Chapitre 45
*Louis*
La tournée européenne touche à sa fin. Nous avons regagné Londres depuis deux jours. Je suis heureux d'avoir pu vivre cette expérience avec Harry et Hayden, qui a été adorable pendant tout ce périple. Mais, aujourd'hui, je suis bien content de retrouver notre appartement et son confort, retrouver mes repères et mes habitudes.
D'ailleurs, l'une des premières choses que j'ai faite en rentrant a été de me rendre à la librairie. Émy m'a accueilli à bras ouverts et m'a serré dans ses bras pendant cinq bonnes minutes. Heureusement que je ne suis parti qu'un mois. Elle m'a rapidement mis au courant des derniers événements pour la boutique et sur nos clients les plus fidèles, devenus au fil des années des connaissances avec qui nous construisons une relation un peu plus que cordiale.
Émy a regretté que je ne sois pas venu avec Hayden mais mon petit garçon est resté tranquillement à l'appartement avec son autre papa, trop heureux de retrouver sa chambre et ses jouets.
Aujourd'hui, j'ai fait la route jusque chez Anne pour le déposer. C'est le dernier concert d'Harry à Londres. Je voulais y assister ainsi qu'à la soirée organisée par Sarah pour clôturer cette étape de la tournée.
Mon mari s'envole ensuite pour l'Amérique du Sud pour quatre semaines avant de rentrer une semaine avec nous et repartir aux États-Unis.
Ce sera donc le dernier concert que je verrais avant longtemps et j'ai envie de profiter au maximum d'Harry.
Alors que je suis sur la route que m'amène à l'O2, je réfléchis à toutes ces choses que nous avons à faire dans les prochains jours. Nous devons finaliser l'acquisition de notre nouvel appartement à Kensington. La chambre aux grandes baies vitrées, au dernier étage de l'immeuble, a fini par me faire succomber complètement. Je me chargerai de gérer le déménagement de manière à ce que nous puissions préparer l'arrivée de notre nouveau bébé pendant la prochaine pause d'Harry.
D'ailleurs, nous avons rendez-vous avec le Docteur Bennett demain. J'ai hâte de voir notre bébé, d'entendre son petit cœur battre. Nous nous sommes mis d'accord avec Harry pour ne pas connaître le sexe du bébé avant sa naissance, en espérant que l'échographie ne soit pas trop explicite, comme elle l'avait été pour Hayden. Je souris au souvenir de ce jour. Le temps est passé si vite.
Je m'engage dans le parking et montre mon pass d'accès à l'arrière de la salle. La foule s'amasse déjà devant les barrières. Il fait chaud aujourd'hui. Les fans d'Harry sont prêts à tout, jusqu'à braver le climat. Je rentre dans la salle et entends la musique résonner dans l'auditorium vide. Je me dirige vers la scène, croise les techniciens que je salue chaleureusement et aperçois Sarah installée dans un siège, téléphone à la main, agenda sur les genoux. Je la rejoins et m'assieds à ses côtés.
« Salut Louis !
- Ça va Sarah ?
- Ouais. J'ai une montagne de messages en attente. Ce petit business prend vraiment de l'ampleur ! »
Je souris quand je l'entends dire cette phrase. Sarah était l'assistante d'Harry, quand Nick était son manager. Quand il a décidé de se séparer de Nick, Sarah était la candidate idéale pour le remplacer. Elle a su gérer la carrière d'Harry avec beaucoup de professionnalisme et d'audace, toujours en respectant les choix et la volonté d'Harry. Forcément dans le milieu, la rumeur a fait son chemin. Sarah a décroché quelques contrats de représentation. Même si Harry est son principal artiste et le plus important, elle gère une dizaine de jeunes artistes en devenir.
C'est la récompense méritée d'un travail acharné et bien fait.
« Tu récoltes ce que tu sèmes ma belle !
- C'est gentil. Mais je vais quand même songer à prendre une assistante. J'ai pas une minute à moi et, tu sais... Avec Niall, j'aimerais qu'on arrive à se poser un peu plus.
- Je comprends. Avec Harry c'est déjà compliqué alors que j'ai un travail normal.
- Oui...
- Vous avez des projets tous les deux ?
- On en parle... parfois. Passer tout le mois avec Hayden, ça été formidable Louis. Harry et toi arrivez à concilier vos vies d'hommes, de pères en plus du métier hors du commun d'Harry. Je suis vraiment admirative, tu sais.
- Merci Sarah. Ça me touche beaucoup ce que tu dis.
- Je vous ai vus tomber amoureux et vous construire ensemble. Et même s'il y a eu quelques obstacles, vous avez géré. J'ai parfois peur que Niall et moi, on se laisse juste porter... comme ça.
- Tu sais, Sarah, un jour Niall m'a dit que c'était important dans un couple de se parler. C'est parfois quelque chose qui me fait défaut avec Harry et qui aurait pu être à l'origine de notre rupture. Niall t'aime, je n'ai pas de doute à ce sujet. Je pense aussi que vous avez envie de la même chose. Il attend peut-être simplement que tu en parles. Parfois on pense envoyer des messages, des signaux. Mais l'autre ne les perçoit pas forcément comme ils doivent être. Parle-lui.
- Oui. Tu as raison Louis. Je dois mettre de l'ordre dans ma vie professionnelle.
- Je pense qu'Harry n'a pas besoin de toi sur chaque concert. A mon avis, tu peux t'octroyer quelques jours sur Los Angeles et t'organiser.
- Tu crois ?
- J'en suis sûr.
- Je vais passer quelques coups de fil.... Merci Louis. »
Sarah presse mon bras en se levant puis s'éloigne. Je reste assis et regarde mon mari, répéter inlassablement ses chansons, les arrangements de dernières minutes. Harry donne rarement deux fois le même concert. Il aime apporter des petits changements ou changer l'ordre des chansons.
Il s'assied au piano et commence la mélodie de « Someday ». Ça fait des années maintenant que la chanson fait partie de la setlist, et pourtant, chaque fois que je l'entends, j'en suis toujours ému. C'est notre chanson, la première qu'il a composé en pensant à moi.
La répétition dure encore une demi-heure environ avant qu'Harry vienne me rejoindre. Je lui tends une bouteille d'eau que je suis allé récupérer dans la loge.
« Merci mon ange. Ça va ? Ça été avec Hayden et ma mère ?
- Impecc ! Anne était ravie de revoir Hayden. Et lui aussi. Anne nous le ramène après-demain.
- Hum... c'est une nouvelle intéressante !
- Ça nous laisse du temps pour le rendez-vous avec le Docteur Bennett et le notaire, mon cœur.... Quoi d'autre ?
- Dit-il avec son petit sourire en coin et son regard qui en dit long sur ses intentions, hein !
- Je ne vois pas de quoi tu parles. »
Harry et moi rions ensemble puis il vient m'embrasser tendrement. Je me laisse porter par l'amour qu'il me transmet à travers son baiser, je me rassasie de lui avant qu'il ne parte.
************
Les concerts de Londres sont les plus magiques. Harry aime chanter ici devant le public de la première heure. La soirée a été extraordinaire. Nos amis sont tous là, venus assister au show puis profiter de la soirée dans le restaurant dont Sarah a fait privatiser une salle pour l'occasion.
Le champagne, les cocktails coulent à flot. Le buffet est somptueux et délicieux. Nous passons tous une agréable soirée.
Une musique d'ambiance passe doucement, couverte par les voix de l'assemblée. Je suis devant une petite table en train de choisir quel petit four sucré je vais pouvoir manger. Je sens les mains de mon mari se poser délicatement sur mes hanches, son bassin s'appuyer contre moi et ses lèvres embrasser mon cou. Sa langue glisse doucement jusqu'à ma clavicule et mon corps s'embrase. Les années ne changent rien à l'attraction de nos corps, à l'envolée de papillons au creux de mon ventre quand Harry me montre son amour. Je laisse ma tête basculer légèrement en arrière. J'ai un peu trop bu. Je suppose qu'Harry aussi. Je le sens sourire contre ma peau. Je passe ma main dans sa nuque, mes doigts s'accrochant à ses boucles. Je me tourne et me retrouve prisonnier de ses bras. Je capture ses lèvres et l'embrasse doucement. Ma langue caresse la sienne, tendrement. Je passe mes deux bras autour de ses épaules et me presse contre son torse. Harry resserre son étreinte autour de moi, prolongeant notre baiser. Il recule légèrement et nous entraîne vers le milieu de la piste où il laisse nos corps se mouvoir ensemble, au rythme de notre propre mélodie.
La soirée touche à sa fin. Les convives sont installés dans les grands canapés, en train de discuter. Certains ont déjà quitté le restaurant.
La main d'Harry remonte dans mon dos, caresse ma joue. Ses lèvres se déposent sur les miennes, sur ma joue, jusqu'à mon oreille.
« On rentre chez nous ? »
La phrase chuchotée m'inspire. Je m'empare de sa main et lie nos doigts, l'entraînant vers la sortie. Nous saluons brièvement nos amis et nous faufilons vers la sortie. Nous récupérons la voiture stationnée près du restaurant pour rentrer à l'appartement, à quelques pâtés de maison de là.
La main d'Harry ne quitte pas ma cuisse pendant tout le trajet. La nuit risque d'être courte.
************
Et la nuit fut courte. Harry et moi avons profité l'un de l'autre.... plusieurs fois.
Ce matin, le réveil est difficile, l'appartement soudainement trop lumineux. Nous passons rapidement sous la douche avant de descendre prendre un petit déjeuner. Nous n'avons pas le temps de traîner. Nous avons rendez-vous avec notre bébé.
C'est Harry qui nous conduit jusqu'au cabinet médical. Nous entrons dans le bâtiment et patientons dans la salle d'attente jusqu'à l'arrivée de Claire.
La jeune femme entre, plus en forme que la dernière fois où nous l'avons vue. Nous nous saluons et prenons des nouvelles avant de s'adresser à son ventre arrondi, magnifique. Harry dépose sa main dessus, ému.
Le Docteur Bennett nous accueille et procède aux questions d'usage avant d'inviter Claire à passer dans la salle d'examen. C'est une échographie complémentaire que le Docteur Bennett a programmé compte tenu du début de grossesse difficile de Claire et des saignements qu'elle a pu avoir. Elle nous rassure en affirmant ne pas en avoir eu d'autres récemment, mais précise à la gynécologue qu'elle a régulièrement de faibles contractions.
Le médecin procède à son examen. Je tiens la main d'Harry dans la mienne. Le bébé se développe parfaitement. Le Docteur Bennett est formelle sur ce point. Pourtant, au fur et à mesure de l'examen, son visage se ferme, ses sourcils se froncent légèrement.
Le Docteur Bennett poursuit son examen dans le plus grand silence. Je jette un regard à Claire qui comme moi a remarqué l'attitude changeante du médecin. Harry est crispé à mes côtés.
« Claire, vous pouvez vous rhabiller. Nous vous attendons au bureau.
- Très bien. »
Nous suivons le médecin et nous installons face à elle. Claire nous rejoint quelques minutes plus tard, les mains sur le ventre, comme une protection.
« Bien, commence le Docteur Bennett. Nous avons les explications pour les saignements et les contractions. Nous allons devoir surveiller la grossesse de près Claire et favoriser le repos.
- D'accord. Qu'est-ce qui ne va pas ?
- Le placenta est mal placé. Au lieu d'être en haut, au fond de la cavité utérine, il s'est inséré en bas. On parle de placenta praevia. C'est réversible. Avec du repos, il peut remonter et prendre la bonne place d'ici quelques semaines. Cependant, il faut surveiller la situation car ce genre de pathologie augmente les risques de saignements. Le placenta permet notamment la circulation du sang et l'oxygénation de votre bébé. Placé en bas de l'utérus, la grossesse devient à risque. »
Nous écoutons scrupuleusement le médecin énoncer les risques pour le bébé tout en restant rassurant. Claire est très bien suivie et prendra toutes les précautions nécessaires.
« Ne vous inquiétez pas trop. Restez vigilante et écoutez votre corps. Comme je vous l'ai dit, le placenta n'est pas trop bas et peut tout à fait remonter pendant le dernier trimestre.
- D'accord.
- Avez-vous d'autres questions ? nous interroge le Docteur Bennett.
- Non, je crois que tout est clair, répond Harry, la voix mal assurée.
- Très bien. Claire, je vous revois dans un mois pour surveiller l'évolution. »
Nous terminons la consultation puis quittons le médecin.
« Bon, cette grossesse nous créé bien du souci.
- Harry, je suis vraiment désolée. J'ai l'impression d'en être responsable.
- Vous n'y êtes pour rien Claire. J'espère que tout ira bien.
- Je ferai le nécessaire pour.
- Ça vous ennuie si je vous appelle régulièrement ou vous envoie des messages ? Je repars dans quelques jours pour plus d'un mois....
- Prenez des nouvelles autant que vous voulez Harry. Je me ferai un plaisir de vous rassurer.
- Merci. »
Harry et Claire se prennent dans les bras l'un de l'autre. Je dis au revoir à la jeune femme qui sort du cabinet médical et rejoint son époux, installé à la terrasse du café en face.
Je connais mon mari alors avant qu'il ne dise quoique ce soit, je prends la parole.
« Je ne veux pas t'entendre dire que nous sommes responsables de la situation, juste parce que Claire en est à sa huitième grossesse. Oui c'est beaucoup, mais Claire est très bien suivie et en excellente santé.
- Je ne dis rien mais je n'en pense pas moins... tu sais.
- Je sais. Allez viens... malgré tout on a une chambre à aménager pour cet enfant. On va dans la boutique du centre ? Ça nous donnera des idées ?
- Ouais. »
Je sais pertinemment que la seule chose que veut Harry à ce moment-là, c'est retrouver Hayden et lui faire un câlin. Mais Hayden est avec Anne jusqu'à demain, nous avons des rendez-vous à honorer pour notre déménagement. Je suis angoissé à l'idée qu'il arrive quelque chose à notre bébé ou à Claire, mais nous ne devons pas avoir de pensées négatives et garder à l'esprit les paroles rassurantes du Docteur Bennett.
*Harry*
Le concert que nous donnons à Vancouver s'achève. Les lumières de la scène s'éteignent, celles de la salle se rallument. Je sors de scène. Paul me déleste de mon micro et mes oreillettes, et les techniciens commencent déjà à démonter le décor et ranger les instruments pour la prochaine soirée.
J'entends encore l'effervescence du public qui commence à quitter la salle. Alors, le silence qui me percute quand j'entre dans ma loge me glace le sang. Quelque chose ne va pas. Sarah et Niall sont assis sur le canapé. Le visage de Sarah est niché dans le cou de Niall. Quand elle entend la porte s'ouvrir puis se refermer derrière moi, Sarah relève son visage.
« Qu'est-ce qui se passe ? » je ne peux m'empêcher de demander.
Sarah se lève pour se rapprocher de moi. Son visage est tendu et même si elle est mon amie, qu'elle me connaît très bien, je sens qu'elle appréhende ce qu'elle a à me dire.
« Sarah, tu me fais peur. Qu'est-ce qui se passe ?
- Harry... Tu dois rentrer à Londres. Immédiatement.
- Il est arrivé quelque chose à Louis ? À Hayden ? Où est mon téléphone ?
- Laisse-moi t'expliquer. Assieds-toi. »
Je m'exécute parce que tous mes membres tremblent. Il se passe quelque chose, quelque chose de grave.
« Louis m'a appelé avant le concert.
- Quoi ? Pourquoi tu ne me l'as pas dit ?
- Parce que c'était important que tu puisses donner ton concert, avec tout ton cœur. »
Sarah s'assied à mes côtés et prend mes mains dans les siennes. Je prends une grande inspiration. J'ai l'impression d'étouffer.
« Harry, Claire a eu des contractions. Le travail a commencé.
- Non. Non non pas déjà. C'est trop tôt.
- Les dernières nouvelles que j'ai eues de Louis disaient qu'elle s'apprêtait à accoucher. Le médecin n'a pas pu stopper le travail, à cause du problème qu'elle avait. Enfin, Louis ou Claire t'expliquera tout ça. Quoiqu'il en soit, ton bébé est sur le point de naître et ta place est auprès de lui et de Louis. J'ai commandé le jet. J'ai contacté la salle pour demain et annoncé l'annulation du concert. Je passerai un message. »
J'écoute Sarah, sans réellement l'entendre. Je suis anesthésié par la panique. Je suis à Vancouver. Louis, Claire, mon bébé sont à Londres. Je dois contacter Louis, lui dire que j'arrive, lui dire que je regrette de ne pas être près de lui qui doit affronter tout ça seul.
« Où est mon téléphone, s'il te plaît ?
- Tiens. Prépare-toi. Tu appelleras Louis en chemin. »
Je prends rapidement une douche et enfile la première chemise et le premier jean qui me passe sous la main. J'attache mes cheveux encore mouillés et sors de ma loge. Niall et Sarah m'attendent devant la porte et m'escorte jusqu'à la sortie. Un taxi m'attend et je m'engouffre dedans, le cœur battant, le cœur au bord des lèvres.
J'appelle Louis sans me préoccuper du décalage horaire mais tombe sur sa messagerie. Je lui laisse un message en lui disant que je suis en route pour l'aéroport et que je rentre.
Installé dans l'avion, quelques minutes avant de décoller, je tente à nouveau mais échoue à le joindre. Je l'informe que je dois couper mon téléphone car nous partons. Le vol dure environ neuf heures. Je lui demande de m'envoyer des infos pour mon arrivée à Londres.
J'éteins à regret mon portable et fais signe à l'hôtesse que je suis prêt. J'attache ma ceinture et m'apprête à vivre le vol le plus long de ma vie.
Là, ce soir, je déteste mon métier.
************
Je pénètre dans l'hôpital en trombe et me dirige vers le bureau des infirmières. Mon cœur cogne fortement contre ma poitrine et je suis à bout de souffle. L'infirmière lève un regard inquiet sur moi et se lève.
« Monsieur, est-ce que ça va ?
- Oui. Enfin non... mais... Excusez-moi. »
Je tente de reprendre ma respiration. Il faut absolument que je me calme. Je ferme les yeux et pose mes deux mains sur le comptoir d'accueil. Je souffle fort puis fixe mon regard sur la femme en face de moi.
« Je suis Harry Tomlinson-Styles. Mon mari est arrivé il y a plusieurs heures avec...
- Oh oui bien sûr. Pardonnez-moi, je ne vous avais pas reconnu.
- Oh non non. Est-ce que vous pouvez me dire où je peux retrouver Claire Stevens et mon mari.
- Oui. Vous devez vous rendre au 3ème étage. Madame Stevens est dans sa chambre. Je n'ai pas eu d'information complémentaire.
- Merci beaucoup. »
Je souris à la femme et me dirige vers les ascenseurs. Je m'engouffre dans la cabine et me laisse transporter jusqu'à l'étage. La sonnette retentit, les portes s'ouvrent et mon cœur repart plus vite encore. Je n'ai pas dormi depuis plus de 24 heures, je suis exténué et angoissé. J'aperçois d'abord ma mère, assise dans le couloir. Ça me ramène quatre ans en arrière, à la naissance d'Hayden. J'étais angoissé, terrifié à l'idée de devenir père mais c'était différent. C'était le moment.
Aujourd'hui, il est trop tôt. Notre bébé devait naître après la tournée. Dans deux mois.
Ma mère se lève lorsque je m'approche d'elle et me serre dans ses bras. Elle passe sa main sur ma joue pour essayer de me réconforter.
« Où est Hayden ?
- Ta sœur le garde.
- D'accord. Où est Louis ?
- Il est allé chercher des cafés.
- D'accord.
- Harry, ne t'inquiètes pas. Claire a été prise en charge, le bébé aussi.
- Vous avez eu des nouvelles ?
- Louis va t'expliquer.
- Maman... S'il y a quelque chose de grave, je veux le savoir maintenant ! Je m'impatiente. Ça fait dix heures que je ne peux joindre personne à cause du vol.
- Louis est là. »
Je me tourne et vois Louis arriver, deux gobelets de café dans les mains. Je m'avance vers lui. Il dépose les cafés sur une chaise et me tombe dans les bras.
« Oh Harry, enfin tu es là. Il ne me laisse pas voir le bébé parce que je suis pas le père ! »
Son regard est empli de larmes. J'embrasse ses joues et passe mes pouces sous ses yeux pour retenir les larmes qui veulent s'en échapper. Il est cerné, fatigué. J'embrasse ses lèvres.
« Je vais aller prévenir de mon arrivée. Est-ce que tu as des nouvelles de Claire ?
- Oui. Elle est sous perf parce qu'elle est exténuée. Mais elle va bien. J'ai pu la voir et elle n'a pas arrêté de s'excuser.
- Elle n'y est pour rien. La nature a décidé pour elle. Je vais aller la voir.
- D'accord. Je t'accompagne. »
Nous expliquons à ma mère que nous allons d'abord voir Claire avant d'aller demander des nouvelles de notre bébé. Elle se rassied pour nous attendre.
Louis m'indique le chemin jusqu'à la chambre de Claire et je lie mes doigts aux siens. Je frappe deux petits coups sur la porte avant de l'ouvrir doucement. Claire est étendue sur son lit. Elle est pâle mais lorsqu'elle nous voit, elle nous gratifie d'un sourire. Son mari est assis dans le fauteuil à ses côtés.
« Oh Harry, je suis désolée.
- Mais Claire, non. Il ne faut pas. C'est moi qui suis désolé, sincèrement, de vous avoir fait subir cette fatigue, ce stress. D'avoir mis votre vie en danger.
- Tout va bien Harry. Je vais me reposer et tout rentrera dans l'ordre.
- Merci beaucoup Claire.
- Ça été un honneur de porter vos enfants. »
Je me penche sur Claire et l'embrasse. Nous quittons la chambre et apercevons un médecin au bout du couloir. Il s'avance vers nous.
« Messieurs Tomlinson-Styles ?
- Oui, nous répondons d'une même voix, Louis et moi.
- Qui est le père biologique de l'enfant ?
- C'est moi, je réponds.
- Très bien. Nous allons vous emmenez le voir et vous expliquer la situation.
- D'accord. Nous n'avons eu aucune information. Je n'étais pas à Londres.
- Je sais. C'est la procédure. Même si vous êtes mariés, nous ne pouvions pas laisser votre compagnon le voir. »
Alors que nous marchons tous les trois dans le couloir, je m'arrête soudainement. Je percute.
« Pardonnez-moi, mais... LE ? »
Louis se tourne vers moi et me sourit.
« Un autre petit garçon mon cœur »
Je serre Louis rapidement contre moi et je sens une larme couler sur ma joue.
« On y va alors... voir votre fils ? » intervient le médecin.
************
Nous sommes derrière la vitre de la nurserie et regardons Julian, si petit dans sa couveuse, si petit et connecté à des moniteurs, une sonde gastrique pour le nourrir.
Ça fait déjà quatorze jours que Julian est né. Quatorze jours interminables pendant lesquels Louis et moi faisons des allers-retours entre l'appartement et le service néonatologie de l'hôpital. Hayden n'a pas pu venir voir son petit frère et ne comprend pas très bien la situation.
Nous lui avons expliqué que son petit frère était né en avance et qu'il devait rester à l'hôpital pour continuer de prendre des forces et de grandir. Nous lui avons montré quelques photos mais les machines autour de Julian l'ont impressionné. Alors depuis, tous les jours, on lui en parle mais on ne lui montre pas de nouvelles photos.
Je sens Louis près de moi, sa main calée dans le creux de mes reins. Nous sommes fatigués. Il y a eu beaucoup de choses à gérer en même temps mais le stress de ne pas pouvoir ramener notre fils à la maison prend le pas sur tout le reste.
Aujourd'hui, les nouvelles sont vraiment bonnes pour Julian. Il respire sans difficulté et a pris du poids normalement. Sa température est bonne. Le pédiatre nous a dit qu'il allait pouvoir lui retirer la sonde dans une semaine environ et nous pourrons commencer l'alimentation avec les biberons.
Une infirmière sort de la pièce et nous salue en s'avançant vers nous.
« Si vous voulez bien me suivre, Messieurs, on va vous donner des blouses et vous allez pouvoir prendre votre fils dans vos bras.
- Vraiment ? répond Louis.
- Oui. Les constantes de Julian sont bonnes. Ce petit est vaillant. Il mérite un câlin de la part de ses papas. »
Louis me sourit quand je plonge mon regard dans le sien. Mon cœur est prêt à exploser. D'amour, de soulagement, de bonheur et d'excitation. Nous allons enfin tenir notre petit dans nos bras, l'embrasser et le respirer.
************
Le pédiatre a tenu ses promesses et Julian a été débarrassé de sa sonde une semaine plus tard. Je lève mon regard vers Louis qui tient Hayden dans ses bras alors que je nourris mon autre fils. Mon sourire ne quitte plus mon visage depuis des jours même si ça nous est toujours difficile de laisser Julian passer ses nuits seul ici.
Hayden est tout intimidé devant son petit frère. Il a tenu à lui offrir l'un de ses doudous. Je pense qu'il réalise maintenant que nous avons un autre enfant, qu'il est devenu un grand frère. Il doit aussi réfléchir aux innombrables bêtises qu'ils vont pouvoir faire ensemble. Hayden me paraît tellement grand d'un seul coup à côté de la crevette que je tiens au creux de mon bras.
Quand j'ai terminé de donner le biberon à Julian, Louis va laver les mains d'Hayden et nous lui confions son petit frère. Bien calé dans le fauteuil, je dépose Julian sur les genoux d'Hayden. Je fonds littéralement quand Hayden lui parle tout doucement et embrasse le sommet de sa tête. Mes fils. Ma fierté.
Malheureusement, il est temps de quitter mes petits hommes et mon mari. Sarah m'a organisé une visioconférence avec Monsieur Adler dans moins d'une heure. Je dois la retrouver dans la succursale de la maison de disques, ici à Londres. J'embrasse ma petite famille avant de les quitter.
A peine arrivé dans les bureaux, Sarah et Niall m'inondent de questions. Je sors mon téléphone de ma poche et fais défiler les innombrables photos que nous avons prises de Julian, puis celles d'aujourd'hui avec Hayden.
« Mon dieu, mais Hayden paraît tellement grand. Il y a un mois c'était encore un bébé ! dit Sarah.
- Oui, je me suis fait la même réflexion tout à l'heure.
- Vous formez une bien jolie famille, me dit Niall.
- Merci Niall. Il serait peut-être temps que tu songes aussi à ta descendance, non ?
- J'y pense...
- Ah oui ? Vraiment ? l'interroge Sarah, le regard plein d'espoir. Bref, ce n'est pas le sujet du moment. Je suis contente que Julian aille bien. Nous avons maintenant des affaires à régler. Harry, tu es prêt ?
- Oui...
- OK. J'appelle Monsieur Adler. »
La visioconférence dure moins d'une heure. Monsieur Adler a très bien compris mes intentions même s'il aurait préféré qu'il en soit autrement. Nous avons été contraints d'annuler le dernier mois de la tournée car il était hors de question que je reparte, en laissant Louis seul avec Hayden et Julian encore à l'hôpital. Je n'aurais pas eu la tête à faire le show de toute façon.
Les fans ont dans l'ensemble compris puisque la nouvelle de la naissance prématurée de mon deuxième fils a rapidement fait le tour des réseaux sociaux sans que je m'exprime directement à ce sujet.
Nous profitons donc de nous retrouver Sarah, Niall et moi, pour rédiger un court message que je posterai sur Twitter, Instagram et Facebook.
« Il a décidé de pointer le bout de son nez un peu plus tôt que prévu, chamboulant nos vies, à Louis, Hayden et moi. Je suis heureux de vous annoncer la naissance de notre deuxième fils, Julian. Petit être impatient qui, après nous avoir fait de bonnes frayeurs, fait le bonheur de ses papas et son grand frère.
Son arrivée impromptue m'a contraint à vous abandonner, sans préavis. Je sais pertinemment que vous comprenez mon choix. Vous savez à quel point ma famille est ma priorité, même si j'aime mon métier, même si j'aime partager ma passion avec vous. Vous sans qui je ne serai pas là où je suis aujourd'hui.
Je vous présente mes excuses, parce que vous les méritez. Je vous donne quelques explications mais ce que vous devez juste savoir c'est que je ne vous oublie pas et que ce n'est que partie remise.
Mon petit bonhomme est né deux mois en avance et est aujourd'hui toujours en couveuse les trois quart du temps. Mais il se porte à merveille maintenant.
Vous comprendrez que Louis et moi avons vécu des jours difficiles, stressants et que nous avions besoin l'un de l'autre dans ce moment.
Cette tournée américaine a donc été annulée, à regret mais par nécessité. Je sais que vous comprenez.
La bonne nouvelle c'est que je vous propose de nous retrouver en mars prochain pour vivre les concerts que nous n'avons pas pu partager cet été.
J'espère vous retrouver motivés. Moi je le serai.
Parce que ma vie ne serait pas équilibrée sans ma famille, sans VOUS.
Merci. All the love. H »
************
Les jours passent et la nouvelle tombe enfin : Julian rentre avec nous dès aujourd'hui. Gemma est venue s'occuper d'Hayden pendant que Louis et moi nous rendons à l'hôpital. Le cosi dans la main, je m'avance vers le bureau des infirmières.
« Alors, ça y est c'est enfin le grand jour ? m'interpelle l'une d'elles.
- Oui ! Enfin...
- Notre quotidien va être bien triste sans vous.
- Vous trouverez bien deux autres parents aussi pénibles que Louis et moi !
- C'est un fait. On s'attache aux petits mais aussi à leurs parents. Je suis heureuse que vous puissiez rentrer chez vous, avec votre garçon.
- Merci. Merci beaucoup pour tout ce que vous avez fait pour nous, votre patience, votre écoute et vos conseils. C'est vraiment un travail incroyable que vous faîtes.
- Merci Monsieur Tomlinson-Styles.
- Harry...
- Merci Harry ! Vous nous donnerez des nouvelles ?
- J'essaierai oui, mais bon... vous en aurez sûrement à notre insu !
- Il y a des chances, oui ! »
Je remercie l'infirmière et pars rejoindre Louis, occupé à préparer Julian dans la chambre.
« Couche propre, petit biberon donné, doudou en poche ! Nous sommes prêts ! » il me dit en prenant Julian dans ses bras.
J'embrasse le front de mon fils, les lèvres de mon mari et installe mon bébé dans son siège. Le sac sur l'épaule, nous traversons le couloir et saluons toute l'équipe qui a pris soin de notre petit. C'est une nouvelle étape qui s'achève et une nouvelle aventure qui nous attend.
Je rentre dans le parking de notre résidence et presse la cuisse de Louis, assis à mes côtés. Je me détache et descends de la voiture. Louis fait le tour et ouvre le coffre pour sortir le sac. Je détache le cosi de la banquette arrière. Notre petit ange dort. Je ne peux pas m'empêcher de l'embrasser.
Nous nous dirigeons vers les ascenseurs, puisqu'au milieu de tous ces événements, nous avons enfin intégré l'appartement de Kensington. La chambre de Julian est prête, à côté de celle d'Hayden, en face de la suite parentale.
Nous entrons dans l'appartement et sommes accueillis par Gemma, David, et ma mère. Ils n'ont pu voir Julian que très peu de temps les quelques fois où ils nous ont rendu visite à l'hôpital. Notre nouveau bébé est pris d'assaut. Je dépose le cosi sur la table basse. Louis récupère nos vestes et les laisse sur le côté du canapé près du sac de Julian.
Hayden est un peu en retrait, alors je vais le voir. Je le prends dans mes bras et lui fais un gros câlin avant de lui murmurer un « Je t'aime » dans le creux de l'oreille.
Ma famille quitte l'appartement une trentaine de minutes plus tard et nous nous retrouvons enfin tous les quatre réunis. Je monte Julian dans sa chambre et le dépose dans son lit. J'allume la petite veilleuse qui envoie des jolies dessins sur le plafond de sa chambre.
Au rez-de-chaussée, j'entends Louis et Hayden discuter. Je consulte rapidement mes messages dans mon bureau avant d'aller prendre une douche et me changer.
« Hey, qu'est-ce que tu fais là mon cœur ? »
Je demande à Hayden alors que je l'aperçois dans la chambre de Julian. Je rentre doucement pour ne pas réveiller notre petit ange qui dort profondément. Hayden est perché sur un cube en bois, les deux mains sur le lit. Il a déposé à côté de Julian l'un de ses doudous préférés. Je me mets derrière lui et l'embrasse.
« Qu'est-ce que vous faites tous les deux ? »
Louis nous rejoint dans la chambre et nous donne un baiser à chacun. Il dépose sa main sur mon épaule et porte son regard sur nos fils. Il passe son autre main dans les cheveux d'Hayden.
Hayden se tourne doucement et nous regarde, un sourire sur les lèvres.
« Je suis content que mon petit frère y soit enfin à la maison, avec nous. »
*
* *
Et voilà... C'est le dernier chapitre. Je ne vous cache pas mon émotion de mettre un premier point final à cette histoire. Bien sûr, il reste l'épilogue. On ne peut pas quitter les Cornichons d'Amour comme ça.
#Justthewayfic
💚 💙
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