Chapitre 18
Je peux le faire.
Je peux aller à cette soirée.
Je peux porter ce haut moulant couleur saumon avec cette énorme fleur cousue dessus.
Non, je ne vais pas mourir de honte avec ce pantalon beige brillant qui me moule les fesses.
Souffle un bon coup Jeanne, et regarde-toi dans le miroir.
Seigneur, ce n'est pas moi. J'ai jamais autant exhibé mon corps au monde entier. Vite mon pull noir, mon jean et ma paire de baskets.
Pourquoi ai-je pris tous les vêtements de Marysa avec moi ?
Pourquoi je dois obligatoirement mettre en valeur mes formes féminines (que j'ai pas) pour aller en soirée ?
Pourquoi je ne peux tout simplement pas y aller en étant moi-même ?
—La vache ! s'exclame quelqu'un derrière moi.
Je fais volte face pour me retrouver nez à nez avec un Constantin bouche bée. Sa bouche est tellement ouverte que je vois le fond de sa gorge.
Intimidée, je rabats mes bras sur ma poitrine.
—Tu...tu...tu es ravissante, bégaye-t-il d'une petite voix.
Nos visages rougissent en même temps.
—Merci...
Cachée sous ma chevelure, j'écarte timidement quelques mèches pour voir comment il s'est habillé.
Sa chemise bleu ciel est très classe, son pantalon noir aussi, mais ses bretelles...
Vite je mords une de mes mèches pour éviter de dire une bêtise.
Constantin s'avance vers moi, doucement, je recule spontanément d'un pas.
Ses yeux s'écarquillent, et je réalise mon erreur. Embarrassée, je me force à rester sur place et ne pas me fuir. Son regard marron m'analyse à travers ses lunettes. Il est autant perdu que moi. Autant stressé que moi. On est comme deux idiots qui se regardent sans savoir quoi faire.
Il se racle la gorge.
—Marysa t'a coiffé ?
Je déglutis. C'est un compliment ou pas ?
—Oui, je réponds timidement. Elle a essayé...
—T'as pas voulu ? me sourit-il.
Je laisse un éclat de rire nerveux s'échapper.
—Ouais c'est ça. J'aime bien sentir ma touffe de cheveux sur le visage.
Sans me rendre compte, Constantin s'est approché de moi pendant qu'il me parlait. Désormais à quelques centimètres, j'aperçois clairement la rougeur de son visage, son petit nez pointu, et ses lèvres charnues.
Il me fixe de nouveau de manière timide, alors que je me pince les lèvres.
Pitié, qu'il ne m'embrasse pas. Qu'il ne trouve pas une autre ruse pour coller ses lèvres aux miennes.
—On y va ? dit-il d'une voix douce, presque tendre.
Seigneur, pourquoi est-il si bon ? Pourquoi je me sens coupable d'être froide avec lui ?
Il est si gentil, si mignon avec sa petite bouille à lunettes. Il ne mérite pas que je le rejette.
—Tu veux qu'on recommence ? je propose à voix basse.
—Qu'on recommence quoi ?
Je rougis.
—Hé bien...notre...toi et moi...Tu sais...
—Oh ! rougit-il encore plus que moi.
Il passe une main nerveuse dans ses cheveux en baissant les yeux vers le sol de la salle de bain. Je comprends pas pourquoi je suis soudain si stressée. J'ai déjà embrassé des garçons, alors pourquoi j'ai peur qu'il recommence ?
Lorsqu'il s'approche de mes lèvres, je cesse de respirer. Exactement comme dans la forêt.
Crispée comme pas possible, j'attends que ses lèvres rêches se décollent des miennes.
Quand il rompt notre baiser, ses yeux troublés cherchent les miens, et j'y vois un océan de gentillesse. Mon cœur se serre davantage. Comment je vais réussir à faire semblant ?
Pourquoi je dois faire semblant ?
Ah oui, pour oublier Alex.
Tous les deux gênés, on rejoint Marysa et l'objet de mes pêchés dans le salon. C'est alors que je réalise que ma poitrine ne s'affole plus au simple regard du bel apollon. Pourtant Alex est habillé comme un dieu : jean noir, chemise blanche, et un magnifique gilet de costume style mentalist. Mais je ne ressens plus cette envie irrésistible de me jeter à ses bras.
Heureuse, je me tourne vers Constantin. Ça marche ! Grâce à lui, j'oublie mes sentiments incontrôlables pour Alex.
Avec un grand sourire aux lèvres, je glisse ma main dans celle de Constantin, et le tire pour rejoindre ma meilleure amie et son copain.
Marysa, fidèle à elle-même, est vêtue d'une superbe robe rouge, courte, très courte qui va jusqu'au limite de ses cuisses, avec une paire de bottes noires qui monte jusqu'au genoux. Coiffée comme une princesse, elle me sourit en retour en voyant ma main dans celle de Constantin.
C'est bon, on est prêts pour la soirée.
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