Chapitre 38

*Louis*

Les fêtes de fin d'année sont déjà derrière nous. Harry et moi sommes allés rejoindre ma famille à Los Angeles. Gemma et David ainsi que Anne ont également fait le déplacement cette année, pour que nous soyons tous réunis. Nous avons partagé d'agréables moments tous ensemble et c'est passé extrêmement vite. Nous sommes partis moins de dix jours. Émy et moi avions pris la décision de fermer la librairie pendant les fêtes pour qu'elle puisse elle aussi profiter pleinement de sa famille.

J'ai profité de mes sœurs. Félicité est en dernière année à l'université et se dirige vers une carrière d'avocate spécialisée dans la défense de l'environnement. Je suis tellement fier d'elle et du chemin qu'elle a parcouru. Phoebe et Daisy terminent le lycée et si Phoebe est vraiment studieuse, Daisy semble donner du fil à retordre à nos parents. Ma mère m'en parle parfois au téléphone et je lui ai déjà proposé de m'en mêler mais elle préfère que je reste en dehors et que je préserve ma relation frère/sœur avec Daisy, justement au cas où un jour elle se décide à se confier.

Je sais que la notoriété d'Harry et le couple que nous formons depuis plus de cinq ans ont eu des conséquences sur la vie de ma famille.

Certains curieux viennent au restaurant espérant nous y croiser. Mes sœurs ont soudainement eu beaucoup plus d'amis. C'est difficile de faire la part des choses, je suppose, quand on a 15 ans et que tout ça nous arrive. Peut-être que nous aurions dû être plus présents Harry et moi ; Harry pour expliquer les revers de la célébrité et moi pour montrer à mes sœurs que nous avons une vie banale malgré tout.

Parce que le quotidien avec Harry est simple et bien loin des paillettes qu'on s'imagine. Depuis qu'il est en pause, il m'arrive de rentrer à l'appartement après ma journée de travail et de le trouver tel que je l'ai laissé le matin... en survêtement, devant la télévision ou avec un livre. Ça ne fait concrètement que trois mois qu'il est en vacances et je sais qu'il commence à s'ennuyer. Il ne me l'avouera pas mais je le vois bien. Il lui arrive de passer des journées entières avec Émy et moi à la librairie pour s'occuper. C'est un plaisir pour moi de passer du temps avec mon mari et je sais que s'il vient à la librairie c'est pour être avec moi plus qu'autre chose. J'espère juste qu'il ne regrette pas sa décision. J'y pense régulièrement mais je n'ose pas aborder le sujet, qu'il me dise que oui, il regrette et qu'il espère se remettre au travail rapidement. Je ne lui en voudrais pas d'écrire des nouvelles chansons mais j'aurais beaucoup de mal à accepter les heures passées en studio et une nouvelle tournée alors que nous fondons notre famille. L'arrivée de notre petit garçon va forcément chambouler nos vies. Et mon mari n'aura plus le temps de s'ennuyer. Je souris à cette idée et l'impatience me gagne.

La main d'Harry effleure la mienne et je tourne mon visage vers le sien.

« Qu'est-ce qui te fait sourire comme ça ? demande-t-il.

- Je pensais à nous, au bébé, aux changements que ça va faire dans nos vies.

- Ça va aller ! On va gérer, tu verras !

- On en reparlera, je réponds en riant.

- Tu as eu des petites sœurs Lou, je compte sur toi !

- Mais je jouais avec elle, c'est tout. J'ai jamais changé une couche ou donné un bain.

- Et tu veux toujours pas qu'on prenne une nounou, hein !

- Toujours pas ! »


Je lui réponds en caressant sa joue et déposant mes lèvres sur les siennes, délicatement.

« Ça sera beaucoup plus drôle ! »

Harry lève les yeux au ciel. On a évoqué cette possibilité de prendre une nounou à domicile pour nous aider mais j'ai refusé. Harry sera à la maison et moi je peux, malgré tout, facilement me dégager du temps. Je ne dis pas que nous n'aurons pas recours aux services d'une baby-sitter si on veut sortir le soir mais une nounou pour la journée, ce n'est pas envisageable pour le moment.

Nous sommes interrompus dans notre conversation par l'hôtesse de l'air qui vient nous demander de remonter nos tablettes pour nous préparer à l'atterrissage. Parce que oui, je me retrouve encore dans un avion, survolant les Caraïbes. Harry a choisi de me faire découvrir les Antilles et particulièrement l'île de Saint Barthélemy. Nous avons quitté le ciel gris de Londres pour nous évader au soleil et profiter de ces dernières vacances à deux, en théorie.

L'aéroport est petit et offre un panorama à couper le souffle entre mer et montagne. Harry s'était bien abstenu de me décrire l'aéroport. Nous avons voyagé à bord d'un avion minimaliste et je ne me suis pas posé plus de questions que ça. La vérité est que les gros appareils ne peuvent pas atterrir à Saint Barthélemy tant la piste est courte et l'environnement dangereux. J'essaye donc de calmer les battements de mon cœur en me saisissant de la main d'Harry et en observant le paysage devant mes yeux. C'est magnifique. Il n'y a pas d'autres mots.

A peine sommes nous sortis de l'aéroport avec nos bagages, qu'un chauffeur nous interpelle devant une berline blanche. Harry le salue et me présente à l'homme en costume beige. Il doit faire 30°C et je me demande comment il peut supporter sa chemise et sa veste. Nous montons en voiture et nous dirigeons vers le nord-ouest de l'île pour rejoindre l'Anse des Flamands. Trente minutes à sillonner dans un paysage typique des îles tropicales. Les couleurs des plantes, des arbres et des fleurs sont vives et chatoyantes selon leur position face au soleil. Nous venons à peine d'arriver et j'en prends déjà plein les yeux.

Je me rapproche d'Harry et passe mon bras autour du sien. J'embrasse sa joue avant de murmurer à son oreille :

« C'est le paradis ici !

- C'est une très belle île, tu n'as encore rien vu.

- Merci.

- Pourquoi ?

- De me faire découvrir ces endroits magnifiques, magiques. Si je ne t'avais pas rencontré, je ne pense pas que je serai allé plus loin que... l'Angleterre !

- Ne dis pas de bêtise ! Je t'ai rencontré à Los Angeles !

- Faux...

- Oui, enfin c'est tout comme ! Ne me remercie pas pour ça Lou. Tu es mon mari, on a les moyens de parcourir le monde. Je voulais surtout qu'on soit un peu coupé du monde.

- Je pense que c'est parfait ici.

- Oui ! »


Il me répond puis dépose ses lèvres sur les miennes. Le paradis pour moi c'est les bras d'Harry. Je me rends compte que je ne lui dis vraiment pas assez souvent, même si je sais qu'il connaît l'ampleur de mes sentiments pour lui.

« Je t'aime »

Je glisse ces trois mots dans le creux de son oreille avant de tourner mon visage vers la vitre de la voiture et de regarder le paysage. Je sens la main d'Harry serrer doucement la mienne. Mon cœur cogne dans ma poitrine. C'est tellement incroyable d'aimer une personne aussi fort et de savoir que l'on est aimé autant en retour... si ce n'est plus.

Le chauffeur nous arrête devant une immense bâtisse blanche, en bois, typique des îles et de la conquête coloniale. Nous sommes accueillis par un majordome qui prend nos bagages et nous conduit jusqu'à l'accueil où une charmante hôtesse nous salue et nous gratifie d'un sourire étincelant. Le hall est tout en bois avec de grands canapés dispersés. Un pan de mur est entièrement ouvert avec vue sur la mer. Harry me rejoint et passe son bras dans le bas de mon dos pour que je le suive vers notre chambre. L'hôtel est composé d'un bâtiment principal où se situe l'accueil avec ce qui semble être les chambres « standards ». Évidemment, nous ne sommes pas logés dans cette partie de l'hôtel mais dans l'un des bungalows répartis dans le jardin. Le majordome dépose nos bagages dans une suite plus grande que mon premier appartement. Au bout du couloir d'entrée, il y a un salon qui donne accès à la chambre. Le lit est... gigantesque ! Nous pourrions facilement dormir à quatre dedans ! Il y a une porte coulissante en bois qui donne accès à une terrasse couverte, avec une vue panoramique imprenable sur la mer et la montagne.

J'admire le paysage devant moi quand Harry me rejoint, passe ses bras autour de ma taille et niche son visage dans le creux de mon cou. Ses lèvres déposent des baisers légers qui me font frissonner. L'endroit est paradisiaque et appelle au farniente et à l'amour. Je me tourne et passe mes bras autour de son cou. J'approche mon visage du sien, mon regard ancré dans ses yeux verts, brillants. J'embrasse ses lèvres alors que son corps se rapproche du mien, donnant un peu plus d'intensité à notre baiser. Je laisse mes mains glisser sur ses épaules, le long de sa colonne vertébrale jusqu'à l'ourlet de son t-shirt. Je passe mes mains dessous pour sentir la peau chaude d'Harry qui frissonne sous mes caresses. Je sens son sourire contre mes lèvres et son cœur qui cogne contre le mien. J'appuie ma hanche contre la sienne et lui laisse sentir le désir qui naît en moi. Ses mains quittent ma taille et s'accrochent à mon t-shirt qu'il remonte pour le faire passer au-dessus de ma tête. Une fois débarrassé du vêtement, il enlève son t-shirt et je me délecte du corps parfait de mon mari. Ses pectoraux musclés mettent en valeur ses tatouages et ses deux hirondelles que j'aime tant. Je m'agrippe à son corps et le pousse un peu en arrière pour le faire reculer. Nous entrons dans la chambre sans cesser de nous embrasser. Je gémis contre ses lèvres lorsque sa main glisse distraitement dans la ceinture de mon pantalon et caresse le bas de mes reins. Je le pousse doucement pour qu'il bascule sur le lit. Je me glisse entre ses jambes et parsème des baisers sur son ventre. Harry se cambre au contact de ma langue. Nous venons d'arriver et déjà nos désirs sont décuplés par cet environnement idyllique. Je relève mon regard vers le sien, remonte jusqu'à lui et lui chuchote un « Je t'aime » au creux de l'oreille avant de défaire le bouton de son jean et le faire glisser sur ses chevilles. J'enlève ses bottines, ses chaussettes et le déleste de son pantalon. Son regard fiévreux ne me quitte pas alors que j'enlève mes vêtements. Je caresse ses cuisses en me hissant au-dessus de son corps, mes lèvres toujours en contact avec la moindre parcelle de sa peau. Une chaleur agréable m'envahit quand, du bout des doigts, Harry caresse la peau de mon dos. Je laisse un soupir de plaisir franchir mes lèvres. Harry agrippe mes hanches et fait basculer nos corps. Je me retrouve sous lui. Il laisse reposer le poids de son corps sur le mien alors qu'il s'empare de mes lèvres. Son baiser est avide, empressé. Il fait accélérer les battements de mon cœur et virevolter les papillons dans le creux de mon ventre, encore et toujours, comme aux premiers instants de notre histoire. Les années passent mais le désir entre Harry et moi reste intact. Je pense même qu'il s'intensifie au fil du temps lorsque nous nous apercevons que nos vies étaient faites pour être liées l'une à l'autre, irrémédiablement.

Les yeux fermés et la tête renversée, je profite de chaque baiser, chaque caresse. Soudain, le corps d'Harry s'éloigne et me laisse dépourvu de ses lèvres et sa chaleur. Je l'entends ouvrir un de ses sacs de voyage et relève la tête pour regarder ce qu'il fait. Il sort sa trousse de toilette, attache ses cheveux en un chignon que toutes les filles lui envient et s'empare du tube de lubrifiant. Je souris malgré moi, ravi que nos ébats ne s'arrêtent pas si brutalement. Harry me rejoint sur le lit et m'embrasse. Il a enlevé son caleçon et passe ses doigts sous l'élastique du mien. Je bascule mon bassin et mon sous-vêtement glisse sur mes chevilles. Sans préambule, la langue d'Harry s'enroule autour de ma verge gonflée. Je souffle fortement lorsqu'il commence un mouvement de va-et-vient, les lèvres serrées, redoublant mon désir. Je suis tout à mon mari, le plaisir me submergeant. Sa main cherche la mienne et nos doigts s'entrelacent. Je resserre notre étreinte quand je sens l'orgasme venir. Harry ralentit son assaut et me laisse quelque peu frustré. Mais la frustration est de courte durée, lorsqu'il s'empare de mes lèvres après avoir murmuré « Je veux te sentir en moi, Lou ». J'embrasse Harry avec passion, mes doigts glissant dans les cheveux qu'il vient d'attacher, et que je détache comme d'habitude. Sa langue joue avec la mienne tandis que mes mains caressent son corps jusqu'à son intimité. Il se décale légèrement et s'installe sur le ventre à côté de moi. Je grimpe à califourchon sur ses cuisses et embrasse sa nuque, son dos. Je souffle sur son entrée et son soupir de surprise me fait sourire. J'enduis mes doigts de lubrifiant et prépare son intimité à me recevoir.

« Lou, s'il-te-plaît ! »

L'impatience d'Harry augmente mon désir. Je me penche vers lui, embrasse ses lèvres lorsqu'il tourne son visage vers moi. Je lui souris. Ses yeux brillent. Il relève son bassin, s'offrant à moi et je m'enfonce en lui doucement. Sa chaleur se propage dans tout mon corps, tout mon être. Je ne retiens pas le gémissement de plaisir qui franchit mes lèvres. J'agrippe ses hanches pour m'enfoncer plus loin, plus fort. Le contact de la peau du dos d'Harry contre mon torse m'enivre. Je passe un bras autour de son buste pour le sentir plus de près de moi. Mon cœur bat fort dans ma poitrine, j'ai le souffle court. Je suis submergé par le plaisir. Harry se redresse en appui sur son coude pour basculer son bassin vers moi. J'accélère la cadence entre nous et glisse ma main sur son sexe tendu. J'adapte l'ondulation de mes hanches au rythme de ma main que je resserre légèrement autour d'Harry lorsque je sens le plaisir m'envahir. Sa main rejoint la mienne et nous venons ensemble dans un même cri de jouissance. Mon corps tombe sur le sien, vide de toute énergie mais rassasié de plaisir et d'amour.

Je peine à reprendre ma respiration et sens le corps d'Harry bouger sous le mien. Je me laisse tomber sur le côté. Harry se tourne vers moi, m'enlace et m'embrasse tendrement, du bout des lèvres. Son nez caresse ma joue. Sa bouche effleure ma mâchoire jusqu'à mon oreille.

« Moi aussi je t'aime Lou. Depuis toujours et pour toujours ».

Mon cœur s'affole un peu plus et je me rapproche d'Harry. Je me blottis contre son corps avant d'échanger avec lui un autre baiser, rempli de promesses et d'amour, d'un futur à trois qui se profile.

**********

Nous sommes installés à la terrasse du restaurant en train de prendre notre petit déjeuner. L'île est magnifique. Harry a loué une voiture et m'a fait découvrir des endroits incroyables. Les journées passent vite et nous reprenons l'avion dans deux jours déjà pour regagner Londres.

Je reprends un toast grillé, porte ma tasse de café à mes lèvres et tourne mon regard vers la mer. Le soleil qui se lève donne une couleur turquoise à l'étendue d'eau devant nous. Les feuilles des palmiers scintillent sous les rayons.

« Tu sais, j'aime beaucoup vivre à Londres, mais me réveiller chaque matin devant ce paysage m'incite à me poser des questions.

- Tu te lasserais de vivre sur une île comme celle-ci.

- Oui. Mais vivre au bord de la mer, tu sais que j'aimerai ça.

- Je sais. Mais à Londres c'est difficile.

- A Los Angeles...

- Lou ? Tu es sérieux ? Tu serais prêt à quitter Londres ? La librairie ?

- Je ne sais pas. Non. Je ne sais pas. Je... Non, je ne laisserai pas la librairie. J'aime ce travail, ma collaboration avec Émy. Oui non...

- Enfin. On peut toujours envisager de vendre la maison et d'en acheter une autre, tu sais. Pour les vacances et mes déplacements.

- Mais j'aime ta maison de Los Angeles. Elle est remplie de souvenirs.

- Lou. Tu t'attaches trop aux choses. On pourra regarder la prochaine fois qu'on part à L.A.

- Peut-être...

- Et puis... sans vouloir t'influencer. Ta mère avait suggéré l'ouverture d'une librairie à L.A. Éventuellement. Ça marcherait, j'en suis sûr !

- À Los Angeles, ce serait différent. Les gens ne sont pas aussi discrets qu'à Londres. La librairie sera remplie. Mais pas de clients... de tes fans ! »


Je réponds à Harry en levant un sourcil. Il sait que j'ai raison. Je ne pense pas pouvoir un jour ouvrir une librairie à Los Angeles à cause de la notoriété d'Harry, et de la mienne par conséquent.

Il saisit ma main et me regarde comme s'il s'excusait de la situation. Je ne veux pas gâcher nos vacances par une conversation trop sérieuse, alors je lui souris et reprends la parole.

« On devrait se dépêcher. L'heure tourne et le bateau ne va pas nous attendre !

- En fait si !

- Quoi ?

- J'ai réservé la croisière que pour nous !

- Harry !

- Je sais ! Mais j'avais pas envie de me coltiner des touristes. On est tellement bien tous les deux. »


Je ris. Je ne suis pas étonné en fait. Je termine mon petit-déjeuner et nous retournons à la chambre prendre nos affaires et les clefs de la voiture.

Nous arrivons à l'embarcadère vingt minutes plus tard. Harry gare la voiture sur le petit parking puis nous rejoignons le ponton où une équipe nous attend. Nous avions réservé une croisière jusqu'à une île voisine, déserte. Harry a loué les services de l'équipe et nous embarquons sur un magnifique catamaran. Le capitaine nous accueille et nous invite à monter à bord. Harry et moi allons nous installer sur la banquette à la proue du bateau. La mer s'étend devant nous à perte de vue. Je laisse les rayons du soleil caresser ma peau. J'enlève mon t-shirt et met ma casquette et mes lunettes. Je profite de l'instant. La main d'Harry se pose négligemment sur ma cuisse. Je suis si bien, apaisé et heureux.

Nous sortons du petit port et prenons le large. Une serveuse nous propose un cocktail de jus de fruit ou une coupe de champagne. Il est encore tôt et je ne suis pas téméraire. Je m'empare du verre de jus et Harry en fait de même. Nous trinquons à nos vacances et cette belle journée qui se profile devant nous.

Nous naviguons depuis une heure environ. Le vent caresse mon visage. C'est vraiment agréable. Je me rends compte que, même si je suis toujours surpris par l'indécence du luxe, j'ai pris goût à ces avantages. Harry a travaillé dur, travaille dur, pour pouvoir s'offrir cette vie privilégiée et moi, je continue de travailler. Je ne suis pas seulement le mari d'Harry Styles. Le cours de mes pensées est interrompu par quelques notes de guitare. Je tourne mon visage vers la musique et découvre Harry installé avec l'un des skippers en pleine conversation. Il a rejoint l'équipage et a emprunté l'instrument de l'un deux. Ils échangent tout en grattant les cordes de la guitare. Je me lève et vais les rejoindre. Je passe ma main sur l'épaule chaude d'Harry avant d'embrasser sa joue et de me mêler à la conversation.

« Max me disait que Saint Barth était l'endroit idéal pour composer et enregistrer des chansons sans être dérangé.

- Vraiment ? J'ai l'impression qu'il y a beaucoup de célébrités ici et donc de paparazzis, non ?

- Sur une partie de l'île oui. Mais il existe des endroits vraiment privés. Certaines villas sont équipées de studio.

- Ça pourrait être une alternative pour le prochain album Lou.

- Tu as le temps d'y réfléchir, non ? »


Mon cœur se serre. Harry pense à son prochain album. J'avais raison de m'inquiéter de son ennui que j'ai déjà remarqué. Harry a besoin de travailler, besoin de composer. Max, le skipper, doit voir mon trouble et dévie la conversation sur notre croisière.

« Bien... Euh, nous allons arriver aux abords de l'île. Vous pouvez soit descendre du bateau et profiter de la plage, soit rester à bord. On vous servira le déjeuner et Édouard installera le ponton pour que vous puissiez descendre vous baigner.

- Merci Max. Lou, tu préfères quoi ?

- Je resterai bien à bord. On profitera de la plage à l'hôtel.

- D'accord.

- Très bien. Dans ce cas, je vais aller prévenir l'équipe.

- Merci Max. »


Les hommes nous laissent Harry et moi, et je me penche à la balustrade du catamaran, laissant mon regard se perdre sur l'horizon. Harry s'installe à côté de moi et place sa main sur ma hanche. Sa chaleur m'électrise. Nos vacances sont idylliques, je n'ai rien à lui reprocher mais j'appréhende beaucoup qu'il revienne sur sa décision. Je ne sais pas si nous devons en parler, surtout maintenant, mais je n'arrive pas à me taire.

« Harry, tu regrettes ta décision ?

- Laquelle mon cœur ?

- La pause de trois ans dans ta carrière.

- Non. Non pas au sens où tu l'entends. J'appréhende de m'ennuyer. J'appréhende le fait que pour une fois dans ma vie, je n'ai pas de projet concret et ça me fait peur. J'ai peur de perdre la flamme. »


Je me tourne vers lui. Ses bras entourent ma taille immédiatement.

« Comment veux-tu perdre la flamme ? La musique c'est ta passion. Tu es né pour écrire, pour composer. Pour être sur scène.

- Oui mais depuis plus de dix ans, là, je fais rien.

- Tu as choisi de ne pas enregistrer d'album ni d'engager de tournée. Ça ne signifie pas que tu ne fais rien, que tu ne vas rien faire. »


En disant ces mots, je me rends compte que je lui ouvre une porte qu'il avait fermé.

« Qu'est-ce que tu veux dire ?

- Je veux dire que tu pourras toujours être présent dans ton univers. Tu pourras toujours composer, enregistrer quelques maquettes avec Niall. Tu pourras répondre aux invitations pour des galas ou des émissions.

- Mais, je voulais me consacrer à toi, au bébé.

- L'un n'empêche pas l'autre Harry. Je vois bien que tu commences déjà à tourner en rond au bout de trois mois. L'arrivée du bébé va bouleverser nos vies mais lorsqu'on aura pris nos repères et nos habitudes, la vie reprendra son cours normal. Je ne veux pas te voir triste ou abattu.

- Lou... Je ne sais pas comment tu fais pour me connaître mieux que moi-même.

- J'observe. Je t'écoute. Tu as hésité à emmener ta guitare en vacances, mais dès que tu en croises une tu joues. C'est un signe. Je ne veux pas que tu perdes ta flamme pour de mauvaises raisons. »


Brusquement, il m'attire à lui et embrasse mes lèvres avec force. Il me serre si fort dans ses bras que je crains manquer de souffle. Avoir Harry à la maison pendant trois ans c'est merveilleux mais je ne veux pas vivre avec l'ombre de lui-même.

Max nous interpelle et nous annonce que l'ancre a été jetée et le ponton installé. Harry me regarde et me propose une baignade avant de déjeuner.

Il plonge alors que je descends prudemment par l'échelle. Évidemment il se moque de moi mais vient m'accueillir au bas de l'échelle. Ses bras m'encerclent et ses lèvres m'embrassent. Il a le goût du sel. Nous nageons un peu dans les eaux cristallines des Caraïbes. Je m'émerveille un peu plus du panorama qui s'offre à moi.

« Tu es songeur mon Lou ?

- Je profite du paysage. J'aime vraiment ces vacances. Elles sont parfaites. Merci. »


Je m'accroche à ses épaules et Harry m'enlace. Je passe mes mains dans sa nuque, laissant mes doigts glisser dans ses cheveux et niche mon visage dans le creux de son cou. Je dépose des petits baisers sur son épaule, mordillant sa peau.

« Lou... tu ne peux pas faire ça ! J'ai déjà envie de toi depuis qu'on est sur ce bateau, alors ne me tente pas...

- Sinon ?

- Sinon ? Sinon tu vas avoir du mal à retrouver ton short de bain que je t'aurais enlevé pour te faire l'amour au milieu de l'océan.

- Vraiment ?

- Lou...

- Quoi ? »


Et pour réponse, j'obtiens qu'il bascule mon corps en arrière. Je me retrouve la tête sous l'eau. Harry me rejoint, attrape mon visage entre ses mains et m'embrasse pendant que nous remontons tous les deux à la surface.

« Tu ne perds rien pour attendre !

- J'y compte bien ! »


Je ris en m'agrippant au dos d'Harry tandis que nous regagnons le bateau. Je crois que notre complicité n'a jamais été aussi forte que pendant cette semaine.



*Harry*

J'attends Louis devant la librairie. Je remonte le chauffage dans la voiture. Je regrette la chaleur des Caraïbes que nous avons quittée depuis plus de deux semaines. Il pleut sur Londres presque tous les jours. L'hiver dure et le printemps rechigne à s'installer. Nous sommes en mars. Le temps pourrait être plus clément.

Je vois Louis et Émy sortir de la librairie et se saluer. Émy me fait un petit signe de la main et se dirige vers sa voiture quand Louis ouvre la portière côté passager.

« Quel bonheur de rentrer en voiture !

- J'ai dû braver la pluie et le froid pour toi ! Si c'est pas une preuve d'amour ça !

- La plus grande preuve d'amour, j'en conviens. »


Louis me sourit et se penche pour embrasser ma joue. Nous allons tous les deux rendre visite à Liam et Sophia et voir leur petite Alice. Elle est née au mois de janvier et fait le bonheur de ses parents. Louis a été choisi pour être son parrain. Nous devons passer les voir ce soir car le baptême est prévu pour ce week-end et Sophia voulait finaliser l'organisation.

Je suis heureux pour Louis. Liam et lui sont amis depuis de nombreuses années et la confiance qu'il donne à son ami et à notre couple me touche beaucoup.

Je me gare devant la maison, l'ancienne qu'occupait Louis quand je l'ai rencontré. Toute la décoration a été refaite et la chambre de Louis entièrement décorée en nurserie pour Alice.

Quand nous entrons, Sophia donne le biberon à Alice, confortablement installée dans le canapé. Sophia est radieuse, maquillée et parfaitement coiffée. La jeune maman semble s'être parfaitement faite à son nouveau rôle. Elle nous sourit et nous salue depuis le salon, s'excusant de ne pouvoir nous accueillir. Louis la rejoint rapidement, lui fait une bise et regarde Alice avec un regard si tendre qu'une émotion étreint mon cœur.

Liam s'approche de moi et donne un petit coup dans mon épaule.

« C'est bientôt votre tour !

- Oui ! je réponds avec un sourire, le regard toujours tourné vers Louis.

- Claire doit accoucher quand ?

- Le terme est pour mardi prochain ! répond Louis. Tout peut arriver maintenant !!!

- Oui... enfin sauf ce week-end hein ! Parce qu'un baptême sans parrain ça va pas être possible !

- Oui bah écoute, mon fils fait ce qu'il veut !

- Ah bah ça commence bien »


Nous rions tous ensemble alors que Liam nous prépare des boissons et quelques crougnoutes pour l'apéritif.

************

La journée de dimanche s'est parfaitement déroulée, très bien organisée par Sophia et sa sœur. Nous avons passé un agréable moment. Louis et moi nous sommes prêtés au jeu des photos avec la jolie Alice, toute vêtue de blanc.

Lundi a été une agréable journée aussi.

Mardi, nous avons commencé à tourner en rond dans l'appartement. Louis n'est pas allé à la librairie au cas où Claire nous appelait. Sauf qu'elle n'a pas appelé.

Nous sommes vendredi. Le terme est dépassé de trois jours et toujours aucun signe de notre bébé. Quand Louis a appelé Claire, puis le Docteur Bennett pour prendre des nouvelles et s'inquiéter, elles lui ont toutes deux répondu que la grossesse n'était pas une science exacte et qu'il n'y avait aucune inquiétude à avoir.

Mais ça n'a pas rassuré Louis. Ni moi d'ailleurs. Pour nous occuper, nous sommes allées prendre le thé chez ma mère ; le téléphone inlassablement muet.

Et puis, tandis que nous sommes sortis nous balader dans le quartier et passer par la boulangerie acheter des cupcakes, le portable de Louis a sonné. Encombré avec la boîte de pâtisserie, il peine à sortir son portable de sa poche.

« C'est Claire, me dit-il en regardant l'écran.

- Réponds !

- Oui... bien sûr oui ! Allô ? »


Je le regarde et vois une multitude d'émotions passer dans ses yeux jusqu'à ce qu'il raccroche.

« Alors, je demande.

- Alors... On va être papas Harry... le compagnon de Claire vient de la déposer à la maternité. Ils nous attendent ! »


La boîte de cupcakes atterrit au sol lorsque je saute dans les bras de Louis. Nous nous dirigeons rapidement vers la voiture pour prendre la direction de la maternité.

************

Claire est en salle d'accouchement depuis trente minutes. Seul Louis a pu entrer avec elle pour la naissance de notre petit garçon. Je fais les cent pas dans le couloir. Ma mère vient de me rejoindre et me regarde en souriant. Mon cœur bat si fort dans ma poitrine que je pense qu'il pourrait se décrocher. Je suis partagé entre le bonheur de voir enfin mon fils et l'angoisse. L'angoisse de sa naissance, souhaitant que tout se passe bien pour lui mais aussi pour Claire. L'angoisse de devenir père, les responsabilités qui en découlent mais surtout les questions qui se bousculent dans ma tête. Louis et moi nous accordons parfaitement en tant que couple. La vie à deux a été une évidence mais qu'en sera-t-il quand notre bébé viendra perturber notre routine ? Est-ce qu'on va savoir s'occuper de ce petit bonhomme sans se perdre l'un l'autre ? Je tourne en rond dans la salle d'attente. Monter sur scène, présenter un album n'est rien comparé à cette attente qui me semble interminable. Je sens la main de ma mère sur mon épaule alors que je pose mon front contre le mur.

« Harry, mon cœur, viens t'asseoir, tu veux ?

- C'est long, tu ne trouves pas ?

- Tous les accouchements sont différents. Je ne peux pas te dire. Mais arrête de faire des allers-retours dans ce couloir. Ça ne sert à rien et surtout tu me donnes le tournis. »


Je baisse les yeux sur elle et vois son sourire réconfortant illuminer son visage.

« Qu'est-ce qui t'inquiète autant ?

- Euh... Tout ?

- Vraiment ?

- Je sais que Louis et moi sommes prêts. Mais on va vers l'inconnu là.

- Comme tous les parents du monde. Et ils y parviennent. Ton fils va te montrer quel homme incroyable tu es Harry. Louis et toi serez de formidables parents et vous n'avez aucune raison d'avoir peur.

- Tu nous aideras hein ?

- Oui... »


Elle me répond en riant, s'apercevant que tout ce qu'elle peut me dire à cet instant n'atteint pas ma cervelle. Elle passe son bras autour de mon épaule, et comme l'enfant que je suis toujours pour elle, je cale ma tête sur la sienne.

Nous devons rester ainsi pendant une heure. Et puis... La double porte battante s'ouvre sur une infirmière en blouse rose.

« Monsieur Tomlinson-Styles ?

- Oui !

- Je crois que vous êtes attendu »


Je me lève. Mes jambes tremblent. Mon corps entier tremble. Je jette un coup d'œil à ma mère, sa main faisant pression dans le bas de mon dos pour m'inciter à avancer. Je souffle un grand coup, passe la main dans mes cheveux et suis l'infirmière dans le couloir. Elle ouvre une porte et me fait un signe de la tête pour m'inviter à entrer.

Il y a dans la pièce une infirmière penchée au-dessus d'une petite table d'examen. Il y a Louis, en blouse bleue et le dos tourné à la porte. Et j'entends un petit cri venir de devant eux. Je ne peux contenir les larmes qui me montent aux yeux. Je suis ému. Ma gorge est sèche, mon cœur cogne dans ma poitrine. Je suis toujours sur le pas de la porte. Je n'ose pas avancer. Je suis comme intimidé. Je ne veux pas les déranger. Je vois l'infirmière envelopper le petit être et le tendre à Louis qui le prend entre ses bras avant de se tourner vers la porte. Le sourire qui illumine son visage est lumineux, autant que les étoiles dans ses yeux. Je passe ma main sur ma joue pour essuyer la larme qui y roule en m'approchant de mon mari et de mon fils.

« Je te présente Hayden », me dit Louis, la voix plus éraillée que d'habitude.

J'embrasse la joue de Louis et passe mon bras autour de sa taille avant de caresser délicatement le petit visage rosé de notre fils, Hayden.

Hayden, notre trésor.

Je ne retiens ni mon rire ni mes larmes. Je ne pense pas avoir ressenti un jour un tel bonheur, un tel amour. L'accomplissement de notre amour à Louis et moi.

« Je vous laisse quelques minutes, le temps d'aller remplir les papiers et de préparer la chambre et je reviens vous chercher, nous informe l'infirmière.

- Très bien, répond Louis.

- Merci, je dis en souriant à la jeune femme. Il est magnifique notre bébé, j'ajoute.

- Il est parfait.

- Ça s'est bien passé ?

- Oui. Enfin ça été difficile pour Claire. La péridurale a été faite trop tôt. Mais elle a tout donné.

- Elle nous a tout donné.

- Oui. Je suis si heureux Harry.

- Et moi donc, Lou. »


Louis cale son dos contre mon torse et sa tête bascule en arrière.

« Tu veux le prendre ?

- Oh oui ! »


Louis me tend Hayden. Nous échangeons un regard. Je lui souris et il vient embrasser mes lèvres alors qu'Hayden change de bras. Mon fils est lové contre moi. Il est si beau mon bébé.

L'infirmière revient et nous demande de la suivre. Nous traversons le couloir et entrons dans une chambre aménagée pour nous recevoir.

« Alors lequel de vous deux veut commencer ?

- A faire quoi ? je demande.

- Du peau à peau. Le but est de blottir votre fils nu contre votre torse nu pour créer le premier lien entre vous deux. C'est un moment privilégié.

- Vas-y Harry. Commence, je le ferai après toi.

- D'accord. »


Je tends Hayden à l'infirmière qui s'en saisit dans un geste tellement plus sûr que les miens. Elle le dépose sur le lit et commence à lui enlever son petit pyjama pendant qu'elle me demande d'enlever ma chemise et de m'installer confortablement sur le fauteuil. Je m'exécute puis elle dépose Hayden contre moi, son petit corps tout chaud contre mon cœur qui bat toujours si vite. Elle nous recouvre d'un drap pour que le bébé n'ait pas froid.

Louis s'assied à nos cotés. Il m'embrasse tendrement puis caresse la tête de notre fils, couverte d'un petit bonnet bleu. Ma mère fait son entrée et lorsque je lève les yeux vers elle, je la vois si émue. Elle s'empresse de faire une photo de nous trois et l'envoie à ma sœur et aux parents de Louis. Notre première photo de famille.

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Nous nous sommes relayés Louis et moi dans la chambre pendant deux jours. La sage-femme nous a montré comment changer notre petit garçon, comment le baigner. Nous l'avons nourri à heure régulière. Hayden est un ange.

Nous sommes passés voir Claire lorsque nous étions prêts à sortir de la maternité pour la remercier une nouvelle fois, puis nous sommes passés au bureau où Madame Edwards nous attendait avec tous les papiers officiels.

Claire a renoncé à tous ses droits sur l'enfant et, Louis et moi sortons de la maternité avec notre fils... à tous les deux : Hayden Tomlinson-Styles.


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#Justthewayfic

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