Cadavre exquis : Révélation
Le petit Hubert adorait les batailles de boules de neiges.
Il s'amusait tout les dimanches dans les Alpes, où ses grands-parents vivaient. La fraicheur, la douceur l'avaient toujours fascinés. mais lorsqu'il devait jouer avec ses cousins, il se répétait mentalement : "Il faut que je gagne, cette fois." Il essayait toujours de se débrouiller pour trouver de nouvelles techniques : façonnage des boules, ses munitions précieuses, tir et lancer, selon le lieu ou il était placé, ainsi que leur trajectoire. Rien ne lui échappait, et ses yeux étaient partout à la fois, le prévenant des éventuelles boules venant dans son dos.
Il gagnait souvent, et sa cousine, Aline, voulait faire partie de son équipe de bataille de boules de neiges, commentant tous ses actes vis-à-vis de la neige des Alpes.
Ce jour là, ils décidèrent d'en faire une. Aline sur le côté, tandis que son cousin se préparait pour la bataille. Face à eux, il y avait deux personnes rencontrés au hasard dans les montagnes.
Enfoncés dans la neige, ils préparaient un mur de neige, car leurs munitions étaient déjà prêtes.
Leur paroi étant finie, ils se reposèrent à l'abri des projectiles ennemis et quand ils furent prêts, ils attrapèrent leurs boules et visèrent le camp ennemi. A leur plus grande surprise, leurs opposants n'avaient pas une barrière très solide, et donc plutôt facile à détruire si leurs tirs étaient plus puissants.
Tout à coup une légère couverture de neige commença à les recouvrir, il neigeait.
Les flocons virevoltaient dans tous les sens, comme si on avait jeté de la farine des nuages. Tout devenait sourd autour du groupe, on n'entendait plus que le bruit des pas qui crissaient dans la neige. Le chef du groupe se baissa, sa main effleura la poudre blanche et se referma dessus. Au travers des plis de ses gants passaient des particules infimes. Il plia son bras, puis relâcha ses triceps afin d'envoyer valser la neige dans le torse d'un de ses amis. Celui-ci le reçu en pleine tête, et, voyant qu'un monticule de neige s'était formé au sol, il ne manqua pas son occasion de se venger, mais ses compétences en matière de lancer était plutôt moindres, et la boule s'éclata sur le crâne d'un de leur autre camarade. Et, boules par boules, comme un rouage, deux équipes distinctes se formèrent. Celles-ci se cachaient derrière tout objet solide pouvant cacher leurs corps réchauffés par l'activité. Mais derrière cette superbe idée, se cachait un véritable désastre. Très vite, des passants ou des marchants, à leurs stands, furent éclaboussés de la fine poudre. Si le plus vieux et les plus aigris en râlait, d'autres en furent très amusés. C'est pour cela, que dans un élan de joie, un jeune homme d'une trentaine d'années prit de la neige dans ses mains et la lança sur sa petite amie, avant de venir se cacher avec les enfants derrière un gros mur de neige. Mais celle-ci n'avait pas dit son dernier mot, aidée d'une amie, elle bombardèrent le mur de projectiles glacés, recevant parfois des réponses. mais aveuglés par le soleil, le camp du jeune homme dut rater plusieurs balles, ralliant d'autres passants.
Et c'est ainsi, de fil en aiguille, de projectiles en projectiles, toute la population aux alentours fût mêlée à une géante bataille de boules de neige.
Il y avait surtout des enfants, mais les adultes, surtout les pères de famille, étaient également de la partie. Les enfants de l'école la plus proche eurent même la surprise devoir leur professeur s'amuser et prendre du bon temps dans cette bataille froide.
La joie et la bonne humeur furent au rendez-vous dans cette partie de bataille de boule de neige dans le village presque magique.
Très vite, il y eût de la neige partout sur les murs, puis sur les fenêtres jusqu'à l'intérieur des maisons. Les enfants trouvèrent cette partie géniale, mais les parents ne furent plus du même avis.
Ils arrêtèrent la partie et renvoyèrent les enfants dans leur chambre pendant qu'ils nettoyaient leurs bêtises.
Alors qu'il réparaient les dégâts avec des gestes agacés, une jeune mère glissa sur les fesses, ce qui fit rire son mari. D'abord vexée, la femme le rejoignit dans son hilarité. Puis elle rassembla une boule de neige (qui ressemblait d'ailleurs plus à une pomme de terre blanche) puis la lança sur le torse de l'homme. Il fronça les sourcils et, voulant se venger, envoya la matière froide vers son adversaire. Malheureusement pour lui, il rata sa cible, et toucha un grand-père aux yeux bleus et rieurs qui répliqua en quelques secondes.
Vengeances que vengeances, les adultes commencèrent une grande bataille sur la place, sous les yeux ébahis des enfants boudeurs dans leurs chambres.
L'ainé, le plus sage, le plus mature des mioches amassés là, décida de prendre les choses en main. Les adultes étaient visiblement trop occupés à être des gamins pour daigner s'occuper d'eux. Ils se débrouillèrent donc seuls. L'effervescence de la maison était énorme. Chaque personne avait quelque chose à faire- que ce soit nettoyer, faire à manger ou ranger- et chacun s'amusait beaucoup. Pendant ce temps, les adultes devenus enfants- dans leur tête du moins- s'amusaient tout autant. Bien sûr, une boule arrivait parfois dans un œil, dans une chaussette, ou dans un cou, mais globalement, les rires l'emportaient sur les cris : "Ha ha ha! Hi hi hi! Ho ho ho!" Les enfants auraient bien aimé rejoindre leurs parents, mais ils n'oubliaient pas qu'ils boudaient, par conséquent personne ne devait sortir.
Mais, comme chaque enfant, Alix est un gamin de 4 ans curieux, qui n'attendit pas l'accord de ses frères et sœurs curieux pour s'élancer dans la neige rejoindre ses parents hilares.
Ceux-ci accueillirent le nouvel arrivant d'avantage par réflexe que par attitude sobre et responsable qu'un parent se doit d'avoir : ils bombardèrent sa doudoune rouge de projectiles malformés. Déboussolé, Alix tomba au sol, s'écrasant lourdement dans l'épaisse couche de neige qui recouvrait le sol à la manière d'un matelas. Pendant quelques secondes il resta immobile et les adultes également, s'échangeant des regards inquiets à la vue de l'aspect cadavérique du petit Alix. Le jeune garçon ouvrit les yeux et les ferma plusieurs fois afin de se débarrasser des restants de boules de neige qui parsemaient son visage, et contempla les flocons qui dansaient à des kilomètres de lui, loin, dans le ciel, pour être rassemblés, compactés, transformés, et lancés sur des garçons comme Alix. Mais lui ne pensait pas à tout ça. Il se disait juste que c'était joli, et que l'heure de la vengeance avait sonné. Alors il se leva, nettoya sa doudoune rouge, et appela ses amis à l'intérieur de la maison. Les adultes, comprenant ce qui se tramait, se mirent en formation. Mais les renforts d'Alix ne tardèrent pas à arriver. Son meilleur ami, Hubert, sourit férocement à la manière d'un lion tapi dans l'étendu de blanc qui s'apprêtait à devenir une forteresse et une mine de munitions à la fois.
La guerre avait commencé.
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