3. Crush or not?
Louis passait rapidement entre les différentes tables, déposant les pâtisseries et boissons commandées. Il avait un vrai sourire, pas du tout commercial. Et tout à fait rafraichissant. D'ailleurs quelques filles lui souriaient de toutes leurs dents, faisant même des clins d'œil pour certaines. Mais Louis était sur son lieu de travail, demoiselles. Et ce job lui plaisait vraiment bien. Parfois, il avait même le droit de mettre ses talents de cuisinier en avant, ayant la chance d'inclure une de ses créations sur le menu. Et aujourd'hui, c'était son éclair au caramel et noisettes qui figurait dans les suggestions du jour. Quelques clients avaient été tentés et n'avaient pas du tout regrettés leur choix. Donc la journée se déroulait parfaitement bien pour le jeune homme...jusqu'à l'arrivée en milieu d'après-midi d'un bel homme que Louis aurait voulu oublier le temps d'un week-end. Heureusement qu'il savait bien jouer la comédie, malgré ce qu'en disait le con en question. Qui avançait, le corps penché vers le comptoir où l'on prenait commande.
-Bonjour, quelque chose en particulier vous ferait plaisir, peut-être ? (Oui, la politesse avant tout ; après tout, Louis tenait à ce boulot pour diverses raisons). Le beau et grand brun releva la tête des pâtisseries, ayant immédiatement reconnu cette voix cassée. Il secoua la tête, légèrement exaspéré pendant que Louis attendait juste une réponse. Impatient de se débarrasser de ce client-là. Il sourit gentiment cependant. Et l'homme reprit contenance.
-Bonjour, Mr Tomlinson. Oui, j'aimerai cet éclair-ci... (Il se déplaça un peu sur sa droite, les yeux débordants d'envie fixant les nombreuses délicieuses choses déposées) et 2 beaux macarons à la framboise. Puis un bon croissant, avec un thé à la menthe.
Sa voix trop grave fit frissonner Louis de plaisir, et il se gifla mentalement pour cette réaction. Il fit les gros yeux en enregistrant la commande, puis sans un regard, passa à la caisse. Mr Styles le suivit, et Louis eut une folle envie de passer par-dessus le comptoir quand ses yeux se posèrent sur les grandes et belles mains de l'homme. Il se reprit vite et se concentra sur l'argent que lui tendait son client « comme les autres ».
-Pas très bavard aujourd'hui, n'est-ce pas ? Donc vous faites cela tous les week-ends ?, Louis le regarda finalement et lui rendit l'argent en trop qu'il lui avait donné. Il ne voulait pas répondre, et qu'est-ce qui l'obligerait à le faire ? En dehors de l'école, ce gars n'avait aucun pouvoir sur lui. C'est ce qu'il croyait, naïvement.
-Wow, vous avez l'air en pleine réflexion intense..., il tenta de rigoler, mais cela donna naissance à un bruit très étrange. Plus un grognement qu'un véritable éclat de rire. Louis ne put que se moquer de lui du coup. Mr Styles apprécia grandement ce petit rire adorable et l'interrogeait du regard.
-Votre commande va arriver ; installez-vous si vous le souhaitez. Je m'occupe du thé.
Ca y est, le jeune homme s'était calmé et essayait de redevenir professionnel. Son professeur s'avança vers lui, se faisant à présent parfaitement face, seulement séparés par le comptoir. Yeux bleus contre verts.
-Quelque chose d'autre, peut-être ? Mon numéro ?, Louis regretta directement son audace. Styles le regarda les yeux ronds, ouvrit un peu la bouche, mais restant bloqué.
-Je plaisantais, évidemment. J'espère que vous apprécierez l'éclair.
A nouveau, regard perdu et confus du bel homme.
-C'est moi qui les ai faits, c'est pour ca. Bref, ca arrive tout de suite, marmonna t-il. Il se déplaça rapidement et en profita pour souffler un peu en attendant que le thé soit prêt. Le jeune homme revint avec et le déposa sur le plateau de son client. Il recula vite sa main quand Mr Styles avança les siennes pour se saisir du plateau bien rempli. Il ne lâchait plus le serveur du regard. Et Louis s'en voulait d'avoir proposé son numéro. Même s'il rigolait bien entendu. Soi-disant, lui gueula son esprit. Une nouvelle claque mentale. L'autre était toujours aussi sérieux. Les sourcils froncés. Et son joli et long nez légèrement retroussé.
-Je vous dirai ce que j'en pense. Sincèrement, bien sur.
-Bien sur. Soyez aussi franc qu'en cours : c'est mieux pour mon égo (ponctué d'un petit sourire).
Cette fois, Lou' ne s'en voulait même pas. Il se sentait toujours entre deux mondes différents face à cet homme. Et il ne saurait vraiment décrire ces sensations et ce malaise. L'adolescent profita de ce petit silence pour le caresser du regard, et il fut ravi de constater qu'il portait à nouveau une chemise très entrouverte. D'un vert très élégant, assez foncé. Ses boucles lui tombaient doucement et joliment sur ses belles épaules et ses lèvres attiraient sensiblement trop l'attention de Louis.
-Je n'y manquerai pas, Mr Tomlinson. Il hocha la tête, bien sérieux à nouveau. Ce qui agaça prodigieusement Louis et le sortit de sa contemplation.
-C'est Louis. Ou Lou'. Pas besoin de m'appeler monsieur en dehors des cours. Son ton n'était pas sec, mais appelant juste à un rétablissement. Mr Styles s'approcha encore un peu et récupéra pleinement le plateau. Quel gourmand, pensa Louis l'affamé. Mais pas de ce genre de nourriture, lui.
-Merci pour le service. Louis. Il eut un sourire timide et disparut de son champ de vision, allant au fond du café. Le beau brun resta un instant figé et se fit interpeller par un client semblant très pressé. Les gens et le manque de caféine ne faisait vraiment pas bon ménage. Louis continua son service tout sourire, et toujours à l'écoute de toute exigence, justifiée ou non. Le sourire timide de son prof lui trottait à l'esprit et il était juste content à cause de cela. Il savait que c'était ridicule et stupide, mais il y pensait quand même.
Le dimanche passa assez lentement, ce dont fut reconnaissant Louis. Celui-ci passa la journée entière à la plage, accompagnée d'Hope, Ash' et Luke. L'agréable vent chaud, les barbe-à-papa collantes, les pieds dans l'eau, il se sentait extrêmement détendu. Et seuls quelques flashs de son craquant prof firent surface.
-Loulou ? HEY !!, sa meilleure amie lui envoya des giclées d'eau dans la figure et cela finit en course-poursuite dans les vagues doucereuses. Les quatre se faisaient tomber l'un après l'autre, rigolant tels des phoques manquant d'oxygène. Louis aurait voulu prolonger ce moment indéfiniment. Ils finirent par s'allonger sur le doux sable chaud. Mais Hope semblait vouloir tout gâcher.
-Alors ? Les cours, les profs... ? C'est aussi cool que tu l'espérais ?, lui demanda t-elle innocemment. Oui, elle était sympa, mais il ne voulait pas révéler cet intérêt étrange qu'il avait pour un de ses profs. Surtout qu'elle se réjouirait surement et lui conseillerait de passer à l'attaque. Elle avait l'agaçant don de savoir ce que ressentait vraiment Louis. Donc mieux valait ne pas en laisser échapper un mot.
-Pas mal du tout, pas mal. Je suis vraiment pressé de continuer le piano, je t'avais dit ? (Elle secoua la tête, celle-ci posée par terre, tournée vers lui) En tout cas, ca me plait vraiment, je sens que je vais pouvoir ajouter ca à ma liste de talents.
-Quelle modestie, comme toujours ! On ne pourra pas te changer, même si on essayait très fort, se moqua t-elle, le regard rieur. Il lui donna un léger coup de coude dans les cotes.
-Et niveau mecs ?, bien sur avec un clin d'œil exagéré. Il ferma les yeux, se calmant. Ash' et Luke, allongés à coté d'eux, se relevèrent un peu, curieux à présent.
-T'es gay, mon pote ?, demanda Luke, un sourire adorable aux lèvres, faisant bouger son anneau. Vu comment il avait dit cela, ca n'avait pas l'air de le déranger. Alors Louis décida d'être sincère.
-Bi, en fait. Mais plus attiré par les mecs. Les deux garçons hochèrent la tête, compréhensifs et cela rassura Louis. Mais Hope n'avait pas oubliée sa question.
-Alors ?? Allez, tu sais qu'on peut tout se dire !, et Louis frissonna un peu, pas vraiment certain. Tous les trois étaient maintenant assis, donc il se releva également.
-Non, personne pour le moment. Dois-je te rappeler que ca ne fait qu'une semaine ?, il aurait pu paraitre sincère. Aurait pu. Mais Hope sentit le malaise.
-Bizarre, bizarre... J'aurai juré que quelqu'un te trottait dans la tête depuis 2, 3 jours... Surtout que t'es un rapide, d'habitude !
Elle pensait vraiment le coincer de cette manière? Parfois, on aurait dit une vraie débutante...
-Un rapide ? Ah ouais ? Bon, faut dire que t'es pas mal du tout, qui peut résister ?, intervint Ash', son accent australien encore plus fort. Louis sourit, fier de lui-même.
-Tiens, et un prétendant ! T'as trop de succès, Lou' ! Fais partager, non ?, ajouta son amie. Il rigola légèrement tandis qu'Ash' démentait gentiment son attirance.
-Le prend pas mal, Lou', mais je suis loin d'être attiré par les mecs. Tous rigolèrent.
-T'inquiètes pas, il a un autre gars en tête, hein Lou' ? Tu voudrais revoir ce beau grand brun, non ?
Louis se glaça et tous le sentirent. Hope, les yeux grands ouverts, cherchait à le faire parler. Ce regard, il ne le connaissait que trop bien. Et là, c'était pas le moment.
-Non, je m'en fiche de ce mec...
-Wow, on aurait pu te croire...hein ?, et elle fut appuyée par ses deux nouveaux amis. Cool, la solidarité masculine...
-De qui vous parlez en fait ?, demanda le curieux Luke. C'est Hope qui se chargea de décrire le bel homme croisé à l'exposition quelques semaines plus tôt. Il avait été incapable encore de lui dire qui l'avait revu, et plus d'une fois. Mais le mystère ne dura pas plus longtemps.
-Mais il me fait penser à notre prof de théâtre, le mec que tu décris ! Lou', il lui ressemble, non ?
Les trois le regardèrent, voulant une réponse rapide et honnête vu leurs visages. Donc il exauça leur prière.
-C'est le même. Hope ne savait pas quoi faire : elle hésitait entre sourire et la déception ; du coup, son expression faciale était étrange.
-Donc tu craques pour notre prof de théâtre ?, résuma Ash', un grand sourire « innocent » collé sur le visage. A nouveau, les trois attendaient la vérité. Et Louis parut nerveux et répondit vite.
-Non, non, il est pas mal mais ca s'arrête là. Un vrai con, si vous voulez mon humble avis. Luke et Ash' rigolèrent et semblèrent approuver, mais Hope ne le croyait pas. Et elle ne lâchait jamais totalement l'affaire.
-Sauf que tu bavais presque quand tu l'as vu, Lou'. Et c'est ton prof... (Elle sembla réfléchir un instant) ce n'est pas si grave, n'est-ce pas ? J'veux dire, t'es pas encore majeur mais bon...
-QUOI ??, s'exclamèrent simultanément les deux amis. Louis se leva et épousseta un peu ses vêtements. Prêt à partir.
-Ouais, 17 ans. Bon, je dois y aller. A plus. Mais les deux gars commencèrent à grogner mignonnement et Hope lui attrapa le bras.
-LOUIS !! Parle-moi..., son air suppliant était adorable en temps normal, mais là... Après tout, elle savait qu'il était sujet à des sautes d'humeur, et avec ce sujet abordé...
-Je ne veux pas en parler. C'est mon prof : il est beau et imbuvable, c'est tout ce qu'il faut retenir. Sa voix n'était qu'un rauque marmonnement.
-Il t'a reconnu ?, demanda t-elle timidement, il la regarda étrangement et secoua la tête.
-Je ne crois pas... Il se serait surement foutu de ma gueule sinon. Il ne doit pas aimer les mecs. Et c'est bien dommage.
Et lui qui croyait qu'il avait dit la dernière phrase seulement dans sa tête. Hope le regardait, un peu désemparé. Et le beau duo masculin sentait le sérieux de la situation, donc ils se taisaient.
-Lou' ? N'y pense plus, s'il te plait..., son murmure aurait pu lui être agréable, mais le jeune homme n'était plus d'humeur joyeuse. Il leva les mains, comme prêt à se faire arrêter par les flics, mais prêt à défendre sa version de l'histoire.
-Je m'en fiche, t'inquiètes pas. Je dois vraiment y aller là. Il fit un joli sourire étincelant, fit la bise à ses deux copains et serra tendrement Hope dans ses bras.
-Si t'as besoin..., oui il le savait : elle était toujours là et pour cela, il la remerciait mentalement tous les jours. Il sourit, reconnaissant et leur souhaita à tous une bonne soirée. A demain, cria t-il quand il fut plus loin.
Louis avait passé sa soirée et sa nuit sur son cahier préféré. Il n'avait fait qu'écrire, et un peu de tout : quelques courts poèmes ; des citations lui trottant dans l'esprit ; des débuts d'histoires... Oui, seulement des débuts. C'était bien l'une des grandes faiblesses du talent du jeune homme. Il commençait une histoire, avec pleins d'idées de toute sorte et une dizaine de pages plus tard, tout s'arrêtait. Il s'arrêtait pour être plus précis. Il ne savait jamais vraiment pourquoi : de la lassitude, de l'ennui, panne d'inspiration, perte de confiance ? Louis avait du mal à mettre le doigt sur ses difficultés-là. Mais il sentait que tout cela changerait prochainement : il reprenait peu à peu foi.
Ses parents n'étaient pas là, encore une fois. Mais il s'en moquait royalement. Tout seul, ses idées éparpillées partout dans la pièce, il se sentait un peu moins fou. Pourtant, il fut dérangé par la sonnette de la porte d'entrée. Regardant l'heure, il ne put que constater que les gens n'avaient plus de savoir-vivre et était pressé de remettre à sa place la personne en question. Quelle qu'elle soit. Louis descendit donc rapidement et ouvrit brusquement la porte. La personne, de dos, portait un grand sweat, la capuche relevée sur sa tête. Ce qui énerva encore plus le jeune homme.
-Mais putain ! 3h du mat', mon gars ! C'est pour quoi ?
Il se retourna et enleva sa capuche pour révéler son beau visage à l'habitant, encore énervé quelques instants auparavant. Mais il ne put que sourire en voyant qui le dérangeait. Pas entièrement, par contre : il ne pardonnait pas aussi facilement.
-Zayn... qu'est-ce que tu fais là ? Ta sœur ne m'a pas dit que t'étais en ville... Cela sonnait comme une supplication pour obtenir une explication. Le jeune homme métis eut un petit rire et Louis sentit son cœur flancher un instant. Cela ne s'arrêterait-il donc jamais ?
-Elle ne le sait pas. T'es le premier que je vois. Et t'as pas changé... On aurait dit un compliment vu le sourire magnifique qu'il lui offrit en le détaillant. Louis rougit légèrement.
-Arrête tes conneries, p'tit enfoiré. Entre. J'imagine que tu voulais passer le restant de la nuit ici.
L'intrus approuva timidement et entra doucement. Louis referma derrière lui et ils se firent face, les yeux dans les yeux pendant un long moment. C'est Zayn qui fit le premier pas et vint prendre son ami dans ses bras. Ce dernier y répondit, bien qu'un peu gêné.
-Je n'ai pas oublié, Zayn..., murmure t-il tout contre sa joue, un peu trop douce pour le bien de Louis. Il ferma les yeux et respira doucement cette délicate odeur qui lui avait tant manqué.
-Je sais, je sais... Pardonne-moi, mon amour.
Louis rouvrit les yeux et recula légèrement, incapable de savoir quoi faire face à cette réponse. Mais les bras de Zayn le retenaient toujours, et ils avaient glissés pour se mettre autour de sa fine taille. Louis eut un peu de mal à respirer en voyant le regard triste et magnifique de son « ami ». Avant qu'il n'ait pu dire quoique ce soit, demander des explications, ou exiger qu'il parte, les lèvres de Zayn vinrent se poser sur les siennes. D'une pression assez agréable, et l'hôte se laissa faire avec plaisir. Un instant. Puis il recula de nouveau, se détachant tout à fait du beau métis envoutant cette fois-ci. « Les problèmes reviennent », pensa Louis en laissant son regard errer sur les lèvres de son invité.
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