43. Until The End?
Louis rapprocha le corps déjà blotti contre le sien, l'enserrant encore plus, sa bouche reposant contre le dos du jeune homme. Il se sentait bien. C'était la première nuit complète réellement apaisante qu'il avait passée depuis des semaines. Peut-être même des mois.
L'autre corps poussa un léger soupir de contentement et finit par se retourner vers le châtain. Ce dernier garda les yeux fermés, se doutant que sa culpabilité reviendrait à pleine puissance.
"Boo? On peut rester ici, comme ça, toute la journée?", et bien qu'il ait le désir d'accepter, il ne pouvait pas: les choses se compliqueraient davantage.
"Non, on a des cours à rattraper...et des cours auquel assister...", dit-il faiblement, les yeux toujours clos. Le métis remua légèrement contre lui et se permit de lui effleurer le bras de ses longs doigts. Louis avait toujours adoré ces doigts.
"On en a déjà raté vu l'heure qu'il doit être... On ira demain. Restons ici."
Dans notre jolie bulle de protection, sembla t'il sur le point d'ajouter.
"On y va aujourd'hui", tentant d'y montrer une certaine détermination. Mais ce serait une journée difficile s'il arrivait à se sortir du lit, il le pressentait...
"Pourquoi? On n'est pas obligé...", Zayn se blottit encore plus contre lui et le châtain se força à ouvrir pour de bon les yeux, rencontrant ainsi le regard trop doré de son meilleur ami.
"Si, on doit y aller. On doit s'obliger parfois, non? Allez, on se lève!", il s'étira un peu et essaya de rouler à l'autre bout du matelas mais deux mains l'attrapèrent par les hanches.
"Je ne veux voir personne, Lou'...vraiment personne."
"On ne parlera à personne, okay? On va en cours, on rattrape et...", la suite du plan était assez floue.
"Et on revient direct ici? On dort trop bien ici... Ça ne me dérangerait pas de..."
Mais Louis ne l'écoutait plus réellement: un papier était posé sur la table de chevet près de lui. Et il se souvint de la nuit dernière plus précisément... Où était passé Harry?
"Louis, je devais aller voir ma sœur et après mon agent. Je ne voulais pas te réveiller, tu avais l'air bien donc... On se voit tout à l'heure? On pourrait aller dîner quelque part. Mais viens sans ton ami cette fois. À plus."
C'était assez...froid? Il avait l'air de lui en vouloir et Louis se sentit mal de nouveau.
Il arriva à temps pour se décharger dans la cuvette: ces vomissements ne lui avaient pas manqués... Mais il ne se sentait pas faible ou limite mourant au moins.
Il hésita à appeler son copain juste après, mais peut-être que discuter en tête-à-tête serait mieux.
"Tu veux que je t'apporte quelque chose?", demanda Zayn, adossé contre la porte, cet air inquiet que Louis détestait voir sur ses proches...et surtout à cause de lui.
"Nope, ça va. Besoin de rien. On attrape des fringues, nos sacs et on y va?"
"Tu ne vas pas rejoindre ton mec?", Louis se retourna lentement face à un Zayn anxieux.
"Non, je le verrai ce soir. Allons un peu à l'école."
*
Et Zayn fit comme prévu: il demeura toute la journée au côté du châtain, incroyablement silencieux. Comme un grand timide. Mais Louis savait qu'il se sentait juste...pas à sa place. Il voulait autant disparaître que lui, mais il réussit à faire quelques efforts avec Ash' et Agathe, Luke étant aux abonnés absents. Et il faillit demandes des explications à son plus proche ami: Ash' devait bien en connaître la raison, non? Mais le châtain avait le sentiment, au fond, de déjà savoir pourquoi il n'était pas parmi eux.
"Zayn? Ça va vraiment pas?", demanda Louis à mi-voix juste après leur déjeuner quasiment mortel.
"Je veux rentrer maintenant, Boo. Chez toi."
Le châtain attrapa donc sa main et les conduit hors de l'enceinte de leur école.
"Tu devrai peut-être...tu ne veux pas aller voir quelqu'un?", murmura Louis, essayant de ne pas paraître trop inquiet. Il s'installa dans sa voiture et Zayn fit de même, le regard fixé droit devant.
"Pour? Je ne suis pas fou, Louis..."
"Je le sais ça, idiot... Je m'inquiète juste pour toi et...", mais la bouche chaude et humide du métis laissa sa phrase sans fin. Et Louis, qui avait tenté de repousser cette envie depuis des mois, ne put que s'y laisser aller. Et il aurait continué si en se levant, il n'avait pas appuyé sur le klaxon avec ses fesses imposantes.
Il s'éloignait donc à vive allure, se projetant contre son siège, le souffle court. Ce n'était qu'un petit baiser sans importance. Il en voulait juste un peu plus parce-qu'il n'avait rien fait depuis des semaines, c'était juste pour cela...
"Lou'...", sentant le métis s'avancer de nouveau, Louis sortit en trombe du véhicule, créant ainsi les yeux ronds comme des soucoupes de Zayn.
Le châtain tournait le dos à la voiture, hésitant entre plusieurs options...
"Boo? J'aurai pas du, hein?", mais le pire, c'était qu'on ne décelait aucun remords dans sa voix et Louis avait besoin de savoir pourquoi.
"Ça ne te fait vraiment rien? Tu trouves pas ça... Tu trouves ça normal?", la voix à demi étranglée par un relent de sang qu'il sentait venir.
"Pourquoi j'aurai... Louis, je... Je ne peux pas continuer à faire semblant. J'évite pas Luke pour le plaisir, tu sais...", la main du métis s'approchait de lui et Louis fit un pas vers la route, refusant de lui accorder sa pleine attention. Il ne lui devait rien après tout, n'est ce pas? C'était la seule personne qui semblait l'aimer depuis le tout début, c'était juste ça... Juste lui, juste Zayn. Louis n'était pas aveugle, seulement stupide.
"Lou'? S'il te plaît, écoute-moi. Juste m'écouter. Je ne te demande rien d'autre et..."
"J'ai un rendez-vous chez mon psy."
Quelle manière d'éviter un moment probablement émotionnel, Tomlinson... Bien joué?
"Tu es obligé d'y aller?", sa voix flanchait de nouveau et Louis se maudit encore plus une fois encore.
"Oui, je dois vraiment y aller. J'y vais pas pour le plaisir."
Il paraissait froid et distant, mais Zayn se doutait de la tempête sommeillant à l'intérieur de lui: Louis avait toujours été trop vif et émotif malgré ce qu'il tentait de faire croire aux autres.
"Okay... Donc...tu me déposes chez toi et t'y vas? Tu me rejoindra après."
C'était une réelle requête et Louis ne put qu'en soupirer.
"Ok, pourquoi pas...", mais ce n'était pas vraiment chez lui, c'était encore chez Ash' après tout.
"Boo, tu peux me regarder un peu? (Louis lutta pour lui faire ce plaisir) Toi et moi contre le reste du monde, hein? On ne peut pas juste enterrer cette promesse..."
Les yeux dorés du magnifique métis semblaient vouloir emprisonner le châtain et il les maudit. Mais seulement un très court instant.
"Oui, nous contre l'humanité entière."
Et le sourire de Zayn ne put que tout réveiller chez lui. C'était si rare d'avoir le privilège de contempler le soleil sans se cramer.
*
"C'était le dernier sac."
Ashton jeta un œil autour de lui: la pièce paraissait un peu trop vide; et un instant, il résista au besoin de tout remettre à sa place. Mais Niall l'attendait dans une sublime maison. Un endroit où il aurait de nouveau une famille. Un lieu convivial avec des enfants jouant, rigolant et l'embêtait gentiment.
Il se voyait déjà là-bas, entièrement comblé. C'était tout ce qu'il désirait pour le moment, non? Mais une part de lui refusait de laisser Louis derrière. Lui et Luke pour être plus exact.
"C'était le dernier bagage! Allez, sois plus enthousiaste!", cria une voix derrière lui: Zayn se tenait là.
Ash' était toujours confus quant à ce qu'il ressentait pour lui: c'était un gars bien mais...qui faisait quand même souffrir ses meilleurs amis.
"Sans paraître impoli, qu'est-ce que tu fais là?", le métis sentit qu'il n'était pas réellement le bienvenu mais conserva son sourire sympathique. Et Ash' se demanda s'il était tout à fait "normal"...
"Lou' m'a dit que je pouvais l'attendre ici, donc... Mais si ça te dérange, je m'en vais tout de suite."
Il exécuta même un pas en arrière: quel sens de la mise en scène! Le bouclé aurait pu au moins l'admirer pour ça.
"Non, non, tu peux rester, j'allais repartir de toute façon. (Semblant hésiter) Tu sais où est Styles? J'aimerai bien lui dire au revoir avant de vraiment quitter la ville."
"La ville? Tu vas à l'autre bout du monde, mon cher! C'est pas rien! (Son sourire s'affaiblissant) Nope. Il était ici cette nuit mais maintenant... Niall doit bien savoir, non?"
"Ouais, j'suis con! Je verrai avec lui alors... (Bouclant pour de bon son dernier sac et le posant par-dessus son épaule) Alors...salut!"
Il passa juste à côté de lui, ne l'effleurant même pas; mais Zayn le prit soudain contre lui pour une sorte d'étrange câlin. Bizarre surtout qu'ils n'avaient jamais été très proches et encore moins tactiles l'un envers l'autre.
"Fais bon voyage, petit! Tu passera voir Lou' avant de quitter le pays pour de bon, hein?"
"Bien sûr: je vais pas partir comme un voleur."
Il se détacha de l'étreinte qui le rendait assez inconfortable.
"Et Luke? Tu vas aussi aller le voir, non?", sa voix était moins fiable subitement... Ash' renifla, retenant les larmes qui menaçaient de glisser.
"Je l'ai déjà vu..."
"S'il te plaît, ne pleure pas...", le prévint "gentiment" le beau métis et Ash' eut un semblant de rire.
"Pourquoi? Je t'imagine pas chialer avec moi."
"Ah non! Je serai juste obligé d'appeler...quelqu'un pour venir te consoler."
Là, le bouclé perdit tout air amusé.
"Comme Luke? (Pas de réponse donc insistance) Combien de temps tu vas l'éviter, en fait? C'est encore ton fiancé, non?"
"Il ne vient pas non plus vers moi...", tentant vainement d'étouffer sa culpabilité.
"Il a peur, Zayn. Et tu le sais. Et au lieu de faire le premier pas et arranger les choses, tu te caches chez Louis. C'est pitoyable."
"J'ai pas envie et surtout pas besoin que tu me juges, okay? Mes décisions, mes choix, ma vie. Rien de tout ça ne te concerne."
Ash' allait répliquer mais Zayn quitta la pièce plus vite que l'ombre de Peter Pan; puis la maison. Laissant son "ami" le maudire. Une fois de plus.
*
Louis ne voulait voir personne. C'était le genre de journée où on avance en sachant très bien qu'aucun espoir ne viendrait pointer son nez. Dès qu'il l'avait quitté la chaleur du corps de Zayn ce matin-là, il l'avait pressenti et maintenant, il en était convaincu.
Ce réveil agréable: un peu de soleil, un Zayn souriant et câlin...mais rien ne peut rester idéal.
Il s'en voulait pour des choses qu'il n'avait pas encore faites, des choses qu'il voulait mais n'avait pas dites. Alors dès qu'il se retrouva dans ce fauteuil de plus en plus insupportable, il tenta de rester silencieux. Mais la thérapie était censée être basée sur la communication si l'on en croyait toutes les rumeurs.
"Louis? Tu es étrangement silencieux aujourd'hui. C'est toi qui a voulu rajouter cette séance, n'est-ce pas? Et pourtant tu n'as pas l'air..."
"Moi-même? Je ne suis rien depuis des mois, je crois. Pas pour sonner dramatique, mais ça doit être ça, mon problème."
"Louis...je peux être honnête?", le châtain eut un sourire légèrement désespéré.
"Bien sûr. Je ne te paye pas pour être doux: vas-y, je peux tout encaisser."
"Ce n'est pas critique ou jugement: je veux juste que tu acceptes ta personne. Ne pas être soi-même...tu veux parler de l'image que les autres ont de toi ou la tienne de toi-même? Qu'est-ce qui a changé selon toi?"
"Je ne sais pas... Je ne sais pas si c'est moi qui ai changé ou juste la vision des autres sur moi, en fait. Tout ça est très confus."
"Mais physiquement, tu vas bien? Rien d'alarmant à me signaler?", son affection pour son patient était palpable alors Louis mentit. Pour leur bien à tous les deux.
"Oui, tout va bien. Juste un peu pâlot... Je mérite plus de soleil, non? Comment faire tomber les mecs à mes pieds sinon?", il eut un léger éclat de rire.
"En parlant de relations...(Louis se tendit aussitôt, ne pouvant que s'en prendre à sa propre bouche) les choses ont-elles évoluées dans un sens ou un autre depuis la dernière fois?"
Petit soupir se voulant inaperçu mais quand même annoté sur la feuille blanche.
"On s'est vu il y a 4 jours, non? Donc logiquement, j'ai rien fait de...rien de..."
"D'imprudent? Ou de romantique? De surprenant? Cela m'étonnerait beaucoup, Louis."
Ce dernier resta bloqué un instant.
"Comment ça?", réussit-il néanmoins à articuler, les dents un peu trop serrées, comme s'efforçant de ne pas foncer chez le dentiste. Pas très drôle: l'auteure en est consciente, je vous rassure. Eric gesticula un peu sur son propre fauteuil, ressentant peut-être enfin à son tour l'inconfort de ce mobilier.
"Non, sérieusement, explique-toi. Je ne suis pas certain de bien comprendre. Imprudent, surprenant, voire stupide, c'est ce que tu sous-entend, hein?"
"Oui... Louis, écoute-moi avant de t'énerver inutilement, s'il te plaît. Ce n'est pas un reproche: je te trouve intéressant et plein de vie. Tu vas juste parfois un peu trop loin, et tu en dis trop et c'est ce qui te rend si unique, mais...ce n'est pas toujours facile pour toi à cause de tout cela aussi. Je me trompe?"
Ne pas l'insulter. Ne pas éclater de rage. Ne pas lui montrer ce côté monstrueux. Je vaux mieux que ça, non? Alors reste courtois, Tomlinson.
"Vous n'êtes pas un ami. Je ne suis qu'un patient, compris? Vous avez dépassé une certaine limite et vous le savez parfaitement. Donc je vais juste quitter cette pièce et prétendre que cette séance n'a jamais eue lieue. Vous allez faire de même et je reviendrai dans quelques semaines, plus détendu et cool. Et vous serez moins donneur de leçons. Ça vous va? Parfait."
Il se leva promptement, attrapa son sac à l'arrache et se rua quasiment sur la porte de la délivrance. Mais la voix, à ce moment-là, à peine supportable, d'Eric résonna.
"J'espère que tu te rendra compte de ce que je fais pour toi, Louis. Je veux juste t'aider et malgré tout ça, je peux être un bon ami."
"Je n'ai pas besoin d'amis: je déteste tout le monde", lâcha t'il, tranchant et glacial. Comme prêt à éventrer un pauvre innocent.
"Sauf Ash'. Et Zayn. À bientôt, Louis."
Le châtain ne put que courir à partir de cet instant-là.
*
Il n'avait qu'une seule idée, un unique plan qui lui convenait "parfaitement". Il avait toujours été trop égoïste et narcissique; et par conséquent, cette solution collerait idéalement à cette image qu'il avait de lui-même depuis des années. Il devait s'y tenir et ne pas se laisser éventuellement attendrir ou avoir par les autres: ce serait à sa façon, sinon il démissionnerait pour de bon.
Il essaya de prier mais finit par pester, jurer et envoya un des cierges à terre. Puis toute la rangée contre les pupitres, suscitant les regards lourds de jugement de la petite assemblée de cathos, le genre qu'il méprisait totalement en somme.
"Dieu me hait: il a fait de moi un gros pédé et m'a ensuite puni pour m'empêcher de baiser mais ça se finit aujourd'hui. Priez, implorez sa clémence, son pardon ou une paire de cerveaux, peu importe: il n'est plus là depuis longtemps. Il vous a tous abandonné, cet enculé. Allez, on se retrouve au purgatoire!"
S'il vous plaît, dites au païen d'y aller mollo. Et à l'auteure de stopper avec son obsession pour Supernatural.
Louis lança un sourire fier aux croyants après son petit discours et retrouva la réelle lumière du dehors, l'air pur de ce doux mois de février.
Sa décision était prise et il se savait capable de réussir malgré les difficultés plausibles.
Un appel de Zayn? Louis ne décrocha pas, fixant juste l'écran, souhaitant que cela disparaisse. Il soupira de soulagement quand le métis ne retenta pas quelques secondes plus tard, et il le rangea tranquillement.
Il devait aller rejoindre Styles pour le moment: son plan débutait ainsi.
Et tout se passerait correctement. Tout irait enfin bien pour eux tous: il s'en assurerait.
*
"Tu devra bien aller le voir un jour, Zayn".
L'adolescente, son ventre le gênant de plus en plus, finit par laisser tomber son désir du jour: rester debout plus longtemps. Et s'écroula donc sur le lit mis à disposition.
"Je ne l'évite pas: je me trouve juste pas au même endroit que lui. Il a séché aujourd'hui et pas moi, voilà. On peut parler de quelque chose d'autre?"
"Comme?", en mettant ses bras sous l'oreiller, elle sentit une surface dure, légèrement craquelée. Curieuse, elle attrapa l'objet: un petit carnet. Bleu foncé. Avec comme des marques de griffes dessus. Elle hésita à l'ouvrir immédiatement mais sa "conscience" la rappela à l'ordre.
"C'est quoi, ça?", demanda t'elle donc, montrant l'objet. Zayn reçut comme une décharge, se téléportation presque face à elle et le lui arrachant des mains.
"Pas touche!" Et il revint à la fenêtre, plaçant le carnet dans son pantalon, lui tournant le dos.
"Hum...okay... Qu'est-ce que tu caches?", limite intrusive, n'est ce pas? Zayn ne la voyait pas comme ça.
"Ma vie, mon carnet, Minke."
Sa voix était loin de son habituelle, chaude et sensuelle. Cette fois, il n'y avait pas la moindre trace d'amusement ou de taquinerie: ce n'était pas un sujet de plaisanterie. Mais Minke voulait en apprendre plus.
"Oui, peut-être mais...on est assez proche maintenant, non? Je vais pas te juger ou te repousser, moi."
Elle le suppliait quasiment et le métis faillit lui balancer le carnet en plein visage rien que pour la faire taire. Mais il essayait de rester calme et serein, toujours à l'écoute pour elle.
"Tu ne comprendrai pas, okay? Donc laisse tomber. Tu veux pas aller te promener un peu?"
Ce fut deux yeux interloqués qui lui firent aussitôt face.
"T'as peur de prendre un coup de soleil à Londres?", il eut un petit rire, tout fier de lui. Elle restait tétanisée.
"Je t'offrirai peut-être tes écœurants chocolats à la menthe si tu me fais un sourire."
"Pourquoi je comprendrai pas? Tu me prends pour une conne? Trop "jeune" pour comprendre tes problèmes ou tes secrets?"
"Non, juste que... C'est incompréhensible là-dedans, c'est tout. Et pas important surtout, donc..."
"Je peux toujours essayer de déchiffrer. Ou alors tu l'as écrit en urdu pour que personne comprenne?", elle avait un rictus mauvais et c'était inédit de la voir de cette manière.
"Ne sois pas stupide. Si c'était le cas, je l'éloignerai pas de toi."
"Alors passe-le moi. Je mérite de savoir!"
"Tu mérites de savoir? Mais c'est n'importe quoi! Arrête avec tes conneries, Minke. Ma vie donc c'est moi qui décide, compris?"
"Tu vis sous mon toit, Zayn, j'te rappelle alors fais gaffe."
C'était une menace ou juste une horrible blague?
"Je vais ignorer cette connerie, okay? Et on va aller marcher dans le parc: un peu de soleil, les oiseaux; peut-être que ça nous calmera un peu."
Il avait retrouvé un sourire figé, celui qu'il évitait par principe. Mais Minke ne semblait visiblement pas prête à mettre un terme à cette conversation.
"Je rigole pas, Zayn. Soit tu me laisses lire, soit tu te barres."
Long silence s'étirant, les deux se fixant juste.
"Bon, je vais mettre ça sur le compte de tes hormones déglinguées et...", elle le coupa net, montrant les dents comme une chauve-souris atteinte de folie aiguë.
"Non, non, non, pas de ça avec moi! Je suis saine d'esprit, crois-moi. Et je suis parfaitement sérieuse. Alors? Ton choix?"
"Je ne vais pas céder à ton stupide chantage, Minke. Donc je vais prendre mes affaires et m'en aller. Si tu me cherches, viens chez Ash'. Je serai peut-être apte à accepter tes excuses dans quelques jours."
L'adolescente brûlait d'envie de répondre quelque chose de cinglant, de "cool" ou de percutant, mais...elle n'en eut pas la force.
Son seul et unique allié la laissait tomber.
*
Zayn comptait tout ce qu'il était possible de compter. Cette maison était beaucoup trop grande pour n'accueillir qu'une seule personne, non? Il faudrait qu'il en touche deux mots à Louis. Il ne refuserait sûrement pas... Enfin c'était ce dont le métis tentait de se convaincre.
Le châtain et lui étaient meilleurs amis pour la vie: c'était un peu cliché et niais mais il en était persuadé. Quoi qu'il se passe entre eux, et autour d'eux, ils finiraient par se retrouver. Parce-qu'ils étaient faits l'un pour l'autre.
Et plus le temps passait, plus Zayn le savait avec certitude; et c'était normal qu'il se détache de Luke après tout cela. Il n'était pas mauvais, égoïste ou un vrai salopard: il était juste amoureux de son meilleur ami.
*
"Tu veux dire que...", Harry ne comprenait visiblement pas totalement. Mais Louis avait un sourire engageant, adorable et prêt à tenter l'aventure. Il semblait sûr de lui.
"Oui. Je veux habiter avec toi à Los Angeles. Je ne vois pas en quoi c'est si étonnant."
"Mais...tu es certain que c'est ce que tu veux?", le doute subsistait encore chez l'ancien bouclé et
peut-être qu'il ne s'envolerait jamais...pour de bonnes raisons.
"Oui, Haz. C'est ce que je veux. On en avait parlé juste avant l'incendie, non? Pour moi, le choix était fait."
"Tes amis et ta famille sont ici, Lou'... Et ton école. Tu ne peux pas...", Louis le coupa brusquement.
"Tu me l'avais proposé il y a quelques mois, non? Tu voulais y retourner avec moi, j'me trompe? (Harry était sur le point de répondre mais le châtain reprit) Alors c'est décidé: toi et moi à L.A! J'ai besoin de soleil, de nouvelles inspirations, de choses fraîches, tu comprends? Je ne peux pas rester ici plus longtemps."
Il avait l'air las et Harry se demanda s'il ne lui cachait pas quelque chose... Toujours suspicieux.
"Mais... Ashton va s'installer avec mon frère et...ce serait un peu précipité tout ça, non?"
"Tu veux qu'on soit ensemble ou pas?", répliqua Louis, le regard dardé sur celui d'Harry. C'était une véritable question, à prendre ou à laisser: l'acteur le sentait bien. Louis ne bluffait pas.
"Bien sûr, Lou'. Bien sûr mais je ne veux te faire tout quitter juste pour..."
"Je te veux. Et je veux cette vie loin d'ici. Je n'ai plus rien ici: Ash' se barre, je déteste l'école, Luke me hait... Plus rien. Je peux recommencer là-bas. Avec toi. Et ce sera mieux que n'importe où."
"Ta famille, Louis... Pense un peu à eux, non?", sa voix semblait un peu l'abandonner: il adorait et aimait Louis mais il le fatiguait beaucoup. Il n'était pas entièrement franc avec lui et cela le bloquait face à cette possibilité intéressante.
"Mes parents s'occupent de ma sœur: ils se sentent coupables, alors ils en font des caisses maintenant. Elle a même Zayn alors... Je pense que ça se passera bien pour elle."
Pas d'appel à la discussion ici... Harry devrait soit changer de sujet soit totalement se taire, mais...
"Minke est encore jeune: elle a besoin de son grand frère. Elle a besoin de tout le monde qu'elle peut avoir. Sa situation est loin d'être facile et..."
"Elle a voulu le garder; maintenant, elle l'assume."
Ce ton... Harry n'avait pas vu ce Louis-là depuis très longtemps... La dernière fois datait de quand ils étaient en froid et qu'Harry tentait de le récupérer. Il avait le visage grave et les yeux durcis. Comme prêt à se mettre à terre son adversaire. Mais Harry ne voulait aucun mal à Louis.
"Louis, c'est ta sœur...", oui, c'était assez faiblard comme argument, mais Harry était tétanisé.
"Et? Je lui avais dit de l'abandonner. Je lui ai dit qu'il fallait qu'elle le donne à quelqu'un, mais elle veut encore le garder. Elle est stupide."
"Louis! Elle veut s'occuper de son enfant, c'est normal! Et plutôt courageux."
"Accepter l'enfant d'un viol...je peux pas, moi, d'accord? Ce salaud a fait ça et ma sœur le paiera toute sa vie, elle. Lui s'en souvient même pas et on le retrouvera sûrement jamais."
"Louis...", il était moins choqué à présent, juste abattu par le désespoir qui suintait de son petit ami.
"On parle de ça alors qu'on devrait planifier notre départ! C'est n'importe quoi! Allez, regardons les départs d'avion!"
Il attrapa sa tablette et commença à taper sur l'écran quand une grande (et même géante) main vint recouvrir la sienne. Elle était très douce et ce contact était plus qu'apaisant. Louis releva les yeux vers son amoureux.
"Louis...attendons au moins qu'elle accouche, non? Juste après on partira si tu veux. Tu passes tes examens à la fin de l'année et comme ça, tu termines la boucle."
"Non: je veux partir maintenant, Harry."
De nouveau, ce ton dur et limite insensible. Le grand brun serra un peu plus la main de Louis.
"S'il te plaît, mon ange, réfléchissons-en plus tard. S'il te plaît."
"Je te rappelle que je n'ai pas beaucoup d'espérance de vie, donc si je veux faire quelque chose, je le fais avant de mourir. D'accord?"
Là, les yeux d'Harry eurent du mal à rester secs... Il avait presque oublié la condition de Louis tellement celui-ci jouait bien le mec bien dans sa peau, bon vivant.
"Oui, tu as raison... Excuse-moi. Partons quand tu le voudra." Il baissa la tête et déposa un baiser papillon sur la main de Louis.
*
Je ne peux pas le faire... Je vais me contenter de partir avec Harry sans prévenir personne et le message passera tranquillement. Je suis le pire des amis, je leur ai déjà dit maintes et maintes fois. Ils en auront juste une preuve irréfutable cette fois... Ils méritent mieux. Je ne veux pas leur faire de mal, je ne suis pas une mauvaise personne. Ni une bonne d'ailleurs.
Eric avait peut-être raison finalement... Peut-être que je suis le seul vrai problème. Si je pars, ils iront tous mieux, ils réaliseront leurs rêves sans moi dans leurs pattes à les descendre plus bas que terre. Je ne réussis à personne... Par chance, Harry ne l'a pas encore réalisé ou alors il s'aveugle intentionnellement...
Je le ferai souffrir lui aussi. Il m'en voudra et je ne pourrai que lui donner raison. Une seule personne pourrait...
Mais je m'en vais à cause de ça. Si quelqu'un demande pourquoi je suis parti, ils diront que mon ambition m'y a poussée. Que je ne veux que briller au cinéma.
Mais c'est faux. Tout cela ne m'intéresse plus réellement. Je veux juste écrire. Écrire et l'aimer. Lui et seulement lui. Mais je vais devoir me contenter d'Harry...
*
"Louis? T'es où? C'est au moins le 15ème message que j'te laisse! T'es où? Je m'inquiète! Je croyais que vous dîniez juste. Tu es avec Harry, hein? Tout va bien? Rappelle-moi dès que t'as celui-ci. Ou celui d'avant. Peu importe: rappelle-moi tout de suite."
Mais Zayn n'eut aucun appel de Louis cette nuit-là. Il ne put s'endormir, ni sortir de la maison le lendemain. Quelqu'un toqua mais ce n'était que Minke et Zayn n'était pas d'humeur à se prendre de nouveau la tête.
Il ne faisait qu'essayer de joindre le châtain. Puis il essaya Ash' en dernier recours: pas de réponse non plus. Où étaient-ils tous passés? Il n'avait pas encore quitté l'Angleterre normalement alors pourquoi
était-ce si difficile de répondre au téléphone?
Il hésita mais renonça à appeler Luke: menace à double tranchant.
Et finalement, à la fin de la journée, il reçut un sms clair et concis: "Je suis parti à L.A."
Juste ça. Les seuls petits mots qu'il avait eu le temps d'envoyer...wow. Zayn n'aurait pas été inquiet ou désespéré, il en aurait sûrement rigolé, mais à ce moment-là...il ne sentit que son vide intérieur s'ouvrir davantage.
Cette sorte de trou noir dans la poitrine grandissait. Il n'avait pas ressenti une telle douleur depuis si longtemps...
"Tu ne reverra jamais ce garçon, Zayn Javaad. Tu m'as bien compris? Ce petit n'est qu'ennuis! Tu ne t'en approchera plus jamais!"
"Mais papa...", son père, encore plus immense et effrayant que d'habitude encore, ne le laissa pas poursuivre.
"Ce Tomlinson te met toujours en danger! C'est toi le plus grand, non? Alors tu lui fais peur et on ne le reverra plus jamais, crois-moi."
"Papa...je crois que je suis amoureux."
Son père l'avait observé avec tant de haine dans les yeux, tant d'incompréhension qu'il serait probablement incapable d'oublier un jour ce souvenir.
Il avait goûté à la main et au poing de son père ce jour-là. Et pendant des jours, il avait évité Louis. Mais ce gigantesque vide dans son être grandissait quand il était loin de lui, alors il s'était de nouveau rendu auprès de lui. Essayant de ne pas céder à la tentation.
Hors de question. Hors de question que Louis s'enfuit sans lui. Il ne pourrait le laisser faire. Il ne pouvait le laisser aller aussi loin de lui, sinon il était foutu. C'était certain.
Alors il retenta, mais toujours aucune réponse. Au bout de la 3ème fois sans voix au bout du fil, Zayn laissa donc un message:
"Louis? Si tu ne me réponds pas, je viens te chercher moi-même. Ou alors j'en finis. Tu décides.
Dépêche-toi, Boo."
Clair et précis. Pile ce qu'il fallait, non? Et il était sérieux.
Avec son passif, Zayn avait enfin accepté ce qu'il était: un suicidaire. Il l'avait compris grâce à Louis et même avec tout l'amour qu'ils se portaient, ce n'était pas suffisant pour le guérir, il le savait. Mais le priver de sa seule réelle source de bonheur l'achèverait à coup sûr.
C'était pour cette raison qu'il avait répété et répété ce message encore et encore, remplissant toute la mémoire du portable de Louis avec.
Zayn n'avait plus qu'une chose à faire: attendre une réponse.
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