit de discuter. Tu peux partir, concluait monsieur, en me montrant au passage la porte du doigt.
Il se fiche de moi, là ?
- Tu n'es pas sérieux ? le reprenais-je.
Il me regarda un moment, avant d'hausser les épaules.
– Benny t'attend, je présume.
– Tu te fiches de moi là ? J'ai pas envie d'aller le voir ! Je veux rester ici, avec toi !
– Je t'ai attendu.
– Peut-être mais pas longtemps, murmurais-je, des larmes de colère venant perler aux coins de mes yeux.
Je me levais péniblement et je ne fis même pas l'effort de marcher à cloche-pied. Tant pis pour ma cheville. Je bousculais Owen au passage et me dirigeais vers la porte.
– Je ne te comprends plus. Si tu as de réels sentiments pour moi, tu m'aurais attendu. Je ne te demandais pas de m'attendre six heures, mais au moins un peu.
– Mais je m'excuse tout de même d'être arrivée en retard. Même si ce n'était pas de ma faute. Profite bien de ton rendez-vous, sans moi, finissais-je, avant de partir de sa chambre.
Et bien.
Ce rendez-vous avait été le meilleur que j'avais eu.
**
( C'est un peu partit dans tous les sens, mais bon. J'espère que vous avez tout de même compris leur dispute 😂 ; chacun a des torts, chacun a des bons arguments...
Merci pour vos commentaires et les 4000 vus dépassés ! Ça me fait super plaisir ! Bonne lectuuure 😁😊)
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