Chapitre 43
Deux ans plus tard...
*Louis*
« Hayden ! Va doucement dans l'escalier !
- C'est bon, Lou... Je suis en bas. Je le récupère en cas de chute !
- Super ! Hayden, ne cours pas ! »
Mon fils va me faire mourir prématurément, c'est une certitude. Je sors les serviettes du placard et le vois courir vers l'escalier pour rejoindre Harry. Harry a monté quelques marches et finit par tendre la main pour qu'Hayden s'y accroche et finisse sa descente sans tomber.
Depuis que nous sommes arrivés dans la maison de Los Angeles, je suis sur le qui-vive. Le changement d'air et le décalage horaire ont changé Hayden en petit être volcanique. Il court partout, tombe, se fait mal, pleure : le lot d'un petit garçon plein de vie. Je suis épuisé. Je ne compte plus les bosses et les bleus sur ses jambes. Hayden est un cascadeur.
Je descends et rejoins Harry et Hayden sur la terrasse. Harry gonfle les brassards autour des petits bras de notre fils. Je dépose les serviettes sur les transats et la bouteille d'eau sur la table. Je tends le t-shirt anti-UV d'Hayden à Harry.
« Ça va être un peu compliqué de passer les bras ?!? »
Harry lève son regard sur moi et soupire. Je ris devant sa mine et commence à dégonfler un brassard.
« Mais Papa qu'est-ce que tu fais ?
- Papa a oublié de passer ton maillot avant de gonfler tes biscottos. Alors on recommence ! »
Quand Hayden est prêt, je lui demande de rester à côté de nous et de ne pas aller vers la piscine. Je pense que cet enfant a des problèmes d'audition puisqu'il s'avance vers la piscine. Harry enlève son t-shirt et lance ses lunettes de soleil sur le transat avant de rattraper Hayden et de le prendre dans ses bras.
« Hayden, il faudrait écouter papa un peu plus, hein. Tu n'es pas très mignon en ce moment.
- Si je suis mignon !
- Non tu es pénible, j'ajoute en les rejoignant.
- Non, je suis pas pinible d'abord ! »
Je ne dis rien de plus, pour ne pas rire et tente de garder un semblant d'autorité. Je descends dans l'eau fraîche de la piscine et Harry dépose Hayden sur le bord.
« Tu descends les marches doucement, bébé »
C'est plus fort que moi, j'ai ce besoin de le protéger du moindre danger. Je sais que ça agace Harry et j'essaie vraiment de faire un effort. Mais Hayden est aussi cher que la prunelle de mes yeux. S'il devait lui arriver quelque chose, je ne m'en remettrai pas. Il me rejoint dans l'eau et saute vers moi quand il ne peut pas descendre plus bas. Je l'attrape dans mes bras et le fais tourner dans l'eau. Son rire résonne dans le jardin et redouble lorsque Harry saute dans l'eau et nous éclabousse. La tête de mon mari surgit de l'eau juste à côté de nous. Il embrasse la joue d'Hayden qui l'éclabousse, avant d'embrasser la mienne.
« Vous pouvez faire un bisou d'amoureux, je regarde pas !
- Tu peux nous regarder bébé.
- Non c'est beurk les bisous d'amoureux !
- Non, c'est pas « beurk » comme tu dis !
- Si !
- Non... !
- Siiii...
- No... »
Harry m'interrompt en plaquant ses lèvres sur les miennes et Hayden porte ses mains à ses yeux. Nous sommes dans une période où il contredit tout ce qu'on lui dit ou demande. Il y a des jours comme aujourd'hui, où ça passe très bien parce qu'Harry et moi sommes détendus. Mais quand nous sommes fatigués, le caractère d'Hayden est parfois difficile à supporter. Harry et moi nous sommes disputés à quelques occasions à cause de cela, mais on peut compter sur la frimousse de notre fils pour nous faire oublier ces instants, préférant largement profiter du bonheur d'être pères. Hayden a eu trois ans en mars dernier et dans moins de trois mois, il va entrer à la petite école. Je crois que si lui est prêt et enchanté de se faire des copains, Harry et moi ne le sommes pas tout à fait.
Et puis la rentrée à l'école d'Hayden est aussi synonyme de la fin de la pause d'Harry. Ça fait déjà quelques mois qu'il enchaîne les déplacements entre Londres et Los Angeles, qu'il s'enferme pendant des heures dans son bureau pour écrire et composer. Ce n'est pas juste pour les vacances que nous sommes venus ici. Niall et Sarah ayant élu domicile ici depuis plusieurs années, il était nécessaire qu'ils se voient tous ensemble pour organiser la sortie du nouvel album d'Harry, le cinquième.
Je nage un peu pendant qu'Harry et Hayden chahutent dans l'eau, en les observant. Nous allons devoir expliquer à Hayden que son papa va s'absenter pendant plusieurs semaines d'affilés et je redoute ce moment. Parce que si Hayden est notre monde, Harry est son univers. Ils sont extrêmement complices.
Les rires d'Hayden me sortent de mes pensées moroses et je rejoins mes hommes pour profiter avec eux de cet après-midi. Nous sortons quelques minutes plus tard pour prendre le goûter. J'enroule Hayden dans sa serviette et en profite pour lui faire un câlin et des bisous sur ses joues rebondies.
« Faudra faire un p'tit dodo après le goûter, d'accord ?
- C'est obligé ?
- Oui.. Sinon ce soir tu vas être trop fatigué et tu pourras pas jouer avec tes taties.
- D'accord. »
Hayden se défait de mon étreinte et rentre dans la maison, laissant derrière lui des gouttelettes d'eau perler de ses cheveux. Harry le récupère au passage et termine de le sécher pendant que je vais sortir de quoi grignoter.
« J'ai négocié une sieste !
- C'est vrai ! Comment t'as fait ?
- La bonne excuse des taties !
- Tes sœurs vont finir par te tuer Lou ! Ce ne sont plus des petites filles, tu sais !
- Mais elles adorent leur neveu. C'est pas comme si elles le voyaient si souvent. Elles cèdent à tous ses caprices !
- Ouais... Et du coup... Cette sieste, elle s'applique aussi aux papas ? »
Il m'enlace, ses lèvres dans mon cou. Je passe mes mains sur ses bras et décale mon visage pour lui répondre dans un murmure.
« Pourquoi penses-tu que je veux qu'Hayden aille dormir un peu ? »
Harry sourit contre ma peau. Nous avons tous les deux conscience qu'une nouvelle séparation approche, et qu'elle arrivera plus vite qu'on ne le croit. On a envie de profiter l'un de l'autre.
J'aide Hayden à s'asseoir à la table et nous goûtons tous les trois. Y a pas de raison que le goûter ne soit que pour les enfants.
************
Il y a quelques jours, Harry m'a demandé d'être présent à l'un de ses rendez-vous avec Sarah et l'équipe. Les choses se mettent tranquillement en place même si la plupart du temps, j'essaie de ne pas trop y penser.
Je viens de déposer Hayden chez mes parents en rappelant bien à ma mère de faire attention. Évidemment, elle m'a rappelé qu'elle avait élevé quatre enfants et que ça ce ne s'était pas trop mal passé.
Je fais donc la route en sens inverse pour aller récupérer Harry à la villa. Je le vois sortir de la maison sans que je n'ai à couper le contact de la voiture. Il monte à côté de moi, rentre l'adresse de notre destination dans le GPS. Je le sens nerveux.
« Ça va mon cœur ?
- Ouais, ça va... » il me répond en soufflant et passant sa main dans ses cheveux.
Je presse sa cuisse alors qu'il plonge son regard dans le mien. Je lui souris avant de me concentrer sur ma conduite et m'engage dans la rue. Nous parcourons la dizaine de kilomètres qui nous sépare de l'immeuble de la maison de disques en plus de trente minutes. Les touristes ont envahi les rues et la circulation s'en ressent : plus de voitures, plus de taxis, plus de piétons. Je m'engouffre dans le parking souterrain.
« Bon, j'espère que ça va bien se passer.
- Pourquoi ça n'irait pas. Tu respectes ton contrat.
- Oui, mais bon. Il y a des choses qui ont dû se passer en trois ans, qu'on a pas forcément vu ou su. J'espère que nous sommes toujours sur la même longueur d'ondes avec Monsieur Adler.
- Ça va très bien se passer Harry.
- On verra. Allez allons-y ! »
Ses doigts viennent enlacer les miens et nous sortons du parking. A peine avons-nous passé la porte, que des paparazzis nous mitraillent. Ça faisait longtemps et honnêtement ça ne m'avait pas manqué. Il y a quelques fans, de ceux qui cherchent juste à avoir une photo à poster sur les réseaux sociaux, mais Harry reste poli et prend la pause avec chacun, avant de s'excuser pour que nous n'arrivions pas en retard au rendez-vous.
L'hôtesse annonce notre arrivée à la secrétaire de Monsieur Adler, Amélia, et nous invite à monter à l'étage du président. Nous retrouvons Sarah et Niall, puis Amélia nous fait entrer dans le bureau. Monsieur Adler nous accueille chaleureusement et semble un peu surpris de me voir.
« Bonjour Louis. Comment allez-vous ?
- Ça va bien. Je vous remercie Monsieur.
- Prenez place autour de la table. Qu'est-ce que je vous offre à boire, café, thé, eau ? »
Chacun demande à Amélia la boisson de son choix qu'elle nous rapporte quelques minutes plus tard dans une discrétion déconcertante. Puis Monsieur Adler se racle la gorge et entame la conversation. Harry prend la parole.
« Bien, Monsieur Adler, j'ai voulu que Louis soit présent à la réunion, parce que tout ce que nous allons décider aujourd'hui le concerne maintenant directement.
- Cela fait plusieurs années que l'avis de votre compagnon vous importe Harry. Je comprends.
- Parfait. Alors, nous pouvons commencer.
- Bien. Harry, Sarah, vous vous êtes engagés à reprendre le travail après un break de trois ans. Avez-vous commencé à travailler sur le nouvel album ? Avez-vous une date à me donner ?
- J'ai commencé à écrire oui, depuis plusieurs semaines. Niall et moi nous sommes vus de temps en temps. Nous allons bien sûr nous y mettre plus activement.
- Il faut réunir l'équipe de musiciens, enchaîne Sarah, pour commencer à enregistrer les maquettes que nous vous présenterons régulièrement. Nous avons besoin d'une deadline pour organiser les sessions.
- Combien de chansons sur cet album ?
- Une douzaine. Je pense que c'est un bon compromis.
- Des collaborations sont prévues ?
- Non. Faut-il l'envisager ?
- Ce n'est pas nécessaire. Mais j'aimerais que vous participiez à des concerts caritatifs pendant la promotion de l'album. L'occasion de présenter des duos inédits.
- D'accord. Concernant la tournée. Vous savez qu'il y a deux ans, j'ai tourné pendant un mois aux États-Unis dans des petites salles...
- Ce n'est pas envisageable Harry, le coupe Monsieur Adler. Je comprends l'envie, peut-être même le besoin, mais vous avez une notoriété qui ne nous permet pas d'organiser une tournée mondiale dans ce type de salles. D'une part, ça vous ferait partir beaucoup plus longtemps, et la présence de Louis à ce rendez-vous m'indique que vous privilégiez votre vie de famille avant votre carrière, et d'autre part, nous avons besoin qu'un maximum de fans puissent venir vous voir et d'autres vous découvrir. Donc les petites salles c'est non ! »
Harry se crispe légèrement à côté de moi. Monsieur Adler a raison, Harry n'acceptera pas de partir sur les routes trop longtemps, mais je sais aussi qu'il voulait une tournée plus intime. Je me retiens de passer ma main dans son dos ou de m'emparer de ses doigts qui pianotent sur la table.
« OK. C'est dommage. Mais je comprends. Vous prévoyez une tournée sur combien de temps ?
- Environ six mois.
- Il faudra envisager des pauses conséquentes entre chaque continent, ajoute Sarah. Pour permettre à tous, aux techniciens, aux musiciens comme à Harry de retrouver leur famille.
- C'est donc le maître mot de votre carrière Harry, la famille ?
- Sans ma famille, je n'ai pas de source d'inspiration. Alors oui. C'est important et ce n'est pas négociable Monsieur Adler. De la même manière que j'aimerais que Louis et notre fils nous accompagne sur toute la tournée européenne.
- Quoi ? je m'exclame, intervenant pour la première fois dans cette conversation.
- Oui. C'est pour cette raison que je voulais que tu sois présent. Je vais partir longtemps et je n'ai pas envie qu'on soit séparé tout ce temps. Ni de toi, ni d'Hayden. L'Europe c'est gérable même pour un petit garçon.
- Mais Hayden rentre à l'école en septembre et puis il y a la librairie.
- Je sais. Je sais que je te demande encore de penser à moi. Mais c'est l'école maternelle et la tournée européenne durera un mois, un mois et demi tout au plus.
- Tu aurais pu m'en parler avant, tu ne crois pas ? Enfin, j'ai un peu l'impression que tu me mets devant le fait accompli.
- Non, pas du tout. Tu as le choix de dire non. Tu as le choix de ne venir que sur certaines dates. Mais, d'un point de vue assurance, voyage et hébergement, je veux que tout soit prévu pour vous accueillir Hayden et toi.
- D'accord. Et bien, je vais y réfléchir. Bien sûr que je veux te voir sur scène. Hayden sera heureux aussi de voir son père. Je vais réfléchir.
- Merci Lou. »
A nouveau, j'ai ce sentiment qui m'étreint le cœur, celui d'être la personne qui se sacrifie pour Harry. Mais finalement, ne m'a-t-il pas offert trois ans de sa vie ? Je comprends qu'il ne veuille pas être séparé d'Hayden pendant tout ce temps et comme il dit, avec un petit garçon, l'Europe est envisageable. Je sens le regard de Sarah se poser sur moi. Je tourne mon visage vers elle et lui souris, confiant. Même moi, je n'ai pas envie d'être séparé de Harry, je ne vais pas mentir. Monsieur Adler reprend la parole.
« Très bien. Harry, je vais m'entretenir avec Sarah pour organiser le tour. Vous commencerez soit par l'Asie et l'Australie, soit pas la côte Ouest des États-Unis. Nous allons voir par rapport aux disponibilités des salles. Nous sommes en juillet. Il faut envisager un début de tournée pour avril.
- Bien. Nous allons contacter et réunir les musiciens.
- Harry, l'enregistrement de l'album se fera ici.
- Oui. Nous répéterons à Londres mais viendrons enregistrer ici.
- Parfait. »
Monsieur Adler poursuit sur des sujets plus administratifs et je décroche totalement de la conversation. J'en profite pour finir ma tasse de thé. La main de Harry s'empare de la mienne, sous la table et son pouce caresse le dos de ma main. J'étreins ses doigts dans un geste qui lui signifie un « Oui ». Oui, je le soutiens. Oui, je partirai avec lui.
************
Je sors sur la terrasse. La soirée est douce, le ciel étoilé et sans nuage. Harry est assis sur un des transats, sa guitare ne le quitte plus, comme le prolongement de son corps, et une nouvelle mélodie résonne dans le jardin. Je dépose un plateau sur la table et prends une tasse de thé fumant. Je m'assieds en tailleur à côté de lui et l'observe. Je regarde ses cheveux bouclés voler autour de son visage à cause de la brise. Je regarde ses doigts danser sur les cordes de la guitare, son alliance qui étincelle quand la lumière s'y reflète, ses lèvres s'étirer à mesure que la mélodie lui plaît. Je regarde ses yeux lorsqu'il tourne son visage vers moi, ses yeux qui me dévorent du regard, ses yeux qui me font chavirer. Je regarde les muscles de ses épaules bouger sous son fin t-shirt quand il arrête de jouer et dépose la guitare contre le siège. Il se redresse et s'approche de moi. Ses lèvres capturent les miennes dans un baiser que je lui rends bien volontiers. Mon cœur palpite, un peu comme au premier jour mais avec ces certitudes en plus. La certitude que Harry et moi sommes deux âmes sœurs, notre évidence.
« Pourquoi tu ne joues plus ?
- Tu as envie que je continue ?
- Tu sais que j'aime t'entendre et te regarder jouer.
- Je sais. »
Mais Harry choisit de se blottir contre moi. Je lève le bras avec lequel je tiens ma tasse de thé pour ne pas qu'il se brûle et le laisse s'installer. Je passe mon autre bras autour de sa taille et ses mains viennent le caresser doucement.
« Parle moi Lou...
- De quoi veux-tu que je te parle, mon cœur ?
- Dis-moi si tu m'en veux ?
- Ai-je une raison quelconque de t'en vouloir ?
- Je ne sais pas. J'ai été maladroit, je crois.
- Je reconnais que j'aurais aimé qu'on évoque le sujet avant le rendez-vous de ce matin. Mais tu connaissais d'avance la réponse. Je vais pas faire semblant d'être blessé ou quoique ce soit d'autre parce que ce serait faux. J'ai été surpris surtout. »
Sa tête bascule en arrière et se cale contre mon épaule. Je dépose mes lèvres dans ses cheveux.
« Harry. Tu sais à quel point il m'est difficile de te voir partir pendant plusieurs semaines mais pouvoir te suivre, avec Hayden, pendant un mois, c'est quelque chose dont j'ai envie aussi. Je suis heureux que tu le proposes, que tu l'imposes à ta maison de disques. Je ne pense pas que je t'aurais demandé.
- Je suis rassuré alors.
- Mais...
- Oui ?
- S'il te plaît, la prochaine fois, on en parle avant.
- Oui. Je suis désolé.
- C'est rien.... Harry ?
- Ouais ?
- Tu crois pas que des fois on est un peu trop... amoureux ? »
Harry se redresse, la moitié de mon thé se renverse sur le coussin du transat. Harry me prend la tasse des mains et s'assure rapidement que la boisson ne m'a pas brûlé avant de répondre. Ses yeux s'ancrent aux miens, ses deux mains posées sur mes cuisses.
« Je ne crois pas qu'on puisse être trop amoureux Lou. On s'aime à notre manière comme deux cornichons d'amour, me dit-il me faisant un clin d'œil. Alors peut-être que pour les personnes qui nous entourent c'est chiant, mais cette façon que tu as de m'aimer, moi je l'adore. Et de toi à moi, je suis bien incapable de m'en passer. »
Ses lèvres rencontrent les miennes et m'embrassent doucement avant de m'enflammer totalement. Alors oui, Harry et moi, on doit beaucoup trop s'aimer mais mon cœur est complet quand je suis dans ses bras alors c'est bien là le principal. Pour rien au monde, je n'échangerai ce que nous avons construit Harry et moi, malgré nos maladresses et nos caractères. J'entoure les épaules de mon mari et savoure la sensation du poids de son corps sur moi, à mesure qu'il découvre ma peau avec ses lèvres et ses mains.
*Harry*
J'avais oublié.
J'avais oublié à quel point j'aimais mon métier, la composition, les sessions d'enregistrement et de mixage. J'avais oublié à quel point certaines journées sont trop courtes et d'autres interminables. J'avais oublié le stress quand le téléphone sonne pour nous rappeler que nous avons des échéances à tenir. J'avais oublié la sensation que ça procure au plus profond de moi. Et je suis heureux de retrouver tout ça. Ma vie reprend à mille à l'heure.
Je ne regrette pas ces trois dernières années loin de tout ça. Mais je suis vraiment heureux d'avoir retrouvé le chemin des studios. Le seul point négatif pour le moment, c'est que je vis un peu en décalé de Louis et surtout d'Hayden, qui est bien souvent couché lorsque je rentre.
Nous avons bien avancé sur l'écriture des chansons et les premiers enregistrements. L'album sortira en février mais le premier single sera disponible un peu avant Noël. Je vais devoir partir quelques jours à Los Angeles alors aujourd'hui je travaille à l'appartement. Enfin, je travaille... Je suis surtout en train d'observer Louis, assis sur le canapé, ses jambes tendues et ses pieds posés sur mes cuisses. Il porte ses lunettes qui lui donnent un air sérieux et concentré. Il mâchouille son crayon de papier, le regard rivé sur mon carnet.
Ma mère garde Hayden pendant le week-end. Louis et moi sommes seuls à l'appartement et nous faisons ce que j'aime le plus : nous travaillons ensemble.
Je glisse mes doigts autour de la cheville de Louis, remonte légèrement sous son pantalon de jogging. Louis est en train de lire les paroles d'une chanson que j'écris depuis plusieurs semaines et pour laquelle je ne trouve pas tous les mots, mais dont la mélodie m'entête.
« Tu pourrais me la jouer à nouveau ?
- Oui, mais il faudrait que je me lève et là... j'ai pas envie... »
Je réponds à Louis en bougeant légèrement sur le canapé. Il relève son visage vers moi et croise mon regard. Il dépose le carnet et le crayon sur la table basse avant d'enlever ses lunettes. Je me redresse et viens me blottir contre son corps, le dos contre le canapé. Ses bras m'entourent et ses lèvres m'embrassent tendrement.
« Qu'est-ce qui ne va pas avec cette chanson ?
- Je sais pas. Soit j'ai choisi les mauvaises paroles pour la musique, soit... je sais pas. Je tourne en rond.
- Il faut peut-être la mettre de côté, vraiment. Passer à autre chose. Tu es bloqué dessus depuis des jours.
- Ouais. Mais j'aime cette mélodie.
- Je sais. Il faut peut-être la remanier malgré tout, pour que ton texte s'accorde mieux.
- Mais les paroles, elles te plaisent ?
- J'aime bien oui. Mais je ne suis pas certain du choix de la mélodie. Je vois un rythme plus soutenu, en fait.
- Argh... J'en ai marre. Ça m'agace quand je suis comme ça.
- Je sais. Il faut pas que tu restes dessus. Plus tu vas chercher et moins tu vas trouver.
- Lou... Ne sois pas la voix de la raison, s'il te plaît !
- Qu'est-ce que tu veux que je fasse alors ? Tu me demandes mon avis, je te le donne. Tu sais, je commence à te connaître un peu, à force...
- Vraiment ?
- Plus que tu ne crois. Tu te mets dans le même état à chaque fois que tu composes. Il y a une chanson sur chaque album qui te prend la tête et finalement, la plupart du temps en quelques heures, tu retrouves l'inspiration. Tu te mets trop la pression, Hazz.»
Je regarde Louis mais ne dis rien, alors il ajoute :
« Tu sais que j'ai raison.
- J'ai peur. La vérité c'est que j'ai peur. Et si le public n'était plus présent ?
- Tu penses sincèrement que ça se passe comme ça ? Tu as sorti quatre albums en moins de dix ans de carrière. Certes, au début, le rythme a été soutenu...
- Surtout entre le premier et le deuxième, je l'interromps.
- Oui. Et puis ensuite tu as pris plus de temps. Pour composer. Plus de temps pour toi.
- Pour t'épouser... »
Le rire de Louis secoue mon corps contre lui et je souris.
« Tu sais Lou, je sais pas ce que je ferais sans toi.
- Et bien, ne te pose pas la question, je suis là.
- Merci. »
Louis m'embrasse lorsque je lève mon visage vers le sien et resserre son étreinte autour de moi. Il a raison. Je me mets la pression. J'ai peur de ne pas faire suffisamment bien. J'ai peur que le public m'ait oublié. J'ai tort de réagir de cette manière mais c'est plus fort que moi.
************
Dan arrive au studio dans la matinée. Si je suis surpris de le voir, je le suis encore plus de voir rentrer Niall suivi de Sarah. Nous sommes mercredi. Le week-end que j'ai passé avec Louis pour « travailler » s'est vite transformé en week-end cocooning et nous sommes rapidement allés chercher Hayden chez ma mère pour profiter d'une belle journée en famille. Finalement, je n'ai posé aucun mot sur ma mélodie et j'ai été incapable de reprendre les paroles de la chanson. Nous avons passé un bon week-end bien que je sois resté un peu mélancolique par moment.
Alors quand je vois mes amis rentrer dans le studio où je répète quelques morceaux avec mes musiciens, je soupçonne mon mari de les avoir appelés. Sarah me serre dans ses bras et Niall me donne une tape dans le dos. Son sourire réchauffe l'atmosphère en un rien de temps. Ça me rend vraiment heureux de les voir ici, à Londres.
« Alors, Harry, il paraît que tu rames un peu !?! me dit Niall sans détour.
- Ramer est un grand mot, mais oui je galère. Tu sais bien que loin de toi, je perds l'inspiration !
- Mais oui je sais ! Et Louis aussi. Quel mec intelligent celui-là. Je comprends pas ce qu'il te trouve !
- Le physique, c'est tout !
- Bon les garçons, vous avez fini ? intervient Sarah, fatiguée de nos pitreries.
- Ma chérie, ça fait des semaines que j'ai pas vu Harry, faut bien que je me rattrape !
- Mais bien sûr... répond Sarah en levant les yeux au ciel. Harry, tu nous accordes deux minutes ?
- Même plus que ça. On n'est pas très productif ! »
Je libère les musiciens et Sarah leur demande de revenir au studio uniquement à partir de lundi prochain. Je laisse ma manager gérer, sans poser de question. Je sais qu'elle va tout m'expliquer. Nous nous installons, comme avant, Niall, Sarah et moi, autour de la table, devant un café. Sarah sort son bloc et m'annonce que Niall et elle restent sur Londres tout le temps du processus de l'album.
C'est ça qui fait ma force. Ma famille. Mes amis. Mes associés. Nous formons une équipe soudée, prête à affronter ces mois de stress.
Niall et Sarah rentrent chez eux, dans l'appartement que Sarah a gardé sur Londres, pour aller se reposer. Nous prévoyons de nous voir le lendemain, Sarah ne cachant pas sa hâte de voir Hayden.
Dan me reconduit chez moi et je le remercie d'être aller à l'aéroport récupérer Niall et Sarah.
« Remercie surtout Louis, Harry.
- Oui. »
Je descends de la voiture et pousse la lourde porte de l'immeuble. Du coin de l'œil, j'aperçois un petit groupe de fans mais, cette fois, je ne prends pas le temps de m'arrêter. Je monte les escaliers rapidement. Derrière ma porte d'entrée, en cherchant mes clefs, j'entends Louis et Hayden, et sens une odeur agréable.
J'entre dans l'appartement. La musique résonne dans le salon. Louis et Hayden sont dans la cuisine. Hayden dos à moi, assis sur le plan de travail et Louis face à l'entrée en train de chanter, une cuillère en bois dans les mains. Hayden rit et tourne la tête sur le côté. Il a de la farine sur les joues et le bout du nez.
« Papaaaaa !!!! »
Louis lève son visage vers moi et me sourit. Lui aussi a de la farine sur le visage.
« Salut mes amours ! Qu'est-ce que vous faites de beau ?
- On fait des cookies ! Avec des pipites de chocolat ! C'est pour mes copains de l'école !
- Hum, ça sent bon. »
J'embrasse Louis et prends Hayden dans mes bras. Je lui fais des bisous dans le cou et le chatouille. Son rire reprend de plus belle.
« Ahahahah Arrête Papa ! »
Je m'empare d'un cookie, encore chaud, et en mange une bouchée.
« Mmmm, c'est bon. Tu m'avais caché ce talent Lou !
- C'est la seule chose que je réussis vraiment !
- Et c'est moi qu'a mis les pipites Papa.
- Un vrai p'tit chef. Si les gâteaux sont si bons, c'est peut-être grâce à toi alors, mon bébé !
- Hey !!! »
Je m'attire les foudres de mon mari et me retrouve moi aussi couvert de farine. Ça va être sympa le ménage après !
« Tu es rentré tôt, c'est super ! me dit Louis.
- Oui, je lui réponds en déposant Hayden sur le sol qui court dans le salon. Et tu ne devineras jamais qui vient d'arriver en ville !
- Hum, non, je ne vois pas. Peut-être la même personne qui nous a envoyé des invitations pour une soirée demain ?
- Merci Lou.
- Je savais que tu avais besoin de voir Niall, pour travailler avec lui mais aussi pour qu'il te rassure. Je suis pas musicien et pas toujours très objectif, avouons-le !
- Ils vont rester jusqu'à ce qu'on ait terminé l'album. On partira tous ensemble à L.A pour l'enregistrement définitif.
- Je suis content.
- Alors, on sort demain ?
- Oui. Il y a un concert à l'O2 et Sarah nous a envoyé des invitations.
- Super. Ça fait longtemps.
- C'est vrai. »
Je finis par enlacer Louis et caler mon visage dans le creux de son cou. Savoir Niall à Londres me rassure beaucoup. Nous avons toujours eu l'habitude de travailler ensemble et j'ai eu peur qu'il ne veuille plus s'investir autant qu'avant dans notre collaboration. Il aide beaucoup Sarah et les jeunes artistes qu'elle représente. J'ai hâte de retrouver le rythme que nous avions sur les précédents albums.
Louis continue la confection de ses cookies avec moi accroché à sa taille. Ça ne semble pas le déranger. Et puis, nous sommes rejoints par notre petit monstre qui s'accroche à mes jambes avec élan, nous sortant de notre bulle.
« Papa !
- Oui mon cœur ?
- Tu viens jouer avec moi.
- Si tu veux ! On joue à quoi ? je l'interroge en me détachant de Louis et attrape mon fils que je jette sur mon épaule.
- Papaaaaa !!!!
- Oui mon cœur ! T'es pas bien comme ça ?
- Nooooonnnn !!!! dit-il en rebondissant sur le canapé, sur lequel je viens de le basculer.
- Alors, on joue à quoi mon bébé ?
- Au playmo des pirates !!
- Ok ! »
Hayden descend du canapé et se dirige vers son coffre à jouets. Je m'assieds sur le sol et croise le regard de Louis qui me sourit, alors qu'il nous prend en photo.
************
Sarah s'est arrangée pour réunir nos amis les plus proches et cette soirée à l'O2 a été excellente. Gemma et David étaient là, ainsi qu'Émy, Liam et Sophia. La petite Alice et Hayden ont partagé la même babysitter dans leur maison de Camden. Nous avons terminé la soirée tous ensemble dans un pub. Louis et moi n'étions pas sortis comme ça depuis longtemps et ça nous a fait du bien. Sortir du travail, de l'appartement et de notre rôle de père. Et puis, j'ai le sentiment que cette sortie n'était pas tellement due au hasard. Nous avons été vus par les paparazzis, des fans m'ont reconnu et forcément sont venus me voir.
Je pense que Sarah a voulu me montrer que mon public m'attendait et était prêt à m'accueillir. Sarah et Louis sont proches et ont dû beaucoup discuter.
Alors, depuis cette soirée, depuis le retour de Niall à mes côtés pour composer, je suis plus productif. Nous passons des heures entières dans le studio avec Josh et Sandy. Les jours passent vite, les premières maquettes sont enregistrées et envoyées à Monsieur Adler. Le premier single se profile et nous allons devoir nous rendre à Los Angeles dans peu de temps. Sarah est en train de tout organiser, de l'enregistrement de la chanson au tournage du clip. Elle commence aussi à caler des interviews. Tout se met en place.
Nous sommes allés prendre un verre dans un bar de Leicester Square. Même en plein après-midi, la place est animée et nous passons un agréable moment de détente. Vers 17h, je décide qu'il est temps de rentrer. J'ai peu vu Louis de la semaine ainsi qu'Hayden. C'est la fin de semaine. Nous avons bien travaillé et j'ai hâte de profiter d'un week-end avec mes hommes. Je quitte la table et mes amis. Niall sort avec moi, le temps de rejoindre un taxi. J'entends derrière moi la voix d'une femme qui m'interpelle. Je me retourne et me retrouve face à Claire, la mère porteuse qui nous a permis à Louis et moi d'avoir Hayden.
« Claire, bonjour !
- Bonjour Harry. Comment ça va ?
- Bien. Merci. Et toi ?
- Ça va ! Comment vont Louis et votre fils ?
- Ils se portent à merveille, merci.
- Je suis contente. Tu passeras le bonjour à Louis.
- Oui bien sûr ! »
Et Claire s'en va, aussi vite qu'elle est apparue. Je n'ai même pas pu la présenter à Niall.
Je m'engouffre dans le taxi que Niall vient d'arrêter pour moi. Je salue mon ami et donne mon adresse au chauffeur.
Lorsque je rentre à l'appartement, Louis s'apprête à donner sa douche à Hayden. Je monte les rejoindre dans la salle de bain.
« Salut !
- Salut mon cœur !
- Ça été votre journée ?
- Hayden a fait de la peinture à l'école ! On essaye de nettoyer les dégâts. »
Je jette un œil sur mon fils. Ses mains sont pleines de peinture, il en a même dans les cheveux.
« Laisse, je prends le relais Lou ! Alors bébé, tu n'avais pas de pinceaux ?
- Bah si !
- Ah bon... ! Lou, j'étais sur Leicester avec les garçons tout à l'heure. Devine qui j'ai croisé ?
- Je ne sais pas, me répond Louis, assis sur le bord de la baignoire, face à moi, me tenant le gel douche.
- J'ai vu Claire, dis-je en retroussant mes manches.
- Vraiment ! En trois ans, on ne l'a jamais croisée.
- Et oui !
- C'est qui Claire, Papa ? »
Louis et moi échangeons un regard. On a décidé depuis longtemps de ne jamais rien cacher à Hayden, de toujours tout lui expliquer. Il sait que c'est hors du commun d'avoir deux papas, quand la majorité des enfants ont un papa et une maman. Louis se racle la gorge. Je hoche la tête en signe d'approbation de ce qu'il s'apprête à expliquer à notre fils.
« Claire, c'est la dame qui nous a aidé à t'avoir mon cœur !
- Oh.... » il répond, l'air concentré.
Louis et moi attendons quelques secondes... une autre réaction, une autre question. Mais rien ne vient. Hayden récupère son jouet dans la baignoire et reprend son occupation. Je passe le jet d'eau sur son corps avant de le savonner.
« Vous allez avoir un nouveau bébé ? »
Sa question arrive comme ça, sans préambule. Je lève mon visage vers Louis qui regarde Hayden puis moi.
« Euh... non. Enfin.... On n'y a pas vraiment réfléchi, dit-il.
- Tu aimerais, toi, avoir un petit frère ou une petite sœur ? je demande.
- Bof... j'sais pas ! Pas tout le temps !
- Ah bah oui, mais ça c'est pas possible » je réponds en riant.
Je termine de laver Hayden puis Louis me tend sa serviette pour que je le sèche. Un nouveau bébé maintenant qu'on sait ce que c'est, pourquoi pas...
J'aide Hayden à mettre son pyjama puis le laisse aller dans sa chambre récupérer son doudou. Louis range la salle de bain, un sourire sur les lèvres.
« A quoi tu penses ? je demande.
- A quoi ressemblerait un petit bout de toi... »
*
* *
#Justthewayfic
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