Chapitre 10
{ Marysa en média}
En quittant le cagibi, je longe le couloir avec une multitudes d'émotions contradictoires qui dansent dans mon ventre. J'essaye de comprendre pourquoi il est venu, mais une voix furieuse me sort de mon état second.
—Non mais t'es sérieuse ? me fusille Marysa. Ça fait une heure qu'on te cherche !
—J'étais là...
—Où ça là ? s'écrie-t-elle encore plus fort. T'étais pas censé aller aux toilettes ?
Je mordille une mèche de mes cheveux tout en baissant la tête comme une enfant qui se fait gronder.
—En plus avec l'autre fou qui est parti en même temps que toi, j'étais pas rassurée !
—Tu l'as vu ? je lance les yeux grands ouverts.
—Bien sûr que je l'ai vu, peste-elle. Il a disparu juste après toi. C'était quoi ce délire ? Il se passe quoi avec lui ?
—Je...
—Ouais, je l'ai retrouvée, me coupe Marysa en décrochant son portable.
Elle empoigne mon coude pour me forcer à remonter à notre suite, tout en continuant de parler au téléphone.
—Ok on se rejoint dans trente minutes. À plus. Enfin je voulais dire...Tu me manques déjà, conclut-elle d'une voix mielleuse.
Tandis qu'elle raccroche avec un sourire aux lèvres, je sens une boule de vomi coincée au fond de ma gorge. Est-ce que lorsqu'on est amoureux on prend tout à la légère ? On vit dans une autre réalité digne des bisounours ?
Dès qu'on pénètre dans la suite à la vitesse grand V, Marysa m'entraîne dans la salle de bain de manière stressée.
—Ok, on a trente minutes pour te rendre potable. Alors pendant que je vais te maquiller, tu vas me raconter ce qui s'est passé avec ce gars au restaurant. Non parce que votre scène avec vos chaises, on n'a pas tout compris. Tu le kiffes ?
Est-ce que j'ai déjà précisé que ma meilleure amie parle beaucoup ?
Quoiqu'il en soit, on a enfin un petit moment à nous, même s'il est court, alors pendant qu'elle m'applique du fond de teint, je libère tout ce que j'ai sur le coeur.
—Je sais pas ce qu'il a avec moi, Mary...
Sentant le stress monter, je tente d'attraper une mèche de mes cheveux mais elle m'en empêche, et m'invite à poursuivre avec un regard sévère.
—Je crois qu'il me fait peur...mais en même temps il me fascine...Il est bizarre...Parfois j'ai l'impression qu'il veut me tuer sur le champ, et l'instant d'après on dirait qu'il est triste pour moi.
Je souffle un bout coup en repensant au cagibi. Je ne comprends toujours pas pourquoi il m'a rejoint, comme s'il s'était inquiété...
Mais pourquoi il m'a pas parlé ?
—T'étais passée où ? me sort Marysa de mes pensées.
—Dans un cagibi, je m'esclaffe.
Elle se fige avec le eye-liner à la main en me lançant un regard arrondi.
—Avec lui ?
—Oui ! je rigole encore plus fort. C'est fou hein ?
Je cesse de bouger pendant qu'elle s'applique à maquiller mes yeux.
—Mais je comprends pas, vous vous kiffez ?
—Non ! je m'offusque. C'est pas du tout mon type de mec.
Elle attrape un rouge à lèvres rose pâle, en poussant un soupir de soulagement.
—Tant mieux. Parce que Constantin est dix fois mieux.
Quoi ?
Je la laisse finir de me maquiller en sentant une curieuse sensation dans mon coeur. Constantin n'est pas plus beau que le psychopathe, loin de là. Il n'a pas ce regard envoûtant, ni ce charisme énigmatique. Certes, il n'a pas l'air très net, mais en fin de compte je ne le crois pas méchant.
Marysa s'attaque désormais à ma chevelure qu'elle prend soin de coiffer, ce qui me fait grimacer.
—Tu sais qu'on va juste faire de l'accrobranche ?
—Laisse-moi faire, me sourit-elle. Tu dois conclure aujourd'hui. Constantin ne va pas attendre éternellement.
—Aujourd'hui ? je répète ahurie.
—Ouais tu le kiffes, il te kiffe, affaire conclue.
—Écoute Mary...
—Ne bouge pas, gronde-t-elle en tressant mes cheveux.
Elle natte plusieurs mèches avec une extrême nervosité.
—Tu n'as plus quinze ans poulette, il faut grandir. Tu ne sais pas t'habiller ni te maquiller, tu restes tout le temps enfermée chez toi. Il faut vivre, profiter merde !
Elle se met face à moi pour me lancer un regard déterminé.
—On n'est plus au 18ème siècle. Si deux personnes se kiffent, elles sortent ensemble et ne se posent pas trente-six mille questions comme toi !
—Mais...je tente de riposter. Je le connais pas assez !
—T'auras tout le temps de le connaître une fois que vous serez ensemble, conclut-elle sèchement.
Elle retourne se planter derrière moi pour finir ma tresse pendant que je ressasse ses paroles dans ma tête.
Est-ce que je suis trop coincée pour mon âge ?
Dois-je me dévergonder un peu et sortir avec Constantin même s'il ne me plaît pas ?
—Tadam ! s'exclame Marysa en me faisant pivoter vers le miroir.
—C'est magnifique, je murmure.
La porte s'ouvre au même moment pour laisser apparaître la bouille d'Alex avec ses sublimes yeux azur.
—Vous êtes prêtes ? Il faut qu'on y aille là.
Marysa me soulève brutalement en me tirant les mains, puis avec une mine émerveillée elle me fout à la porte alors qu'elle tire Alex à l'intérieur.
La porte claque, et je me retrouve nez à nez avec Constantin qui arbore un grand sourire.
—On y va ? s'enthousiasme-t-il.
—Mais...mais...il s'est passé quoi là ? Ils ne viennent pas avec nous ?
—On vous rejoint ! crie Marysa derrière la porte de la salle de bain.
Je lève les yeux au ciel en soupirant.
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