Chapitre 25
Je déglutis, ravale les larmes qui me montent aux yeux. Mon corps paraît avoir compris plus vite que moi, car soudain je suffoque. La bouche grande ouverte je cherche l'air. Je ne vois même plus Edward tellement ma vue est brouillée de larmes incontrôlables.
Je respire comme un phoque. Je sais pas pourquoi je manque d'air. Je sais pas pourquoi je vais mourir. Mais une chose est certaine : c'est la fin.
Je sens mon coeur qui bat à cent à l'heure et qui ne parvient plus à irriguer tout mon sang correctement. Mes poumons me brûlent, alors que ma gorge pique horriblement d'avaler de l'air qui ne vient pas.
Des bras me soulèvent à toute vitesse. Mes yeux se braquent sur la fine barbe bien taillée d'Edward. Mon corps est tellement tendu que j'ai mal partout. Je peux même pas essuyer mes larmes qui coulent à flot car tous mes membres sont tétanisés.
Ils se préparent à la mort.
De l'air frais, glacial, percute mon visage. Edward me pose sur la terrasse, mais mes jambes se dérobent.
Il me rattrape de justesse pour me faire asseoir sur quelque chose de froid.
Sa silhouette s'accroupit en face de moi.
—Respire.
Je vais mourir Edward, je lui crie paniquée.
—Respire merde, répète-t-il comme s'il me donnait un ordre.
Mes yeux lui hurlent :
Je. Vais. Mourir.
—Jeanne, respire. Reste avec moi.
Je cherche son regard que je ne vois toujours pas à cause de mes larmes.
—Calme-toi, et respire.
Je ferme les paupières pour me concentrer sur sa voix rauque et chaude.
—Expire.
J'obéis en contractant de toutes mes forces mes poumons qui me brûlent, avant de souffler.
—Tu ne vas pas mourir. Pas ce soir.
J'ouvre les yeux, paniquée.
—Inspire, poursuit-il d'une voix douce mais ferme. Et expire tout doucement.
Je parviens enfin à capter son regard noir qui me fixe les sourcils froncés. Il est accroupi en face de moi, les mains posées sur le transat d'une part et d'une autre de mon corps.
Il ne me touche pas, mais sa voix me tranquillise petit à petit. Il répète plusieurs fois les mêmes mots : « Inspire. Expire », et j'obtempère à chaque fois, concentrée sur sa voix et son regard qui ne me quittent pas.
L'air revient tout doucement. Il s'immisce dans mon corps qui comprend enfin au bout de longues minutes comment fonctionner correctement. Mes muscles se détendent, jusqu'à que je parvienne à lever mes mains pour essuyer mes joues trempées de larmes.
Lorsque j'ai repris une respiration normale, Edward se relève. Il s'éclaircit la gorge, reprend son visage de pierre.
—Merci, je lui murmure lessivée.
Il hoche la tête, avant de me faire signe de rentrer.
Je ne réalise pas vraiment ce qui vient de se passer, à part que je ne suis pas morte.
Je remue mes pieds, qui sont pourvus de socquettes noires, pour m'assurer que mon corps est toujours bien vivant.
Alors qu'Edward fait coulisser la baie vitrée, je prends appui sur le transat pour me redresser. Tout est flou dans ma tête, j'ai l'impression d'avoir fait un horrible cauchemar. Je suis consciente d'avoir fait une crise de panique, mais le reste me paraît lointain. Comme si j'avais rêvé.
Je rejoins Edward à l'intérieur, et on tombe nez à nez sur ses amis. Plantés juste devant nous, celui qui a les cheveux gris déclare à Edward :
—Ils sont rentrés.
Le vampire crispe ses poings avant de passer entre eux de manière furieuse.
—Elle ne bouge pas d'ici, annonce-t-il d'une voix ferme.
Encore perdue dans mon brouillard, j'observe le garçon aux piercings sur les lèvres pour essayer de comprendre.
Celui-ci baisse les yeux.
Je tourne la tête vers son copain aux cheveux gris, mais Edward fait marche arrière vers moi, les yeux noirs déterminés.
Je le dévisage avec des points d'interrogation dans les yeux.
Lorsque son regard s'adoucit à quelques centimètres du mien, je suis encore plus perdue.
Qu'est-ce qui se passe ?
J'étais dehors, je suis à présent dans un salon.
Qui est rentré ?
Edward me fait un signe de la tête de le suivre. Déstabilisée, je jette un coup d'œil à ses amis qui sont devenus étrangement muets eux aussi.
—Edward...,lance ma petite voix qui commence à paniquer.
Deux têtes se tournent en parfaite synchronisation pour fixer le vampire de manière incrédule.
Il lève la main droite pour leur faire comprendre de ne pas poser de questions.
Moi je stresse de plus en plus.
Mon esprit se reconnecte petit à petit à la réalité.
Je ne suis pas dans ma chambre.
Je ne suis pas avec mes amis.
Je suis avec les trois psychopathes, dans un salon, en plein milieu de la nuit.
Mon corps recule aussitôt pour se protéger.
—Je suis où ? je demande d'une voix qui essaye d'être rassurée mais qui tremble.
Edward me tend sa main.
Choquée, je recule encore plus.
—Tu veux que je prenne ta main ? Depuis quand tu acceptes que je te touche ? je lance affolée. Qu'est-ce qui se passe ici ?
Les yeux troublés, le vampire range sa main derrière son dos, avant de baisser la tête vers le sol.
—Edward, répond-moi ! je m'impatiente. Je suis où ?
Ses amis se mettent à rire.
Mes sourcils se plissent.
—Qu'est-ce qui y a de drôle ?
—Pourquoi tu l'appelles Edward ? s'eclaffe le garçon aux cheveux gris.
Le vampire relève la tête en même temps que je croise son regard. Il semble curieux de savoir aussi.
—S'il m'avait dit son prénom, j'aurais pas eu à en inventer un ! je réplique agacée.
Ses amis cessent de rire et tournent leurs têtes vers l'intéressé. Celui-ci contracte ses mâchoires en me fusillant du regard.
Hé voilà, ça recommence. Je pensais qu'on avait dépassé le stade du « je veux te tuer », mais apparemment je me suis trompée.
« Respire. »
Sa voix m'apparaît clairement comme si je venais d'avoir une révélation.
Les yeux hallucinés, je dévisage Edward qui hausse les sourcils.
Je me concentre, et entends plusieurs fois sa voix qui résonne dans ma tête. Une voix ferme, parfois douce, mais surtout très chaude. Sucrée.
—T'as parlé ? je dis d'un air ahuri. Tu m'as parlé dehors ?
Ses yeux se voilent. Immobile, je sens sa colère, sa honte, sa gêne, une multitude d'émotions qui traversent son visage.
Ses amis se jettent sur le canapé en rigolant.
—Il va y avoir du spectacle ! s'exclame l'un d'eux.
—Rien du tout ! répond fermement le vampire en les menaçant du regard.
Puis il se tourne vers moi en me faisant un signe de la tête de le suivre.
—Alors là, tu rêves ! je lache énervée. Maintenant que je sais que tu peux parler, tu vas utiliser des MOTS.
J'entends ses amis ricaner tout doucement. Finalement je crois que je les aime bien. En tout cas, ils ont l'air de mon côté ce soir.
Les lèvres contractées, le vampire me foudroie du regard.
—J'attends, je déclare en croisant les bras contre ma poitrine.
Il s'avance vers moi d'un pas agacé, ouvre la bouche. Se fige.
Et la referme pleine de colère.
—Comment tu t'appelles ? C'est quoi ton vrai prénom ?
—Sam ! répond un de ses amis.
—Ferme-la, putain ! le rembarre l'autre.
Edward les ignore, continue d'avancer vers moi.
Je n'ai plus peur de lui, je l'attends de pied ferme.
—Enchantée Sam, je le taquine avec un grand sourire alors qu'il s'est arrêté à un mètre de moi. Moi c'est Jeanne. Tu voulais me demander quelque chose ?
—Viens avec moi.
Sa voix me percute de plein fouet.
Ses mots sont sortis si vite, sans prévenir, que je reste bouche bée.
Il me lance un regard qui me nargue d'avoir remporté le défi. Toute timide j'hoche la tête avant de le suivre.
Bạn đang đọc truyện trên: AzTruyen.Top