Chapitre 19

On arrive tous les quatre au restaurant du rez-de-chaussée. La salle baigne dans une ambiance rose et violette. Dans un coin à côté du bar, quelques fauteuils ont été rajoutés ainsi que des tables basses. Toutes les personnes sont rassemblées dans ce coin-là, alors que les tables du restaurant, plongées aussi dans une couleur rose fushia, sont quasi vides. La musique n'est pas très forte, heureusement car ce sont les tubes des années 80 qui inondent les hauts-parleurs.

J'ai toujours été stressé d'aller dans des soirées que je connais pas, et encore plus dans des endroits inconnus. Mais je dois reconnaître que cette ambiance de lumières flashies confèrent une sorte d'intimité réconfortante à la salle du restaurant.

—On va s'installer à une table ? lance Marysa.

—Elles sont toutes prises, se plaint Alex en faisant une grimace.

Mon œil répère une immense table de banquet au fond de la salle. Mon ventre crie famine.
Je lache la main de Constantin pour aller prendre celle de Marysa.

—J'ai faim.

—Ok les garçons, retorque-t-elle, vous vous occupez des boissons et on se retrouve au buffet.

Constantin me demande tendrement :

—Tu veux boire quoi ?

—Une bière pour commencer, merci.

J'entraine Marysa avec moi vers la table des délices, mais Alex rattrape sa belle par la taille et la fait pivoter vers lui.

—Tu prends quoi toi ?

Elle glousse.

—Un mojito.

—Tu veux pas plutôt un whisky-coca avec moi ?

Avec son regard de charmeur, il se penche pour l'embrasser sur la bouche.

—Chais pas, sourit-elle alors que mon ventre s'impatiente.

—Bon je vous laisse, je marmonne agacée, moi je vais au buffet.

Si c'était simple de marcher avec des talons au bras de Constantin, toute seule c'est une autre histoire. Je tangue à droite, à gauche, en essayant de ne pas attirer les regards.
Pourquoi j'ai pas mis mes baskets ?

Pendant que j'essaye d'atteindre la table tant désirée devant moi, j'intercepte un regard sur ma droite. Un regard noir, toujours le même, qui me fixe sans l'ombre d'un sourire.

Mon cœur rebondit dans ma poitrine comme jamais. Ce garçon me fait froid dans le dos en même temps il m'attire.

Qu'il m'attire ?

Oh oh. Vite, je dois aller manger.
Je parviens au buffet, qui m'offre une vision de bonheur : une quantité phénoménale de petits fours et de toasts tous aussi appétissants les uns que les autres.
Toute excitée, je remplis ma petite assiette en carton jusqu'à ras bord. J'ignore si c'est gratuit ou pas, alors je déguerpis aussi vite que possible afin d'éviter une réflexion du serveur qui se tient au bout du buffet.

Je jette un regard vers le bar où se trouvent toujours les autres qui attendent d'être servis. Enfin plus précisément, c'est Constantin qui attend car Marysa et Alex s'embrassent sans répit.
Heurk, heureusement que je ne suis pas restée avec eux.

Je cherche le regard du psychopathe, et comme je le pressentais il n'a pas bougé d'un poil. Adossé seul contre un mur, des reflets roses et violets se reflètent sur son visage. Il ressemble encore plus un vampire.
Ok, allons voir Edward.

Tout en mâchant mes petits toasts au saumon, très succulents, je m'approche de son regard glacial que j'ai l'habitude de côtoyer depuis...ce matin déjà.
Plus j'avance vers lui et moins j'ai peur de son aura de psychopathe. Il faut dire que depuis notre...rapprochement...désastreux de cet après-midi, il dégage quelque chose qui me fascine. J'ai vraiment envie de savoir qui il est, et surtout pourquoi il refuse de me parler.
A-t-il peur des filles ?

Cette pensée me fait sourire.
Il veut jouer ?
Alors je vais jouer !

Désormais plantée devant lui, je mange tranquillement des petits fours au pâté, tout en le fixant aussi intensément que lui.
Immobile, avec les mains repliées derrière son dos, son visage reste imperturbable. Je fais exprès de mâcher plus fort mes petits fours en m'approchant encore plus de lui.

Son nuage de parfum enveloppe mes narines. Une odeur mon dieu si sensuelle, si sucrée, mais je le vois froncer les sourcils.
A-t-il peur que je le touche ?

Mon regard décide de le défier.
Une fois mon assiette terminée, je la pose sur une des chaises derrière moi, puis croise mes bras contre ma poitrine, prête à le faire craquer. Peut-être qu'il en aura marre que je le fixe comme une folle, et qu'il me gueulera dessus ?
Je veux juste entendre, encore une fois, le son de sa voix. Même s'il crie, j'ai besoin d'être rassurée, de savoir qu'il sait parler...aux filles.

Soudain, il penche la tête pour l'approcher de la mienne. Ses yeux viennent trouver refuge dans les miens. Mon cœur se déchaîne, mes joues s'enflamment face à son haleine tiède qui expire sur mon visage. Exactement comme cette après-midi.

Avec un petit sourire aux lèvres, il me fixe avec une telle intensité que je suis clouée sur place. Je reste subjuguée par son regard noir envoûtant qui me fait frémir de milliards de petits frissons.

—Poulette, faut qu'on parle.

—Suis occupée.

Marysa dévisage le psychopathe et moi, qui nous dévorons du regard.

—Euh...Vous faites quoi là ?

—On communique par télépathie.

Un nouveau silence, puis une explosion de voix.

—Ok tu finiras tes conneries plus tard, y a une urgence là !

Elle me tire violemment par le coude.

—Hé ! je peste. J'allais gagner !

Elle me tire si fort que j'ai intérêt à la suivre avec mes talons pour ne pas me casser la gueule.

—Mais Mary ! Il allait craquer ! J'allais enfin entendre le son de sa voix, j'en suis sûre !

Alors que sa main continue de m'entraîner à travers le restaurant, je mugis comme une dingue.

—Pour une fois que je m'amusais...

—J'ai cassé avec Alex.

—Quoi ?

La visage fermé, elle pousse la porte des toilettes. On la traverse en trombe, puis elle ouvre la porte grise des wc et libère enfin mon coude à l'intérieur.

Bạn đang đọc truyện trên: AzTruyen.Top