*Harry*

Je sors de scène. Ma chemise me colle à la peau et je m'empresse de l'enlever. Je n'ai que deux minutes pour me changer et boire un peu d'eau avant le rappel qui clôt le spectacle. Le public est survolté et moi aussi. Je me suis donné à fond ce soir. Le début de la tournée est incroyable. L'accueil du public est incroyable ! Il y a une réelle communion entre nous et c'est ma plus belle récompense après tout ce travail et les sacrifices.

Le public n'arrête plus de crier, de taper des pieds et des mains. Les lumières s'éteignent à nouveau faisant redoubler l'intensité des cris. Les premières notes de piano de « Someday » se font entendre et je monte sur scène par l'escalier qui se trouve sur la droite. Je rejoins mon pianiste du soir et m'installe sur le tabouret placé juste devant l'instrument. La poursuite m'éclaire d'un halo bleuté. J'entonne les premières paroles et le public m'accompagne d'une seule et même voix. Je suis ému. Cette chanson représente tellement pour moi que ça me serre le cœur d'entendre l'assistance la chanter avec moi.

J'enchaîne sur deux autres titres, je remercie une dernière fois mon public de s'être déplacé, d'avoir été aussi présent ce soir et je m'éclipse sous les cris et les applaudissements.

Sarah me tend une serviette et je plonge mon visage dedans. Je suis heureux, je plane littéralement à cause de l'adrénaline.

« Waouh ! J'en reviens pas ! C'était magique ce soir !

- C'était parfait oui ! Si tous les spectacles sont à l'image de celui-là, la presse va être unanime et tu vas être nommé aux prochains Brit Awards !

- Ce serait merveilleux... surtout pour les concerts, hein !

- Je sais, me répond Sarah. Bon, j'ai convaincu Niall et j'ai réservé le jet pour qu'on rentre à Londres dès ce soir.

- Vraiment ?

- Oui !

- Oh Sarah, merci merci merci !!!! »

Je la prends dans mes bras et la fait virevolter dans les airs. Ça fait deux semaines que nous sommes partis, deux semaines que je n'ai pas vu Louis. Nous avons tournés en Irlande, puis dans le Nord de l'Angleterre et aujourd'hui à Édimbourg. Pour limiter les allers-retours, et la fatigue que ça peut engendrer, Nick a décidé que nous ne rentrerions pas avant les shows de Londres. Nous devions reprendre la route demain mais ma merveilleuse Sarah arrive toujours à changer les plans de Nick.

« Tu as une heure pour redescendre et prendre une douche, sortir d'ici, t'arrêter voir les fans qui t'attendent et on part vers l'aéroport. L'avion peut décoller à 00h30 maximum.

- OK. Je me dépêche alors. »

Je rejoins ma loge après avoir salué tous les techniciens et les remercier pour leur travail ce soir. Il ne faut pas oublier que sans eux, le spectacle ne ressemble à rien. Le public m'acclame moi mais le mérite revient à toute l'équipe. Les gars commencent déjà à démonter le décor et ranger le matériel. Je ferme la porte derrière moi et me dirige vers la petite salle de bain. Je sors un jean et un sweat, et envoie un message à Louis pour le prévenir de mon retour inopiné.

Message de Harry à Louis : Hello mon Lou !!!! Bonne nouvelle ! On rentre ce soir à Londres !

Message de Louis à Harry : Vraiment ?!?

Message de Harry à Louis : Ouiiii ! Je sais qu'il est tard mais j'ai pas envie d'attendre demain pour te retrouver. Tu m'attends à l'appart ou je te rejoins chez toi ?

Message de Louis à Harry : Je demande à Liam de me déposer. J'ai trop hâte de te retrouver ! Ça s'est bien passé ce soir ?

Message de Harry à Louis : C'était dingue ! Si toute la tournée est comme ça, ça va être le feu ! Tu verras par toi-même dans 2 jours !

Message de Louis à Harry : Oui. Pour ça aussi j'ai hâte !

Message de Harry à Louis : Je file sous la douche. J'ai juste 1H pour me préparer et aller à l'aéroport. On devrait décoller vers 00h30.

Message de Louis à Harry : OK. A tout à l'heure.

Je me prépare en moins de vingt minutes et je fourre mes vêtements en vrac dans mon sac. J'attache rapidement mes cheveux dans un chignon désordonné, enfile mon manteau et enroule mon écharpe autour de mon coup. Je sors de ma loge et rejoins la pièce commune pour retrouver mon équipe, notamment Nick, Niall et Sarah qui rentrent avec moi dès ce soir.

Niall et Sarah me lancent un regard entendu. Ils savent pertinemment que je ne suis jamais prêt aussi rapidement après un show. Les fans le savent aussi d'ailleurs et quand on pousse la porte de sortie, les quelques personnes qui m'attendent sont surprises de me voir sortir si peu de temps après le concert. Les acclamations ont pour effet d'attirer d'autres fans et je ne peux contenter tout le monde. C'est mon plus grand regret. Je prends quelques photos avec les premières arrivées, je signe des autographes tout en avançant vers le véhicule qui nous attend pour nous accompagner à l'aéroport.

Je fais un dernier salut de la main et m'engouffre dans la voiture. Nous quittons l'esplanade de l'arena et nous engageons dans la ville. Nous sommes vite surpris par le brouillard et circulons difficilement jusqu'à l'aéroport.

Il est 00h15 lorsque nous traversons le tarmac. L'hôtesse nous accueille à bord et nous nous installons, prêts à partir. Sauf qu'il se passe une heure et que nous sommes toujours immobilisés au sol ; la tour de contrôle ne nous autorise pas à décoller à cause des conditions climatiques. J'interroge l'hôtesse parce que je m'impatiente, je l'avoue. J'ai hâte de retrouver Louis, hâte de retrouver mon appartement. Et puis, je suis fatigué. Attendre dans un avion, même confortable, ce n'est pas reposant.

Environ dix minutes plus tard, l'hôtesse s'approche de nous. Nous discutions Niall et moi de quelques modifications à apporter à la setlist et nous relevons d'un même mouvements nos regards vers la jeune femme.

« Le pilote me fait dire que nous partons dans dix minutes. Je vous remercie de vous préparer au décollage.

- Merci.

- Je vous en prie. »

L'hôtesse s'éloigne en rangeant les quelques verres et sachets de nourritures que nous avons utilisés durant cette heure interminable.

Je m'enfonce dans mon fauteuil et attache ma ceinture. Je prends mon téléphone et envoie un SMS à Louis.

Message de Harry à Louis : On décolle enfin... je suis là dans 1h30

Message de Louis à Harry : D'accord. Ton pull lilas est tout froissé à force de me servir d'oreiller.

Je souris en lisant sa réponse. J'imagine tellement Louis assis dans le canapé avec mon pull, juste pour avoir la sensation que je suis près de lui. J'espère qu'il porte ses lunettes, j'adore lorsqu'il les met. Je secoue la tête en souriant à ma niaiserie. Pendant ces deux semaines de séparation, nous avons beaucoup échangé. J'ai été ravi de voir Louis s'ouvrir de plus en plus sur ses sentiments. Il me démontre chaque jour qu'il m'aime mais j'ai parfois l'impression qu'il met de la distance entre nous quand tout est trop fort. J'éteins mon téléphone et le pose dans le support à côté de mon siège. Niall et Sarah sont assis face à moi. Niall est en train de jouer sur son téléphone. Il caresse tendrement la cuisse de Sarah tandis qu'elle lit un roman. Nick est un peu en retrait, les yeux fermés. Je tourne la tête vers le hublot quand l'avion commence à prendre de la vitesse. Nous décollons enfin.

***********

La voiture s'arrête devant mon immeuble. Je sors les clefs de mon sac et remercie le chauffeur. J'ouvre la lourde porte de l'immeuble et gravit les étages jusqu'à mon appartement. Je déverrouille la porte et pénètre dans la chaleur de mon foyer. La lampe du salon éclaire légèrement la pièce... vide. Il est près de trois heures du matin. Je me déchausse et enlève mon manteau et mon écharpe que je dépose sur le canapé. J'éteins la lumière et monte dans la chambre. Louis est dans le lit, enfoui sous la couette. Je vois à peine ses cheveux dépasser. Je me déshabille et me glisse tout doucement contre la chaleur du corps de Louis. Il bouge légèrement et j'en profite pour déposer un baiser sur sa joue. Il gémit doucement et vient nicher son visage dans le creux de mon cou.

« Hum, salut mon ange... me dit-il la voix pleine de sommeil.

- Salut Lou.

- Tu es enfin rentré ?

- Oui, à l'instant.

- Parfait. »

Ses deux bras enlacent mon corps et il se rapproche de moi. Nos peaux se collent l'une à l'autre et frissonnent. Je pense que pour Louis c'est à cause de la température de la mienne alors que pour moi, c'est clairement le plaisir de le sentir contre moi. Mais il est tout endormi et je ne veux pas le réveiller. Alors je l'enlace et dépose de petits baisers sur son visage, son épaule. Je le serre contre moi et en un rien de temps, je sombre dans le sommeil.

J'émerge doucement plusieurs heures plus tard, dans mon lit. Je savoure le confort de mon matelas et l'odeur familière qui se dégage des draps. La lumière du jour filtre à travers le store. Je m'étire de tout mon long. Louis est déjà levé et peut-être même parti puisque nous sommes mardi et qu'il doit avoir cours. Je reste quelques minutes à savourer le plaisir d'être chez moi. Je suis off aujourd'hui et demain matin. Dans l'après-midi, j'ai rendez-vous avec toute l'équipe à l'O2 pour la balance du spectacle. Nous restons trois soirs à Londres. Trois soirs où après chaque concert, je vais rentrer chez moi et profiter de Louis.

Je suis interrompu dans le cours de mes pensées quand j'entends un fracas au rez-de-chaussée et une litanie de jurons. Je souris parce que je reconnais la voix de Louis. Et si je prête l'oreille, j'aurais pu deviner depuis longtemps qu'il était là, puisque j'entends de la musique depuis le salon. Je repousse la couette et sors du lit. J'enfile un t-shirt et tout en passant les mains dans mes cheveux pour les coiffer, je descends.

« Ah mince, je t'ai réveillé !

- Non, j'étais réveillé, mais je pensais que tu étais parti en cours !

- Non... j'y vais pas...

- C'est pas bien..., je réponds à Louis alors que j'arrive à sa hauteur.

- Je sais, mais c'est pas grave. Tu es là pour cinq jours seulement. J'aurais tout le temps de rattraper quand tu seras parti à nouveau. »

Il me répond en se blottissant contre moi. Nos lèvres se rencontrent... Enfin ! Deux semaines sans avoir embrassé Louis. Deux semaines sans avoir le cœur qui s'emballe quand sa langue effleure délicatement la mienne, quand ses mains caressent mon dos. Deux semaines sans pouvoir le respirer.

« Bonjour, je murmure contre ses lèvres.

- Salut ! Ça va ? Bien dormi ?, il me répond déposant ses lèvres sur les miennes entre chaque mots.

- Comme un bébé. Ça fait du bien de retrouver sa maison, ses repères.

- Oui.

- Et toi ? Pas trop fatigué ? Je suis rentré tard !

- C'est pas grave. J'ai bien dormi. Ça ne fait pas si longtemps que je suis levé. Je voulais préparer un brunch et j'ai éclaté les œufs par terre.

- Ah... ! Dommage !

- Ouais... D'ailleurs faut que je finisse de nettoyer sinon ça va coller.

- Tu veux que j'aille vite fait à l'épicerie en acheter.

- Je vais y aller.

- Bah non... Finis ce que tu as commencé, j'en ai pas pour longtemps.

- Oui, en clair tu me laisses nettoyer ?!?

- Exactement ! »

Je dépose un baiser rapide sur ses lèvres en souriant et remonte pour m'habiller.

Je vérifie que mon portefeuille est dans mon manteau et je sors de l'appartement. Louis n'a pas perdu de temps pour me réclamer quelques autres choses en plus, comme du fromage et des pâtes. Il faut dire que puisqu'il est rentré vivre dans son appartement durant mon absence, le réfrigérateur est plutôt vide. Je traverse le parc derrière mon immeuble et en cinq minutes, je suis dans la rue commerçante. Je rentre dans la supérette et récupère les provisions. J'en profite pour faire un tour et prendre ce qui me fait envie. Une petite entorse au régime de la tournée ne peut pas faire de mal. Mon regard est soudainement attiré par un jeune couple et je surprends le jeune homme prendre en photo sa copine... avec moi en arrière plan. C'est le genre de chose qui m'exaspère. Je ne m'oppose jamais, enfin rarement, aux photos avec les fans, surtout après les émissions de radios, de télévision ou après les concerts. Quand je ne travaille pas, j'aime assez que les gens respectent ma vie privée. Et me faire prendre en photo, débraillé et au supermarché, ça me déplaît. Sachant que la photo sera diffusée sur les réseaux sociaux avant même que je rentre à l'appartement. J'écourte mes courses et me dirige vers les caisses. Je règle et souris à la caissière qui rougit en me tendant mon ticket et ma monnaie. J'enfonce mon bonnet sur ma tête et repars en direction du parc pour rejoindre mon immeuble.

L'odeur du café se mélange à celle du bacon grillé et des pommes de terre sautées. Je dépose mon sac sur le comptoir et embrasse Louis.

« Tu t'es entraîné pendant les deux semaines. Ça a l'air super bon !

- Te fous pas de moi !

- Je n'oserais pas, voyons !

- J'ai du mal à te croire ! Ça été ?

- Ouais ! Enfin, je vais encore me retrouver sur Twitter mais sinon ça été !

- Tu as croisé des fans ?

- Oui et non, photo volée... Bref. On bouge pas d'ici jusqu'à demain. Juste toi et moi.

- Ça me va ! »

Louis termine ses préparations et j'en profite pour mettre le couvert. Et pendant qu'on déguste tout ce qu'il a préparé, je lui raconte les concerts, les déplacements, les rencontres de ces deux dernières semaines et mon impatience de chanter à l'O2, de chanter devant lui.

Louis se retrouve rapidement assis sur moi. Nous passons la majeure partie de la journée à flâner entre la cuisine, le canapé, notre lit et la douche. Les retrouvailles sont fêtées à maintes reprises. Je suis heureux que Louis ait décidé de ne pas aller en cours aujourd'hui. Nous avions du temps à rattraper, et de l'avance à prendre.

Alors quand il est 15h, le lendemain, et que Niall arrive pour m'amener à la salle, j'ai l'impression que l'on vient seulement d'atterrir. J'ouvre à mon ami qui donne une accolade à Louis dès qu'il le voit.

« Alors, les cornichons d'amour, pas trop fatigués ?

- Mais arrête de nous appeler comme ça, je lui réponds.

- Ne me fait pas croire que vous n'êtes pas restés enfermés ici depuis que tu es rentré, à vous peloter.

- Niall !!!!

- Quoi ? C'est faux ?

- Bah déjà ça te regarde pas et puis... oui c'est faux !

- Vraiment ?

- Harry est sorti faire des courses ! répond Louis, son téléphone en mains, la photo affichée sur l'écran.

- Ahahah super ! Grosse sortie dis donc ! rit Niall. Ah vous êtes trop mignons tous les deux.

- Et Sarah et toi, qu'est-ce que vous avez fait hein ? demande Louis.

- J'ai emmené ma belle au théâtre... et on a fait l'amour toooouuuute la journée !

- Je préfère ne pas entendre ça ! Si Sarah savait ce que tu dis ! je réponds en prenant un air choqué.

- Bon tu es prêt ou pas ?

- Oui. J'arrive. Lou ? Tu nous rejoins alors ou tu viens maintenant ?

- Bah si je peux venir tout de suite ça me va.

- OK. Alors on est parti. »

Chacun récupère sa veste et nous sortons de l'appartement. Niall et Louis discutent en descendant pendant que je ferme l'appartement. Une voiture nous attend devant l'immeuble et nous conduit jusqu'à l'arena.

Nous arrivons à l'O2 et mon cœur se serre par l'émotion. J'ai déjà chanté ici, lors de cérémonies ou l'année dernière pour ma tournée précédente. Mais je n'avais fait qu'un seul soir. Cette année, l'enthousiasme du public me permet de rester trois soirs consécutifs, soit environ 60 000 personnes. 60 000 personnes qui viennent m'écouter, découvrir mes chansons. Je suis soudain pris d'une angoisse mêlée à l'excitation. Louis lève les yeux sur l'édifice puis, en glissant sa main dans la mienne, chuchote à mon oreille :

« C'est immense ! »

Je tourne mon visage vers lui et lui vole un baiser. Oui c'est immense et incroyable. Le chemin parcouru depuis l'an dernier aussi. J'ai l'impression d'avoir évolué, de faire une musique qui me ressemble plus. Et la présence de Louis désormais dans ma vie me prouve que j'ai mûri.

Nous entrons par la porte à l'arrière du bâtiment. Les fans font déjà la queue pour rentrer malgré les températures glaciales de cette fin février. Sarah nous accueille et m'énonce l'emploi du temps de l'après-midi. Tout s'enchaîne très vite. Nous faisons la balance avec les musiciens et les techniciens. Nous répétons l'enchaînement des chansons dont nous avons modifié l'ordre avec Niall dans l'avion. Je passe dans la loge pour prendre une douche et m'habiller, me faire coiffer et légèrement maquiller. Je reçois la visite d'un journaliste qui rédige un article sur ma carrière et ma tournée.

À 18h30, une heure avant la première partie, nous nous rassemblons dans la salle commune pour dîner.

« Les concerts à Londres ont une saveur particulière parce que nous sommes à la maison. Je voulais tous vous remercier pour votre implication et votre professionnalisme depuis le début de la tournée. Je vous souhaite à tous de passer une bonne soirée. Et pour que ce soit parfait, amusez-vous ! »

Je lève mon verre en direction de toute mon équipe qui me rend mon compliment.

Nous entendons le public s'impatienter. Nick vient vers moi et me souhaite bon courage pour le show. Paul, le régisseur, m'informe qu'il reste dix minutes avant mon entrée sur scène. Je m'approche de Louis. Il doit lui aussi rejoindre sa place dans la salle pour ne rien louper du spectacle.

« Qu'est-ce que je suis censé te souhaiter avant ta montée sur scène ? me demande Louis en passant ses bras autour de ma taille.

- Rien de particulier. Tes bonnes ondes me suffisent. »

Je lui réponds en l'embrassant, ce genre de baiser tendre et passionné, celui où on se dit à quel point on s'aime et se soutient.

Louis me quitte, guidé par Sarah qui l'accompagne à sa place. Je passe par ma loge enfiler ma chemise, celle que Louis m'a offerte à Noël, la noire légèrement transparente. Les fans vont l'adorer.

Je me place derrière la scène, au bas des marches. Les lumières s'éteignent. Paul me tend ma guitare. J'entame les premiers accords. Les cris du public sont assourdissants. Je gravis les quelques marches et m'avance vers le micro au centre de la scène. J'entonne le premier couplet dans le noir complet et au refrain, mes musiciens me rejoignent et m'accompagnent, et la scène s'éclaire de mille feux.

*Louis*

L'adrénaline prend possession de mon corps. Je crois qu'avec notre dernier baiser, Harry m'a transmis son stress et son excitation. Le public est déchaîné. Ça crie dans tous les sens, les jeunes filles s'agitent. Je m'enfonce un peu dans mon siège. Sarah est à côté de moi ainsi que Gemma et David.

Et puis les lumières s'éteignent. Nous entendons les premiers accords de guitare. J'ai les mains moites. J'ai peur. C'est étrange cette sensation. J'ai peur pour l'artiste qu'est Harry. Peur que son public si enthousiaste à ce moment le lâche en plein spectacle, peur que lui perde le fil de ses textes, de ses musiques. Et j'ai simplement peur pour moi. Peur de ne pouvoir supporter l'élan d'amour pour l'artiste mais surtout pour l'homme dont je partage la vie. Harry est devenu mon univers tout entier.

Sa voix emplit soudainement toute la salle. Suave, rauque, intense. La voix d'Harry semble porter les 20 000 personnes présentes ce soir. C'est la ferveur générale. Tout le monde est debout pour l'acclamer, mais il sait se faire désirer et pendant tout le premier couplet, on ne le voit pas.

Au refrain, la salle s'illumine et l'excitation s'empare de tout le monde. Je découvre mon amoureux sur scène, magnifique, dans la chemise que je lui ai offerte. Mon cœur est gonflé d'amour, d'admiration. Je ne retiens pas le sourire qui gagne mes lèvres ni les larmes au coin de mes yeux, soudainement très ému. Sarah me presse le bras et je tourne mon visage vers le sien. Elle me sourit et s'approche de mon oreille :

« Profite de chaque instant, ça passe très vite ! »

Et elle a raison. Presque deux heures s'écoulent sans que je ne m'en rende compte. Harry est sorti de scène juste avant le rappel. Le public est merveilleux et l'accompagne sur toutes les chansons. Harry remonte sur la scène. Je sais qu'il enchaîne avec « Someday », notre chanson. Je sais aussi que d'habitude, les premières notes de piano sont jouées pendant qu'il s'avance vers son musicien. Mais ce soir semble différent.

Harry s'avance sous les acclamations de son public et s'installe sur le banc, derrière le piano. Il va s'accompagner. Mon cœur rate un battement. Rien n'est plus beau que mon amoureux qui joue du piano et chante en même temps.

Il joue quelques notes et s'interrompt. Il s'éclaircit la voix.

« Je voulais vous remercier d'être venus ce soir, partager ce moment particulier avec mes musiciens et moi. Vous avez été merveilleux et je vous en suis reconnaissant. Reconnaissant de me supporter, de me suivre dans mes audaces. Ce soir, c'est un soir particulier. Déjà parce que c'est le premier des trois concerts que nous donnons à la maison mais aussi parce que Louis est là. Je ne vous présente plus Louis. Vous savez qui il est désormais. Même pour ça, je vous suis reconnaissant. Le fait que vous m'acceptiez tel que je suis. La prochaine chanson s'intitule « Someday ». Je l'ai écrite en partie dans l'avion qui m'amenait à Los Angeles, le jour où j'ai rencontré Louis, à l'aéroport. Elle est toute particulière pour nous et ce soir, j'aimerai lui dédier, plus qu'un autre soir. Mon Ange... Merci d'être là. »

Je suis ému aux larmes. Le public acclame aussi bien Harry que moi et je vois les visages se tourner vers le carré VIP où je me trouve.

Harry joue les premières notes de piano et chante les paroles de notre chanson dans un silence religieux. Tant de respect de la part des fans de Harry me réchauffe le cœur et me rend fier. Le public d'Harry lui ressemble tant.

Sarah, David, Gemma et moi quittons nos places pendant la dernière chanson afin de rejoindre les loges et féliciter Harry dès sa sortie de scène. Je suis encore sous l'émotion du spectacle dans son intégralité, mais surtout de l'interprétation de « Someday ». C'était juste magique. Nous nous faufilons à travers la foule puis Dan vient à notre rencontre pour nous aider à passer la sécurité.

J'entends le public acclamer leur idole et Harry remercier une nouvelle fois ses fans. Et puis, il surgit du côté de la scène alors que les lumières de la salle se rallument. Il se dirige directement sur moi et je ne peux m'empêcher d'aller à sa rencontre, soudainement enveloppés dans notre bulle de bonheur. Nos corps se percutent.

« Merci, je chuchote à son oreille.

- Merci à toi Lou. Tu as aimé ?

- Tu a été parfait. Je suis tellement impressionné. Et ton public est incroyable !

- Oui, j'ai vraiment beaucoup de chance. »

Nous échangeons un baiser mais nous sommes interrompus par Niall qui donne une tape dans le dos d'Harry, faisant éclater notre bulle.

L'équipe d'Harry le félicite, Nick en première ligne. Des personnalités semble-t-il importantes viennent saluer Harry. Je me place un peu en retrait et suis rejoint par Gemma, plus habituée que moi à ce genre d'événement.

***********

Je ne comprends pas comment une journée peut sembler durer une éternité alors que cinq jours semblent avoir duré une heure.

Harry est parti samedi dernier. Il s'est envolé pour l'Asie. Pour six semaines. Je n'ai pas pu l'accompagner à l'aéroport cette fois, car je travaillais à la librairie. Et cette séparation aurait été bien plus douloureuse que la précédente. Alors, nous avons bouclé nos sacs et le taxi m'a d'abord déposé chez moi avant d'emmener Harry. Mon cœur semble peser trois tonnes depuis son départ. Je vais en cours tel un automate. Heureusement, la librairie, les clients et Émy me permettent de supporter le poids dans ma poitrine.

Liam aussi s'efforce de me faire oublier l'absence et la difficulté de gestion des décalages horaires. Mon rythme de sommeil est complètement chamboulé parce que Harry est d'un côté de la planète pendant que ma famille est à l'opposé. Et moi juste au milieu. On aurait pas pu faire plus simple.

Et pour couronner le tout, j'ai le sentiment de m'être complètement planté sur mon dernier examen de littérature. J'ai l'impression qu'il y a des semaines où tout fout le camp.

Trois coups frappés à la porte d'entrée de l'appartement m'interrompent dans mes devoirs. Je pose mon livre et mes lunettes sur la table basse et me lève du canapé où je m'étais installé. Je me dirige vers la porte alors que le visiteur frappe à nouveau.

Machinalement, je remet en place la mèche de cheveux qui me tombe sur les yeux et ouvre la porte. Mon regard croise le sien. Il me regarde par dessous ses cils, les deux mains posées sur le chambranle de la porte d'entrée, un sourire narquois aux lèvres. Il ne manquait plus que lui pour déclarer définitivement ma semaine, comme une semaine de merde.

J'ai tourné la page, je le sais. Je n'ai plus aucun sentiment à son égard. Mon cœur appartient tout entier à Harry. Je suis bien. Je suis heureux.

Il m'a envoyé plusieurs messages depuis notre dernière entrevue à la librairie. Et même si je sais exactement où j'en suis, j'ai cette sensation de sentir mon estomac tomber lorsque j'ouvre ses messages. J'ai répondu à certains, pas à tous. Et le voilà, devant ma porte.

Une chaleur envahit ma poitrine. Mais le genre de chaleur désagréable qui vous empêche de respirer, celle qui se propage le long de votre colonne vertébrale.

« Matt ! Qu'est-ce que tu fais là ?

- Tu réponds pas à mes messages.

- Oui. Ça signifie que je n'ai pas envie de te voir, ou t'entendre.

- Louis... Allez ! Laisse-moi entrer au moins. Qu'on discute.

- Non. J'ai rien à te dire. Qu'est-ce que tu ne comprends pas là-dedans ?

- Écoute, j'ai été un connard la dernière fois qu'on s'est vu. Essayer de profiter de ton mec, c'était inapproprié.

- S'il y avait que ça.

- Louis, j'ai vraiment envie de savoir comment tu vas, comment ça se passe dans ta vie depuis que tes parents sont partis. Que tu me racontes comment tu as rencontré Harry. »

Je soupire et passe la main dans mes cheveux.

« On était amis. On discutait pendant des heures avant. »

Je suis fatigué. J'ouvre un peu plus la porte et me tourne dans le salon. Matt referme la porte derrière lui. J'ai capitulé.

*

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#Justthewayfic

💚 💙