*Harry*

La soirée bat son plein. Tous nos amis sont réunis dans notre appartement et j'observe Louis aller de l'un à l'autre, le sourire aux lèvres, heureux, trinquant avec les garçons, exhibant son anneau de fiançailles auprès des filles. Je souris en portant mon verre à mes lèvres. Ça fait maintenant une semaine que nous avons annoncé nos projets à nos familles et ce soir à nos amis. Tout le monde est heureux pour nous, tout le monde nous félicite, même Sarah et Émy qui nous en ont voulu de ne pas avoir été les premières informées.

Louis respire tellement le bonheur que je ne comprends toujours pas comment Émy n'a rien pu voir ou comprendre. D'autant plus que c'est elle qui a déclenché tout ça. Même si Louis et moi avions au fond de nous cette envie, c'est la conversation que j'ai eu avec Émy qui a précipité toute cette aventure que l'on s'apprête à vivre. Lundi, Louis et moi avons rendez-vous avec Madame Edwards de l'association afin qu'elle nous dirige vers des femmes susceptibles de porter notre bébé. Je dois également discuter avec Sarah de l'organisation de la sortie de mon nouvel album et la tournée. Niall et moi avons beaucoup travaillé cette semaine pour enregistrer dans les prochains jours la première maquette de deux nouveaux titres. C'est mon métier et je l'aime infiniment mais j'ai l'impression d'être constamment dans cette organisation et toujours entre deux avions. Ça fait six mois que je ne suis pas apparu dans une émission de télévision et je sais que Sarah aimerait que je fasse plus de promotion de ce type pour ce nouvel album. J'espère que Louis acceptera de m'accompagner lorsque je quitterai Londres pour plusieurs jours.

Je dois être perdu dans mes pensées depuis de nombreuses minutes car je n'ai pas vu Louis quitter Liam, Sophia et Gemma, et se rapprocher de moi. C'est son bras autour de ma taille et ses lèvres dans le creux de mon cou qui me ramène à la réalité. J'inspire fort son odeur en tournant mon visage vers le sien.

« A quoi tu penses, mon ange ?

- A toi !

- Facile comme réponse... Mais vraiment ?

- A nous, vraiment. Aux prochains mois. Le nouvel album, la tournée de promo, la tournée... le mariage à organiser.

- Ne t'inquiète pas pour ça. On n'aura même pas besoin d'engager une organisatrice, on en a deux, si ce n'est trois qui sont prêtes à le faire ! Et puis moi, je suis là pour m'en occuper et te faire un debrief tous les soirs. »

Je passe mon bras autour des épaules de Louis et le rapproche un peu plus de moi. J'embrasse ses lèvres tendrement.

« Je t'aime, tu sais. Infiniment.

- Moi aussi, mon ange. Et tu n'imagines pas à quel point tu me rends heureux.

- Merci. »

Nous nous étreignons quelques minutes avant d'être aveuglés par plusieurs flashs des téléphones de nos amis, qui demandent notre attention. Chacun y va de son petit discours, Liam n'hésite pas à rappeler que toute cette histoire est grâce à lui car c'est lui qui a obligé Louis à se rendre à Los Angeles, le soir de notre première rencontre. Plusieurs amis de Louis sont présents ce soir, certains que je connais trop peu, mais je sais que Louis demandera à Liam d'être témoin de notre union. Pour ma part, j'hésite entre Niall et Gemma. Niall est mon meilleur ami. Lui aussi a joué un rôle important dans mon histoire avec Louis. Je souris en repensant à nos débuts. Notre rencontre, nos recherches pour localiser Louis, notre premier baiser dans ma voiture. J'ai l'impression que c'était hier. Je suis heureux que nous en soyons là aujourd'hui. Je ne saurais pas l'expliquer, mais quand mon regard s'est posé sur Louis, j'ai su. Immédiatement. J'ai su qu'il serait celui pour qui je serais prêt à tout. Et malgré quelques embûches dans notre relation, nous sommes réunis aujourd'hui, amoureux comme jamais. Louis est parfait, sincère et honnête.

La soirée se termine calmement. La plupart de nos amis ont quitté l'appartement et nous restons Louis et moi, installés dans le canapé, avec Gemma, Émy, Liam et Sophia, Niall et Sarah. Nous discutons de choses et d'autres, parfois très banales. Je crois que tout le monde savoure le calme et la douceur de cette soirée.

« Vous voulez qu'on vous aide à ranger, avant de partir, demande Émy, tandis qu'elle se frotte les yeux, fatiguée.

- Non, ça va aller. On va s'en occuper... demain, répond Louis. Rentre, tu es fatiguée.

- OK. Merci pour cette agréable soirée les amoureux. Et encore une fois Félicitation ! Je suis vraiment heureuse pour vous.

- Merci », nous répondons d'une même voix Louis et moi.

Et c'est le signal que tous semblaient attendre puisque moins de dix minutes plus tard, Louis et moi nous retrouvons seuls dans l'appartement. On ne peut pas dire que ce soit le bazar, mais il est clair qu'un bon nettoyage nous attend. Évidemment quand je propose à Louis de faire appel à une société de nettoyage, il m'envoie balader, me répondant qu'on est parfaitement capable de le faire. Louis refuse toujours autant les privilèges que nous offrent mon métier. Enfin, pas tous... j'arrive quand même à le faire capituler sur les voyages, les vacances, quelques vêtements. Mais lorsqu'il s'agit du quotidien, il est intransigeant. Alors, je capitule et le rejoins dans la cuisine où il met la vaisselle dans le lave-vaisselle. Je mets les restes de nourriture dans des boîtes en plastique. Vivre avec Louis a fait de moi un vrai homme d'intérieur. Je ris tout seul, à la vision que l'on renvoie tous les deux. Louis me regarde et me sourit.

« Je sais très bien ce que tu penses !

- J'ai rien dit, je réponds les deux mains en l'air.

- Oui mais je lis en toi comme dans un livre ouvert ! Alors arrête ! On a bientôt fini. Je lance la vaisselle et demain, on aura juste à nettoyer les sols.

- Bien Monsieur ! »

Louis me donne un coup de hanche et dépose un baiser sur ma joue. Nous terminons de ranger la cuisine, de débarrasser la table et la table basse. Franchement, je suis épuisé et bien content lorsque la main de Louis se glisse dans la mienne, qu'il éteint la lumière du salon et me guide dans l'escalier jusqu'à notre chambre.

Après un rapide passage dans la salle de bains, nous nous retrouvons dans notre lit. La lumière tamisée se reflète sur le visage de Louis. Je passe ma main sur sa joue recouverte de sa barbe de trois jours. Depuis quelques temps, il la laisse pousser plus souvent. Je ne me suis pas encore décidé si j'aimais ou pas. Ça lui donne un côté plus viril, plus mûr. J'embrasse ses lèvres, avant de caler mon dos contre son torse, de ramener son bras autour de moi et de lier nos doigts. Je sens les lèvres de Louis se déposer sur mes omoplates.

« Lou ?

- Hum...

- Tu m'as demandé de t'épouser...

- Il me semble, oui... Je crois même que cette soirée était l'occasion de l'annoncer à nos amis, mais...

- Arrête, je suis sérieux.

- Pardon... Je t'écoute !

- On fait quoi avec nos noms de famille ?

- Comment ça ?

- Bah... On choisit lequel à porter tous les deux ? Pour nos enfants ?

- Oh... Eh bien, je ne sais pas. J'ai pas réfléchi à ça... C'est dommage qu'on ne puisse pas combiner les deux, tu sais genre Tomstyles ou Stylinson !

- Ouais, je réponds en souriant et me tournant vers Louis pour lui faire face. Mais plus sérieusement ?

- Eh bien... Styles est ton nom et ton nom d'artiste. Peut-être qu'à la ville et pour nos enfants, on pourrait utiliser Tomlinson.

- Tomlinson-Styles ?

- Ce serait parfait. »

Imperceptiblement, nos corps se sont rapprochés plus qu'ils ne l'étaient déjà. J'entrelace mes jambes à celles de Louis et dépose des baisers le long de sa mâchoire jusqu'à rencontrer ses lèvres. Je promène mes mains sur son dos et les glissent sous son t-shirt. Sa peau douce et chaude frissonne sous mes doigts quand je m'aventure vers son bas ventre, à la lisière de l'élastique de son caleçon. J'appuie mon corps un peu plus sur le sien et le fais basculer sur le dos. Mes lèvres quittent les siennes le temps que je le débarrasse de son t-shirt. Je sens ses mains s'accrocher à mes épaules et remonter dans ma nuque. Ses doigts glissent dans mes cheveux dont il entortille une mèche avant de tirer légèrement dessus. Je gémis contre sa bouche que je retrouve et nous échangeons un baiser empressé. Je laisse mes mains parcourir son corps à mesure que mes lèvres déposent des baisers sur son torse. Je m'attarde sur l'un de ses tétons, enroule ma langue autour et l'aspire. Je le sens durcir entre mes lèvres et Louis se cambre légèrement sous moi. Je poursuis ma délicieuse torture, relevant mon regard vers mon amant, dont la tête bascule en arrière lorsque ma main glisse sous son caleçon, empoignant sa fesse galbée. Je délaisse son téton pour m'attarder sur son voisin et laisse ma langue glisser vers son abdomen. Je remonte brièvement jusqu'aux lèvres de Louis. Ses bras encerclent mes épaules et il colle mon corps contre le sien, espérant échanger nos positions. Sauf que je ne le laisse pas faire. Je me détache de son emprise et enlève son caleçon, découvrant son érection. Je passe ma langue sur mes lèvres, mon regard ancré à celui de Louis, impatient, excité. Je l'embrasse au moment où mes doigts s'enroulent autour de son sexe. Ma langue remplit sa bouche de tout l'amour qui me dévore à cet instant. Je caresse le membre de Louis en de lents va-et-vient. Il gémit et se tortille sous mon corps. Je délaisse ses lèvres et me laisse glisser plus bas sur lui. J'embrasse sa poitrine, son abdomen, ma langue laissant des sillons humides sur le chemin de mes lèvres. Je passe ma main sur la cuisse de Louis, déposant des baisers jusqu'à son aine. Je le sens de plus en plus fébrile sous mes caresses et mes baisers, et je souris contre sa peau. Je ne me lasse pas de l'amour avec Louis. C'est doux et passionné à la fois, intense et tendre. Mon cœur cogne dans ma poitrine. Ma langue rejoint ma main et s'enroule autour du sexe gonflé de Louis. Il étouffe un gémissement contre sa main au moment où je caresse son gland avant de le prendre dans ma bouche. La main de Louis caresse mon épaule et glisse le long de mon bras avant de s'emparer de mes doigts, qu'il entrelace aux siens. J'intensifie la pression de mes lèvres autour de l'érection de Louis et accélère mes mouvements. Louis presse mes doigts dans les siens à mesure que le plaisir le submerge. Il ne retient plus les gémissements qui passent ses lèvres et se cambrent lorsqu'il atteint l'orgasme. Je souris devant le visage de Louis, totalement amorphe et heureux, la tête reposant sur l'oreiller et sa main toujours dans la mienne. Je me redresse et colle mon corps contre son flanc. J'embrasse légèrement son épaule et m'approche de son oreille.

« Quand tu auras repris tes esprits, je passerai au round 2 »

Louis tourne son visage vers le mien, embrasse mes lèvres et me décoche un sourire taquin, coquin.

***********

J'ai l'impression de courir depuis le début de la semaine, entre le rendez-vous avec Madame Edwards et Louis, qui concrétise notre désir d'enfant, les premiers enregistrements au studio. Niall n'a pas cessé de me répéter que le temps passe vite et en effet, les journées passent beaucoup trop vite.

Je viens de quitter Louis avec qui j'ai déjeuné à la librairie, en compagnie d'Émy. La jeune associée de Louis est surexcitée à l'idée de pouvoir nous aider à organiser notre union. Elle n'a pas cessé de parler de tout le déjeuner, nous révélant ses idées dès qu'elles lui venaient en tête. Nous avons des amis merveilleux Louis et moi et ça me rassure. Je sais que lorsque je suis en déplacement, Louis est bien entouré, et épaulé. C'est important pour moi de le savoir et de le constater chaque fois que je passe du temps avec eux.

Après avoir subi la circulation londonienne, je gare ma voiture devant le studio que Sarah a loué pour les deux prochains mois. Pour me mettre la pression, elle me répète presque tous les jours, combien coûte la location du studio et qu'il est impératif que nous soyons prêts à temps. J'ai presque envie de lui répondre que la maison de disque pourra largement louer un troisième mois mais quand j'amorce une réponse, elle me foudroie du regard.

Sarah est la meilleure assistante et manager que j'ai eu. L'organisation de la création du dernier album et de la tournée a été parfaitement gérée. Elle a fait ses preuves auprès de Monsieur Adler et de la maison de disques. Pourtant, elle se met une nouvelle pression pour ce quatrième opus, un peu comme si elle devait confirmer que nos décisions d'il y a trois ans étaient vraiment les bonnes.

Je pénètre dans le studio et salue mon équipe. Les enregistrements définitifs de la maquette doivent être réalisés entre aujourd'hui et demain. Tout le monde est donc réuni, accordant les instruments ou pianotant sur les tables de mixage. Une légère angoisse monte au fond de moi. Les choses sérieuses reprennent et l'emploi du temps chargé commence à pointer le bout de son nez.

« Harry ! Te voilà enfin !

- Bonjour Sarah ! Désolé, j'ai eu un peu de circulation sur le chemin.

- C'est pas grave. On se voit avec Niall pour parler programme et on enchaîne sur la démo ?

- OK.

- Alors on y va ! J'ai fait servir des cafés dans la salle de réunion.

- Parfait. »

Je suis Sarah dans le couloir qui mène au bureau où nous faisons nos réunions. Elle marche rapidement, faisant claquer ses talons sur le parquet, son bloc-notes et son agenda à la main, son crayon de papier entre ses lèvres.

Je salue Niall, occupé à téléphoner et m'installe dans le fauteuil face au bureau. Sarah dépose ses affaires et me tend un gobelet de café. Elle lève son regard vers Niall, tapotant son crayon sur son carnet, marque de son impatience.

« Hey Sarah... ça va aller ! T'es toute stressée aujourd'hui. Qu'est-ce qu'il se passe ?

- Monsieur Adler m'a appelé ce matin. Il veut un planning clair et sur lequel on ne reviendra pas pour lancer la promotion et la mise en vente des billets pour les concerts. On doit tout caler aujourd'hui. La date de sortie du premier single, celle de l'album et le début de la tournée. Il faut que tu me donnes la date de votre mariage à Louis et toi, et les dates pendant lesquelles tu veux être « off ».

- OK. On va en parler. Louis et moi avons arrêté une date.

- Vraiment ? Super. On va pouvoir tout organiser autour de celle-ci alors. Vous avez prévu de vous marier quand ?

- Le 25 mai.

- OK... ça nous amène donc dans trois mois. Tu pourras être « off »...

- Juste avant de partir en tournée, je l'interromps.

- Merci.

- Sarah, décompresse. On est une équipe. On gère tout, tous ensemble, OK ?

- Oui... mais cet appel m'a un peu stressée et Niall semble en avoir rien à faire, me dit-elle en chuchotant.

- Pourquoi tu dis ça ?

- Regarde-le, on est là depuis cinq minutes et il n'a toujours pas raccroché. »

Elle lève son regard vers son petit-ami et je me tourne vers Niall, lui lançant un message à travers mon regard. Niall finit par raccrocher et vient nous rejoindre.

« Désolé. J'étais en ligne avec le manager de Capital FM. Il aimerait t'avoir pour les festivals cet été ! »

Je me tourne vers Sarah. Niall gère comme elle ma carrière avec beaucoup d'intérêt et de professionnalisme. Au-delà de l'affection qu'ils me portent, ils aiment tous les deux leur profession et se donnent à 100%.

« C'est une bonne nouvelle, je réponds. J'aime bien les festivals !

- Oui mais c'est une chose en plus à caser dans ton emploi du temps.

- Je ne pense pas qu'on puisse refuser, Sarah, intervient Niall. C'est une bonne opportunité et ça pourrait élargir le public d'Harry et prolonger la tournée.

- C'est vrai, Niall a raison, dis-je.

- OK... Il faut avoir les dates des concerts de manière à faire coïncider la tournée européenne avec les festivals.

- En général ça commence mi-juillet non ? Si je commence vers le 10 juin par les Amériques, on peut être de retour en Angleterre un peu avant les festivals et poursuivre la tournée en Europe avant de partir en Asie. Non ?

- Oui, on peut essayer d'organiser ça dans ce sens. Les garçons, je vous laisse aller en studio. Niall, tu peux donner notre accord pour les festivals, de manière à ce qu'on récupère le planning rapidement. De mon côté, quoiqu'il en soit, je commence à sélectionner les villes. Harry, je suppose que tu veux commencer par la Côte Ouest ?

- Oui, ce serait parfait. Fais au mieux Sarah, ce sera parfait. Je te fais confiance.

- Merci.

- Pas de quoi !

- Je te rejoins Harry », dit Niall alors que j'ouvre la porte du bureau.

J'acquiesce d'un mouvement de tête et sors du bureau en refermant la porte derrière moi. J'espère que tout va bien entre Sarah et Niall. Je crains toujours qu'une discorde dans leur couple se ressente dans leur travail, dans notre équipe.

Je rejoins les musiciens et discute quelques minutes avec eux, avant de chauffer un peu ma voix. La voix de Niall résonne peu de temps après dans le studio. Je suis ravi de voir un sourire rayonnant sur le visage de mon ami. La session commence, le travail sérieux se met en route.

*Louis*

Je fais les cent pas dans l'appartement, attendant impatiemment qu'Harry rentre du studio. Il y passe de plus en plus de temps depuis quelques semaines entre les compositions et les enregistrements. J'ai pris l'habitude de passer moins de temps avec lui, je prends sur moi aussi mais je ne peux pas lui reprocher. Son métier est sa passion et lui prend du temps mais quand Harry est en break, j'ai toute son attention. Alors, je me prépare à le voir quitter Londres pour plusieurs semaines, même si je le rejoins régulièrement. Ce n'est jamais trop simple pour moi, mais je sais que c'est une chose qu'il n'apprécie plus dans son métier, s'éloigner de moi. Alors j'essaie de ne pas lui montrer que ça me touche ou m'ennuie.

Je m'assieds au comptoir de la cuisine, mon carnet entre les mains et une tasse de thé fumant. Je relis un peu ce que j'ai écrit ces derniers temps. J'essaye vraiment de mettre des paroles sur la mélodie d'Harry, celle qu'il m'a confiée depuis presque un mois. J'ai des idées que je note mais contrairement à lui, j'ai beaucoup de mal à les assembler. Je n'en ai pas reparlé avec lui et je pense qu'il aimerait qu'on travaille ensemble sur le texte. Mais j'ai envie de lui offrir cette chanson. Alors, je n'en parle pas, et n'écris que lorsque je suis seul.

Je griffonne, écoute la mélodie qui résonne dans mes écouteurs, si bien que je n'entends pas la porte de l'appartement s'ouvrir. La nuit est tombée depuis longtemps et l'appartement n'est éclairé que par la lampe du salon et les quelques spots au-dessus du comptoir où je me trouve.

Je ferme mon carnet et défait mes écouteurs avant de plonger mon regard dans celui d'Harry. Il semble épuisé mais le sourire qu'il m'adresse avant de se pencher vers moi pour m'embrasser est des plus beaux et des plus sincères.

« Tu aurais dû monter te coucher, tu sais, me dit-il, la voix cassée.

- Je voulais t'attendre et je n'ai pas vu le temps passer. Ça va ?

- Ouais. On a beaucoup répété, je suis vanné et je crois que je commence à être malade. C'est pas le moment.

- Vous travaillez beaucoup. C'est normal. Tu ne dors pas suffisamment.

- J'ai demandé à Sarah d'avoir la fin de semaine de libre. Tu penses que tu peux te libérer vendredi et samedi ?

- Je demanderai à Émy, mais ça ne devrait pas poser de problème. Tu veux monter ou on reste un peu sur le canapé ?

- Si je me pose sur le canapé, je pourrais pas en bouger.

- Alors on monte. Tu as mangé ?

- Ouais, on a fait livrer Asiat'.

- OK. Aller viens. J'ai quelque chose à te montrer.

- Humm... C'est tentant !

- T'as l'esprit mal placé... rien à voir. Et tu es fatigué. »

Je glisse mon bras autour de sa taille, embrasse ses lèvres en souriant et le pousse vers les escaliers.

« Mais je suis sûr que tu vas aimer ! »

J'attends qu'Harry sorte de la salle de bains. Je suis sur le ventre en travers de notre lit, le dernier album de Bruno Mars égrène ses notes rythmées et sensuelles. Je tourne et retourne la liste que je tiens entre mes mains.

« J'ai rarement autant apprécié une douche chaude et pourtant je suis frigorifié.

- Viens sous la couette. Je vais te chercher de l'aspirine. Ça ne te fera pas de mal !

- Merci mon cœur. »

Je me lève, laisse la feuille de papier sur l'oreiller et retourne au rez-de-chaussée récupérer un verre d'eau et un comprimé pour mon homme.

Quand je passe la porte, Harry tient la feuille entre ses mains et me fixe de son regard émeraude, entre interrogation et émotion.

« C'est ce que je crois ?

- L'agence nous a envoyé ce courrier. On l'a reçu aujourd'hui. Des cinq jeunes femmes que nous avons rencontrées, deux sont d'accord pour porter notre bébé. Nous n'avons plus qu'à faire notre choix définitif avant de signer le contrat.

- Louis... On va vraiment avoir un bébé à nous ?

- Oui, mon ange. Un petit bout de nous.

- De toi...

- Et de toi plus tard..., je réponds en l'embrassant. Tiens, prend ça ! »

Je lui tends le comprimé et le verre d'eau. Je baisse le store de la fenêtre et éteins la lumière de la chambre. Harry allume la petite lampe et je me glisse à ses côtés sous la couette.

« Tu as une préférence ? me demande-t-il.

- J'ai bien accroché avec Claire. Je la trouve rayonnante. Elle a déjà porté deux enfants dans le cadre de la GPA.

- Oui, moi aussi, je l'aime bien. Elle est sérieuse et a vraiment une vie saine.

- On l'appellera demain pour lui annoncer notre décision.

- Oui. Je suis tellement heureux Lou...

- Moi aussi. J'ai hâte.

- Le contrat ne pourra être signé qu'après notre mariage. Tu penses qu'elle acceptera d'attendre ?

- Oui. On l'avait déjà évoqué. Et puis tu sais il y a les tests médicaux à faire avant de procéder à l'insémination. Donc, ça nous laisse un peu de temps.

- Ouais...

- Ça t'inquiète ?

- Non... non, c'est pas ça. Juste que j'ai peur de passer à côté de certaines choses, pour notre mariage ou notre bébé.

- Mais non. Concentre-toi sur ton album et la tournée. Je me charge des détails chiants du mariage. Et pour le bébé, tu seras là à chaque moment important.

- Oui. Je sais que je peux compter sur toi. »

Ses lèvres se posent sur les miennes. Je passe ma main sur son visage. Je dégage son front. Harry est tout chaud et je crains qu'il n'ait de la fièvre. Je me colle contre son corps et caresse son ventre pour l'aider à trouver le sommeil. J'espère qu'il ira bien demain.

************

Harry a contracté une angine et n'a pas pu aller au studio pendant cinq jours. J'ai dû appeler Sarah pour la prévenir pendant qu'Harry dormait, lui répétant mille fois que c'était la vérité et pas une excuse pour que l'on passe du temps ensemble. Même si j'en ai profité, et appelé Émy dans la foulée, disant que je ne pouvais absolument pas laisser Harry seul, tellement il était faible.

J'ai à peine exagéré... mais dorloter Harry s'est imposé à moi. Nous avons profité de ces quelques jours de calme, Harry n'ayant quasiment pas prononcé un mot pour reposer ses cordes vocales affaiblies, pour organiser notre mariage, commencer à choisir nos costumes et surtout dresser la liste de nos invités.

Si de mon côté les choses étaient simples et assez rapides, pour Harry c'était une autre histoire. Nous avons fait et refait la liste plusieurs fois. Nous voulons un mariage intime mais chaque fois, il ajoute un nom sur la liste, si bien que nous nous sommes rapidement retrouvés avec près de 150 invités. Ça reste peu quand on sait la liste de connaissances plus ou moins proches d'Harry.

Une fois la liste définitive établie, nous avons cherché l'endroit idéal où échanger nos vœux et passer une agréable soirée entourés de nos familles et amis. J'aurais aimé pouvoir me marier en bord de mer, mais comme nous voulions rester en Angleterre, nous avons opté pour la campagne et contacté les domaines d'Eastington Park et Hilles House. Nous irons visiter les deux sites la semaine prochaine, sachant qu'ils sont encore disponibles le week-end du 25 mai.

Je me suis assoupi, je crois, sur l'épaule d'Harry et quand je relève le visage, je suis seul dans la chambre. J'entends l'eau de la douche couler, et mon homme chantonner. Il va mieux. Il va bientôt retourner travailler. Je soupire en m'étirant et sors du lit pour rejoindre le salon. Sur la table basse, le PC d'Harry est ouvert sur deux photos de costumes qu'il a reçues de la part d'Éllie : un noir et un bleu marine. Les deux semblent magnifiques. Je fais défiler les autres photos et tombe rapidement sur des compositions florales. J'ai dû dormir longtemps...

Les bras d'Harry encerclent mes épaules et son menton se pose au-dessus de ma tête.

« Ça te plaît ?

- J'aime beaucoup les couleurs.

- Oui, moi aussi. On verra selon l'endroit qu'on choisit et la déco intérieure, mais je crois qu'on aura un magnifique mariage.

- Ce sera de toute manière un jour exceptionnel, peu importe les fleurs ou l'endroit. Tant que tu es là. »

Je penche ma tête en arrière et Harry se baisse un peu plus vers mon visage à la rencontre de mes lèvres.

« Tu vas beaucoup mieux !

- Oui... Je vais devoir retourner bosser. J'ai appelé Sarah pour lui dire que je serai là demain.

- OK.

- Toi aussi... les vacances sont finies !

- Oui. J'en ai bien profité, j'avoue. »

Harry me sourit. J'ai un petit pincement au cœur parce que notre bulle va éclater demain matin. Cinq jours de moins sur son emploi du temps signifient qu'il va travailler deux fois plus et ne pas souvent rentrer chez nous.

************

Je suis comme aspiré dans un tourbillon. Les jours, les semaines passent à une vitesse incroyable. L'effervescence autour de la sortie du single d'Harry ne semble pas retomber depuis le 7 avril. Il a dû partir faire quelques émissions de télévision et radio à New York, alors que la sortie de son album est attendue pour le 5 mai, soit dans moins d'une semaine. Toute son équipe travaille avec acharnement pour que toute la communication et la diffusion se passent au mieux. Harry et son équipe ont passé des jours et des nuits entières en studio pour que tout soit prêt dans les délais que la maison de disques a fixés. Je suis loin de tout ça, spectateur du stress et de la fatigue de mon homme. C'est difficile à gérer parfois, même si nous parvenons à nous accorder quelques jours, par-ci par-là, rien que pour nous.

Je raccompagne Gemma jusqu'à chez elle, après avoir déposé Émy. Nous avions rendez-vous avec le traiteur pour le mariage. Tout prend forme de ce côté-là. Gemma et Émy sont d'une aide précieuse. Sarah a participé également à l'organisation en faisant jouer ses relations pour qu'on puisse se marier à Hilles House le 25 mai. Lorsque j'avais contacté l'administrateur des lieux, il n'avait pas compris que nous voulions réserver pour célébrer la cérémonie trois mois plus tard et quand nous avons visité le parc, Harry et moi avons vite déchanté. Nous sommes tombés sous le charme de l'endroit, avec son grand parc bordé de murets en pierre, et la bâtisse d'un autre temps, ornée de magnifiques hortensias. Alors quand l'administrateur nous a confirmé la date et que nous avons compris le malentendu, nous étions vraiment déçus. Sarah a passé plusieurs coups de téléphone et réussi à décaler la fête initialement prévue. C'était un renouvellement de vœux et apparemment, en échange d'une deuxième lune de miel, le couple a accepté d'échanger leur 25 mai avec notre 25 mai.

Les invitations ont été envoyées, le lieu est choisi et le fleuriste engagé, nos costumes sont commandés. Le repas est finalisé auprès du traiteur. Il ne reste que la rédaction de nos vœux. Je n'en reviens pas que nous ayons réussi à organiser un mariage en si peu de temps. Dans trois semaines Harry et moi serons mariés et rien qu'à l'idée, j'en suis extrêmement heureux.

Je rentre seul dans l'appartement. Harry rentre demain de New York et repars dans trois jours en Italie avant de remonter par l'Allemagne, la Belgique et la France. Je le rejoindrai à Bruxelles et nous passerons quelques jours ensemble, avant l'arrivée de ma famille.

Je me prépare une assiette de pâtes et m'assieds à la table de la salle à manger. J'allume mon ordinateur pendant que je dîne et relis mon texte.

Je souffle un grand coup parce que j'ai décidé, enfin, d'envoyer le fichier à Harry. Je crois que cette fois, je suis satisfait des paroles que j'ai écrites. J'ai adapté le début pour raconter une histoire, mais l'essence même de la chanson, représente l'amour que je ressens aujourd'hui et pour toujours pour Harry.

Je relis l'avant-dernier couplet :

« I'm so in love with you

And I hope you know

Darling your love is more than its worth in gold

We've come so far my dear

Look how we've grown

And I wanna stay with you

Until we're grey and old

Just say you won't let go

Just say you won't let go » ****

J'appuie sur « Envoyer » et ferme mon ordinateur. J'ai peur. Je doute. Dix minutes plus tard, mon portable sonne et le prénom d'Harry s'affiche sur l'écran.

« Allô ?

- Jamais je ne lâcherai ! Merci »

Mon sourire s'étire sur mes lèvres et mon cœur s'emballe. Depuis plus de quatre ans, Harry me fait toujours le même effet.

*

*  *

**** Extrait de la chanson de James Arthur « Just say you won't let go »

#Justthewayfic

  💚 💙