Chapitre 37
*Louis*
Je flâne entre les rayons de la librairie. La journée est calme. Le temps gris sur Londres n'incite pas les badauds à sortir de chez eux et se promener dans les rues. Le début du mois d'octobre est déprimant et ça n'aide pas mon moral à se porter au mieux. Harry me manque. Comme toujours lorsqu'il est en tournée. C'est vraiment l'aspect de son métier qui me pèse le plus, malgré les années et les déplacements qu'il a déjà fait sans que je puisse l'accompagner. Je pensais que le temps atténuerait le manque. Je pensais que mon travail à plein temps à la librairie occuperait mes pensées, au moins pour la journée. Mais, aujourd'hui, je suis seul dans la boutique, les gouttes de pluies claquent sur la vitrine.
Je m'assieds dans un des fauteuils de la section jeunesse et laisse mon esprit divaguer. La clochette de la porte interrompt le cours de mes pensées et je me lève pour accueillir la personne qui entre dans la boutique. Je suis surpris de voir Sophia entrer, les mains chargées de sacs et les cheveux trempés par la pluie.
« Désolée Louis de faire irruption dans la boutique, mais il tombe des cordes et j'ai pas de parapluie. Je voudrais éviter de tomber malade, tu sais...
- Oui bien sûr. Entre. Donne-moi ta veste, je vais la mettre sur le radiateur. Je te fais un thé ?
- Avec plaisir merci. »
Quand nous sommes rentrés de notre voyage de noces Harry et moi, Liam et Sophia nous ont annoncé qu'ils attendaient un petit bébé. Ils l'ont appris quelques jours après notre mariage, quand Sophia était régulièrement malade sans raison apparente et notamment en voiture. Je suis extrêmement heureux pour mes amis, et pour nos enfants qui vont grandir ensemble. Sophia est rayonnante. Son ventre s'arrondit de jour en jour et me laisse rêveur. Leur petite fille naîtra deux mois avant notre bébé.
« Tu es tout seul ?
- Oui. Émy a pris une journée. Je suis bien content que quelqu'un passe enfin la porte de la boutique.
- Je vais te tenir compagnie un petit moment alors. J'ai envoyé un message à Liam pour qu'il vienne me récupérer après le boulot. Cette pluie n'en finit pas.
- Ouais...
- Ça va Louis ?
- Oui. Ça va.
- Tu es sûr. Tu veux qu'on parle ?
- Non. C'est gentil Sophia. C'est rien. Ça va. Harry me manque juste.
- Il doit bientôt rentrer, non ?
- Oui. Il donne deux concerts encore et rentre pour deux semaines avant de repartir.
- C'est quoi la prochaine destination ?
- L'Europe cette fois. Mais bon... parle-moi de toi ? Comment vas-tu ?
- Ça va. Le deuxième trimestre est bien plus agréable que le premier. J'en profite pour acheter des petites choses pour accueillir la puce.
- J'ai hâte qu'on en soit là nous aussi.
- Ça va être formidable. Liam a commencé à repeindre ton ancienne chambre à l'appartement.
- Vous ne déménagez pas finalement ?
- Non. Liam aime bien cet appart, et pour nous trois c'est suffisant. »
Je sers sa tasse de thé à Sophia et nous discutons pendant plus d'une heure jusqu'à l'arrivée tonitruante de Liam dans la boutique.
« Mais c'est quoi ce temps !!! dit-il en s'ébrouant. Bonjour mon cœur.
- Bonjour ! Pourquoi tu ne t'es pas servi du parapluie ?
- Je suis garé devant la boutique d'à côté, j'en voyais pas l'utilité ! Salut Louis ! Ça va ?
- Bien et toi ? je lui réponds en lui serrant la main, oubliant notre accolade habituelle puisqu'il est trempé. Sophia m'a tenu compagnie. Il n'y a pas âme qui vive qui soit passée aujourd'hui.
- Ferme la boutique et rentre chez toi !
- Ouais, je vais ranger tranquillement et partir. »
Je me lève du tabouret pour aller chercher la veste de Sophia, maintenant sèche. Liam caresse le ventre de sa petite-amie en un geste très tendre pendant qu'il lui murmure quelque chose à l'oreille qui la fait sourire.
Mes deux amis me quittent et je retrouve le silence de la librairie. Il est à peine 17h et la boutique est censée fermer dans une heure et demi. Je range nos tasses de thé et nettoie la machine et le comptoir. Je remets en place les quelques livres qui dépassent des rayonnages. J'imprime une note « Fermeture exceptionnelle à 17h30 », éteins l'ordinateur et récupère ma veste avant de sortir et fermer la boutique.
J'envoie un SMS à Émy pour la prévenir que j'ai décidé de fermer plus tôt. Je n'ai eu qu'un seul client de la journée.
Je relève le col de ma veste et cours vers la bouche de métro où je m'engouffre pour rentrer chez moi.
Je rentre dans l'appartement et me dépêche d'enlever mes chaussures, mon manteau et même mon pantalon. Malgré le parapluie, je suis trempé. Ce temps va avoir raison de moi et de mon humeur maussade. Avant de monter dans la chambre, j'envoie un SMS à Harry pour savoir s'il dort ou si nous pouvons nous appeler. J'ai à peine gravi les premières marches de l'escalier, que l'application Skype sonne sur l'ordinateur. Je redescends et me précipite sur le canapé pour prendre la communication.
J'ouvre l'écran et le visage d'Harry apparaît, souriant malgré les cernes qui marquent son visage.
« Salut mon ange.
- Salut ! Tu ne dormais pas ?
- Non. Il fait vachement chaud. La clim fonctionne mal à l'hôtel, j'arrive pas à m'endormir. Ça va ? Tu es rentré plus tôt non ?
- Oui. J'ai fermé, y avait pas de client. J'ai pris une heure. C'est pas bien grave. La journée ne passait pas. »
Je continue de parler tout en attrapant l'ordinateur et m'installant confortablement sur le canapé.
« Lou ?
- Oui ?
- Tu es en caleçon ?
- Quoi ? Ah ! Euh... oui. Je montais me changer quand tu as appelé. Mon jean traîne sur le sol. Il tombe des cordes ici. C'est l'horreur.
- Ah !
- Quoi ?
- Je suis déçu, je croyais que tu m'allumais !
- Ça peut s'arranger... Je te manque ?
- Comment tu peux poser cette question ? Non ! Bien sûr que non ! »
Je lui tire la langue et me renfrogne dans le canapé. Je sais bien qu'il pense tout le contraire de ce qu'il dit, mais aujourd'hui, j'aurai aimé qu'il ne me taquine pas. Il y a des jours comme ça où je n'ai absolument aucun recul sur ce qu'il se passe autour de moi.
« Lou... ça n'a pas l'air d'aller.
- Si ça va. J'aimerais juste que cette semaine soit déjà passée et que tu sois rentré.
- Ça va arriver vite. Et je te promets de passer ces deux prochaines semaines avec toi.
- Je sais bien. Bref... Ton vol s'est bien passé ?
- Oui. Ç'a été. On a eu un peu de retard mais il y avait quand même beaucoup de fans qui nous attendaient à l'aéroport et devant l'hôtel. D'ailleurs, quand on repassera par Singapour, on choisira un autre hôtel parce qu'il semble que quelqu'un renseigne la presse ici. Nous étions attendus. C'est pas bien grave, mais bon... ça crée des débordements.
- Oui, je comprends. J'ai vu Sophia aujourd'hui. Elle est passée à la boutique.
- Comment va-t-elle ?
- Elle s'arrondit. Elle est magnifique. Liam est venu la chercher à la librairie. Tu les verrais, ils sont si heureux.
- Ça te rend nostalgique ?
- J'ai hâte qu'on puisse préparer l'arrivée de notre bébé, toi et moi.
- Moi aussi. Tu as vu Claire récemment ?
- Oui, j'ai déjeuné avec elle il y a deux jours. Tout va bien.
- Lou ?
- Oui ?
- Tu me manques aussi, tu le sais hein ?
- Oui je sais. Je donnerais n'importe quoi pour être dans tes bras ce soir. Je déteste me sentir comme ça, quand tu es loin. En plus, je sais que tu vas y penser et que ça va te contrarier.
- Ça m'aurait contrarié si je ne rentrais pas bientôt.
- Ok... Tu sais, je pensais que je pourrais commencer à mettre en carton ce qu'il y a dans la chambre...
- Oui, c'est une bonne idée. »
Nous poursuivons notre conversation et je me détends un peu plus au fil des minutes. Le sourire d'Harry me réchauffe dans tous les sens du terme. Au bout de plus d'une heure de conversation, voyant la fatigue gagner Harry de plus en plus, je l'incite à couper la communication et à se mettre au lit.
Je ramasse mes affaires en bas de l'escalier et monte me changer dans la chambre. J'ouvre la porte de la chambre d'amis qui va bientôt devenir la chambre de notre bébé. J'essaie de visualiser comment nous allons la décorer.
*Harry*
Nous venons de terminer les concerts en Australie et en Asie et nous apprêtons à rentrer sur Londres pour près de deux semaines de break avant d'entamer la tournée Européenne, la dernière étape de la tournée. Je suis attendu dans un salon privé de l'hôtel de Singapour où nous résidons pour donner une interview. Sarah a réussi à caler ce rendez-vous juste avant notre départ pour que je ne sois pas dérangé en rentrant à Londres, que je puisse retrouver Louis et profiter pleinement de la pause.
Sarah frappe à ma porte et je sors en vérifiant mon apparence une dernière fois dans le miroir de l'entrée de la suite. L'interview sera illustré de deux ou trois photos. Lou, ma coiffeuse, est venue me préparer il y a trente minutes, mais comme j'ai la fâcheuse manie de passer mes mains dans mes cheveux, je vérifie qu'ils sont encore en place.
Sarah et moi descendons au rez-de-chaussée et nous rendons dans le salon n°2. Une équipe nous attend, en grande discussion avec Niall. Je salue le journaliste.
« Bonjour Harry !
- Bonjour, ça va ?
- Oui, merci. Et toi ?
- Ça va. On commence par quoi ?
- Comme tu préfères.
- Les photos alors.
- Ça marche. Je te présente Steve, notre photographe.
- Enchanté », je lui dis en tendant ma main qu'il serre.
Nous commençons la séance. Les photos sont simples et ne nécessitent pas de changement de tenues. Bien que l'hôtel soit climatisé, il fait chaud aujourd'hui ; l'air est humide et moite. Steve est professionnel et sait exactement ce qu'il veut. Le regard entendu de Sarah me rassure et je me décontracte. J'ai beau avoir l'habitude de me prêter à ce genre de séance, j'ai malgré tout toujours des angoisses sur les résultats. La séance dure moins de trente minutes. Steve semble satisfait et me dit que nous pourrons choisir les clichés à l'issu de l'interview.
Je me débarrasse de ma veste et retrousse les manches de ma chemise, dont je déboutonne les premiers boutons.
Une serveuse nous apporte des boissons fraîches lorsque je m'installe dans le canapé, face à Nick, le journaliste.
« Alors Harry, on commence par cette tournée. Comment ça se passe jusqu'à maintenant ?
- Et bien, je crois que je ne cesserai jamais d'être surpris par la ferveur du public. Chaque concert est formidable. Il y a une vraie alchimie entre le public et nous sur scène. Je suis ravi. Fatigué mais ravi.
- Tu prends une pause ?
- Oui. Je rentre chez moi et nous commençons la tournée européenne dans deux semaines par la Finlande.
- Ton dernier album est encore un succès. Est-ce que ça te met la pression ? Pour le suivant ?
- Je suis content que le public ait si bien accueilli cet album. C'est le quatrième. Il est plus personnel que les précédents. Il me ressemble beaucoup plus. Je peux dire que je suis légitime maintenant pour mettre toute mon âme dans mes musiques. Comparé à mon premier opus, même si je ne le renie pas, il faut avouer qu'il est le plus éloigné de ce que j'aime vraiment.
- Tu sembles être très épanoui en effet.
- Je travaille avec une équipe que j'ai choisie. Tout le monde est très professionnel mais nous travaillons comme une famille. Tous sont des amis proches. Nous partageons de très bons moments et l'exigence de chacun nous permet de faire du bon travail. En tout cas, c'est ce que je crois.
- Je te confirme que vous faites du bon travail. Tu éludes un peu ma question du prochain album ?
- Pas du tout. Pour l'instant je n'y pense pas, c'est tout. Nous nous concentrons sur la fin de la tournée. On verra pour la suite en temps voulus. Nous parcourons le monde depuis presque quatre mois. Nous avons besoin d'un repos bien mérité.
- Certainement. Aller d'un pays à l'autre, d'un hôtel à l'autre... C'est fatiguant et stressant je suppose.
- Oui. Encore une fois, on supporte mieux le rythme lorsqu'on est bien entouré.
- Harry, question un peu plus personnelle... Je ne peux m'empêcher de remarquer un nouvel anneau à ton doigt.
- Oui, je réponds en faisant tourner mon alliance autour de mon annulaire gauche. Louis et moi nous nous sommes mariés en mai dernier.
- Félicitations !
- Merci.
- Aucune photo n'a été publiée si je n'me trompe pas.
- Quand on veut qu'un moment reste privé, il reste privé. Louis et moi avons organisé notre mariage dans la discrétion, à l'image de notre couple et des festivités que nous avons données pour l'occasion. C'est un moment qui nous appartient. Mais je ne m'en cache pas. Le public connaît Louis depuis de nombreuses années maintenant. Notre mariage est la suite logique de notre relation.
- Bien sûr. Cependant, ne crois-tu pas que tes fans auraient aimé pouvoir vous féliciter, avoir ce sentiment de partager cet événement avec vous ?
- J'avais prévu de poster une photo sur Instagram. Mais finalement, nous sommes partis en voyage, en toute discrétion aussi, et la tournée a commencé. Alors on a gardé cet instant pour nous.
- Est-ce que je peux oser te demander une exclusivité ?
- C'est-à-dire ?
- Tu as forcément dans ton portable un cliché de ce jour-là ? Peut-être qu'on pourrait le diffuser avec l'article ?
- Nick, tu ne crois pas que tu exagères ? nous interrompt Sarah.
- C'est pas grave Sarah. J'aurais dû poster moi-même, ça nous aurait évité cette situation, juste pour faire vendre un peu plus de magazines, non ? je demande à Nick, en me tournant vers lui.
- Tu sais comment ça fonctionne Harry...
- Oui. Mais tu n'auras pas l'exclu de ma vie privée. Je suis désolé.
- OK.. Passons, enfin poursuivons.
- S'il te plaît. »
Le comportement de certains journalistes m'étonnera toujours, mais comme j'ai hâte de pouvoir quitter cette salle et cet hôtel, je laisse passer. Nous poursuivons l'interview en revenant à mon album, la tournée et mes projets d'avenir. Nous finissons par choisir trois photos pour illustrer notre conversation. J'autorise Nick à parler de mon mariage. L'article ne sortira que dans le numéro de la semaine prochaine. Ça me laisse le temps de poster l'information sur les réseaux sociaux avec une photo de notre choix à Louis et moi. Je me suis bien gardé de lui annoncer que je serai bientôt papa. Il aurait eu le culot de me demander une exclu sur ça aussi.
**********
Le taxi me demande où il doit me déposer et je ne sais pas quoi lui répondre. Je suis perdu dans le fil des jours à cause du décalage horaire et je ne sais plus si Louis travaille ou s'il est à la maison. Sarah me regarde et me sourit avant de répondre au chauffeur de me déposer à mon domicile.
« Tu as intérêt à te reposer Harry pendant ces deux semaines de break. Tu es l'ombre de toi-même.
- J'ai pas réussi à dormir pendant tout le voyage. Et la fatigue cumulée...
- Je sais. Mais ce que je veux dire, c'est que, ne te dit pas qu'il faut que tu profites de Louis absolument. Tu as besoin de dormir... »
Elle me fait un clin d'œil et je ne retiens pas mon rire face à son petit sourire. Je pense même que je rougis légèrement, mais, en effet, je suis bien trop fatigué pour m'en préoccuper.
Une demi-heure plus tard, le taxi s'arrête devant mon immeuble. Je remercie le chauffeur qui m'aide à sortir mes sacs du coffre. J'étreins Sarah entre mes bras et l'embrasse affectueusement sur la joue.
« Je t'appelle la semaine prochaine.
- D'accord. Bonnes vacances à toi.
- Merci. »
Je me détache de Sarah et m'apprête à rentrer dans l'immeuble quand elle m'interpelle.
« Harry ?
- Oui ?
- On est dimanche. Louis est chez vous. »
Je soupire et lui souris. Je suis vraiment très fatigué.
Je monte les deux étages et pénètre enfin dans mon appartement. J'entends la musique qui se joue à l'étage et Louis fredonner. Je dépose mes sacs, enlève ma veste et mes chaussures. Je passe par la cuisine et me sers un verre d'eau au robinet avant de monter rejoindre mon époux.
Je le trouve dans la chambre d'amis, en train de se déhancher sur un titre de Bruno Mars. Il était désespéré il y a une semaine. Je suis heureux de constater que son moral va mieux. Je l'observe en silence quelques minutes. Il a vidé toute la chambre de ses meubles, objets de décoration et livres que nous entreposions et s'est attaqué à lessiver les murs. Il est en jogging et porte l'un de mes t-shirts. Alors qu'il lève les bras, il découvre une partie de son corps et je ne peux empêcher mon estomac de se contracter à cette vue. Mon mari m'a manqué. Alors je m'approche doucement et plaque mes mains autour de sa taille, les glissant sous le t-shirt, et suis le rythme qu'il impose à son corps sur les notes de musique qui résonnent dans la pièce.
Louis sursaute et se tourne brusquement. Nos têtes s'entrechoquent dans le mouvement, ce qui me fait rire.
« Hey !
- Salut mon ange !
- Bonjour. Je ne t'ai pas entendu rentrer.
- Je sais. Je me délectais du spectacle en silence. »
Son sourire illumine son visage entièrement, ses yeux sondent mon regard fatigué mais brûlant de désir. Ses lèvres viennent délicatement se déposer sur les miennes tandis que ses bras encerclent mes épaules. Je le serre fort contre moi, le respire.
« C'est si bon de te retrouver.
- Le plaisir est partagé. Ces six semaines ont été trop longues.
- Oh oui.
- Viens, tu as l'air crevé. Tu as faim ?
- Oui et oui. Je mangerais bien un morceau et j'irai bien me coucher.
- Chaque chose en son temps. »
Louis s'empare de ma main et je le suis jusqu'à la cuisine. Je vais m'asseoir sur le canapé pendant qu'il nous prépare de quoi grignoter. Quand il me rejoint, je suis affalé entre les coussins, la tête renversée en arrière et les yeux fermés. Je sens son corps se coller au mien et son bras sur mon ventre.
« Mange un peu sinon tu vas te réveiller en pleine nuit.
- Ouais. Je suis crevé ! J'ai pas dormi du vol, trop impatient de te retrouver.
- Tu es là maintenant. Tu vas pouvoir te reposer pendant ces deux semaines.
- Ouais. Tu travailles ?
- Pas avant jeudi, il me répond avec un sourire tendre sur les lèvres.
- Super », je lui réponds en l'embrassant.
Je commence à lui raconter les concerts et les rencontres que nous avons faits pendant ces six dernières semaines, même s'il sait déjà l'essentiel. Il me raconte ce que j'ai loupé de la vie de nos amis, son travail à la librairie.
« Tu as vu j'ai vidé toute la chambre.
- Ouais.
- Je me disais qu'on pourrait commencer à la préparer pendant que tu étais à la maison. Au moins faire les magasins et choisir la peinture.
- On a encore du temps pour tout ça. Non ?
- Oui... bien sûr...
- Lou... Je pensais qu'on s'en occuperait après la tournée. Qu'on aurait pu voir une décoratrice d'intérieur...
- Quoi ? Non, il en est hors de question. C'est notre bébé. C'est à nous de préparer sa chambre et pas à une étrangère. Tu sais très bien ce que je pense de tout ça ! »
Louis se lève brusquement. Je suis surpris par son geste. Je ne m'attendais pas à cette réaction, même si j'aurais pu le prévoir, puisque Louis déteste quand je propose ce genre de chose.
« Lou... je sais. Reviens. J'ai pas envie de m'embrouiller.
- Mais pourquoi tu dis des trucs comme ça alors. Quand tu pars en tournée, tu t'habitues trop à ce que tout le monde s'occupe de toi et fasse les choses pour toi. Mais moi je suis pas comme ça, tu le sais. Je n'ai pas changé là-dessus depuis que nous sommes ensemble.
- Je suis désolé.
- Et puis tu sais à quel point c'est important. On ne vit déjà pas la grossesse de Claire au quotidien. »
Je me lève et vais le rejoindre alors qu'il fait les cents pas dans le salon. Je me place devant lui pour l'arrêter et attrape ses hanches.
« Lou... Excuse-moi... On va préparer l'arrivée de notre bébé juste tous les deux. Tu as raison.
- Je sais que tu es fatigué, qu'il faut que tu te reconnectes avec notre réalité. Mais... c'est vraiment important pour moi.
- D'accord. Aller viens on va se rasseoir. On a une photo à choisir.
- Quoi ? »
Je l'embrasse tendrement avant de lui raconter ma dernière interview et l'annonce imminente de notre mariage.
« Je croyais que tu l'avais fait, ou Sarah.
- Non. On est parti en voyage. Et j'ai oublié. Enfin, c'est notre moment, notre vie privée. J'ai voulu la garder privée un peu plus longtemps.
- Je suis sûr que tes fans ont repéré ton alliance sur les photos pendant les concerts.
- Certainement, je réponds en riant. C'est vrai qu'ils sont à l'affût du moindre changement.
- Un peu psychopathes sur les bords, non ?
- Nooonnn !!! Je te défends de parler de mes fans comme ça ! »
Louis se détend entre mes bras et notre petite dispute s'envole. C'est bien la première fois que nous nous accrochons lors de mon retour. Je sais que Louis supporte mal mes absences. Ça a toujours été et je crois que malgré les années qui passent, le sentiment d'abandon ne va pas en s'arrangeant. Je l'écoute me parler et je me sens sombrer dans le sommeil, la tête calée sur sa poitrine et sa main qui caresse mon bras.
*Louis*
Je ne vais pas m'en cacher : j'aime et je préfère les tournées européennes d'Harry. Je peux facilement assister aux concerts et surtout il rentre à la maison à plusieurs reprises.
J'ai assisté aux premiers concerts de cette tournée et ce soir je m'apprête à assister au dernier. La tournée s'achève sur une date londonienne. Je sais qu'il aime clore ses tournées dans des salles qui lui sont familières.
Je suis installé dans la salle, aux premières loges, en train d'assister à la balance. Sarah est à mes côtés et nous discutons de sa prochaine destination de vacances avec Niall. Eux aussi ont bien mérité les vacances qui se profilent et Niall veut faire découvrir la Jamaïque à Sarah. Harry et moi avons aussi prévu de partir un peu, pour nous reposer et surtout profiter de l'un et l'autre avant la naissance de notre bébé, notre petit ange qui pousse tranquillement. J'ai régulièrement des nouvelles de Claire.
Harry et ses musiciens terminent leur répétition puis il m'interpelle pour que je le rejoigne. Je m'avance jusqu'à la scène de laquelle il saute pour venir à ma rencontre.
« On va déjeuner ?
- On ne déjeune pas ici, avec tout le monde ?
- Non. J'aimerais te parler de quelque chose d'important.
- OK. Allons-y ! »
Les doigts d'Harry s'entrelacent aux miens alors qu'il se dirige vers les loges et la sortie. Il salue tout le monde et nous sortons par l'arrière de la salle. Quelques fans sont déjà là et nous interpellent. Nous leur faisons un petit signe avant de monter dans la voiture dans laquelle Dan est installé.
Dan nous conduit dans un petit restaurant qu'Harry et moi affectionnons, calme et discret. Harry demande à Dan de venir nous rechercher dans une heure et demi environ. Son emploi du temps est très organisé aujourd'hui, d'où mon étonnement à ce que nous sortions déjeuner.
L'hôtesse nous accueille et nous conduit à une table dans le fond de la salle où une bouteille de champagne et deux flûtes nous attendent. Nous nous installons et passons immédiatement commande. La serveuse nous quitte et le regard d'Harry me transperce.
« Tu me fais peur ! Qu'est-ce que tu vas m'annoncer ? Heureusement qu'il y a du champagne, j'en déduis que c'est une assez bonne nouvelle mais...
- C'est une bonne nouvelle. Enfin ça dépend pour qui !
- Oookay ! »
Harry se racle la gorge et passe sa main dans ses cheveux. Un petit sourire se dessine sur son visage, et mon cœur se met à cogner dans ma poitrine.
« J'ai décidé de me couper les cheveux ! »
Je le regarde... sans voix pendant quelques secondes avant de pouvoir lui répondre.
« Dans tes rêves ! Oui ! C'est pas une clause qu'on a mis dans le contrat de mariage ? Je ne veux pas que tu coupes tes cheveux ! »
Harry rigole avant de s'emparer de ma main et de la porter à ses lèvres. Je le regarde, suspicieux.
« T'inquiètes. Je sais à quel point tu les aimes. Et moi aussi d'ailleurs. Non ce n'est pas prévu au programme. Je te taquine. Mais j'ai quelque chose à t'annoncer.
- Je t'écoute, même si je t'avoue que je commence à redouter ce que tu vas me dire.
- OK. Alors voilà. Avant même de commencer la tournée, j'ai décidé de faire une pause dans ma carrière pendant les trois prochaines années, pour profiter avec toi de notre bébé.
- Harry ! Mais c'est merveilleux. Pourquoi tu ne m'as pas dit ça avant ?
- Je voulais être sûr que la maison de disques nous autoriserait à prendre ce break. Et pour ça je devais être sûr que la tournée se passe bien. L'album s'est vraiment bien vendu. Nous avons fait salle comble sur chaque date. J'ai reçu l'accord définitif il y a trois jours.
- Je suis tellement heureux.
- Ça veut dire que tu vas devoir me supporter au quotidien. Pas de préparation d'album, rien...
- Bah écoute, je prendrai sur moi ! Et moi je vais continuer à travailler à la librairie. Inquiète-toi si j'ouvre la boutique jour et nuit.
- Mais bien sûr. »
Je pense que le sourire sur le visage d'Harry n'est que le reflet du mien. Je suis comblé de bonheur. Harry sait que j'ai beaucoup de mal à supporter ses longues absences alors ces trois prochaines années vont être un pur bonheur pour nous, pour construire notre vie de famille.
Nous déjeunons tranquillement puis Dan nous reconduit à la salle de spectacle. Seuls dans la loge d'Harry, je m'accroche à ses épaules et lui donne un baiser passionné. Mes mains se glissent sous son t-shirt et je caresse sa peau chaude. Harry niche son visage dans le creux de mon cou en passant ses bras autour de ma taille. Je sens le sourire sur ses lèvres lorsqu'il m'embrasse jusqu'à capturer mes lèvres.
Nous sommes interrompus par un petit coup donné sur la porte. Sarah vient chercher Harry pour une conférence de presse à laquelle il va justement annoncer son break de trois ans. Je croise le regard de Sarah et nous échangeons un regard complice.
« J'arrive dans deux minutes !
- Deux minutes pas plus ! Remets tes cheveux en place et c'est tout, lui répond Sarah avec un sourire narquois.
- Que veux-tu que nous fassions en deux minutes franchement !
- Je vous connais ! »
Sarah ferme la porte de la loge en riant et moi je rougis. Il y avait longtemps !!! Je tourne mon visage vers Harry. Son sourire est éblouissant. Nous nous détachons à regret tandis qu'il enlève son t-shirt pour passer l'une de ses chemises bariolées que lui seul peut porter sans avoir l'air ridicule. Il surprend mon regard sur lui et mon sourire amusé.
« Quoi ???
- Rien ! Allez termine de te préparer, on t'attend !
- Ça va ? Je suis présentable ?
- Tu es magnifique comme toujours. Et de plus en plus chaque jour quand tu rayonnes comme aujourd'hui.
- C'est grâce à toi. J'espère que tu en es conscient.
- Je cherche encore à comprendre comment j'ai pu te séduire...
- Je passerai les trois prochaines années, et plus encore à te l'expliquer s'il le faut ! »
Sa main caresse ma joue délicatement et ses lèvres déposent un baiser chaste sur les miennes. Je ne vais pas survivre à son congé s'il se montre comme ça au quotidien et s'il est aussi charmant avec notre bébé. Mon cœur ne tiendra pas !
Je secoue la tête pour me ressaisir. Le retour des cornichons d'amour ! Heureusement que Niall ne nous voit pas.
Encore plus que d'habitude, Harry semble avoir tout donné ce soir pour ravir son public. C'est le dernier concert avant plusieurs années, et il a eu du mal à quitter la scène, le public toujours demandeur. Lorsqu'il sort de scène, je repère ses yeux brillants, voilés d'une émotion que je n'ai pas l'habitude de lui voir. Toute son équipe l'acclame et le félicite pour ce show, pour cette tournée, alors que l'on entend le public scander dans la salle et continuer de chanter. Harry est un artiste fait pour la scène. C'est sa vie, l'essence qui coule dans ses veines et qui le rend vivant, heureux.
Nos regards s'accrochent lorsque son équipe se disperse et le laisse respirer. Il se dirige immédiatement vers moi. J'ouvre les bras pour l'accueillir et l'étreins aussi fort que je peux. Je ressens le poids de cette émotion nouvelle, le léger regret de cette pause qu'il s'impose et qui ce soir le rend fébrile et nostalgique.
Je sais qu'il ne regrettera pas sa décision, car comme toute décision qu'Harry prend, elle a été mûrement réfléchie. Mais à la fin du show, du dernier show de la tournée, le plus émouvant, forcément il craque légèrement.
J'embrasse sa tempe et passe ma main dans ses cheveux en lui murmurant des petits mots à l'oreille pour le consoler, pour le rassurer.
« Tu pourras nous faire des concerts privés au bébé et à moi !
- P't'être qu'il aimera pas ma voix !?!
- J'en doute mon cœur. »
Il me sourit et embrasse tendrement mes lèvres avant de se défaire de mon corps et de souffler fortement pour se reprendre.
« Allez !!! On va faire la fête !!!! »
*Harry*
Ça doit faire deux heures qu'on arpente les allées de ce magasin et honnêtement je n'en peux plus. Je déteste faire ce genre de choses et en plus j'ai l'impression d'avoir aucun goût. En tout cas rien qui se marie avec le sol, ou la peinture ou encore les stickers que Louis insiste vouloir mettre sur les murs.
Louis déambule entre les rayons, les yeux brillants de l'impatience de commencer les travaux de la chambre du bébé. Hier soir, nous avons arrêté notre choix sur deux prénoms pour un garçon et deux prénoms pour une fille. Nous avons aussi décidé de ne pas connaître le sexe du bébé avant la naissance. D'où le choix difficile de la peinture des murs de la chambre.
« Lou, s'il-te-plaît, j'en peux plus !
- J'ai trouvé ! Il nous faut quelque chose de mixte. Donc on oublie les couleurs clichées rose et bleu.
- C'est sûr !
- On pourrait faire un mixe du coup.
- Comment ça ?
- Violet ? Qu'est-ce que tu en penses ?
- C'est trop foncé. »
Le visage de Louis s'illumine et je lis toute l'espièglerie dont il sait faire preuve dans son regard. Quelle couleur reflète le mieux notre relation ?
« On pourrait peindre les murs en lavande. C'est assez neutre pour un bébé garçon ou fille... Avec une touche de gris comme ça ! »
Louis me tend un pot de peinture. J'approuve. J'aime suffisamment pour approuver et enfin sortir de ce magasin.
Nous finissons donc par passer en caisse après avoir refait le tour du rayon déco... deux fois, et rentrons à l'appartement, les bras chargés.
Louis avait déjà bien avancé la préparation de la chambre et dans le week-end, nous avons repeint les murs et commencé à installer les meubles. Je sens déjà que Louis va aussi me traîner faire les boutiques pour acheter des vêtements. Tant j'ai hâte d'avoir le bébé et de m'en occuper, tant toute cette préparation m'ennuie. En fait ce n'est pas concret pour moi. C'est assez étrange. Je pense que Louis s'en est aperçu parce que, lorsqu'il s'approche de moi pendant que je suis sur le canapé à regarder un documentaire, il me regarde intensément. Il a les cheveux ébouriffés qui lui donne un air enfantin et des restes de peinture sur les doigts des retouches qu'il vient de finir.
« Il y a quelque chose qui ne va pas Harry ?
- Non pourquoi ?
- Je ne sais pas. J'ai l'impression qu'il n'y a que moi qui suis impatient d'avoir le bébé... »
Il triture ses doigts et ça me fend le cœur.
« Non, bien sûr que non.
- Tu ne sembles pas t'en préoccuper. C'est pourtant toi qui a voulu qu'on ait un enfant.
- Et je ne regrette pas Louis. Mais, je sais pas.... C'est... On prépare l'arrivée d'un petit être qu'on a jamais rencontré. Enfin, je sais que c'est comme ça que ça se passe pour tout le monde, mais...
- Mais...
- Je ne sais pas comment t'expliquer. Sophia et Liam ne l'appréhendent pas comme nous. Ça a l'air concret pour eux. »
Louis s'assied à côté de moi et prend mes mains dans les siennes. Son regard me transperce et son sourire se veut réconfortant.
« C'est normal. Sophia est enceinte. La vie grandit en elle et Liam y assiste chaque jour. Pour nous, c'est différent parce que c'est Claire qui porte notre bébé et qu'on ne la voit pas tous les jours. Et puis, tu n'as pas pu assister à ses échographies, contrairement à moi.
- Ouais peut-être, je sais pas.
- Ça te fait peur de devenir père ?
- Ça te fait pas peur à toi ?
- Je suis mort de trouille. Imagine qu'on y arrive pas !
- Mais Lou.... Tu es censé me rassurer parce que je suis inquiet et...
- Et je suis comme toi, Harry. Je suis impatient et terrorisé. Mais je sais que toi et moi, on sera les meilleurs papas du monde parce que ce bébé on va l'aimer et lui donner tout ce dont il a besoin. »
J'accroche ma main autour de sa nuque et embrasse tendrement les lèvres de Louis. Il est mon pilier. Il arrive à me rassurer alors qu'il est en train de me partager ses craintes.
« Tu sais, on peut peut-être appeler le Docteur Bennett et Claire, et essayer d'avoir une échographie exceptionnelle pour que tu vois ton bébé.
- Tu crois ?
- Joue de ton charme Harry... je suis sûr que ça va fonctionner. »
Sa main caresse ma joue tandis qu'il me tend son téléphone portable, en me souriant.
***********
Louis a proposé à Claire que nous passions la chercher chez elle afin d'aller au rendez-vous qu'on a réussi à caler dans l'emploi du temps chargé du Docteur Bennett. Je suis en train de remonter la rue de la jeune femme pour essayer de trouver une place de stationnement.
« Reste en double file, Harry. J'envoie un SMS à Claire pour la prévenir que nous sommes là »
Je regarde Louis et capitule. Je recule sur quelques mètres et reste au milieu de la rue. Nous tournons la tête en même temps vers la maison de la jeune femme qui sort au même moment. Je n'ai pas vu Claire depuis presque deux mois, à cause de la tournée et je n'en reviens pas. Elle porte haut son ventre rebondi, là où elle abrite notre petit trésor. Je suis pris d'une émotion, et d'une impatience soudaine aussi. Il reste moins de trois mois avant la naissance de notre bébé.
« Bonjour Louis, bonjour Harry !
- Bonjour Claire. Attends, je t'aide. »
Louis descend de la voiture et lui laisse sa place à côté de moi, avant de s'installer à l'arrière.
« Vous allez bien ? Harry tu profites de tes vacances ?
- Louis ne me laisse pas une minute de répit ! je réponds en riant. Mais c'est plutôt à toi qu'il faut demander. Comment tu vas ?
- Ça va très bien. Votre bébé est énergique, il n'arrête pas de bouger. Je t'avoue que je suis exténuée. Il fait la fête tous les soirs !
- Nous allons le réprimander alors. »
Je souris à Claire. Je suis intimidé face à son ventre. Sans que je la vois venir, elle s'empare de ma main et la dépose sur son ventre rond. Je lève mon regard vers elle, surpris, puis me tourne vers Louis lorsque je sens un petit coup contre ma main.
« C'est déjà plus concret d'un coup hein ?!? »
Louis me sourit et je ravale mon émotion pour reprendre la route.
Le Docteur Bennett nous accueille tous les trois avec un grand sourire. Je m'excuse mille fois de lui prendre de son temps.
« Ne vous inquiétez pas Monsieur Tomlinson. Je comprends. La GPA n'est pas une étape facile. Venez, nous allons nous installer en salle d'examen. »
Le Docteur Bennett récupère le dossier de Claire qui s'installe sur la table d'examen. Elle recouvre son ventre de gel et met en route l'échographe. Quelques minutes plus tard, le bruit des battements du cœur de notre bébé emplit la pièce. Je resserre mes doigts autour de ceux de Louis et fixe mon regard sur l'écran. On distingue parfaitement la tête, les bras et les jambes du bébé.... et contre toute attente...
« Je crois que votre bébé veut que vous sachiez qu'il est un petit garçon »
*
* *
#Justthewayfic
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