Chapitre 21
*Louis*
J'aimerais retrouver la quiétude avec laquelle je me suis réveillé ce matin, le corps chaud d'Harry entre mes bras. Mais voilà, il est 17h30 et l'angoisse que je ressens me pèse de plus en plus. J'ai envie de lui envoyer un message pour lui dire que je ne peux pas le voir, que j'ai un contretemps. Mais je sais qu'il ne laissera pas tomber. D'abord, il fera comme s'il comprenait, après tout ce temps. Il me souhaitera une belle vie et puis il retournera la situation pour me faire culpabiliser et finira par dire quelque chose de blessant. Ensuite, il me laissera quelques jours, peut-être quelques semaines et puis, un matin, sans que j'y sois préparé, je recevrai son message en toute innocence. Je n'ai vraiment plus envie de ce genre de relation.
Je soupire longuement, les yeux perdus sur le rayonnage en face de moi, qu'Émy m'a demandé de ranger.
« Louis ? Tu vas bien ? me demande Émy en s'approchant de moi, me sortant de ma torpeur.
- Oui. Oui, ça va !
- Tu sembles perdu dans tes pensées depuis au moins cinq minutes et tu n'as pas franchement été très loquace aujourd'hui.
- Oh, je suis désolé Émy. Ça ira mieux demain. Je suis juste un peu fatigué.
- D'accord. Tu termines de ranger avant de partir ?
- Oui oui bien sûr, je m'y remets. Désolé, encore. »
Émy s'éloigne et me jette un coup d'œil avant de retourner derrière le comptoir où elle retrouve sa sœur, venue lui faire une visite avec sa petite fille, née quelques semaines plus tôt. Je m'active à terminer ma tâche avant de rejoindre la réserve pour récupérer mon manteau. La journée a été calme, ce qui n'a pas aidé à la mélancolie que je traîne depuis ce matin. Je salue les deux sœurs toujours en train de discuter et sors de la librairie.
Il fait froid aujourd'hui. Décembre vient de commencer. Les rues sont illuminées des décorations de Noël et les passants déambulent, le regard levé vers le ciel. Je n'aime pas trop cette période de l'année, surtout maintenant que ma famille s'est exilée à Los Angeles. Nous n'avons pas encore évoqué les fêtes de fin d'année avec Harry. Je suppose qu'il passera Noël avec sa mère et sa sœur, et qu'il sera invité à une grande soirée pour le nouvel an.
Il est 18h pile. L'heure fatidique est enfin arrivée. J'ai un poids sur la poitrine qui m'empêche de respirer normalement. Matt et moi avons rendez-vous dans la rue. Je descends vers le pub en fumant une cigarette. Je savoure chaque bouffée pour me détendre, en consultant mon portable. J'envoie un rapide SMS à Harry pour lui dire que je ne rentre pas tout de suite. Il travaille ce soir, je serai rentré avant lui de toute façon. Mais, même si je ne lui ai pas dit que je voyais Matt, je préfère lui dire que je ne rentre pas directement après ma journée de travail.
Je termine ma cigarette, éteins le mégot et le jette dans la première poubelle que je croise. Je relève la tête et je le vois. Il marche vers moi, emmitouflé dans sa doudoune, bonnet sur la tête et mains dans les poches. Je sens mon corps se vider, mon ventre se tordre. J'ai aimé cet homme avec toute mon âme, jusqu'à avoir le sentiment de la perdre. J'ai détesté cet homme de tout mon être et pourtant ce soir, en le regardant marcher vers moi, je ne suis qu'une confusion de sentiments.
Matt se plante devant moi et me sourit. Il est toujours aussi beau. Son visage fin illuminé par son sourire et ses yeux bleus brillants. C'est étrange comme situation. La dernière fois que nous nous sommes vus, je me souviens que nous nous sommes quittés sur un baiser. Il n'était pas parti qu'il me manquait déjà. Je ne voulais pas quitter ses bras. Mais là, deux ans et quelques mois plus tard, comment suis-je censé le saluer ? Mon cerveau commence déjà à se poser mille questions. Finalement, c'est lui qui engage la conversation.
« Salut Louis ! Désolé je suis un peu en retard !
- Pas de problème. Je sors tout juste du travail.
- Oui, j'espérais pouvoir venir te chercher et voir où tu travailles, mais il y a eu un incident de métro.
- Ah »
Je ne sais pas quoi lui répondre. Je ne sais pas comment il sait où je travaille. Je lui indique le pub sur le trottoir en face de nous et nous traversons la rue pour nous engouffrer dans le bar. Il y a pas mal de monde pour un début de soirée et il nous est difficile de trouver une table isolée de la cohue environnante. Nous nous installons, l'un en face de l'autre. Je retire ma veste et Matt en fait de même, découvrant ses bras entièrement tatoués. Il a bien plus de tatouages qu'il y a deux ans. Pas seulement sur les bras, d'ailleurs, puisque je repère une rose sur son cou, juste sous son oreille gauche. Je détourne le regard quand il me surprend à m'attarder sur les dessins qui recouvrent son corps. Nous commandons chacun une bière. J'ai les deux mains sous la table et je triture les manches de mon pull. Je suis mal à l'aise. Je suis nerveux. Je regarde autour de moi, n'osant pas croiser le regard de Matt. Lui, bien sûr, est sûr de lui. La serveuse dépose nos pintes sur la table avec un petit bol de chips.
« Alors mon Louis, comment tu vas ? Je suis content que tu aies accepté qu'on se voit. Ça fait si longtemps.
- Oui..., je souffle. Ça va ! Et toi ?
- Ça va aussi ! J'enchaîne les p'tits boulots en ce moment et je viens de m'installer à Londres. C'est plus facile, pour décrocher des contrats.
- C'est cool. Londres est une ville agréable. Je n'ai jamais compris pourquoi tu ne t'y étais pas installé avant.
- C'était plus simple d'être à Manchester. Près de ma famille.
- Près de lui, tu veux dire, non ? »
Ça me brûlait les lèvres. Ça fait vingt minutes que l'on s'est retrouvé, et je veux déjà savoir s'ils sont toujours ensemble. Je suis pathétique.
« Louis !
- Quoi ? C'est faux peut-être ? C'est pas pour être avec lui, que tu n'as pas voulu rester avec moi à Londres quand j'ai commencé les cours à l'université ?
- C'était plus compliqué et tu le sais. Il partageait ma vie. Je ne pouvais pas le quitter comme ça !
- Partageait ? Vous avez rompu ?
- ....
- Non... bien sûr que non. En fait, c'est lui qui est venu s'installer à Londres et toi tu l'as suivi.
- Oui, il répond simplement.
- Pourquoi tu m'a recontacté ?
- Je voulais savoir comment tu allais.
- Ça fait deux ans que tu es parti. Pourquoi maintenant ? Parce que tu es à Londres ? Qu'il va bosser comme un dingue pendant que toi tu vas galérer à garder un boulot ! Tu t'es dit « tiens je vais rappeler Louis et puis ça m'occupera ! »
- Louis... Arrête ! Qu'est-ce qui t'arrive ?
- Je sais pas pourquoi je suis là, je n'aurais pas dû te répondre en fait !
- Louis, attends ! »
Je me lève et prends ma veste. Tout en l'enfilant, je me dirige vers la sortie. Il y a vraiment trop de monde ce soir et j'ai du mal à gagner la porte. Le froid me saisit dès que je me retrouve sur le trottoir. Je passe mes deux mains sur mon visage et je sors une nouvelle cigarette. Je commence à remonter vers le métro quand je sens la main de Matt attraper mon bras.
« Louis, s'il-te-plait, attends !
- Non, on a rien à se dire Matt. On va pas encore se remémorer nos beaux moments, parler du passé. Tu sais pertinemment que ça ne mènera nul part. On risque de passer un bon moment, je te l'accorde mais demain il y aura quoi ? Ton silence. Ton absence. Comme d'habitude. Et puis de toute façon, ça n'a plus d'importance... Vraiment, je...
- Mais c'était sympa nous deux, il m'interrompt. Ça pourrait être toujours bien, juste du bon temps, juste du plaisir... Laisse-toi aller un peu, Louis...
- Non... Non ! Je ne suis pas disponible et même si je l'étais je ne retomberais pas dans tes bras ! »
La poigne de Matt se resserre sur mon bras et il me tire à lui. Nos visages sont à quelques centimètres l'un de l'autre. Il passe sa main sur ma joue et plante ses yeux bleus dans mon regard. Je baisse les yeux. Je ne peux pas soutenir son regard. Mon cœur bat trop fort dans ma poitrine. Je veux me dégager mais je n'y parviens pas. C'est comme si mes forces m'avaient quitté. Matt réduit l'espace qui nous sépare. Il relève mon menton et dépose ses lèvres au coin des miennes. C'est électrique. Je me recule et me dégage instantanément.
« Mais ça va pas ! Je suis pas comme toi Matt. Je suis pas DISPONIBLE. Qu'est-ce que tu ne comprends pas ?
- Arrête Louis ! Je suis sûr que c'est faux. Tu dis ça pour que je renonce à toi mais je pense plutôt que tu essaies de te convaincre toi !
- Écoute, on n'aurait pas dû se revoir. Ça ne sert à rien. C'est terminé depuis longtemps, depuis le jour où tu m'as laissé vivre seul à Londres et que tu as fait un choix. J'ai plus de place pour toi. Alors, laisse-moi tranquille. OK ? Oublie mon numéro ! »
Je parviens enfin à détacher mon bras de la main de Matt, dans un geste plus brusque. Je tourne les talons et accélère le pas jusqu'à atteindre l'entrée du métro. J'entends Matt me rappeler mais ne me retourne pas. Je descends l'escalier et passe le tourniquet. Sur le quai, je m'assieds en attendant la prochaine rame et souffle tout l'air retenu dans mes poumons. J'ai l'impression d'avoir trahi Harry, alors que je l'aime plus que tout.
Il est près de 20h quand je rentre à l'appartement et comme je m'y attendais Harry n'est pas encore rentré. Je monte me débarrasser de mes vêtements et prendre une douche. L'eau chaude qui coule sur mon corps me réchauffe et détend la tension dans mes épaules. C'était vraiment une mauvaise idée de voir Matt ce soir, de revoir Matt tout simplement. Je ne sais pas pourquoi j'ai pensé que ça me permettrait de tourner la page définitivement. Il fait partie de ces personnes qui plus elles vous font du mal, vous rabaissent, plus vous vous accrochez. Je me suis souvent (tout le temps ?) considéré comme quelqu'un qui ne pourra jamais être totalement heureux et avoir Matt dans ma vie me permettait de croire que j'étais important pour quelqu'un. Que j'avais une place particulière. Je me suis accroché pendant des années à cette illusion. Matt s'en va et revient dans ma vie (comme une chanson populaire) et pendant toutes ces années, je crois qu'il n'y a pas eu un jour où je n'ai pas pensé à lui. Et puis, Harry est entré dans ma vie et je me suis aperçu que mon cœur n'avait jamais vraiment aimé et surtout qu'on ne m'avait jamais vraiment aimé, qu'on ne m'avait jamais considéré comme la personne la plus importante d'une vie. Depuis que j'ai rencontré Harry, je vis chaque jour sans avoir peur du lendemain, sans craindre l'arrivée d'un message qui m'anéantira. On a connu un début compliqué parce que tout allait trop vite entre nous mais finalement, je suis tellement heureux de ne pas avoir cédé à la panique et de me laisser porter par l'amour d'Harry.
Je coupe l'eau et sors de la douche. Je me sèche et passe un survêtement. Je descends dans le salon et connecte l'ordinateur. Il est 15h à Los Angeles, je vais appeler mes parents. Ça fait des jours que je ne les ai pas eu en ligne. Pendant que l'ordinateur s'allume, je me prépare une tasse de thé et prends mon téléphone sur le comptoir. Évidemment, il y a un message. J'efface l'historique de la conversation sans même l'ouvrir.
Je m'installe sur le canapé et lance une conversation Skype. Ma mère répond, installée à la terrasse du restaurant. Le soleil brille à Los Angeles. Elle est radieuse.
« Bonjour mon cœur ! Comment vas-tu ?
- Bonjour Maman, ça va et toi ? »
Nous discutons de banalités, du temps qu'il fait, de l'activité du restaurant, de mon père, de mes sœurs et leurs résultats scolaires. Ma mère m'interroge sur les cours et la librairie. Elle me parle d'Harry.
« Félicité nous a montré les photos de la soirée où vous êtes allés ensemble. Vous étiez tellement beaux ! Tu aurais pu m'envoyer une photo quand même !
- J'avoue ne pas y avoir pensé. On n'en a même pas fait pour nous !
- Pour une fois, on peut remercier la presse alors. Ça va ? Depuis ce jour-là ?
- Oui. Très bien. Harry et moi sommes vraiment bien tous les deux.
- Tu n'as pas de soucis avec ses fans ?
- Non. Je sens parfois des regards sur moi, mais ça va. Quand on sort, c'est un peu plus compliqué. Harry a l'habitude et repère les paparazzis. On pourra pas éviter les photos de toute façon. On essaye juste de faire attention.
- Bon... Je suis contente si tout se passe bien alors. Ton père est toujours inquiet par rapport à votre relation. Un peu plus depuis qu'Harry a officialisé.
- Officialisé ? C'est un bien grand mot quand même.
- Louis, vous vous montrez en public. C'est important.
- Oui. Je ne sais pas. Vous ne voyez que ce que la presse publie. Mais la réalité est tout autre. Moi je vais en cours et à la librairie comme avant. Harry travaille. En fait, on est un couple aussi ennuyeux que les autres, je lui dis en riant.
- Peut-être... Enfin, le principal c'est que tu sois heureux et serein. Mais je te trouve bien fatigué aujourd'hui.
- Oui, j'ai eu une grosse journée mais ça va.
- Tu veux m'en parler ?
- Oh tu sais, c'est rien. Une journée de travail.
- Vraiment Louis ? Je te connais...
- Maman... je souffle, parce que je sais que le moindre de mes gestes peut trahir mon anxiété.
- Louis... Ce n'est pas parce que tu as 24 ans, que je suis loin, que tu ne peux pas te confier à moi. S'il y a quelque chose qui te tracasse, tu peux m'en parler. Je t'écouterai et essayerai de t'aider.
- C'est gentil, mais je pense avoir réglé le problème....
- D'accord...
- Matt m'a recontacté, je soupire, et on s'est vu ce soir...
- Oh !
- Mais ça va hein ! Je lui ai dit que j'avais quelqu'un dans ma vie et je lui ai demandé de m'oublier.
- Bien. Tu vas vraiment bien ?
- Oui oui ça va. Ça m'a un peu retourné sur le coup. Ça faisait plus de deux ans qu'on ne s'était pas vu mais ça va.
- Quand Harry va rentrer, tu vas pouvoir te faire cajoler.
- Oui... je réponds en détournant le regard.
- Louis ? Tu n'as pas dit à Harry que tu voyais Matt ?
- Non. Pour quoi faire ? Il n'y a rien et je pense que cette fois il ne me recontactera plus.
- C'est préférable de ne pas avoir de secret, surtout quand il s'agit d'un ex-petit-ami ! Je ne pense pas que ça te plairait si Harry revoyait l'un de ses ex dans ton dos ! L'honnêteté c'est primordial dans un couple, Louis. Surtout dans ta relation avec Harry. Mais bon... Si tu juges que ce n'est pas nécessaire...
- J'en ai parlé à Liam, lui non plus ne comprend pas que je n'en parle pas à Harry. Mais, si j'en parle à Harry, je devrais tout lui raconter. Et tu sais pertinemment que je ne suis pas fier de moi.
- Je ne pense pas qu'Harry te jugerait. Réfléchis Louis. Ce que tu caches à Harry pourrait un jour être révélé.
- Maman... je pense que tu dramatises hein ! J'ai été boire un verre avec un ancien ami. Point.
- Très bien. Tu veux parler à ton père ? Je crois qu'il est encore en cuisine à finir de ranger, mais je peux l'appeler.
- Non, passe-lui le bonjour pour moi... Je vous rappelle bientôt.
- D'accord, mon ange. On t'aime.
- Moi aussi Maman. »
Nous mettons un terme à la communication. Je suis un peu perdu après cette conversation à propos de Matt. Mais je reste persuadé que ça ne vaut pas la peine d'en parler à Harry. Si je pouvais éviter de lui parler de cette partie, pathétique, de ma vie.
Je m'assoupis sur le canapé en attendant qu'Harry rentre. J'ai hâte de le retrouver. Il commence vraiment à être tard. Je décide de lui envoyer un message.
Message de Louis à Harry : Tu rentres bientôt ? Ton petit-ami s'ennuie de toi ^^
Message de Harry à Louis : Il suffit de demander
J'entends les clefs dans la serrure de la porte d'entrée. Je me lève immédiatement du canapé pour aller me blottir dans les bras d'Harry. Mon corps percute le sien et ça lui fait légèrement perdre l'équilibre. Mes mains plaquées dans son dos, je relève mon visage vers le sien et viens chercher ses lèvres. Harry m'embrasse tendrement mais moi j'y mets toute ma détresse de la journée.
« Lou, ça va ? Je rentre si tard que ça ? J'ai pas vu l'heure !
- Non, c'est juste que tu m'as manqué aujourd'hui.
- Je suis là maintenant ! »
Il me serre dans ses bras et la chaleur de son corps me fait du bien. Mon cœur devient plus léger quand ses lèvres déposent de petits baisers dans mon cou pendant que ses mains caressent mon dos. Il met fin à notre étreinte pour se débarrasser de son manteau. Il me raconte sa journée en se préparant un sandwich. Je l'écoute attentivement, le dévorant des yeux. Harry est beau et souriant malgré sa journée de travail. Il me parle doucement et m'explique comment l'organisation de sa tournée prend forme. Il est passionné. Il est impatient. Son bien-être est communicatif. Nous passons le reste de la soirée, enlacés dans le canapé. Sa tendresse me réconforte mais surtout je m'aperçois que je ne pourrais plus me passer de lui, de son être tout entier. Je me cale un peu plus contre lui et passe mon bras en travers de son ventre.
« Je t'aime ».
*Harry*
« Allez Harry, encore une série de dix et après on passe à la course à pied »
J'inspire, les deux bras croisés sur ma poitrine, en amorçant ma descente. Je suis déjà épuisé mais Mitch ne lâche rien. Ses mains en appui sur mes pieds, il fait le décompte. La série terminée, je m'écroule sur le sol à bout de souffle. Mitch me jette une serviette et tend sa main vers moi pour m'aider à me relever. Je me dirige vers le banc et prends ma bouteille d'eau dans mon sac. Je change de t-shirt et enfile mon pull à capuche gris. Je mets mon bonnet et ma capuche et, à peine ai-je repris mon souffle, Mitch frappe dans ses mains et nous sortons de la salle de sport. Nous nous engageons vers le parc pour commencer notre course.
Il fait de plus en plus froid et l'air qui s'infiltre à chaque respiration me brûle les poumons. Nous amorçons notre troisième tour de parc. J'ai mal aux jambes. Mitch a insisté pour qu'on commence l'entraînement dès le mois de décembre et pas en janvier, un mois avant le début de la tournée. Le rythme des concerts et des déplacements est difficile à supporter si on n'est pas en forme. Et j'avoue que depuis la fin de la dernière tournée, j'ai totalement arrêté le sport.
Alors quand au bout du sixième tour, je m'arrête à bout de souffle contre un arbre, je me fais la promesse de ne plus jamais arrêter le sport, juste avoir un rythme moins soutenu. Mitch s'approche de moi en petites foulées.
« Alors, Harry, tu fatigues ? Encore un p'tit dernier ?
- Non, j'en peux plus là...
- OK ! Tu as fait plus que je ne l'aurais pensé ! Donc c'est bon pour aujourd'hui. On rentre.
- Merci !
- Et puis il fait vraiment froid aujourd'hui. Ça n'aide pas.
- C'est clair ! »
Nous rentrons en marchant jusqu'à la salle, et après quelques étirements, je file prendre une douche chaude pour me détendre. Dans le vestiaire, pendant que je m'habille, Mitch s'assied sur le banc et commence à énumérer le programme de la semaine prochaine et les conseils diététiques. Quand je récupère la liste qu'il me tend, je me dis que Louis va être ravi.
« Pourquoi tu souris comme un imbécile devant ma liste ?
- Parce que les repas que je vais partager avec Louis, il va faire la gueule !
- Il se rattrapera pendant ton absence !
- M'en parle pas !
- Vous avez prévu quelque chose pour les fêtes de fin d'année. C'est déjà la semaine prochaine !
- Je pensais qu'il voudrait aller à Los Angeles voir sa famille mais non, il reste à Londres. On ira ensemble chez ma mère, je pense.
- Et le jour de l'an ?
- Je ne sais pas encore. J'ai reçu pleins d'invitations mais je n'ai répondu à aucune. Il faudrait qu'on en parle. Je crois qu'en ce moment, on se laisse porter au jour le jour, on fait pas de projet. Si on fait des projets, ça veut dire qu'on se projette dans le temps et du coup, la tournée arrivera plus vite.
- Il va bien falloir vous décrocher un peu. Et puis, c'est pas la première fois que vous allez être séparés.
- Je sais. Mais je pars cinq mois.
- Mais tu rentreras quelques fois et Louis pourra te rejoindre parfois, non ?
- Oui. On va s'organiser pour que ça arrive. Mais entre ses cours et son boulot, ça risque d'être compliqué. Enfin, on verra !
- Vous surmonterez ça ! Sinon...
- Sinon ?
- Bah tu es un artiste, Harry ! Alors si Louis ne supporte pas de te voir partir en tournée, votre relation sera forcément compromise !
- Oh... Oui, bien sûr mais j'ai confiance en Louis. Je sais que la séparation va être difficile mais on la surmontera. J'ai peu de doutes là-dessus.
- Parfait. Parce que tu ne dois pas te laisser déborder par tes sentiments. Niall m'a un peu raconté le début de votre relation et à quel point tu étais anéanti de ne pas avoir de nouvelle de Louis. C'est important que tu fasses la part des choses. Et pour ça rien de tel que le sport si tu as besoin d'évacuer !
- Oui, en fait c'est pas que tu as peur que ma relation avec Louis ne tienne pas pendant la tournée, tu essayes juste de me vendre un programme sportif ! Hein ? Avoue ?
- Je suis démasqué !!! Non, sérieusement Harry, je sais que Nick est d'accord avec moi sur ce point. Tu dois faire abstraction de tes sentiments. Dès que la tournée commence, tu ne dois te concentrer que sur ton travail.
- Ah Nick et toi parlez de ça ! OK...
- On parle pas dans ton dos Harry. On veut juste que tu travailles dans les meilleures conditions pour que tout le monde, fans et maison de disques, soit satisfait. C'est un monde de requins, tu le sais très bien.
- Oui. Bon, sur ces bonnes paroles, hein ! Je vais aller retrouver mon homme et profiter de lui pendant que j'en ai encore la possibilité. A demain Mitch ! »
Je salue mon coach de la main en me dirigeant vers la sortie, sac sur l'épaule. Je monte dans la voiture et soupire. Je déteste quand un moment agréable tourne en leçon de morale à deux balles. Louis et moi savons très bien ce qui nous attend et nous parviendrons à nous organiser pour ne pas trop souffrir de la distance entre nous.
Il est à peine 17h, alors je décide de faire un crochet par la librairie pour retrouver Louis et rentrer ensemble à l'appartement.
La circulation est un peu encombrée dans Londres ce soir et je mets plus de trente minutes à rejoindre ma destination. Je stationne la voiture en face de la librairie, descends et traverse rapidement la rue.
La clochette de la porte retentit à mon entrée et l'odeur du café chaud emplit mes narines. Quel plaisir...
Émy m'accueille avec un grand sourire. C'est tellement agréable de la voir, toujours de bonne humeur même si Louis m'a déjà dit qu'elle pouvait être dure et sarcastique face à certains fournisseurs ou clients un peu trop condescendants.
« Harry, bonjour. Quel plaisir de te voir !
- Bonjour Émy, tu vas bien ?
- Oui. Et toi ? Tu rentres du sport on dirait.
- Oui. On a commencé l'entraînement, je suis mort !
- Tous les week-ends, je me dis qu'il faudrait que je m'y mette et tous les week-ends, je reste tranquille chez moi ! Je t'offre un café ?
- Oui, avec plaisir. »
Je m'installe sur un tabouret du bar et jette un rapide coup d'œil dans la librairie à la recherche de Louis. A défaut de le voir, j'entends sa voix.
« Une maman avait une course à faire et m'a demandé de garder ses petits. Louis est en train de raconter leur histoire favorite. Il est vraiment passionné par cet univers.
- Il prend beaucoup de plaisir à travailler avec toi Émy. Il est intarissable sur la librairie.
- C'est un plaisir de travailler avec lui. Je suis vraiment contente qu'il se soit présenté à moi. En plus, ma sœur est accaparé par son bébé et je ne suis pas certaine de la revoir par ici avant un très long moment. Et puis Louis a une manière d'aborder notre métier très intéressante. Il ne louperait un mercredi matin pour rien au monde par exemple. Tu devrais t'approcher et aller l'écouter. Tiens, ton café.
- Merci Émy. »
Je me dirige doucement vers la voix de Louis et sans me montrer, je l'aperçois, assis en tailleur, trois enfants avec lui dont une petite fille entre ses jambes, accrochée à son doudou. Le spectacle est magnifique à mes yeux, un peu comme une projection du futur que je nous souhaite à Louis et moi.
Il raconte l'histoire en changeant sa voix quand c'est nécessaire. Les enfants l'écoutent attentivement, suspendus à ses lèvres. Sa voix est mélodieuse et me transporte dans l'histoire, si bien que je n'entends pas la femme arriver à côté de moi.
« Je devrais les laisser ici plus souvent. Louis est merveilleux. Moi je ne parviens pas à les intéresser autant.
- Oui, j'avoue que c'est surprenant. »
L'un des enfants repère sa maman et se dirige vers elle. Louis s'interrompt et relève son visage. Dès qu'il m'aperçoit, il me gratifie de son magnifique sourire. Je m'approche de lui et tends les bras vers la petite pour que Louis puisse se relever.
« Tu es là depuis longtemps ? dit-il en s'approchant de moi et déposant un rapide baiser sur mes lèvres.
- Pas suffisamment pour avoir entendu le début de l'histoire. Et la maman est arrivée trop tôt pour que je connaisse la fin.
- Viens un mercredi matin, la conteuse la raconte mieux que moi !
- Je ne sais pas. Ta voix collait très bien je trouve et les enfants étaient très attentifs.
- Ils sont crevés surtout, oui !
- Oui, Louis a raison. Ils sont fatigués, nous interrompt la maman. Je vous débarrasse de mon bébé ?
- Oh ! Euh oui bien sûr ! je réponds en lui tendant son enfant.
- Merci Louis de vous être occupé des enfants.
- C'était un plaisir. »
La maman s'éloigne avec ses enfants et Louis range les coussins et le livre dans le bac dédié à cet effet. Nous rejoignons Émy.
« Louis tu peux y aller si tu veux, je vais finir de ranger et fermer.
- Merci Émy. On se voit demain.
- Au revoir Émy !
- Au revoir Harry, à bientôt ! »
Louis et moi sortons de la librairie et je ne peux m'empêcher de saisir sa main pour lier nos doigts. Je dégage son menton caché sous son écharpe et lui donne un vrai baiser.
« Bonsoir Lou !
- C'est gentil d'être venu me chercher !
- On a fini tard avec Mitch et sur une conversation qui m'a gavé alors j'ai eu envie de te retrouver plus rapidement.
- Qu'est-ce qu'il s'est passé ?
- Oh rien de grave, mais Mitch est parfois chiant. Il écoute trop Nick et n'a pas confiance en moi.
- Explique-moi !
- Il pense que je pourrais manquer de professionnalisme si l'éloignement entre toi et moi devenait insupportable...
- Ça sera insupportable mais on fera avec.
- Exactement. »
Nous rentrons à l'appartement tout en discutant et comme à chaque fois, Louis me conforte dans mes sentiments à son égard. Il me rassure sur notre relation, sur le fait qu'il me soutiendra quoiqu'il arrive et qu'il sera présent autant qu'il le pourra pour moi pendant que je serai en tournée.
Pendant que Louis nous prépare à dîner, j'appelle ma mère pour prendre de ses nouvelles. Lorsque je raccroche, Louis a déjà mis le couvert et amène nos assiettes sur la table. Je sors une bouteille de vin blanc et nous sert un verre à chacun.
« Ma mère demande si nous sommes disponibles pour Noël. Tu es sûr de ne pas vouloir partir à Los Angeles ?
- Oui, je suis sûr. Même si j'aurais adoré passer Noël avec ma famille, je n'ai pas de congé à la librairie.
- On fête Noël avec ma famille alors ? Ça te va ?
- Oui c'est parfait.
- Et pour le jour de l'an ? Tu as des projets ?
- Je n'ai pas vu Liam depuis un moment et on en a pas parlé. On pourrait organiser un p'tit truc chez moi avec Niall et Sarah, Liam et Sophia. Tu en dis quoi ?
- Juste... nous six ?
- Oui ! Tu préfères aller à une soirée où tu es invité, avec plus de monde ?
- Non non... Nous six ça peut être sympa, c'est juste... bizarre !
- J'aime pas trop les fêtes de fin d'année !
- Oh... pourquoi ?
- J'ai l'impression qu'on doit toujours faire le meilleur réveillon, être entouré de pleins de personnes alors qu'en fait, parfois, une seule personne suffit. »
Louis me regarde à travers ses cils, un peu gêné. Je me lève et m'approche de lui. J'enlace ses épaules. Mes lèvres déposent un baiser dans son cou.
« On peut aussi rester que toi et moi... même partir quelque part, si tu veux. Pourquoi pas à Brighton, chez Marthe ? On avait passé un bon week-end...
- Je ne veux pas te priver d'une bonne soirée Harry.
- Il n'est pas question que je passe la soirée sans toi, surtout celle du nouvel an, et je sais que tu n'aimes pas être au milieu de dizaines de personnes.
- C'est vrai, mais je peux faire un effort pour toi. Ce sera plus agréable de retourner en bord de mer au printemps en plus.
- D'accord. On va choisir à quelle soirée on va aller alors. Et tu peux proposer à Liam si tu veux.
- Je passerai le voir demain. Je lui en parlerai. »
Nous finissons de dîner et je lui raconte à quel point Mitch m'a épuisé. J'ai déjà mal partout et je n'imagine pas le réveil demain matin. Alors quand Louis me fait une proposition des plus alléchante, je ne peux refuser. Louis monte dans la salle de bain et nous fait couler un bain chaud. Pendant ce temps, je range les vestiges de notre repas.
Le portable de Louis est resté sur le comptoir et vibre depuis plus de deux minutes. Je m'approche de l'appareil. Un numéro non enregistré dans son répertoire apparaît. Comme la personne semble vouloir vraiment joindre Louis, je décroche.
« Allô ? »
Personne ne répond.
« Allô ? »
Finalement, la personne raccroche et le téléphone ne reprend pas sa mélodie.
Je rejoins Louis dans la salle de bain.
« Ton portable a sonné et j'ai décroché mais personne n'a répondu. Sûrement une erreur !
- Oui, sûrement. Tu viens ? »
Tandis que la baignoire se remplit, Louis s'approche de moi et « m'aide » à me dévêtir. Ses mains parcourent mon corps endolori, ses lèvres tracent un chemin imaginaire de mon cou à ma poitrine. Il passe ses mains dans ma nuque et vient détacher mes cheveux. J'enlace Louis et le serre fort contre moi. La chaleur de son corps me procure un bien-être qui s'intensifie lorsque nous nous retrouvons dans l'eau chaude de notre bain.
Jamais je n'aurais imaginé autant apprécier la présence de quelqu'un auprès de moi. Jamais je n'aurais imaginé autant apprécier la chaleur d'un bain. Mais Louis rend tout toujours meilleur. Je prie pour que le sentiment que je ressens en ce moment même ne s'arrête jamais...
*
* *
Alors... non mon Mitch n'est pas Mitch Rowland, le guitariste d'Harry... Mais avez-vous reconnu Matt ?
#Justthewayfic
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