Chapitre 21

Une fois dehors, je lui demande timidement :

—T'aurais une cigarette ?

De marbre, il continue de fumer avec son regard dans le vague comme si je n'existais pas.

—Edward ! J'ai vraiment besoin d'une clope là ! Ça fait une heure que je suis avec Constantin, j'en peux plus !

Il rigole tout doucement, ce qui me surprend. Son rire était très rapide, très bref, mais tellement pur.

Il sort un paquet de la poche intérieure de sa veste. Toujours sans un regard, il prend une cigarette qu'il dépose sur la rambarde devant nous.
Je la saisis et la coince entre mes lèvres.

—T'aurais du feu ?

Il ne bouge pas.
Regarde-moi bon sang, je vais pas te manger.

—Edward, du feu s'il te plaît !

Il plonge la main dans son pantalon.
Sa grande main recouverte de son éternel gant noir, pose le briquet sur la rambarde devant moi. Je m'empresse de le prendre avant qu'il change d'avis.

Une fois ma cigarette allumée, je m'apaise. Je repose le briquet sur la rambarde alors que mon regard se perd dans les nuages gris qui nous surplombent.
Je fume ma cigarette en silence, soulagée de ne plus entendre tout le brouhaha de l'intérieur. C'est tellement calme ici sur la terrasse que mon corps se détend progressivement au fur et à mesure que ma clope se consume.

Je jette mon mégot par dessus la rambarde, quand je surprends son regard posé sur moi. Sans m'en rendre compte, le vampire s'est tourné dans ma direction. Il me contemple d'un air soucieux.

—Je vais bien, t'inquiète pas...J'avais juste besoin de prendre l'air, c'est tout.

Les sourcils froncés, il me fait un petit signe de la tête me désignant l'intérieur.

—Non je ne veux pas y retourner. Pas pour l'instant. J'ai encore besoin de prendre l'air.

Il soupire, avant de sortir une autre cigarette de son paquet et de l'allumer.

—Tu sais que c'est mauvais de fumer ?

Un petit sourire illumine son visage pâle. Son regard, devenu désormais malicieux, se plante dans le mien.
Mon cœur se met à tambouriner comme un fou. Troublée, je détourne les yeux vers le ciel gris. Mes bras posés sur la rambarde, j'essaye de calmer mon rythme cardiaque.

—Mes parents me manquent, je dis à voix basse en gardant mon regard braqué dans le ciel. C'est bête hein ? Je les ai quittés que ce matin, et pourtant je sens ce vide en moi alors que je ne devrais pas.

Je l'entends fumer en silence, pourtant je sais qu'il m'écoute attentivement. Je prends une grande inspiration, puis libère un nuage de buée devant moi.

—Ma petite sœur est morte il y a quatre ans. J'ai jamais quitté mes parents aussi longtemps depuis qu'elle est partie.

Quelques larmes viennent taquiner mes yeux.

—Je ne sais pas comment je vais réussir à dormir seule ce soir sans eux. J'ai peur...j'ai peur d'aussi mourir, et qu'ils se retrouvent seuls sans enfants tu comprends ?

Mes mains tremblantes essuient les larmes qui coulent sur mes joues. J'ai mal, mais en même temps ça me fait du bien de dire tout haut ce qui me ronge de l'intérieur. J'ignore si c'est à cause de l'alcool, mais maintenant c'est trop tard. J'ai tout déballé à un étranger, vampire-psychopathe-muet, que je n'ose même plus regarder.

J'essuie mes joues, avant de foncer à l'intérieur pour rejoindre les autres. Je me sens soudain si honteuse d'avoir dévoilé une chose si intime à quelqu'un que je ne connais pas, que je m'empresse de chercher Constantin du regard.
Je le trouve avachi sur un canapé noir, la tête posée sur un coussin blanc alors que ses jambes battent dans le vide. Un verre à la main, il le boit avec nonchalance.

Je retire mes talons qui torturent mes doigts de pieds, et me dirige d'un pas rapide vers lui. Il est temps d'aller se coucher.

Je suis soudain tirée d'un coup sec en arrière, pour être plaquée sans ménagement contre un mur.

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