Chapitre 40
L'air glacial transperce les pores de mon visage. Je reçois une énorme bouffée d'air pur dont j'avais éperdument besoin. Je respire un bon coup avant de saisir mon portable pour appeler ma mère.
Pendant que les tonalités résonnent dans mon oreille, je continue de marcher droit devant moi, vers la forêt.
—Allô ?
Je m'arrête d'avancer. Mes paupières se ferment de soulagement d'entendre cette voix si douce, si rassurante à l'autre bout du fil.
—Allô ? répète ma mère.
—Maman c'est moi, dis-je la voix saturée de larmes.
Quand mes yeux s'ouvrent, je sens la présence de Sam. Il se tient juste à côté de moi.
Une fois de plus j'évite de le regarder, et reprends la marche d'une démarche nerveuse.
—Jeannie ! s'exclame-t-elle ravie de m'entendre. Comment ça va ma puce ?
—Je vais bien maman, je vais bien.
—Comment ça se passe là-bas ? Vous êtes prêts pour le réveillon de ce soir ?
Ne pleure pas Jeanne. Ne pleure pas.
Tu vas finir cette putain d'année en vie.
J'accélère les pas, je dois absolument me contrôler pour ne pas craquer au téléphone.
—On est prêts maman. Tout le monde est prêt.
—T'as une petite voix ma chérie...Ça va pas ?
Je tourne la tête et croise le regard de Sam qui marche désormais derrière moi. Les sourcils froncés comme d'habitude, et des yeux qui semblent m'en vouloir de chercher Constantin dans cette forêt.
—Tu me manques maman, je lance d'une voix perdue.
—Oh ma chérie ! Toi aussi tu nous manques ! Mais on se revoit demain ! D'ailleurs vous rentrez quand ?
—Je...
Mon regard se perd sur tous les arbres qui m'entourent.
Où suis-je ?
Par où dois-je aller ?
Mon instinct me dicte de prendre un chemin sur ma droite. J'ignore où je vais mais je tomberai bien sur ce connard avec son canif.
—Jeannie ?
—Oui maman je suis là.
—Écoute ma chérie, profite bien de ta dernière journée avec tes amis. Profitez bien de votre soirée, et ne t'en fait pas pour nous, d'accord ?
J'hoche la tête, des larmes perlent sur mes joues.
Pourquoi je pleure ?
Sûrement parce que la voix de ma mère est tout ce qu'il y a de plus précieux au monde. C'est la seule qui puisse me transmettre son amour et sa chaleur, bien que des centaines de kilomètres nous séparent.
—Je t'aime maman.
—Moi aussi ma chérie, répond-elle avec un merveilleux sourire que je perçois à travers le combiné. Tu veux parler à ton père ?
Mince, je suis où ? Je fais un tour autour de moi-même. Tous ces arbres se ressemblent.
J'intercepte le regard amusé de Sam, adossé contre un immense arbre.
Je commence à rager.
—Écoute maman je te rapellerai plus tard. Je...je...j'ai un petit problème à régler. Je t'aime, et dit aussi à papa que je l'aime. Bisous.
Ma mère m'adresse un au revoir aussi chaleureux qu'un soleil qui brille en plein été, puis j'éteins mon téléphone pour le ranger dans mon sac.
Je prends une profonde inspiration, et j'analyse la situation. Un regard circulaire autour de moi, j'ignore le vampire qui me fixe les bras croisés, et décide d'aller vers la gauche.
J'ai toujours été bonne en orientation. Il faut juste que je me concentre sur mes pas, que je mémorise chaque sentier que j'emprunte, et le tour sera joué.
Ça fait un quart d'heure que je marche, déterminée à trouver Constantin. Je ne sais pas comment, mais je vais y arriver.
Si j'étais lui, je me cacherai où ?
Je commence à scruter chaque buisson, à analyser chaque mouvement suspect, mais les seuls bruits que j'entends sont les pas de Sam qui s'obstinent à me suivre.
—J'ai pas besoin de toi, je grogne.
Silence radio.
Je continue de chercher, d'épier ma proie comme une véritable lionne enragée.
—Constantin, je gueule avec mes tripes, montre-toi espèce de lâche !
Ma voix résonne dans les bois. Elle percute chacun des arbres jusqu'à ce que mon écho s'évapore.
—Montre-toi si t'es un homme !
—Jeanne, prononce une voix douce derrière moi.
—Je vais le trouver, Sam. Crois-moi je vais le trouver.
Ma voix calme contraste avec l'état de nerfs qui brûle en moi. Je donne des coups de pieds dans tous les buissons, je regarde derrière chaque arbre, alors que ma respiration s'affole. Elle ne parvient plus à suivre le rythme infernal de mes recherches. Je marche de plus en plus vite, dans une anarchie totale, prête à bondir sur une tête brune à lunettes.
—Jeanne stop ! m'ordonne Sam d'une voix grave et puissante.
Je me raidis, le souffle court et saccadé. Je me retourne pour affronter son regard.
—Ça ne sert à rien, lance-t-il en s'avançant vers moi pour passer sa veste sur mes épaules.
—J'ai pas froid.
Je jette sa veste sur le sol.
La rage coule à flot dans mes veines. Je suis certaine que mes yeux sont aussi noirs que les siens.
—Pourquoi t'as pas dit aux autres que Constantin m'a agressée ? Pourquoi tu ne m'aides pas à le retrouver ? POURQUOI T'ES LÀ, MERDE ?
J'avale difficilement ma salive au même moment où mon rythme cardiaque monte en flèche. Je fixe Sam qui me regarde sans rien dire. Muré dans son fichu silence.
—Parle-moi ! Explique-moi ce qui se passe ici !
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