Chapitre 6
Partir en week-end avec sa meilleure amie qui vient de se mettre en couple n'est pas l'idée du siècle.
Constantin et moi avons dû nous occuper de récupérer les clés de notre suite, pendant que les deux amoureux se bécotaient derrière nous.
Quand nous rentrons dans notre suite, ils s'empressent d'aller dans leur chambre en nous laissant seuls Constantin et moi.
Ce week-end va être long, très long.
Je contemple notre majestueux salon tout en lambris, avec une magnifique cheminée dans un coin, entourée de plusieurs canapés anthracites en velours. Puis me dirige vers la baie vitrée qui donne sur la gigantesque forêt posée sur les montagnes.
—Tu es belle, lance Constantin à voix basse.
Troublée, je me tourne vers lui. Je prends sur moi pour ne pas grimacer face à cette horrible moustache.
Du coup je rabats mes yeux sur la vue flamboyante pour éviter de la regarder.
—Merci.
—On regarde un film ? propose-t-il de manière timide. Le restaurant ouvre qu'à midi.
—Ton idée de moustache vient de toi ou...
—T'aimes pas ?
Ses yeux inquiets attendent ma sentence.
—Si, si..C'est pas ça...
Allez Jeanne, ai le courage de dire haut et fort ce que tu penses, m'encourage ma petite voix intérieure.
—Tu devrais la raser.
Ses deux orifices marrons s'arrondissent. Sa bouche s'ouvre en grand en mode choqué.
J'y suis peut-être allé trop franco ?
Je le fixe sans savoir quoi faire, ni dire. Il paraît tellement abattu. Je me racle la gorge, avant de prendre une profonde inspiration.
—Ce que je voulais dire...c'est que je te trouvais plus mignon avant.
Un large sourire apparaît sur son visage.
—Je reviens ! lache-t-il en accourant vers sa valise qu'il traîne aussitôt vers une porte que je devine être la salle de bain.
Soulagée de ne pas avoir envenimé les choses, je me détends enfin pour la première fois depuis que je me suis réveillée. Avec un sourire aux lèvres, je prends ma valise pour aller m'installer dans la seconde chambre de la suite.
Cette chambre est magnifique. Elle est spacieuse, avec du bois sur les murs qui la rende chaleureuse.
Mais les lits sont trop proches.
Première étape avant de déballer mes affaires : les séparer au maximum. Je me dépêche de le faire avant que Constantin revienne.
Trois minutes plus tard, je contemple de manière satisfaite nos deux lits séparés par la table de chevet.
Bien joué Jeanne.
Lorsque Constantin me rejoint un quart d'heure plus tard, je manque de lui sauter au cou tellement je suis heureuse de ne plus voir cette horrible moustache me narguer.
Est-il possible d'avoir la phobie des moustaches ?
Peu importe, je lui offre mon plus beau sourire.
—Tu es dix fois mieux comme ça !
Il esquisse un sourire gêné, et je constate qu'il en a profité pour se changer. Bien évidemment il porte encore une chemise mais plus sobre cette fois, elle est d'un beau marron chocolat. Un jean noir bien taillé, mais je tique quand mon regard se pose sur ces horribles mocassins noirs avec une boucle dorée par dessus.
Je vais quand même pas lui demander de changer de chaussures.
Argh ! Pourquoi Alex n'a pas de frère jumeau ?
—Alors tu veux regarder un film ? suggère-t-il d'une voix plus assurée. Ou tu préfères qu'on aille faire le tour du chalet ?
Constantin a beau ne pas être mon style de mec, il possède cette qualité que j'apprécie beaucoup chez lui : sa gentillesse. Il ne m'en veut pas de lui avoir demandé de raser sa moustache. Au contraire j'ai l'impression qu'il veut que mon bien.
J'acquiesce avec un sourire à sa seconde proposition, curieuse de découvrir cet immense chalet à trois étages.
On se dirige vers la porte d'entrée, mais un curieux silence plane de la chambre de Marysa et Alex. Je prie intérieurement pour qu'ils fassent juste une sieste et rien d'autre. Endurer leurs baisers est déjà une chose, mais encaisser leurs ébats sexuels m'anéantirai sur le champ.
Constantin et moi sortons dans le couloir en silence, quand une épaisse fumée blanche attire mon regard.
Trois jeunes sont adossés contre un mur en bois, et l'un d'entre eux fume. Je croise son regard noir, très profond, très déstabilisant, qui me dévisage de manière sévère.
Surprise par ses yeux sombres qui me fixent comme s'ils me provoquaient, je détourne mon regard sur ses vêtements noirs qui le recouvrent de la tête aux pieds. Il porte un col roulé noir qui lui monte jusqu'au menton, et met en lumière la blancheur de sa peau. Une petite barbe négligée entoure ses lèvres serrées, tandis que ses cheveux aussi noirs que ses yeux sont coiffés négligemment par du gel.
Un frisson désagréable parcourt mon corps pendant qu'on s'approche d'eux pour atteindre l'ascenseur.
Constantin pose sa main en bas de mon dos, alors que le jeune homme âgé d'une vingtaine d'années ramène la cigarette à sa bouche sans me quitter du regard. Je m'attends à ce qu'il recrache la fumée lorsque on va passer devant eux, mais il s'abstient en gonflant ses joues.
La porte de l'ascenseur s'ouvre en émettant un petit tintement, je souffle de soulagement. Un couple en sort heureux main dans la main.
Constantin qui est resté silencieux pendant la traversée du couloir, me pousse gentiment avec sa main dans l'ascenseur, quand soudain les lumières du plafond du couloir se mettent à grésiller.
Avant de s'éteindre brusquement.
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