Chapitre 13
J'intercepte le regard glacial du psychopathe, rempli d'éclairs, qui s'approche dangereusement de nous.
Effrayée, je lache la main de Constantin pour reculer de plusieurs pas. Ce dernier se plante devant moi pour me protéger du psychopathe qui court comme un lion enragé.
—Il n'avait pas le droit ! hurle-t-il hors de lui.
Ses amis réussissent à le rattraper de justesse, avant qu'il se jette sur Constantin.
Cette voix brisée, sa voix, me déstabilise.
C'est la première fois que j'entends le psychopathe prononcer une parole, que je qualifierai plutôt d'hurlement, et elle me percute de plein fouet.
Toujours cachée derrière le dos de Constantin, je penche légèrement la tête. J'intercepte son regard noir qui me foudroie sur place.
—T'as un problème ? gueule Constantin d'une voix assurée que je lui connaissais pas.
Les yeux du psychopathe restent braqués sur moi.
Je déglutis difficilement le peu de salive que j'ai en bouche. Je l'ai jamais vu dans un tel état de rage. C'est comme si on venait de tuer ses parents ou d'écraser son chien. Son souffle court et saccadé me fait froid dans le dos.
—Aucun, répond paniqué le garçon aux cheveux gris.
Il attrape le coude du psychopathe pour le tirer en arrière, mais le poing libre de ce dernier se lève en direction du visage de Constantin.
Le garçon aux deux percings sur la lèvre intercepte le poing dans l'air et le ramène derrière son dos pour le bloquer.
—Arrête ! crie-t-il en le fusillant du regard. Laisse-les tranquille !
C'est alors qu'apparaîssent sur notre droite, deux personnes qui se mettent à courir vers la banderole de l'accrobranche.
Hors de question que je rate l'accrobranche à cause d'un demeuré qui pète les plombs à chaque fois qu'il me voit avec Constantin.
Sous l'effet de l'adrénaline, je contourne le dos de Constantin pour courir à la banderole. Je cours comme une folle, déterminée à gagner ma place, quand une silhouette se met à courir derrière moi comme une fusée. Je sens sa présence, sa colère effroyable s'élancer derrière moi.
Quand à bout de souffle, j'arrive à la banderole rouge désignant l'arrivée, des Rangers noires la franchissent en même temps que moi.
Je tourne la tête pour planter mon regard sidéré dans celui du psychopathe. Ses yeux sont d'un noir sombre, très profond. Ses lèvres fines sont serrées par la colère. Il me fixe en reprenant son souffle, alors que mon regard se perd dans ses pupilles rugissantes.
Je reste sans voix pendant une seconde. Comment arrive-t-il à m'effrayer et me fasciner en même temps ?
Je lache un profond soupir, lorsqu'on entend :
—Félicitations aux premiers arrivés !
Une animatrice un peu enrobée, vêtue d'un gilet orange, nous sourit.
Je découvre avec surprise que les deux amis du psychopathe se tiennent juste à côté de lui. Une jeune fille blonde est là aussi, courbée, avec ses deux mains posées sur ses genoux pour reprendre son souffle.
Constantin arrive en courant :
—Non, c'est de la triche ! On était là avant eux !
—Le règlement est le règlement, lui rétorque l'animatrice rondelette d'un air sévère. Je vois cinq personnes devant la banderole, elles ont donc gagné.
—Mais, mais...bégaye-t-il avec ses lunettes pleines de buée.
—On y va ? lance le garçon aux cheveux gris.
Je détourne mon regard pour croiser celui du psychopathe. Il a un léger rictus au coin des lèvres.
—Ça t'amuse ? je gronde en plissant mes sourcils.
Son sourire s'efface, et son bras se lève brusquement en l'air. Il bloque la main que me tendait Constantin.
—C'est ma copine ! râle ce dernier en redevenant tout rouge.
Le psychopathe lache la main de Constantin, avant de reculer d'un pas comme s'il était choqué.
Ses amis l'agrippent d'un geste brusque pour le ramener vers le premier grand arbre câblé.
Encore sous le choc par ce qui vient de se passer, je fixe Constantin d'une mine confuse.
Qu'est-ce que je fais ?
Je prends une profonde respiration.
J'ai pas fait tout ça pour rien.
Je baisse la tête, avant de décider de rejoindre les autres qui se tiennent sous l'arbre.
Tant pis pour les conséquences.
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