Je décide d'aller me doucher en m'empêchant de me faire des fausses joies. Ok, il m'a laissé voir sa plaie monstrueuse, mais ça ne veut rien dire. La dernière phrase qu'il a prononcé dans la forêt, me revient aussitôt en tête :
« Tu ne me plais pas. »

L'effet est radical.
Plus aucun papillon ne vient parasiter mon coeur.
Plus aucun faux espoir.
Juste la réalité en face.

Lorsque je vais sortir de la salle de bain, il m'attendra à l'entrée, et son mutisme sera revenu en force.

C'est regonflée à bloc, que je sors de la douche et découvre des vêtements soigneusement pliés sur le coin du lavabo. Sam a dû les déposer là pendant que je me lavais.
En m'habillant, je prie pour que ce soit la dernière fois que je repose un pied dans cette salle bain. Je ne veux plus de coups.
Plus de sang.
Et plus de trahison.

Juste une fin de week-end paisible.

Cinq minutes plus tard, je quitte la salle de bain, et découvre Sam assis sur le lit de la chambre avec un beau sourire sur le visage.

Il sourit ?
Sam sourit ?

Oh oh. Il y a quelque chose qui cloche.
Soudain stressée, je reste immobile devant la porte de la salle de bain.

Il se lève pour s'avancer vers moi, toujours avec ce fichu sourire aux lèvres.
Depuis que je le connais, je l'ai vu sourire...trois fois. Oui trois fois en presque 48h, si je compte la scène de la salle de bain où il se moquait de moi parce que j'ai eu peur de son affreuse plaie au ventre.

Ma nervosité grimpe en flèche. Qu'est-ce qu'il a à sourire comme ça ? Pourquoi vient-il vers moi ?

Calme-toi Jeanne, et attends de voir ce qu'il a à te dire. Ça se trouve il va te demander de rentrer chez toi. Il va t'aider à préparer tes valises, et ciao bye-bye.

Lorsqu'il s'arrête à quelques centimètres de mon visage, mon coeur est prêt à exploser. Je fixe cette magnifique lueur noire qui se dégage de ses yeux, et son sourire qui a disparu.

Mince, il va parler.

—Qu'est-ce que tu veux faire ? demande-t-il d'une voix douce.

Mon cœur dérape. S'affole. Je m'attendais à tout sauf à ça.
Je fais quoi ?
Je dis quoi ?

Je le fixe dans les yeux, et d'une voix tremblante je tente une réponse :

—Oublier.

Ses yeux s'agrandissent. Me contemplent avec une douleur immense.

Il lève la main et instinctivement je me braque. Quand il la pose en douceur sur ma joue, je le dévisage le souffle coupé.

Qu'est-ce que tu veux Sam ? Qu'est-ce que tu vas encore me balancer en pleine gueule ?

—Je suis désolé pour avant, murmure-t-il.

J'ouvre la bouche, puis la referme en attendant la suite. Je connais déjà par cœur son refrain du pardon. Des excuses à chaque fois qu'il me repousse.

Sa main toujours posée sur ma joue, nos regards se croisent et je baisse les yeux, ne sachant pas très bien ce qui se passe.

—J'ai pas le droit...

Eh voilà, il recommence.

Il doit voir mon changement d'humeur, la colère et la peur qui surgissent de mes yeux, car il esquisse un petit sourire en posant sa main sur ma hanche pour se rapprocher de moi.

—J'ai pas le droit, me sourit-il, mais j'en ai envie.

Ses yeux descendent sur mes lèvres, une fraction de seconde, avant de les sentir tout d'un coup sur les miennes.

J'ai le souffle coupé par la surprise.
Tout en douceur, sa langue se faufile pour rencontrer la mienne, et me procure des milliers de petits frissons. Elle a exactement le goût que j'imaginais. Un goût sucré avec une légère touche de tabac. Je gémis de plaisir en accueillant un délicieux baiser, très tendre, qui me fait tourner la tête.

Alors qu'une de ses mains se faufile sur mon dos pour m'attirer contre lui, je passe les miennes autour de sa taille. La chaleur de son corps collé au mien est exquise.

—Tu me plais, dit-il dans un souffle. Tu me plais vraiment.

Il me lance un puissant regard, rempli de désir, avant de ramener sa bouche sur la mienne pour y glisser sa langue de nouveau.

Mon cœur bondit dans ma poitrine.
J'arrive pas à croire qu'il ait dit une chose pareille. Je lui plais ?

Heureuse, je réponds à l'intensité de son baiser, et le serre fort contre moi. Pas question que je le lache, ou qu'il recule pour regretter. J'ai besoin de lui, là, maintenant, et rien ni personne ne pourra nous déranger.

En continuant de m'embrasser comme un dieu, il agrippe l'arrière de mes cuisses et me soulève. Un nouveau trouble s'empare de moi. Encore plus fort que le précédent. Nos baisers s'intensifient, et je sens nos corps rentrer en ébullition.
Sans vraiment comprendre ce qui se passe, j'enroule mes jambes autour de sa taille, et quand il recule pour m'allonger sur le lit, mon pouls s'emballe.

Il se place au dessus de moi, et je le fixe pleine d'envie, avec plein d'étincelles qui pétillent dans mon coeur. Ses yeux se mêlent aux miens et me percutent de plein fouet. Ils sont lumineux, étincelants. Ils me transmettent des émotions que j'ai jamais ressenti.

Ses lèvres s'écrasent sur les miennes avec une envie fiévreuse, et me font basculer dans un autre monde, magnifique.
Il grogne de plaisir, et sa main gantée passe lentement sous mon pull. Son contact m'électrifie. Les frissons se multiplient par mille. Je sens mes joues rougir encore plus qu'elles ne doivent déjà l'être.

Je pose mes mains sur son dos, ne sachant pas trop si je peux les passer sous son col roulé. J'ai trop peur qu'il se braque une nouvelle fois.
Alors je le laisse prendre possession de mes lèvres et de mon corps comme bon lui semble. Je savoure chaque caresse, droguée par le goût de ses baisers et par le parfum qu'il dégage.

La tête me tourne par manque de souffle, mais j'ai pas envie qu'il arrête. J'ai pas envie que nos baisers prennent fin. Je veux qu'il m'embrasse encore et encore, aussi passionnément qu'il le fait maintenant.

Quand il détache ses lèvres des miennes pour parsemer mon cou de délicieux petits baisers, mes battements cardiaques grimpent en flèche. Je dois me mordre les lèvres pour réprimer un gémissement de plaisir. Son souffle chaud sur ma nuque me rend dingue. Excitée comme je l'ai jamais été, toutes les émotions qui vibrent en moi, me rendent folle, folle de désir, folle de lui. Aucun homme ne me fait ressentir ce que je ressens pour Sam. C'est stressant, mais tellement magique.

Je glisse mes mains dans ses cheveux et tire sur ses mèches en poussant un grognement d'extase.
Fou de désir, il lèche et suce la peau de mon cou, en remontant sa main jusqu'au début de ma poitrine.

Mais brusquement, il s'écarte de mes lèvres.
Il retire ses mains de mon corps, et me lance un regard confus.
À bout de souffle, il vient d'interrompre cette magnifique passion qui nous dévorait.

Je fixe ses lèvres qui sont rouges et gonflées de m'avoir embrassée, dans une incompréhension totale.

—Putain ! siffle-t-il entre ses dents.

Toute trace de douceur disparaît de son regard. D'un bond, il se lève pour sortir du lit.

—Qu'est-ce qui se passe ? je demande inquiète.

La main sur la poignée de la porte, il s'immobilise.
Je perçois son souffle lourd et saccadé qu'il tente de calmer.

Mon corps est encore tout émoustillé par ce qui vient de se passer. J'ai les joues en feu et l'air me manque.
Pourtant quand je réalise que Sam garde ce foutu silence, et qu'il ne compte pas me répondre, je ne bouillonne plus de désir.
Mais de colère.

Lorsqu'il actionne la poignée pour l'ouvrir, je le menace d'une voix tremblante.

—T'as pas intérêt Sam. T'as vraiment pas intérêt à sortir de cette chambre comme s'il ne s'était rien passé.

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