Chapitre 15

Dès qu'il me voit figée en plein milieu du filet, il fronce ses épais sourcils.

—Dis-moi ton prénom.

Surprit par mon ton menaçant, il se mord une nouvelle fois ses lèvres.

J'avance alors d'un pas, puis d'un autre. Quand je parviens à sa hauteur, je lève ma main congelée pour la poser sur son torse.

Les yeux envahis par la panique, il recule d'effroi. Il se cogne contre le tunnel, et manque de tomber.

—Merde ! je crie affolée. Ça va ?

Ses deux mains agrippent la corde de sécurité pendant que ses jambes déséquilibrées tentent de retrouver une stabilité sur le filet.

Je saute vers lui pour l'aider, mais il recule de nouveau en grognant.
Un long et puissant grognement.
Ou plutôt un rugissement qui me fout les boules.

Il me lance un regard assassin digne du plus grand film d'horreur, qui me fait reculer pour m'éloigner de lui.

Mon pouls s'emballe.
Qu'est-ce que j'ai fait ?
Il va me tuer ?

Paniquée, je fais marche arrière de plus en plus vite, jusqu'à que mon dos heurte le tronc d'un arbre. Le psychopathe rebondit sur ses jambes et s'avance vers moi, le visage déformé par la colère.

Oh oh.
Est-ce que je vais mourir en pleine forêt, crucifiée par un vampire fou de rage ?

Il arrive à ma hauteur, lève sa main gauche pour la poser sur le tronc juste à côté de ma tête paralysée. Son haleine tiède expire sur mon visage.
Je contemple ses yeux qui reflètent une lueur sombre et criminelle. Une lueur que je qualifierai par dessus tout d'hypnotique. Incapable de me détacher d'elle. Une douce chaleur traverse mon corps pour trouver refuge au sein de mon coeur.

Les cheveux d'Edward (appelons-le comme ça pour l'instant) ébouriffés par les rafales de vent, le rendent encore plus craquant. Attractif. Humain.

Petit à petit, la lueur de ses prunelles change une nouvelle fois d'expression. Il me dévisage d'un regard...tendre ?

Mon cœur fait désormais plusieurs bonds dans ma poitrine. Le psychopathe n'a jamais été aussi proche de moi. Bien que le vent s'acharne sur nous, je suis subjuguée par la beauté glaciale qu'il dégage.
À bien l'observer, caché sous une épaisse couche de tristesse et de colère, j'ai l'impression qu'il est prisonnier d'un sentiment qui le ronge. C'est comme si ses yeux noirs exprimaient tout ce que sa bouche refuse de partager.

Il esquisse un mouvement de sa main gauche recouverte par son gant noir. Je tourne la tête et le regarde dessiner la même forme que ce midi : un triangle. Un curieux triangle qu'il répète plusieurs fois sur le tronc d'arbre.

Ce garçon parle avec ses mains, ses yeux, mais sa bouche demeure immobile.

J'en ai marre.

Il doit sentir la flamme de la colère qui brûle ma poitrine car il recule quand j'avance pour me dégager de son emprise.

Profondément énervée, j'observe le prochain obstacle qui est une tyrolienne. Je m'y dirige, puis m'assois dessus en calant bien mes fesses. Je prends mon élan et m'élance de toutes mes forces dans le vide.

Qu'il aille se faire voir lui et son mutisme.
Lui et ses sauts d'humeur.
Lui et son foutu magnétisme.

J'en ai plus qu'assez. Je veux retourner au chalet.

J'aperçois enfin le bout de la tyrolienne, qui marque à mon plus grand bonheur, la fin du parcours accrobranche. Mes lèvres frigorifiées dessinent un sourire de soulagement, le plus grand et le plus beau qui soit.


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