Chapitre 23

La nuit avait été plutôt agité, il faut se l'avouer. De toute façon, quand mes nuits sont agitées, c'est toujours à cause de quelqu'un.

D'un homme.
Owen.

Je me suis réveillée en sursaut, venant de faire un rêve plus qu'étrange. Bref résumé juste pour vous. Owen, moi. Sur une plage, le genou à terre. Une boîte dans ses mains, une petite bague sortant de celle-ci.

Je suis désormais par terre, les cheveux dans tous les sens, un cœur affolé. J'ai poussé un magnifique cri, vu que je venais de tomber sur ma cheville.

Et merde...

D'un coup ma porte s'ouvrit, se claquant très fortement contre le mur. Je poussais un autre cri, ne m'attendant pas à ça. Mais dès que je croisais ses prunelles bleus, je me calmais peu à peu.

Owen s'avança à grandes enjambées , avant de s'agenouiller devant moi.

– Je t'ai entendu crier, Emma, souffla-t-il.

– Un mauvais rêve. Désolée, chuchotais-je, les joues sûrement rosies quand je repensais à ce rêve.

– Tu es tombée sur ta cheville ? me demanda-t-il les sourcils froncés.

J'acquiesçais et il posa ensuite sa main sur ma cheville afin de la masser.

– Désolée si je t'ai réveillé, repris-je.

– J'étais déjà réveillé, ne t'en fait pas, répliqua Owen, avant de me prendre dans ses bras.

Il me posa sur mon lit, mais étrangement, il resta contre moi. Il s'allongea sur le lit, moi toujours dans ses bras. Ma tête était posée sur son torse et mes jambes s'étaient entremêlées aux siennes. Il garda une main dans mon dos, l'autre venant caresser dans une incroyable délicatesse, mes cheveux bruns.

– Dis-moi, tu as beaucoup réfléchi cette nuit ? me demanda soudainement Owen.

Je levais légèrement ma tête, nos regards se croisant donc.

– J'ai très mal dormi. Très mal.

Un petit sourire en coin apparut immédiatement, et il posa une main contre ma joue.

– Tu ne m'as toujours pas pardonné ? continua Owen, plutôt amusé.

– Non. J'attends tes preuves.

– Ce soir, vingt heures, dans ta chambre. Laisse la ouverte, je viendrai avant pour préparer quelque chose.

– Préparer ? repris-je.

– Je suis certain que tu sais de quoi je parle.

À c'est vrai. À y penser, je pense savoir. En même temps ça faisait parti de mes deux choses demandées pour que je puisse le pardonner.

– J'ai hâte de voir ça, avouais-je, très excitée je l'avoue.

– Tu ne seras pas déçue. Bon, je dois y aller, reprit Owen, avant de me pousser doucement et de se lever du lit.

– J'espère que ma fameuse lettre t'a fait réfléchir. De toute façon, je t'expliquerai mieux ce soir. Salut, petite brune, dit-il en me lançant un clin d'œil, et en partant de ma chambre.

Ah ça pour sûr cette lettre m'avait bien fait réfléchir. Je suis d'ailleurs contente de voir que nous pourrons éclaircir ce point ce soir. Il a l'air d'avoir trouvé et j'en suis vraiment contente.

Finalement, peut-être que notre relation va prendre un nouveau tournant !

**

La matinée était passée extrêmement vite. Wendy, Lucile et moi, avions soigné quelques hommes qui s'étaient légèrement blessés durant un entraînement. Cet après-midi nous devrons faire encore des vaccins pour les nouveaux arrivants d'hier. Ça veut dire que cet homme sera là.

Budy.
Merde.
Benny.

**

Assise sur le banc, mon plateau devant moi, j'avais une très belle vision sur Owen. Il ne me lâchait pas du regard et je pouvais en dire pareil pour moi. Son regard changea immédiatement et j'aperçus sa main se crispait autour de son verre.

Hum ?

– Salut mon chat ! s'exclama une voix que je reconnus immédiatement, malheureusement.

Et merde...

Je me poussais légèrement et Benny s'installa à côté de moi, tout content de me voir.

– Comment vas-tu ? me demanda-t-il.

– Bien, merci, répondis-je simplement.

Il se rapprocha encore plus de moi, nos jambes se touchant donc. Il piqua soudainement dans mon assiette, me volant au passage une carotte. Je lui lançais un regard noir, avant de lui donner une grosse tape sur l'épaule.

– Mais c'est que tu te défends maintenant ! ricana cet imbécile.

– Tais-toi, grondais-je, en me décalant.

Il parut plus qu'étonné de ma réplique, puisqu'il ne dit plus rien. Il passa ensuite une main autour de mes épaules, afin de me ramener contre lui. Il osa même placer une main dans mes cheveux pour les ébouriffer.

– Lâche-moi, grognais-je.

Il continua son geste et heureusement que Wendy et Lucile n'étaient pas là. Elles m'auraient harcelé de questions. Voulant qu'il arrête ses gamineries, que je n'aimais guère, je lui donnais un coup de coude dans le ventre. Problème, il était peut-être un peu trop fort.

Il tomba du banc, en agrippant son plateau. Un magnifique vacarme se fit entendre, avant que tout ne monde se cesse de parler pour le regarder. Il avait désormais des petits pois et carottes étalés de partout sur lui.

Je n'ai même pas pu contenir mon rire, désolée. Je me suis mise à rire et directement tout le monde me suivait. Benny se releva en vitesse et prit aussitôt une carotte dans ses mains.

Ah non.
Non, non, non.

J'aurais bien voulu m'enfuir, mais avec une cheville en compote, laissez tomber.

– Ne jamais jouer avec de la nourriture, dis-je très sérieusement.

– Vraiment ? répliqua-t-il, un grand sourire plaqué au visage.

Il commençait à s'avancer encore plus et je me levais directement, m'appuyant sur ma bonne jambe. Je commençais à reculer en arrière à cloche pieds. Certains garçons commençaient rire, trouvant la situation drôle. Bien-sûr, ça ne l'était pas pour moi. Loin de là. Je continuais encore à reculer jusqu'à que je ne me cogne contre quelque chose. Et en moins de deux je me retrouvais sur l'épaule... de quelqu'un.

– La nourriture n'est pas un jeu. Je m'occupe de sa punition. Benny, nettoie moi ça, s'il te plaît, déclara cette voix, très sérieusement.

Mon corps frissonna légèrement, ayant compris sur qui je venais d'atterrir. Toujours là pour moi, celui-là...

– À vos ordre, caporal Owen, répondit Benny.

Owen se retourna ensuite et je tirais la langue à l'autre débile, avant de lui faire un bras d'honneur.

Arrivés dehors, Owen continua de marcher, toujours son sac à patate sur lui. C'est-à-dire moi. Je compris aussitôt qu'il prenait la route pour nous amener vers le local. J'avais bien raison puisque quelques minutes plus tard, Owen me posa sur une chaise, à l'intérieur de la salle.

Il croisa ensuite les bras contre son torse, un léger sourire au coin.

– Ce n'est pas de ma faute. Il n'avait qu'à pas me coller, marmonnais-je.

Owen s'approcha plus de moi et il me tapota directement la tête dans un geste plutôt délicat.

– T'as bien raison. Ce gars est lourd. Essaye juste de ne pas le tuer la prochaine fois. Aussi, les bras d'honneurs ne sont pas signes d'une grande maturité, continua Owen, un grand sourire venant illuminer son visage.

Il se baissa ensuite un peu plus et m'embrassa le front, comme à sa grande habitude. Il posa sa main contre ma joue, une délicieuse chaleur m'enivrant. Owen déposa un autre baiser sur ma joue et il se redressa après.

– N'oublie pas pour ce soir. Passe une bonne aprèm. Je dirais à Wendy de venir chercher tes béquilles. À plus, petite brune.

Sur ses paroles, Owen partit ensuite, me laissant toute souriante sur ma chaise.

**

Le moment que j'ai le plus attendu dans la journée allait enfin arriver. J'allais commencer à gravir les marches d'escaliers avec les béquilles, quand quelqu'un m'attrapa par l'arrière. Et encore une fois, je me retrouvais sur une épaule.

Ce n'était pas Owen, je le savais. Ce n'était pas Wendy et Lucile : pas assez fortes.

Le garçon continua à avancer, à tourner entre les multitudes de couloirs, avant d'ouvrir une porte. Ouai j'avoue, je ne me suis pas débattue. Une cheville en compote me suffit amplement. Le garçon me reposa donc doucement et je dû m'appuyer contre le mur, ne voulant pas d'avantage faire souffrir ma cheville.

Je le détaillais attentivement, mais je ne le reconnus pas. En même temps, il y a beaucoup trop de monde, ici. Je lui fis signe de s'approcher et aussitôt il m'obéissait, tout de même un peu perdu. Je préparais ma main, prête à le gifler, mais une voix m'interrompit directement dans mon élan :

– Emma, ne le frappe pas. Merci Théo, tu peux partir.

Le prénommé Théo partit, mais me lança un petit regard, avant de chuchoter un « désolé ». Je lui fis un léger signe de la main et me retournais ensuite pour lui faire face.

C'est pas vrai...
Il va me faire quoi encore...

Il s'avança vers moi, sa tenue militaire sur lui et il me tendit immédiatement un bouquet de fleur.

– Tiens, c'est pour toi, dit-il, un petit sourire en coin.

– Euh, merci. Mais ce n'était pas la peine...

– Ah oui ! Attends deux secondes ! s'exclama-t-il, avant de déposer le bouquet de fleur et de se précipiter je ne sais où.

Il revenait ensuite avec une chaise pliante et l'installa devant moi. Je le remerciai brièvement et pris donc place dessus. Je cherchais une horloge dans la salle et bingo, je tombais dessus.

Oh mon Dieu.
20:15.

– Allez mon chat ! Raconte-moi un peu ta vie ! Ça fait si longtemps ! s'exclama de nouveau Benny, en souriant comme un débile.

Non mais c'est une blague... ?





**

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