Chapitre 42
Le vent froid pique mes yeux.
Mes cheveux sont collés sur mes joues à cause des larmes qui coulent à torrent.
Je cours droit devant moi, le souffle saccadé, en ignorant les promeneurs qui doivent me prendre pour une folle.
Il est à peine 14h et pourtant j'ai l'impression que cette journée ne va jamais se terminer. Je veux vite, très vite rejoindre le chalet pour rentrer chez moi.
Au bout de dix minutes d'une course intense, je dois ralentir le rythme pour reprendre mon souffle. Mes battements cardiaques sont au bord de la rupture. Je dois me calmer, respirer un bon coup, et me concentrer sur le chemin du retour.
Je jette un regard derrière moi.
Sam n'est pas là.
Il ne m'a pas suivie.
Il m'a tout bonnement abandonnée au milieu de la forêt.
C'est pas grave, j'ai pas besoin de lui pour trouver le chemin qui mène au chalet.
Tout en marchant, je repère quelques personnes au loin qui semblent sortir d'un chemin bien précis. Effectivement il y a un sentier beaucoup mieux tracé que celui dans lequel je me trouve. Je me dirige vers la droite, bien déterminée à sortir de cette maudite forêt.
J'essuie mes larmes, attrape ma mèche doudou et la coince dans ma bouche.
Ça fait du bien.
Tellement de bien que j'expire un bon coup pour évacuer toutes les tensions qui me broient de l'intérieur. Je lève la tête vers le soleil qui brille timidement, laisse ses petits rayons me réchauffer tout doucement. Je sais pas depuis combien de temps je suis dans cette forêt, mais le réconfort est proche, j'en suis sûre. Ce n'est qu'une question de temps et de quelques mètres à marcher.
Quelque chose vient brusquement percuter mon épaule, je lève les yeux en l'air. Sûrement une crotte d'oiseau ou une pomme de pin. Je poursuis ma route confiante, je suis presque arrivée au sentier bien tracé.
Un deuxième projectile fend l'air avec une grande précision et m'atteint en plein front. Je lache un cri de douleur en ramenant mes mains sur mon visage.
À peine le temps de palper un liquide qui s'écoule, que quelqu'un se jette sur moi.
On tombe sur le sol brutalement, et un corps dégageant un parfum animal me surplombe pour former un bouclier.
Encore sous le choc de la brutalité de la chute, je fixe les yeux noirs de Sam qui sont remplis d'inquiétude.
—Ça va ? lache-t-il en détaillant mon front d'une mine sérieuse.
—Je...je...
Je parviens pas à former une phrase. Je respire avec difficulté, quand d'autres projectiles s'abattent sur nous avec une violence inouïe.
Sam me prend dans ses bras, se redresse et se met à courir très vite.
Une peur intense prend possession de mon corps.
Qu'est-ce qui se passe ?
Je sens les yeux de Sam sur moi, cherchant à croiser les miens, mais une colère énorme happe mon coeur en me remémorant le vent colossal que je me suis pris juste avant.
C'est trop facile de venir me sauver à chaque fois, pour me rejeter après.
C'est trop facile d'être doux et attentionné, pour redevenir froid dès qu'il s'agit de parler.
Si bien que je l'ignore, royalement, en braquant mon regard sur les arbres qui défilent à vive allure pendant qu'il court. J'ai une telle colère au fond de moi, que je ne sens même plus la douleur de mon front. Il a beau saigner, il ne saignera jamais autant que mon coeur.
Sam s'arrête, se penche, et me pose derrière une colonne de buissons.
Je serre les dents, le foudroie d'un regard glacial.
—Laisse-moi partir ! Je vais lui faire la peau à cet enfoiré de première !
—Ne bouge pas. Tu restes ici et je m'occupe de lui.
Alors que ses yeux me fixent avec détermination, j'hoche nerveusement la tête.
Qu'il parte, je partirai aussi.
Juste après lui.
Sam arrache avec ses dents une partie de son pull noir, et applique le bout de tissu sur mon front.
Trop énervée pour le remercier, je le laisse prendre ma main et la poser sur le tissu qui recouvre une partie de mon visage. Il me lance un dernier regard, avant de se lever pour courir.
Je le vois s'éloigner dans les bois à une vitesse impressionnante. Je pense qu'il est militaire ou un marine, c'est pas possible de courir si vite et si droit.
Lorsque sa silhouette s'apprête à disparaître derrière les arbres, je me redresse pour le suivre. Mais il fait brusquement demi-tour pour revenir sur ses pas.
Vers moi ?
Il s'approche à une allure folle, aussi vite qu'il est parti. Il me hurle :
—Cours !
Je tourne la tête vers la droite, et vois Constantin se diriger droit sur moi.
Bạn đang đọc truyện trên: AzTruyen.Top