Chapitre 35
Sa voix, son ton me déstabilisent.
J'ai l'habitude qu'il hurle, qu'il parle sèchement, parfois tendrement, mais je ne l'ai jamais entendu aussi...faible.
Je me redresse, pose ma main sur le torchon qui recouvre mon bras, et avance d'un pas vers lui.
—Pourquoi tu me demandes pardon ?
Pendant qu'il reste silencieux, mes yeux se mêlent aux siens. L'intensité de nos regards est au maximum.
J'effectue encore d'un pas, et détaille chaque centimètre de son visage. Sa peau légèrement zébrée, fissurée juste au dessus de sa barbe marron bien taillée.
Sa bouche. Fine. Bien dessinée.
Ses yeux fixent me lèvres, une fraction de seconde, avant de cligner plusieurs fois pour s'abattre sur le mur derrière moi.
Je fais un dernier pas, et me retrouve devant lui. À quelques centimètres de son torse. De son pull noir à col roulé et de sa veste noire grande ouverte. J'ai des frissons qui se nichent dans mon ventre, les jambes qui tremblent, le souffle coupé. Mon cœur s'amuse à tambouriner comme un fou dans ma poitrine.
Même si Sam se force à ne pas me regarder, je sens son parfum, doux et animal, envelopper mes narines. Son corps dégage un tel magnétisme, il m'attire. Comme un aimant, j'ai besoin d'être à son contact.
Je me colle doucement à son torse, et mes bras viennent l'enserrer autour de sa taille.
Sa respiration s'accélère, je sens son cœur battre à mille à l'heure.
Ma tête posée contre son pull chaud, je ferme les yeux pour enfin me détendre. Il ne peut rien m'arriver avec lui. Je le sais. Je le sens.
Ses bras hésitent pendant de longues minutes. Ils restent immobiles contre son corps. Mais pour une fois qu'il me laisse l'approcher, le toucher, peu importe s'il ne me sert pas dans ses bras.
Puis contre toute attente, à travers ce silence baigné de rythmes cardiaques anarchiques, je sens ses bras se lever, hésiter, pour finalement m'envelopper contre lui.
Mon cœur explose littéralement. Il bat si fort, il crie de joie d'avoir réussi à « apprivoiser » le vampire. J'esquisse un large sourire, soulagée qu'il me fasse confiance.
—Jeanne...
—Non.
—On doit désinfecter ta plaie...
—J'aime bien quand tu me parles.
Je l'entends rire et cela réchauffe encore plus mon cœur.
Ses bras m'enlacent encore un peu plus fort, et ainsi blottie contre lui, plus rien n'a d'importance. Ni Constantin et son canif, ni le meurtrier de ma sœur qui est sorti de prison.
—On ne devrait pas, dit-il tout d'un coup sèchement.
—On ne fait rien de mal.
Alors que son corps se tend entre mes bras, je le serre plus fort.
—On doit rejoindre les autres.
C'est avec une tonne de regrets que je le vois se détacher de moi pour reculer d'un pas.
Son regard glisse une nouvelle fois sur mes lèvres.
Je frissonne.
Je me noie dans ses prunelles noires qui m'envoûtent. Pourtant il contracte sa mâchoire comme s'il combattait quelque chose.
Sa main droite gantée plonge dans la poche intérieure de sa veste, sort son portable, et l'allume. Troublée, je le fixe impatiente de savoir ce qu'il fait.
Il relève les yeux vers moi, me dévisage pendant de longues secondes en silence, puis il tourne l'écran de son téléphone pour me le montrer.
—Wattpad ? je lance d'un air ahuri. Tu écris aussi ?
Mince, j'avais promis d'en parler à personne. Je me mords les lèvres face à ma maladresse. C'est sûr, il a compris que j'écris une histoire sur cette application.
Pendant qu'il traficote je ne sais quoi avec son portable, je cherche une excuse.
—En fait c'est pas moi qui écris ! C'est...c'est...ma meilleure amie !
Imperturbable, les yeux de Sam sont toujours braqués sur son écran.
Je regrette déjà notre câlin. La chaleur de son corps. Ce sentiment de protection surpuissant.
Je fixe malgré moi ses lèvres si belles, ses sourcils froncés qui le rendent tellement mignon quand il est concentré.
Puis il tourne une nouvelle fois l'écran vers moi.
—Angel_boy ?
J'écarquille les yeux.
Fixe l'écran.
Regarde le profil de cet ange noir.
Puis je bondis en arrière.
—T'es angel_boy ? je répète d'une voix tremblante.
Il plisse son front, avant d'approuver d'un signe de tête.
—Tu me connais ? Tu savais que c'était moi ?
—C'est pas ce que tu crois.
—Ah! Et je crois quoi ?
—Je te veux aucun mal.
J'éclate de rire.
—Ça c'est trop facile ! T'es venu me trouver sur Wattpad pour lire ton histoire, et maintenant je te retrouve ici, dans ce chalet, et tu vas me dire que c'est le hasard ?
Les larmes me montent au yeux et menacent de jaillir à tout instant. Je cherche des réponses dans son regard noir indéchiffrable.
—Ne me demande pas de t'expliquer, rétorque-t-il froidement.
—Ça c'est la meilleure ! je peste. Je me fais agresser par mon supposé petit-ami, et tu peux rien me dire !
Ses yeux se voilent. Ils deviennent intensément obscurs et préoccupés en même temps.
Il s'avance vers moi, je recule encore plus.
—Ne me touche pas ! je hurle. Je veux des réponses maintenant !
Je suis à cran. Ma vision se trouble de larmes.
Comme s'il ne m'avait pas entendue, il continue de s'approcher. Mon dos percute des cartons, puis se décale pour se coller contre le mur.
Quand Sam m'atteint, il pose ses mains sur mes joues humides. Je ferme les yeux sous son contact qui malgré moi me fait du bien.
Lorsque je les ouvre, Sam reste quelques secondes ainsi, le regard planté dans le mien, ses gants chauds entourant mon visage.
—Je te demande pardon.
—Mais pardon pour quoi, Sam ? je dis d'une voix gorgée de larmes. De m'avoir menti ?
—Oui, répond-il à voix basse.
—Pourquoi t'es là ? Pourquoi Constantin t'a demandé qui t'a engagé ? T'es en mission ?
Sans me quitter du regard, il retire ses mains de mes joues, avant d'hocher la tête.
Mon corps se met à trembler, de plus en plus fort, puis il s'écroule.
Sam passe ses mains sous mes bras de justesse pour m'aider à me relever.
—Jeanne ! s'ecrie-t-il affolé.
Je ne réponds pas. Ma vision se trouble de milliards de petits pics jaunes très désagréables. Je n'ai plus de force.
D'une vitesse impressionnante, le vampire me soulève pour me porter dans ses bras en râlant.
—Putain ! Je t'avais dit qu'il fallait la désinfecter !
On sort du cagibi, je sens qu'on traverse des couloirs, qu'on monte dans un ascenseur, quand il marmonne encore tout énervé.
—En plus je suis sûr que t'as rien avalé depuis ce matin.
—Si, je rétorque dans un murmure, un petit beurre.
Je l'entends pousser un petit rire, ce qui me fait sourire.
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