Chapitre 30
*Harry*
« Mon cœur ! Mon cœur ! »
J'effleure la nuque de Louis avec mes lèvres pour l'aider à se réveiller. Il est 5h30 du matin et le taxi doit me prendre dans moins de vingt minutes en bas de l'immeuble pour me conduire à l'aéroport.
Les vacances sont terminées et je m'envole aujourd'hui pour Buenos Aires reprendre la tournée, la dernière étape.
Louis se tortille sous la couette et enfonce son visage dans l'oreiller. Je colle mon corps au sien et serre sa taille avec mon bras. Il est tout chaud de sa nuit de sommeil, même si nous nous sommes couchés tard pour profiter de notre dernière soirée. Mais, même s'il dort profondément, je ne veux pas le quitter sans un baiser, sans un au revoir. Profiter de ces dernières minutes avec Louis avant une nouvelle séparation.
« Lou, s'il te plaît, réveille-toi !
- Humm mais quelle heure il est ?
- Super tôt. Je veux pas que tu te lèves, mais je veux pouvoir te dire au revoir. »
Louis se redresse, presque totalement réveillé et plante son regard dans le mien.
« Quoi ? Ton taxi est déjà là ! Mais on vient de se coucher !
- Non le taxi arrive dans une vingtaine de minutes mais je voulais profiter de toi encore un peu, je lui réponds en déposant mes lèvres sur les siennes.
- J'ai pas fini de préparer mon sac hier soir pour rentrer chez moi.
- On s'en fout.
- Non... parce que je m'étais dit que je partirais en même temps que toi pour ne pas avoir à fermer la porte.
- Quoi ? Mais tu vas pas partir à 6h du matin Lou, voyons. »
Je resserre mon étreinte autour de lui pour le respirer, m'imprégner de lui. La dernière fois que je suis parti, Louis s'est senti vraiment seul. Ses examens de fin d'études approchent à grands pas et je sais que ça le stresse beaucoup. J'ai confiance en lui, j'espère qu'il a confiance en nous et qu'il ne perdra pas pieds comme la dernière fois.
Et puis, c'est comme une évidence... encore. Je décale mon visage du creux de son épaule et mes lèvres de son cou que je parsemais de doux baisers. Je me redresse. Louis embrasse mes lèvres, caresse ma langue de la sienne, langoureusement. Je passe ma main sous son t-shirt caressant sa peau douce.
« Lou, tu as toutes tes affaires de cours ici, la plupart de tes fringues, tes bouquins. En trois semaines, tu n'as pas passé une seule nuit chez toi. Pourquoi tu restes pas ici ?
- Parce que c'est chez toi !
- J'ai envie de te dire que c'est chez nous depuis déjà plusieurs mois. Dès que je rentre, tu es là.
- C'est un reproche ?
- Non mais ça va pas ! Je te demande de vivre avec moi, vraiment !
- Mais tu t'en vas Harry...
- Et alors, tu peux rester. Même sans moi. Et quand on rentrera de Los Angeles, on rentrera à la maison... tous les deux.
- Je sais pas... sans toi... c'est pas pareil.
- Lou, tu es comme chez toi ici. Je sais que tu t'y sens bien. Reste. »
Je regarde Louis, droit dans les yeux, pour qu'il y lise ma sincérité et mon envie de le savoir ici, chez nous. Il repose sa tête sur l'oreiller, les deux mains sur son visage. Il semble réfléchir, sauf que je n'ai pas assez de temps pour attendre qu'il se décide. Alors, je me penche sur lui, passe ma main sur sa poitrine et colle mes lèvres à son oreille.
« Lou, j'aimerais beaucoup que tu vives ici, avec moi, même quand je ne suis pas là. Je ne t'oblige pas et si tu veux rentrer, je comprendrai. Mais, sache qu'ici, maintenant, c'est aussi chez toi. »
Louis relève ses mains et passe l'une d'elles dans mes cheveux, son regard rivé au mien.
« A l'appart, il y a tout le temps Sophia.
- Raison de plus pour rester là !
- Et puis, j'ai la flemme de tout ranger...
- Encore un argument valable...
- Je pense que je vais rester là alors...
- D'accord. »
Je souris. Je me love contre Louis qui entoure mon corps de ses bras. Nous nous embrassons pendant plusieurs minutes, peinant à retrouver notre souffle et contenir notre désir. La sonnerie de mon téléphone nous interrompt. Mon taxi est là et je dois quitter Louis.
Il soupire contre mes lèvres et nous nous redressons. Je réponds à l'appel en informant le chauffeur du taxi que je descends dans cinq minutes. Je glisse mon téléphone dans la poche intérieure de ma veste, récupère mon sac sur la chaise. Louis enfile un short et lie ses doigts aux miens avant que je passe la porte de la chambre. Nous descendons l'escalier en silence et lorsque nous atteignons la porte, Louis passe ses bras autour de ma taille.
« Je vais avoir un milliard de trucs à faire avant de te rejoindre. D'habitude ça permet au temps de passer plus vite, mais j'ai l'impression que cette fois, ça ne fonctionnera pas !
- Bien sûr que si ! Lou... tu me rejoins dans trois semaines à Los Angeles. Trois semaines où tu vas passer tes examens. Tu auras le nez dans tes bouquins.
- Et mes affaires à installer ici, alors ?
- Oui... avec plaisir.
- OK. Trois semaines, il souffle.
- Trois semaines. Je t'appellerai tous les jours.
- Tous les jours, ça me va. »
Je baisse mon visage et embrasse les lèvres de mon amoureux pour la dernière fois avant ces trois prochaines semaines. Je fais glisser ma langue contre la sienne et, lâchant mon sac, je rapproche le corps de Louis contre le mien, pour sentir et ressentir ses courbes sur moi.
« J'y vais. Je t'aime Lou.
- Je t'aime aussi Harry. Fais bon voyage. »
Un dernier baiser, une dernière caresse, un dernier regard et je descends l'escalier jusqu'à la porte de l'immeuble. Instinctivement, je lève le regard vers mon étage, sachant pertinemment que je ne pourrais pas apercevoir Louis à l'une de ces fenêtres, qui ne sont pas les miennes.
**********
Nous sommes en vol depuis cinq heures. Niall est assis à côté de moi, il dort comme un bébé. Sarah lit un roman pendant que Nick regarde un film, ses écouteurs dans les oreilles. Il va falloir que je lui annonce dans les prochains jours que notre collaboration s'achèvera à la fin de la tournée. Ça ne va pas être facile de lui expliquer les raisons, mais je veux pouvoir travailler à ma façon et avoir une confiance aveugle dans mon équipe. Je me lève pour récupérer mon sac dans le coffre. J'en sors mon carnet en cuir et mon baladeur.
Je sélectionne le dernier album de Robbie Williams et me plonge dans mon carnet, crayon de papier à la main. Les premières pages sont remplies de lignes d'écriture mais ce n'est pas mon écriture. Je reconnais celle de Louis, fine et légèrement penchée. J'ai dû intervertir nos carnets en voulant récupérer le mien sur la table basse du salon.
Je referme immédiatement le cahier. Ce sont les pensées intimes de Louis et je n'ai pas le droit de les lire sans son accord préalable. Je pose le carnet sur ma tablette, ferme les yeux et me laisse porter par la voix de Robbie Williams.
On dit que la curiosité est un vilain défaut, il faut croire qu'il faille ajouter celui-ci à la liste des miens car moins de cinq minutes plus tard, le carnet de Louis est entre mes mains. J'hésite encore à l'ouvrir mais je dois me rendre à l'évidence, je ne vais pas réussir à m'en empêcher. Je lui dirai bien sûr. Dès que j'atterris, je l'appelle et lui dis...
J'entends Niall m'appeler alors je relève les yeux des feuilles manuscrites.
« Harry, tu es parti loin. Ça fait au moins cinq minutes que je t'appelle !
- Pardon. Qu'est-ce que tu veux ?
- D'abord, je voulais savoir si tu voulais un truc à boire parce que je vais commander des boissons auprès de l'hôtesse et maintenant j'aimerais bien savoir ce que tu lis parce que ça fait plus d'une heure que tu es plongé dans ce carnet.
- Je veux bien un thé. Et quand tu reviens, je t'explique.
- OK. »
Niall s'éloigne et pose sa main sur l'épaule de Sarah en passant près d'elle dans le couloir. Je regarde à travers le hublot en repensant à toutes ces pages que je viens de dévorer. Je suis partagé entre deux sentiments : le premier étant la culpabilité d'avoir lu les pensées de Louis, ses secrets, quelques blessures dont il ne m'avait jamais vraiment parlé, et le second, l'admiration. En fait, je pense qu'il y a bien plus que deux sentiments qui se battent en moi à ce moment-là, mais la liste serait bien trop longue.
Ce qui ressort de tout ça, c'est l'amour que Louis me porte. Il est beaucoup moins démonstratif que moi, plus réservé, peut-être un peu plus timide. Mais quand son regard bleu s'assombrit par le désir, je sais qu'il m'aime et c'est sa manière à lui de me le dire, de me le faire ressentir au-delà des mots. Mais ce qu'il y a dans ce carnet, c'est encore plus fort.
Niall me rejoint et dépose le gobelet de thé devant moi, fumant.
« Je ne comprends pas comment tu peux boire ça ! Le thé dans les avions est dégueulasse et y a pas de choix, me dit-il en s'asseyant dans son siège, un soda à la main.
- Ça ne me gêne pas, je lui réponds, toujours pensif.
- Alors, c'est quoi ce carnet ? C'est pas le tien parce que d'habitude tu écris tu ne lis pas ou si tu le relis, tu n'es pas autant absorbé.
- C'est celui de Louis. Nous nous sommes offert le même carnet à Noël, sans le savoir.
- Vous êtes graves tous les deux, ou flippants, je sais pas trop.
- Niall...
- Excuse-moi, continue !
- Merci. Je l'ai pris par inadvertance en partant ce matin, il était sur la table basse, et contrairement à moi, Louis le laisse pas n'importe où. Alors, j'ai pas réfléchis, je l'ai vu, je l'ai pris et mis dans mon sac. Tout à l'heure, j'ai voulu écrire un peu, enfin bref... c'est le carnet de Louis.
- Oui, j'ai compris, ça fait deux fois que tu me le dis.
- Je l'ai lu.
- Oui, je sais aussi, puisque je t'ai vu.
- Niall, il m'aime.... je veux dire, vraiment.
- OK Harry.... Je vais prévenir le commandant de bord, on doit avoir un problème de pressurisation parce que là, tu enfonces des portes ouvertes. Louis t'aime, si tu en doutais encore, tu es le seul parce que c'est une évidence.
- Non, mais je sais bien. Je n'ai pas de doute, mais Louis est discret et son carnet, c'est pas un journal intime. Il écrit pour s'y confier, mais il écrit des choses tellement belles. Ça pourrait faire des chansons.
- Vraiment, tu me montres ?
- Non... Je peux pas. Enfin...C'est personnel. Déjà moi je suis super mal de l'avoir lu, mais je ne peux pas te le faire lire. Il y a des trucs vraiment personnels, intimes.
- Ça n'a pas l'air de te gêner autant, me dit-il le sourcil relevé. Il raconte vos parties de jambes en l'air, parce que là oui je veux pas lire !
- Mais non... quoique... je lui réponds en riant. Non, mais ça me donne des idées.
- Tu me diras quand tu lui auras avoué que tu l'as lu. Tu vas lui dire ?
- Oui... bien sûr... Oui.
- Ouais, pas tout de suite, c'est ça ?
- Je vais réfléchir... »
Niall et moi continuons de parler puis je dévie le sujet sur les prochains concerts. J'ai hâte de sortir de cet avion et de pouvoir aller à l'hôtel, m'installer sur mon lit avec ma guitare, une feuille de papier et un crayon. C'est vital, viscéral.
**********
Les concerts se suivent, les voyages en avion. Buenos Aires, Rio de Janeiro, São Paulo, Bogotá. Nous remontons maintenant sur la côte est des États-Unis de Miami à Washington jusqu'au Canada. Je suis épuisé. Plus par les voyages que par les concerts car lorsque je suis sur scène j'ai une autre énergie qui me gagne.
Je suis fatigué aussi parce que l'échéance approche. Celle des négociations, des décisions difficiles à annoncer même si je suis sûr de mes choix.
Nous sommes en route pour Dallas, avant-dernier concert avant de rejoindre Los Angeles. Il restera alors cinq concerts, Denver, Seattle, San Francisco et deux à Los Angeles avant la fin de la tournée. Louis m'aura rejoint pour les quatre derniers shows, ma famille également et j'ai demandé à Sarah d'envoyer des invitations à la famille de Louis pour les spectacles de Los Angeles.
Lorsque nous déposons nos affaires à la salle de spectacles de Dallas, je demande à Niall et Sandy de venir me rejoindre. Nous nous installons à côté du piano déjà placé par les techniciens.
« J'ai quelque chose à vous proposer pour clore les shows de Los Angeles. Un nouveau titre. Qui ne figurera peut-être même pas sur le prochain album. J'aimerais que ces derniers jours nous permettent d'en bosser les arrangements.
- Harry ! On a changé combien de fois la setlist sur cette tournée ?
- Je ne veux pas la changer. Juste ajouter une dernière chanson. Comme lorsque j'ai chanté « Never Think ». On était juste bien, le public et moi, et j'ai voulu leur faire un cadeau. C'est quoi trois minutes de plus sur le concert. Ça va !
- OK. Et c'est quoi cette nouvelle chanson ?
- Je l'ai appelée « Just The Way You Are » mais elle n'est pas de moi.
- Comment tu peux donner un titre à une chanson qui n'est pas de toi, demande Sandy.
- Tu as écrit une chanson avec les mots de Louis ? demande Niall.
- Oui... Sans lui dire. Je veux lui faire la surprise parce qu'il a vraiment un talent. Que si je lui dis ou lui demande il ne voudra pas.
- C'est à double tranchant, tu t'en rends compte ?
- Je sais.
- Vas-y ! Fais-nous écouter. »
Je m'installe au piano et joue les premières notes de la chanson. Ce sont des bribes de textes que Louis a écrit, parfois juste une phrase au milieu d'une page mais qui, mis bout à bout, donne une chanson qui reflète ce que je ressens, ce que Louis ressent. Une chanson encore plus forte pour nous que « Someday ». Et même si je sais qu'il pourra vraiment mal prendre cette intrusion dans ses pensées, ses textes sont trop beaux et justes pour ne pas être partagés. Je compte sur mon charme pour le convaincre... J'entonne le premier couplet sans oser regarder Niall et Sandy, accoudés au piano.
Des applaudissements se font entendre dans mon dos lorsque je termine la chanson. Sarah nous rejoint sur la scène, le regard légèrement humide.
« Harry ! Mais c'est magnifique. Quand as-tu eu le temps d'écrire une nouvelle chanson ?
- C'est pas de lui. Ce sont les mots de Louis, lui dit Niall.
- J'ai toujours eu du mal à croire aux âmes-sœurs mais je crois bien que nous en fréquentons depuis un an !
- Vous aimez ?
- Beaucoup. Je ne vois même pas pourquoi tu veux qu'on bosse dessus, dit Sandy.
- Parce que je voudrais quelque chose d'un peu plus rythmé, pas juste un piano voix.
- Pourtant elle rend très bien comme ça. Elle sera sur le prochain album ? Tu verras que tu ne tiendras pas dix-huit mois sans rien présenter à ton public ! me dit Sarah.
- En fait, je veux la chanter à la fin du concert à Los Angeles. Pour clore la tournée. Et je ne suis pas sûr de la mettre sur un album.
- On en reparlera. Louis doit être super fier. Qu'est-ce qu'il en pense ?
- Tu connais les cornichons d'amour Sarah, intervient Niall, ils aiment se faire des cachotteries pour mettre à l'épreuve leurs sentiments. Harry a malencontreusement embarqué le carnet de Louis, l'a lu et écrit une chanson avec les mots de Louis... Sans lui dire !
- Oh non non non Harry ! Vous n'en avez pas marre de vous créer des problèmes ?
- On ne se crée pas des problèmes. Je vais chanter la chanson et je suis sûr que Louis le prendra bien.
- On va dire ça ! »
Je soupire en regardant tour à tour Niall, Sarah et Sandy. Ils commencent à me mettre le doute mais je suis tellement fier de ce texte et de la mélodie que je veux croire que Louis appréciera l'attention et saura voir l'émotion qui se cache derrière ses mots.
« Je ne vous demande pas si je fais bien ou pas. Ça me regarde. Ça regarde Louis. Niall, Sandy, est-ce que vous pouvez essayer de me faire un arrangement ?
- OK. On va s'y mettre après la balance.
- Merci. »
Je me lève et leur laisse la partition. Je rejoins ma loge et décide d'appeler Louis. Entendre sa voix calmera les palpitations de mon cœur, mes doutes et ma fatigue.
*Louis*
J'ai l'impression d'être constamment dans les aéroports depuis ces derniers mois. Un comble pour moi qui déteste prendre l'avion. Je suis en salle d'embarquement pour rejoindre Los Angeles. Nous sommes en juin et il y a un an, j'étais assis dans cette même salle d'embarquement, la peur au ventre de prendre l'avion, la colère au fond de moi de devoir aller retrouver ma famille qui s'était expatriée plusieurs mois auparavant. Un an. Un an que j'ai percuté Harry avec la porte des toilettes. Un an qu'il a bouleversé ma vie. Un an que je ne peux plus vivre sans son sourire, ses regards sur moi, sa voix... Lui.
Aujourd'hui, j'embarque pour le retrouver et le suivre sur les dernières dates de sa tournée.
Finalement, ces trois semaines sont passées extrêmement vite, Harry avait raison. Les journées ont été rythmées par les dernières heures de cours avant les examens, les appels d'Harry et les vidéos des concerts que Sarah m'envoyait. J'ai révisé, beaucoup. J'ai travaillé, beaucoup. Je ne suis sorti que pour aller voir Liam et Sophia à l'appartement et chaque fois que j'en partais, je ramenais un peu de moi dans l'appartement d'Harry. Le mien maintenant.
En une année, nous sommes passés par tous les stades des émotions et sentiments. Nos tatouages sont un véritable engagement alors vivre ensemble n'est qu'une formalité. Les premiers jours, quand je rentrais mais qu'il n'était pas là, j'avais tendance à tourner en rond, comme un intrus. Et puis, j'y ai trouvé mes repères seul, y ai pris mes habitudes. Petite confession : j'ai échangé mon gel douche avec celui d'Harry, juste pour avoir son odeur avec moi.
Je souris en pensant à toutes ces petites choses qui ont rythmé ces dernières semaines. La plus importante a quand même été mes trois jours d'examens. Je croise les doigts pour avoir réussi les épreuves. J'ai vraiment bossé. Émy m'a laissé du temps pour me permettre de mettre toutes les chances de mon côté. Lorsque nous travaillerons ensemble dès le mois de septembre, je me dois d'être un employé exemplaire car cette année a été chaotique et sans Émy, sa gentillesse, son écoute, ses conseils mais surtout sa patience, je ne sais pas ce qu'il en serait advenu de moi et de ma dernière année d'étude.
L'hôtesse annonce l'embarquement dans vingt minutes. Je me lève et me dirige vers le bout du hall pour aller aux toilettes. Je pousse la porte, doucement. Un homme d'une cinquantaine d'années se lave les mains. Je lui souris. Il doit me prendre pour un fou, ce sourire beaucoup trop radieux aux lèvres juste pour aller aux toilettes. Je sors mon téléphone de la poche de mon jean et envoie un snap à Harry :
« Retour sur les lieux du crime... »
Je ressors deux minutes plus tard, parcours le hall et me tiens dans la file prêt à embarquer. Je prends sur moi et n'avale pas la petite pilule du bonheur pour me faire supporter le vol. Je commence à me détacher de ma peur de l'avion et j'en suis assez fier. J'envoie un message à ma mère pour la prévenir que je décolle à l'heure. Elle viendra me chercher à l'aéroport.
Message de Mam's à Louis : Bon vol mon chéri. Hâte de te voir. Bisous. Maman
Je souris en lisant son message. Ma famille me manque et nous allons vraiment passer beaucoup de temps ensemble ces prochaines semaines. Les cours sont terminés, mon contrat avec Émy aussi avant que nous commencions notre collaboration en septembre. Harry et moi avons prévu un aller-retour sur Londres début juillet pour ma remise de diplôme. Je sais qu'il ne leur a pas encore dit, mais il offre le voyage à mes parents et mes sœurs pour partager cet événement avec moi, enfin si tout se passe comme prévu. Ensuite, Harry et moi partirons en vacances. Mais nous resterons principalement sur Los Angeles.
Message de Harry à Louis : J'espère que tu n'as pas rencontré un bel inconnu dans ce charmant endroit. J'ai tellement hâte de te retrouver mon cœur.
Message de Louis à Harry : Personne derrière la porte, je te rassure. Moi aussi. Je suis à mon siège. Nous décollons dans peu de temps. Je dois éteindre mon téléphone. Je t'aime ❤️
Message de Harry à Louis : Bon voyage. Je t'aime ❤️❤️
Message de Louis à Harry : Tu essayes de me faire croire que tu m'aimes plus avec tes 2 ❤️
Message de Harry à Louis : Oh non, je sais que tu m'aimes tout autant ❤️❤️❤️
Message de Louis à Harry : Je te le prouve dès que j'arrive ❤️❤️❤️❤️
Je coupe mon téléphone en souriant comme un ado qui envoie des cœurs à son amoureux. Je comprends pourquoi Niall nous surnomme les cornichons d'amour. Nous le sommes vraiment parfois. Je range mon téléphone lorsque l'hôtesse passe à côté de moi et remonte la tablette devant moi. Je glisse mes écouteurs dans mes oreilles et enclenche l'album d'Harry. Je ferme les yeux et essaye de me détendre pour le décollage. Londres est clair aujourd'hui, tout devrait bien se passer.
Et en effet, tout se passe très bien. Huit heures plus tard, j'atterris sans encombre sur le sol californien. Je commence à connaître cet aéroport ou les aéroports en général. Je me dirige vers la douane avant de pouvoir récupérer mes valises.
Quand je sors dans le hall des arrivées, je vois d'abord Félicité et les jumelles, puis ma mère un peu en retrait. Mes sœurs me sautent dans les bras et je suis tellement heureux de les retrouver. On s'embrasse, tout le monde parle en même temps. C'est l'ambiance que je préfère dans les aéroports. Et puis ma mère, ma douce maman, s'approche de moi et me serre dans ses bras.
« Bonjour mon chéri. Tu as fait bon voyage ?
- Bonjour Maman. Oui, ça été ! Merci. Je suis tellement content de vous voir.
- Nous aussi. Ton père est impatient. Ça ne t'ennuie pas si on passe par le restaurant ?
- Non, bien sûr que non. »
Ma mère prend la poignée d'une de mes valises et moi l'autre. Les jumelles marchent chacune à côté de moi tandis que Félicité prend la tête de notre petit groupe. Nous descendons dans le parking et rejoignons la voiture. Je charge mes valises dans le coffre, les filles montent à l'arrière et moi, à côté de ma mère.
« Nous avons reçu des invitations de la part d'Harry pour ses concerts à LA.
- Oui, il m'avait dit qu'il vous les enverrait.
- Il arrive à quelle heure ?
- Il est déjà sur Los Angeles. Il est arrivé hier dans la journée.
- Ah d'accord, je ne savais pas. Ça va bien entre vous ?
- Oui, très bien. Rien à signaler de dramatique sur ces dernières semaines, je réponds à ma mère, sachant pertinemment ce qui l'inquiète. Tu sais Maman, Harry et moi avons beaucoup discuté, après l'histoire avec Matt. Tout va bien. J'ai même emménagé chez lui !
- Tu quittes l'appartement avec Liam ?
- Oui. En fait je l'ai quitté depuis presque deux mois, officieusement !
- Tu aurais pu nous prévenir ! me dit-elle, un peu sur le ton du reproche.
- Bah, je te le dis maintenant ! De toute façon, Liam vit quasiment avec Sophia, donc... bah voilà, il était sûrement temps qu'on arrête notre collocation.
- Oui... ça me fait juste bizarre de savoir que tu vis avec quelqu'un... enfin en couple.
- Je suis un adulte Maman. C'est normal. Non ? Tu n'es pas heureuse pour moi ?
- Si bien sûr que si ! Si tu es heureux et sûr de toi, tu sais que je te soutiens.
- Merci. »
Je me penche vers ma mère et embrasse sa joue.
La route défile devant nous, le soleil cogne à travers les vitres de la voiture. Mes sœurs sont de vrais moulins à paroles, comme à chaque fois que je les retrouve. Elles ont changé, elles ont grandi. Elles sont belles et ressemblent beaucoup à notre mère. Nous arrivons dans les rues de Los Angeles et nous rapprochons de l'océan. Ma mère stationne la voiture sur Melrose Avenue et nous descendons tous. Les filles vont directement vers la promenade. Je passe mon bras autour de la taille de ma mère pour traverser la rue et entrer dans le restaurant. Il y a encore quelques clients, mon père est derrière le comptoir en train de discuter.... avec Harry ! Bien sûr que je suis surpris de le trouver là mais pas tant que ça finalement. Les deux hommes se tournent vers la porte en l'entendant s'ouvrir et le même sourire illumine leur visage, pas tout à fait le même éclat dans les yeux.
« Ah Louis ! Te voilà enfin ! »
Mon père fait le tour du comptoir pour me serrer dans ses bras, dans cette étreinte qui me réchauffe le cœur. Lui aussi m'avait manqué, bien plus que je ne veux l'avouer.
« Bonjour Papa ! Ça va ?
- Très bien et toi ?
- Oui, ça va bien ! Merci. Je suis content de te voir !
- Moi aussi, mon garçon ! Au lieu de t'envoler à l'autre bout du monde pour aller retrouver ta starlette, tu pourrais nous rendre un peu plus visite ! »
Je souris quand il appelle Harry, la starlette, sachant pertinemment qu'il ne le pense pas, ou plus, mais je me sens un peu coupable, en effet, de ne pas être venu leur rendre visite, alors qu'Harry m'en a donné les moyens.
« Je suis là pour plus de deux mois ! Tu en auras tellement marre, que tu seras bien content de me voir rentrer à Londres. Je suis presque sûr que pour une fois, tu me conduiras à l'aéroport pour être sûr que je pars bien !
- C'est même évident ! »
Il resserre son étreinte autour de mes épaules et me lâche enfin, s'écartant de moi et se tournant vers Harry, un sourire aux lèvres.
Harry descend du tabouret et s'approche de moi. Entre les clients et mes parents qui nous regardent, nous sommes quelque peu gênés. Harry me donne une accolade et murmure à mon oreille :
« Bonjour mon ange, on sort ?
- Avec grand plaisir. »
Il glisse sa main dans la mienne et nous traversons la rue pour nous retrouver sur la plage. Nous longeons la promenade et quand nous atteignons un endroit peu fréquenté, Harry s'arrête et me prend dans ses bras, cette étreinte rassurante et familière. Je laisse mes mains glisser contre son dos. Je respire son odeur, tellement plus enivrante que celle de son gel douche. Mon visage dans le creux de son cou, je me délecte de sentir son corps contre le mien, enfin. Et je prends conscience que nous n'allons plus nous séparer pendant de longs mois. Mon cœur s'emballe à cette idée. Ne plus avoir à supporter les séparations et l'absence. Me réveiller chaque matin à côté de l'homme que j'aime. Je dépose mes lèvres dans le cou d'Harry et dévie jusqu'à rencontrer ses lèvres, douces et légèrement salées de l'air marin. Harry entrouvre sa bouche et nos langues se retrouvent, dans une caresse délicieuse. Mes mains remontent dans sa nuque, mes doigts glissent dans ses cheveux. Nous nous écartons l'un de l'autre, à bout de souffle. Je passe mes doigts sur sa pommette où il n'y a plus aucune trace de son altercation avec Matt, son arcade, quant à elle, porte la petite cicatrice comme le rappel qu'il s'est battu pour moi. Je l'embrasse une nouvelle fois. Je donnerai n'importe quoi pour nous transporter chez lui, maintenant et redécouvrir ce corps qui m'a tant manqué.
« On dîne chez tes parents ce soir !
- Je m'en doute. Je dirai que je suis fatigué du voyage pour qu'on rentre tôt.
- Ça fera une très bonne excuse. »
Je lui souris. Nos regards se croisent et au-delà des mots, je comprends que je lui ai, moi aussi, beaucoup manqué.
« Tu veux qu'on aille déposer tes valises à la maison ?
- On ne repartira pas !
- Il faudra penser à te préparer un sac pour les trois prochains jours. On décolle pour Seattle demain matin à 10h je crois. Sarah me confirmera.
- OK. »
Nous marchons sur la plage avant d'aller retrouver mes parents au restaurant. Nous retrouvons mes sœurs sur le chemin et lorsque nous arrivons, ma mère sort sur le trottoir.
« Je ramène les filles, vous rentrez avec nous les garçons ou vous passez d'abord chez Harry ? On dîne à 18h30 !
- On te suit. Nous rentrerons pas tard par contre, parce que je suis fatigué et qu'on reprend la route demain pour Seattle.
- Bien sûr... »
Ma mère n'est pas dupe de mon excuse et me regarde, un sourire narquois aux lèvres.
Je monte en voiture avec Harry. Il conduit sa main posée sur ma cuisse, nos doigts entrelacés.
« Alors, la tournée touche à sa fin. Ça va ?
- Ouais, ça fait bizarre parce que ça a vraiment été une belle tournée. Mais je suis fatigué, alors, en un sens, je suis content d'être arrivé au bout.
- Je comprends. Tu as rendez-vous avec Monsieur ADLER ?
- Oui. Le lendemain du dernier concert. Je verrais Nick juste avant. J'ai pas réussi à lui en parler plus tôt. Mais je veux le faire avant de voir Monsieur ADLER.
- C'est mieux, en effet. »
Harry gare la voiture dans l'allée, derrière celle de ma mère. Nous descendons et je récupère mon sac dans sa voiture. Nous entrons dans la maison. Ma mère nous propose une boisson fraîche pendant qu'on s'installe sur la terrasse. L'eau de la piscine scintille à cause des reflets du soleil. Ses rayons réchauffent ma peau et j'ai bien envie d'aller piquer une tête. Je commence par défaire mes baskets et mes chaussettes et marche pieds nus vers l'eau. Elle est à bonne température. Je regarde Harry et l'interroge du regard pour savoir si ça le tente. J'ai de quoi nous changer dans mon sac.
Pendant que ma mère prépare un petit plateau, je monte dans la chambre d'amis avec Harry. Nous nous déshabillons chacun de notre côté. C'est assez inhabituel d'ailleurs. À tel point que je lui fais remarquer et qu'il en rit.
« Si on commence à se déshabiller l'un l'autre, on ne va pas redescendre. Et nous sommes chez tes parents, ça me met quand même mal à l'aise, hein ! »
Je ris. Je suis heureux. Je colle mon torse au dos d'Harry et embrasse sa peau douce et chaude, mes mains caressant son ventre jusqu'à l'élastique de son short de bain.
« Lou... non non tu ne peux pas faire ça ! »
Ses mains agrippent les miennes et il se tourne vers moi.
« Cette chambre a un verrou. On peut être rapide et discret. Un avant-goût de ce qui t'attend ce soir en rentrant.
- Vraiment ? Ici, alors que tes sœurs et ta mère sont en bas.
- C'est excitant non ?
- Lou.... »
Harry se jette littéralement sur ma bouche qu'il embrasse. Sa langue caresse ma lèvre inférieure avant de se lancer à la découverte de la mienne, avide de baisers langoureux. Les mains d'Harry glissent de mes épaules au creux de mes reins. Son bassin se colle au mien et déjà son désir ne laisse aucune hésitation sur ses intentions. Harry nous guide jusqu'à ce que mes jambes percutent le lit. Je me laisse tomber dessus, mes lèvres toujours scellées à celles d'Harry. Son corps se faufile entre mes cuisses qu'il écarte de sa main droite. Sa bouche quitte la mienne et parcours ma gorge, mon torse jusqu'à mon abdomen pour revenir rapidement me donner un baiser. Mes doigts caressent la base de sa nuque pour mieux glisser dans ses cheveux. Mon cœur cogne dans ma poitrine de plus en plus vite, ma respiration est saccadée et lorsque je sens la main d'Harry se glisser sous mon short et venir caresser mon membre tendu, je retiens le gémissement qui ne demande qu'à passer mes lèvres. Trois putain de longues semaines sans sentir Harry sur moi, ses mains, sa bouche... son sexe.... Il fait glisser mon short le long de mes jambes et remonte à moi en déposant des baisers à l'intérieur de mes cuisses, ses mains empoignant mes fesses. Il mordille ma peau par endroit, endroits qu'il choisit bien, de manière à ce qu'ils soient recouverts par mon short lorsque nous redescendrons de notre nuage et de la chambre. J'agrippe ses épaules et l'incite à remonter jusqu'à moi. J'embrasse ses lèvres, ma langue caresse la sienne dans un mouvement tendre. J'échange nos positions et me place à califourchon sur les hanches d'Harry. J'ondule mon bassin et sens son érection de plus en plus dure sous moi. Je colle mon torse à sa poitrine que je parsème de baisers, descendant dangereusement jusqu'à l'élastique de son short. Je passe mes doigts sous la ceinture et le fais glisser. Je me relève pour pouvoir en débarrasser Harry et reprend ma position, laissant nos érections se frôler. Harry glisse un doigt vers mon intimité. Je frissonne sous le plaisir. J'enroule mes doigts autour de sa verge et me penche, passant ma langue sur le dessus de son gland. Harry échappe un gémissement qu'il bloque de sa main sur sa bouche. Je souris. Je glisse sur son corps magnifique. Ma langue caresse son sexe et mes lèvres l'entourent. La tête d'Harry bascule en arrière sous le plaisir. Sa main vient chercher la mienne et nos doigts s'entrelacent naturellement. Je sens mon sang bouillir dans mes veines, mon cœur prêt à exploser. Soudain, Harry se fige quand nous entendons des pas dans le couloir. Je m'arrête dans mon action, relevant mon regard vers celui d'Harry. Il me regarde intensément. Le vert de ses yeux plus foncé que d'habitude. Quand il les referme, je reprends mes mouvements de va-et-vient jusqu'à ce qu'il m'oblige à me détacher.
« Je veux te sentir autour de moi Lou... »
Je me redresse, embrasse ses lèvres, caresse son corps et je m'étends à ses côtés sur le ventre, offert à l'homme que j'aime. Ses lèvres glissent sur la peau ruisselante de mon dos, alors que sa main s'attarde sur mes fesses, ses doigts trouvant le chemin de mon intimité. J'ai beaucoup de mal à contrôler mes émotions, l'envie de gémir pleinement sous les gestes précis et doux d'Harry, sa langue qui humidifie mon entrée. Je perds la tête, la sensation dans mes jambes qui deviennent soudainement cotonneuses.
« Harry ! »
Ma voix est un murmure, une complainte pour qu'enfin il s'introduise en moi. Une dernière caresse le long de ma colonne vertébrale, un dernier baiser dans ma nuque et ses deux mains empoignent mes hanches en même temps qu'il me pénètre doucement. Je mords l'oreiller sous moi. C'est tellement bon. La sensation de retrouver mon autre, d'être pleinement moi. Harry commence à onduler doucement, s'enfonçant plus profondément. Je remonte légèrement mes fesses vers lui. Pendant qu'une de ses mains reste agrippée à ma hanche, son bras enserre mon ventre, sa main sur mon abdomen. Je glisse ma main sur la sienne. Ses coups de bassin sont plus francs, plus durs, plus intenses. Je sens déjà l'orgasme prendre possession de mon esprit. J'oublie où je suis. Je suis juste là où je dois être, dans la bulle qu'Harry et moi formons depuis une année entière. Je sens soudainement les lèvres d'Harry sur mon épaule, et ses dents mordiller ma clavicule pour retenir le cri qui s'échappe à mesure que l'orgasme le gagne. Il se retire rapidement et m'oblige à me retourner. Il me prend entre ses lèvres et je me laisse totalement aller.
Le plaisir nous a vaincu une nouvelle fois, allongés l'un à côté de l'autre, à bout de souffle. Harry écarte mes cheveux sur mon front, embrasse mes lèvres.
« Heureux de te retrouver mon ange.
- Merci. Tout le plaisir est pour moi », je réponds en lui souriant, mon regard perdu dans le sien, étincelant.
Il nous faut quelques minutes pour retrouver un semblant de calme avant de pouvoir descendre rejoindre ma famille. Mon dieu, ma famille qui nous attend en bas, ma mère qui nous attend avec ses boissons fraîches sur la terrasse. Je me mets à rire. Je pense que c'est plus nerveux que la situation qui me fait rire.
« Qu'est-ce qui se passe, me demande Harry.
- J'ai un peu honte de descendre, là quand même !
- Ta mère a été jeune avant toi. Elle n'est pas dupe, tu sais !
- Oui mais bon, c'est ma mère. On est sous son toit, incapables de nous contrôler.
- Ça faisait trois semaines que nous étions séparés ! On a des circonstances atténuantes ! »
Je ris de plus belle ! Si nous avons des circonstances atténuantes, alors... tout va bien. Je me tourne vers Harry et embrasse une nouvelle fois ses lèvres avant de me redresser et d'enfiler mon short de bain. Cette petite baignade s'impose maintenant.
**********
Je suis assis dans la loge d'Harry avec Sarah. C'est l'avant-dernier concert avant la fin de la tournée. Les shows de Seattle et San Francisco ont été incroyables. Voir Harry sur scène m'avait manqué. J'ai l'impression de toujours le redécouvrir, sa prestance sur scène, sa voix de plus en plus puissante.
Il donne une interview à une chaîne de télévision avant de monter sur scène. Anne et Gemma ont fait connaissance avec ma famille et sont installées ensemble dans les gradins V.I.P. Sarah et moi iront les rejoindre quelques minutes avant l'entrée en scène d'Harry.
Quand il nous rejoint, son sourire est radieux. Il est encore plus beau que d'habitude, si c'est seulement possible. Il porte la chemise que je lui ai offerte à Noël et qui lui va si bien, laissant entrevoir ses tatouages. Cette chemise était vraiment un bon choix et je sens le rouge me monter aux joues à m'imaginer la lui enlever. Je me racle la gorge et me lève pour le rejoindre.
« Ça s'est bien passé ?
- Oui, très bien. Bon je vais y aller !
- Tu as le trac ?
- C'est un soir particulier, ce soir. Il y a nos familles. Tu es là.
- Je suis là depuis deux shows et j'en ai vu quelques-uns déjà !
- Oui. Mais ce soir, c'est particulier.
- OK. Plus que deux spectacles. Pense à nos vacances. »
Il me sourit et accroche ses mains autour de mon cou. Il dépose ses lèvres sur les miennes dans un baiser délicat.
« A tout à l'heure, Lou.
- A tout à l'heure, je t'aime. »
Un dernier baiser et Harry sort de la loge, rejoignant Paul qui l'équipe de son récepteur et ses oreillettes. Sarah et moi descendons dans la salle. La première partie est terminée, les vendeurs de programmes, sandwichs ou boissons commencent à déserter les gradins. Je rejoins ma famille et m'assieds à côté de ma mère. Elle me regarde en souriant. Je suis impatient qu'elle découvre Harry sur scène.
Le concert est à l'image des précédents. Une ambiance incroyable, le public participe, chante, crie, interagit avec Harry qui s'en amuse beaucoup. Il illumine la scène. Il est complice avec ses musiciens, avec les spectateurs. Il est beau. Il est lui et je l'aime encore un peu plus ce soir.
Comme tous les soirs, Harry sort de scène quelques minutes puis revient chanter deux titres avant que les lumières ne se rallument. Sauf que ce soir, les lumières restent éteintes et la scène éclairée en son milieu. Harry est derrière son micro, sa guitare en bandoulière. J'ai l'impression que chaque fois que je suis dans la salle, il a de grandes déclarations à faire. Ce ne serait pas la première fois. Et quand il prend la parole, je ne suis pas surpris.
« Merci à tous d'être venus si nombreux ce soir, l'avant-dernier concert de cette tournée phénoménale. Cette tournée a débuté au mois de février en Irlande. Quand nous avons chanté à Londres, c'était comme chanter à la maison. Mais ici aussi, c'est un peu la maison et ce soir, plus encore puisque ma famille est là. Cet album, cette année ont été très importants pour moi, vous le savez. Il y a des rencontres comme des évidences. Ce soir, je vais vous chanter une chanson, composée depuis trois semaines et que je n'ai partagée qu'avec trois personnes. J'ai le trac de vous la présenter ce soir, car son auteur est dans la salle, sauf qu'il ne sait pas qu'il a écrit une chanson. Cette chanson s'intitule « Just the way you are ». J'en ai écrit la musique, Louis Tomlinson en a écrit les paroles. »
Les regards de mes parents, mes sœurs convergent vers moi, interrogateurs. Je reste stoïque sur mon siège. Je ne comprends pas ce qu'Harry est en train de dire. Lui et ses musiciens commencent à jouer un air pop-rock, entraînant. Sa voix s'élève et révèle les paroles de la chanson. Mon cœur se serre, partagé par plusieurs sentiments. Le premier comme une sorte de fierté. Harry chante mes mots, ceux notés dans mon carnet que je pensais avoir égaré, celui où je note mes pensées, mes sentiments, mes doutes et mon amour pour Harry. Et le second, comme la colère et la trahison. Je ne sais pas comment Harry a eu mon carnet, mais surtout il l'a lu et s'en ai servi pour écrire une chanson, sans m'en parler au préalable, récitant devant des milliers de personnes, mes inquiétudes les plus profondes, qui feront dès ce soir le tour du monde. Alors, à ce moment précis, je le déteste.
Les dernières notes résonnent dans la salle. Je me lève de mon siège et me dirige vers la sortie. Il y a beaucoup de monde dehors et je repère un taxi stationné quelques mètres plus haut. Sans me retourner, je me dirige vers la voiture et lui donne l'adresse de la maison. Je ne peux pas voir Harry, là tout de suite. Quand il sort de scène, il est euphorique et très entouré. J'ai besoin de prendre du recul.
Le taxi me dépose devant la maison. Je passe le portail et remonte l'allée gravillonnée. J'ouvre la porte et colle mon dos à celle-ci en la refermant. Je ne sais pas quoi penser. Je sais pertinemment qu'Harry n'a pas voulu me blesser mais qu'il a sûrement trouvé mes mots suffisamment beaux et touchants pour en faire une chanson. Mais j'aurais aimé qu'il m'en parle avant, qu'il me demande mon autorisation, non ?
Je m'avance vers le canapé et allume l'ordinateur d'Harry, posé sur la table basse. Je me connecte sur YouTube et sans aucune difficulté, je trouve déjà la vidéo en ligne, moins de quarante minutes après la prestation. Je l'écoute, je la regarde plusieurs fois... pendant plus d'une demi-heure je pense car quand Harry entre en trombe dans la maison, il n'a pas pris sa douche et ne s'est pas changé.
« Louis, Lou.... tu es là !
- Oui...
- Pourquoi tu es parti comme ça ?
- Je ne savais pas comment réagir après avoir entendu la chanson. Harry, pourquoi tu ne m'en as pas parlé ?
- Tu ne l'as pas aimé ?
- Ce n'est pas la question. »
Harry s'approche de moi et s'assied à mes côtés sur le canapé. Il regarde l'écran de l'ordinateur en pause sur sa prestation. Il passe sa main dans ses cheveux et plonge son regard dans le mien.
« D'abord, je te présente mes excuses pour avoir lu ton carnet. Je n'aurai pas dû mais c'était trop tentant et quand j'ai commencé, je n'ai pas pu m'arrêter. Parce que tes mots, tes textes étaient vraiment beaux, tellement toi. J'ai pensé que si je te disais que je voulais en faire une chanson, tu n'aurais pas été d'accord, tu n'aurais pas voulu te livrer. J'ai voulu te faire la surprise, comme un cadeau, comme aussi pour te rassurer.
- Je ne sais pas. Tu as sans doute raison, je n'aurais sûrement pas accepté. Parce que ces mots, c'est ce que je ressens au plus profond de moi. Il y a des choses que j'aurai aimé que tu ne lises pas même si tu connais beaucoup de ma vie maintenant. Mais le public ne doit pas savoir, ne devait pas savoir. Mes doutes par rapport à nous, devions-nous vraiment en parler au monde entier ?
- Lou, c'est une chanson. Les gens ne sont pas obligés de savoir que c'est une vérité.
- Harry, tu écris toutes tes chansons avec ton cœur. Elles reflètent la personne que tu es. Pourquoi cette chanson serait différente ?
- Parce qu'elle n'est pas de moi mais de toi. »
Je soupire. Je n'arrive pas à être en colère contre Harry alors que je devrais l'être.
« Lou, s'il te plaît dit quelque chose. Dis-moi ce que tu penses vraiment ? Est-ce que j'ai tout gâché ?
- Non, bien sûr que non. Tu n'as rien gâché du tout. Je me suis senti trahi en écoutant la chanson pendant le concert, parce que tu utilisais mes mots sans m'en avoir parlé, parce que ces mots venaient de mon carnet que jamais tu ne touchais, alors comment tu pouvais les connaître. Après j'ai ressenti une certaine fierté. Parce que tu as réussi à mettre bout à bout des pensées pour en faire une chanson magnifique. Avec MES pensées.
- Je t'assure que je n'ai pas fait exprès de prendre ton carnet. J'aurais pas dû l'ouvrir, ni même le lire, mais ça été plus fort que moi. Et comme je te l'ai dit, une fois que j'ai commencé, j'ai été incapable de m'arrêter. Lou tu as beaucoup de talent. Je suis sûr que nous pourrions faire de jolies choses ensemble. »
Harry se penche vers moi, son regard toujours ancré au mien. Il dépose ses lèvres sur les miennes. Je ne le repousse pas. Comment le pourrais-je alors que je l'aime de tout mon cœur et qu'il le sait maintenant, bien au-delà de ce que je lui ai toujours dit ou montré ?
« Lou, il faut que tu saches que tu es une personne formidable. Que pour rien au monde, je voudrais rencontrer quelqu'un d'autre que toi. Que depuis un an maintenant, tu occupes chacune de mes pensées. Tu ne fais pas partie de mon milieu mais je te ressemble bien plus que tu ne le crois, car je ne suis pas né au milieu de tout ça. J'ai grandi comme toi, dans une maison modeste avec une mère qui peinait parfois à finir le mois. Aujourd'hui je vis de ma passion parce que le facteur chance a joué en ma faveur. Je travaille dur maintenant pour me maintenir en haut de l'affiche. Mais tu sais pertinemment que la vie dont je rêve c'est d'être près de toi, de découvrir le monde avec toi. Tu es mon tout Lou. Tel que tu es....
- Just the way you are...
- Oui »
Alors, bien sûr, je craque. Harry me sourit et remplit mon cœur, mon être d'un peu plus d'amour. Un jour où l'autre, j'ai peur que ça me tue. Tout cet amour, tout le temps. Je passe mes bras autour de ses épaules et embrasse ses lèvres tendrement. Nos corps se rapprochent, notre baiser s'intensifie. Je me penche un peu plus sur lui pour amener son dos contre le canapé.
« Lou, attends.
- Quoi ?
- J'envoie juste un SMS à tout le monde pour dire que je t'ai retrouvé à la maison. Envoie un message à ta mère.
- Ah oui... bien sûr. »
Nous nous redressons et nous emparons chacun de notre téléphone. Deux minutes plus tard, quand tout le monde est informé et rassuré, mes mains se glissent sous la chemise d'Harry.
« Et si je te débarrassais de cette chemise et que tu allais prendre ta douche ?
- Tu m'accompagnes ?
- Toujours. »
Nos lèvres se scellent dans un dernier baiser. Harry se redresse et s'empare de mes cuisses pour me soulever. J'enroule mes jambes autour de sa taille, mon visage enfoui dans le creux de son cou. Et pendant qu'il monte l'escalier pour nous mener à la salle de bains, je murmure à son oreille, comme un secret :
« Merci. Merci pour ce beau cadeau. Je t'aime. »
*
* *
#Justthewayfic
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