Je croise le regard du vampire et y lit de la colère.

C'en est trop, mes nerfs vont lâcher. Moi seule ici avec Edward qui arbore un visage empli de fureur, et Constantin qui vit dans son monde alcoolisé.

Les larmes aux yeux, je m'assois contre le mur du couloir. Je dois juste attendre que Marysa et Alex rentrent. Edward a beau frapper contre la porte, je sais très bien, une sorte d'intuition féminine, qu'ils ne sont pas dans la suite, mais plutôt quelque part dans le chalet en train de batifoler.

Le vampire tire les épaules de Constantin et le traîne de l'autre côté du couloir.
Mes yeux s'arrondissent lorsqu'il ouvre une porte et qu'il s'y engouffre avec lui.
Qu'est-ce qu'il fait ? Il le ramène dans sa chambre ?

Je me lève pour m'approcher à pas de loup de cette porte ouverte.
Pas de doute, la porte 206 donne sur un petit couloir, et sur la gauche une autre porte est ouverte donnant sur une chambre.

Je recule d'effroi.
Qu'est-ce que je fais ?

Je dois attendre Marysa et Alex dans le couloir. Je suis sûre qu'ils ne vont pas tarder.

Un coup d'œil sur ma montre m'indique qu'il est minuit passé. Plus que quelques minutes à attendre, j'en suis sûre.
Ma mèche en bouche, je retourne m'assoir à côté de la porte de ma suite. Je replie mes genoux contre ma poitrine quand j'intercepte un regard étonné sortir dans le couloir.

Edward plante son regard impatient dans le mien en me faisant signe de le rejoindre dans la chambre.

—Hors de question, je réponds d'une voix sèche mais tremblante à la fois.

Je vais quand même pas rentrer dans la chambre d'un inconnu.
Sans parler de sa nature imprévisible et terrifiante qui me rend nerveuse. Je sais jamais à quoi m'attendre avec lui.

Je détourne le regard sur le mur du couloir en face de moi, quand j'entends une porte claquer.
Tendue, je sens la silhouette du vampire venir vers moi.

J'ose même pas lever les yeux pour affronter son regard qui doit être...?
Son corps s'installe à côté du mien, je frissonne.
Il est un peu trop proche non ?
Il n'a plus peur que je le touche ?

Ne le regarde pas Jeanne sinon il va te convaincre avec ses yeux doux-assassins, d'aller dans sa chambre au lieu d'attendre comme une sdf dans le couloir.

De manière déterminée, je refuse de tourner la tête pour croiser son regard. S'il a envie d'attendre avec moi c'est son problème.
D'ailleurs où sont ses amis ? Je les ai pas vus de toute la soirée. Je m'apprête à lui poser la question, mais je me ravise. Parler équivaut à le regarder dans les yeux. Et vu l'effet qu'ils provoquent en moi en ce moment, autant éviter.

La tête posée sur mes genoux, je ferme les yeux pour organiser mes pensées qui volent dans tous les sens. Sentir le corps d'Edward aussi près de moi, me déstabilise. Seuls quelques centimètres nous séparent.
Je prends de profondes inspirations, discrètement, pour calmer mon rythme cardiaque qui s'affole dans ma poitrine. Je suis tellement fatigué par cette journée que j'ai qu'une hâte : retrouver ma douce couette qui m'attend juste derrière ce mur, et dormir jusqu'à midi. Ou peut-être même toute la journée. Et me réveiller qu'en début de soirée pour fêter le réveillon du 31.

Petit à petit, au fur et à mesure du temps qui passe, je cale ma respiration sur celle d'Edward et parvient à me calmer. Je me laisse bercer par le doux ronronnement qui émane de son être, et garde les yeux fermés pour m'assoupir un peu.

La fatigue est plus forte que moi, ça doit faire une heure qu'on attend dans le couloir. Mon corps que j'obligeais à rester figé à sa place, se penche tout doucement sur la droite, jusqu'à qu'il rencontre une masse dure, probablement une épaule. Je suis à moitié endormie quand ma tête trouve refuge sur une partie dure mais chaude.
J'ignore si le vampire est en panique totale ou pas, le sommeil est trop présent pour me poser des questions.
Je finis par m'endormir.

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