– Ok je vois. Il est où, ton super caporal ? demandais froidement.

Toujours cambré à terre, je lui donnais une petite tape sur l'épaule, auquel il me répondit par un juron.

– Devant la bâtisse...

Je ne dis rien de plus et le laissais dans sa grande souffrance. Ayant quand même une once de pitié, je passais vite fait au local pour signaler à Wendy et Lucile qu'il y avait un blessé.

– Il s'est passé quoi ?! s'exclama Lucile, inquiète.

– Oh rien de spécial. Sûrement une grosse bête qu'il a rencontré sur son chemin, répondis-je en haussant les épaules.

Wendy laissa échapper un petit rire, venant sûrement de comprendre à quoi je faisais allusion. Je les laissais, leur disant donc que j'avais un truc important à faire. Mais que bien-sûr, je reviendrai pour les aider.

Ça faisait à peine cinq minutes que je marchais, que j'entendis quelqu'un crier :

– Hey ! Ne bougez plus !

Je me retournai, avant d'apercevoir...

Oh putain. Un gars en tenue militaire. Ça veut dire, un des hommes d'Owen. Donc un potentiel danger pour moi. Dès que nos regards se croisèrent, un sourire stupide se dessina sur son visage. Il commença à se mettre à courir après moi et évidemment, je venais de faire la même chose. D'habitude j'ai une bonne endurance mais là, oh mon Dieu quoi !

Je suis tellement dépossédée de mon énergie, qu'au bout de dix minutes, je soufflais déjà comme un bœuf. Je jetais un bref regard à l'arrière, et vis qu'il me suivait encore.

C'est pas vrai... Bon, utilisons la manière forte.

Je me retournais, avant de prendre un bâton et de le lui balancer en pleine tête. J'ai dû utiliser un bâton assez gros puisque il tomba raide à terre.

Ah, merde.

Au pire, relativise Emma, il l'avait cherché.

Je continuais ma marche vers la bâtisse, quand encore une fois, on m'interpella :

– Arrête de bouger s'il te plait !

Putain...

La même chose que tout à l'heure se reproduisait. Il se mit à courir et je fis donc de même. Enfin, le seul truc qui a changé, c'est que je me suis pris une branche d'arbre de merde et me rétamai donc à terre.

**

PDV Owen

– Pourquoi tu leurs a dit de faire ça ? C'est complètement bizarre ! s'exclama Loïs, un de mes collègue, caporal comme moi.

– Non. C'est très intéressant, tu vas voir. J'ai fait exprès de la choisir elle, car je sais que cela ne sera pas facile. Elle ne se laissera pas faire. Le jeu sera beaucoup plus amusant, répondis-je, un sourire en coin.

– Genre elle va les frapper ? Une nana ?

Je lui donnai une tape sur l'épaule, qu'il sentit passer, avant de reprendre la parole :

– Méfie-toi toujours des femmes. Surtout une en particulier. Je suis sûr et certain que mes hommes vont revenir avec des bleus.

– Oh, je vois ! Ça risque d'être intéressant alors !

– Évidemment, complétais-je.

Soudain, je vis quelqu'uns de mes hommes revenir. Sans Emma, bizarre. Sans bleus, d'autant plus bizarre.

– Pourquoi êtes-vous là ? demandais-je sérieusement.

– La fille s'est blessée. On ne pouvait donc la rame...

– Quoi ?! Blessée ?! m'exclamais-je.

– Euh oui chef. J'ai entendu dire que Gaspard lui avait couru après et qu'elle avait fait la même chose. Mais elle serait tombée et on m'a dit que sa cheville avait été foulée, répondit-il.

Putain ! C'est pas vrai !

– Cherche les autres et avertis les. Dit leur que c'est terminé, dis-je sérieusement, essayant de ne pas montrer mon inquiétude.

Je les laissais ensuite en plan, avant de me diriger vers l'infirmerie. J'aurais jamais dû organiser cela ; elle va me tuer. Arrivé là-bas, je vis aussitôt une chevelure brune, sa chevelure chocolat. Elle était assise sur une chaise, sa cheville venant d'être bandée. Je m'avançais encore plus et elle dû m'entendre puisqu'elle se tourna, nos regards se croisant donc.

Elle me lança aussitôt un regard noir, avant de me faire le signe de pendaison.

Ah, merde.

Wendy et Lucile regardèrent notre échange et décidèrent quelques secondes plus tard de nous laisser tous les deux. Je soufflais et me décidais d'avancer encore. Désormais face à elle, Emma me fixait intensément.

Ça se voyait à dix kilomètres qu'elle était plus qu'en colère.

– Bon j'avoue. J'ai merdé, soupirais-je.

– Merdé ?! Putain mais à cause de toi j'ai une cheville foulée ! Ça fait à peine deux jours que je suis là ! Merde Owen ! cria ma petite brune, très en colère.

– Je ne recommencerai pas. Désolé. Ça te fait mal ? répliquai-je.

– C'est bien le moment de me dire ça, hein ! Si tu n'avais pas fait ce truc débile avec tes hommes, je n'en serai pas là ! Mais merde ! Une infirmière qui se blesse ! rétorqua Emma, faisant de grands gestes avec ses mains.

– Je suis désolé. Vraiment. Excuse-moi Emma...

Elle laissa échapper un râle, tout en croisant ses bras contre sa poitrine.

– Tu me pardonnes ? demandais-je, un petit sourire en coin.

Elle attrapa un tube de crème qui se trouvait à côté d'elle, avant de me le balancer en pleine poire.

– Ça fait mal, soupirais-je, en massant ma joue.

– Et moi ? Tu crois que ça fait quoi ! s'exclama immédiatement ma brune.

– Je me répéterai toujours mais bon. Tu es tellement adorable quand tu es énervée, repris-je dans un nouveau sourire.

Elle laissa échapper un grognement avant de se lever. Prenant plus appui sur son autre pied, Emma embarqua aussitôt avec elle ses béquilles. Mais voyant qu'elle ne s'en sortait pas trop, je décidais de me rapprocher et d'entourer sa taille par un de mes bras.

Mauvaise idée. Je n'avais pas du tout vu ce coup de béquille arriver en pleine tête.

– Emma ! Bordel ! soufflais-je, avant de passer une main sur mon front.

Elle ne m'avait pas loupé, dis-donc. Je saignais actuellement de l'arcade sourcilière. Emma venait enfin de se rendre compte de sa connerie, puisque qu'elle poussa un petit cri et se précipita pour chercher un truc. Bien-sûr, elle glissa sur je ne sais quoi et je dû immédiatement la rattraper.

Bref, nous sommes tombés comme des merdes par terre.

Enfin, Emma a eu du bol de m'avoir comme joli coussin.

Ma brune releva aussitôt la tête, avant de m'examiner le visage. Un semblant d'inquiétude apparut dans son regard, avant qu'elle ne pousse un juron.

– J'ai cru que je t'avais crevé l'œil, souffla-t-elle.

– Oh, je suis sûr que nous en étions presque à ce stade, répliquais-je, un petit sourire au coin.

Elle me donna un petit coup dans l'épaule et décida de se relever. Elle poussa un petit gémissement, dû au fait qu'elle venait de s'appuyer contre sa cheville. Elle resta assise et je décidai donc de me lever. Un bras sous ses jambes et l'autre derrière son dos, ma brune était déjà dans mes bras. Bizarrement elle ne rouspéta pas et se laissa donc faire. Je la reposais sur la chaise, plaquant mes mains sur l'assise de celle-ci.

– Essaye de ne pas faire de choses trop brusques, soupirais-je.

Elle leva un sourcil, avant de croiser ses bras contre sa poitrine. Je savais déjà à l'avance ce qu'elle allait me dire. La même phrase que tout à l'heure.

– Je suis vraiment, vraiment, vraiment, désolé. Écoute Emma, c'était stupide de ma part, je l'avoue.

Elle souffla, mais ne dit rien de plus.

Je ne disais rien de plus et me décidais donc de me pencher vers elle et de frotter mon nez au sien. Elle essayait de ne pas sourire, mais j'arrivais quand même à le deviner.

– Allez, pardonne moi, chuchotais-je contre son oreille.

– Je verrais par la suite. Ce serait trop facile, sinon, répliqua-t-elle, avant de me pousser et de se lever.

Emma prit ses béquilles en mains et me lança un petit clin d'œil.

– Voyons voir ce que tu vas faire pour te faire pardonner, dit-elle, tout en se dirigeant vers la sortie.

– Au fait. J'appellerai Wendy pour qu'elle vienne te soigner. Je suis quand même gentille, reprit ma brune, en me lançant un sourire qui ferait fondre n'importe qui.

– Tu ne vas pas me soigner ? demandais-je, en lui rendant son sourire.

– Non. Démerde-toi. Après tout c'est la faute à qui si je suis comme ça ?

– Peut-être moi. Mais alors, un tout petit peu...

– Ouais ouais, souffla-t-elle, avant d'ouvrir la porte et de partir.

Bon bah. Il faut désormais que je fasse une chose.
Je dois essayer de me faire pardonner.

Et vu la bête qu'il y a en face de moi, ça ne va pas être facile...