50. 💢 Rémy 💢

Cynthia, choquée d'apprendre dans un moment comme celui-là que son fils était au courant pour sa maladie, sentit sa gorge se serrer bien trop fort.
Elle en voulait atrocement à Marc de lui avoir révélé ça, alors que c'était à elle de le faire et qu'elle ne se sentait pas prête. La maman sentit soudain un gros pincement sur son sein droit, comme si le fait que Rémy en parle réveillait la douleur qu'elle ressentait déjà bien trop souvent.

- Je comptais t'en informer plus tard, mon ange... Tu avais l'air tellement heureux... Et saches que je vais bien, je n'ai pas mal et les médecins sont confiants... mentit-elle, la voix basse et le souffle court.

- Tu n'as pas intérêt à m'abandonner, maman.

Cynthia lui sourit avant de mettre ses deux mains sur les joues de son fils. Dieu qu'elle s'en voulait de lui infliger autant de peine...

- Je ne t'abandonnerai jamais, Rémy, et même lorsque je serai partie - le plus tard possible - sache que je veillerai toujours sur toi. Mon dieu, mon ange s'il te plaît, changeons de sujet sinon les gens vont vraiment nous prendre pour des pleureurs sur pattes.

Une heure plus tard, le blond reçut un SMS d'Aline. Avant d'ouvrir le message, il inspira longuement en priant pour que cela ne soit pas une mauvaise nouvelle.

Aline : Un médecin vient de nous dire qu'il était dans le coma et qu'il ne pouvait pas nous dire quand il se réveillerait. Mais ses fonctions vitales ne sont pas engagées. Il a eu de la chance, d'après ce connard de mec. Tu parles de chance... Je suis désolée pour ce que maman a dit, elle sait très bien que vous n'y êtes pour rien.

Rémy souffla un grand coup. Non, Florian n'était pas mort.

- Il est dans le coma mais vivant, dit-il à sa mère, sans se sentir mieux pour autant.

- C'est positif, Rémy, ça va aller... répondit-elle doucement.

Le blond n'allait pas mieux et pour cause. Est-ce que Florian allait vraiment se réveiller ? Si oui, quand ? Garderait-il des séquelles de sa chute ? De son coma ? Il n'y connaissait rien et de toutes façons chaque cas était différent. Allaient-ils se revoir, au moins ? Et si Martine refusait qu'ils se voient à nouveau un jour ? Et si elle faisait comme le père d'Ahmed et l'éloignait de lui ?

- Et s'il reste éternellement dans le coma ? Et s'il finit par s'éteindre, par mourir au beau milieu de la nuit ?

- Rémy, ne penses pas au pire s'il te plaît, ça ne sert à rien à part te faire encore plus de mal...

Rémy finit par répondre à Aline, même s'il n'avait aucunement envie de discuter avec elle. Non pas qu'elle lui avait fait quelque chose mais parce qu'il se sentait mal pour la famille qui devait souffrir au moins autant que lui.

Rémy : Je suis terriblement désolé... Est-ce que je peux venir le voir ? Je ne sais pas comment tout ça se passe...

Aline : Pour le moment, personne ne peut le voir. Maman pourra y aller demain matin. Je te tiendrai au courant.

Cynthia et son fils quittèrent la cafétéria de l'hôpital une bonne trentaine de minutes plus tard, surtout car leur présence ne servait strictement à rien. Les Meizers n'avaient probablement aucune envie de les voir et allaient certainement rester sur place toute la nuit, à l'affût de la moindre nouvelle. Ils avaient tous deux mal à la tête, avaient faim, étaient exténués et complètement déprimés. Attendre dans la cafétéria ou à la maison revenait totalement au même, sauf qu'au moins, la boisson était gratuite.

Une fois à la maison, Cynthia prévint ses deux filles de rester calmes et de ne pas discuter de la situation devant leur frère, qui était déjà assez abattu comme ça. Ils mangèrent en silence puis chacun se rendit dans sa chambre en se promettant de se donner des nouvelles s'ils en recevaient.

Dans son lit, Rémy éclata une nouvelle fois en sanglots, persuadé que rien ne s'arrangerait jamais, au contraire, il ne broyait que de noir. S'endormir ? Impossible. Aller en cours le lendemain ? Encore moins. Il n'avait qu'une envie : aller voir Florian et lui parler. Peut-être qu'il l'entendrait et se réveillerait. Peut-être qu'en fait, tout ça n'était qu'un cauchemar ? Le garçon se mit à frapper de toutes ses forces dans un coussin avant de descendre se chercher une bouteille de vin blanc qu'il ramena dans sa chambre. Il mit ses écouteurs, alluma Spotify en buvant à grosses gorgées. Comme souvent, c'est la chanteuse Hoshi qu'il décida d'écouter, peut-être parce qu'elle trouvait toujours les mots qu'il ne savait pas dire. Elle venait d'ailleurs de sortir une nouvelle chanson nommée "Tu Vas Me Quitter Encore Longtemps ?" qui comme souvent, le rendait dingue tant il avait l'impression que cette femme était sa soeur jumelle.

J'ai pas envie d'avoir 30 ans sans toi, j'ai pas envie de dire aux gens tout ça

Si c'est pas nous, moi j'ai pas d'autres plans

Est-ce que tu vas me quitter encore longtemps ?

J'ai pas envie qu'on me dise que ça passera, qu'il faudra bien guérir du mal de toi

Mais dis, comment trouver le médicament ?

Est-ce que tu vas me quitter encore longtemps ?

J'voudrais rallumer ta flamme, nous faire cramer de bonheur

Mon électrocardiogramme bat en fonction de ton cœur

J'voudrais créer un hologramme pour retrouver ton odeur》

- Putain de salope, toujours là à me donner envie de chialer cette chanteuse à la con ! dit-il tout haut en se mettant à boire de plus belle.

Le jeune homme se mit à regarder les photos de Florian et lui qu'il avait dans son téléphone en ayant une seule envie : se pendre. S'il perdait son amoureux, il perdait tout. Il le connaissait depuis toujours, avait grandi en écoutant sa voix, en le voyant sourire, en l'imitant même parfois. Sa vie avait été inévitablement influencée par le brun, comme tous ceux qui restaient bien trop ensemble finissaient par parler de la même façon ou par faire les mêmes choses. Il était impossible qu'il perde son seul et premier amour, son seul et premier vrai ami, sa seule et unique raison d'être heureux, de sourire, de croire en l'avenir.

Et pourtant, la vie se jouait d'eux à présent et rien n'était sûr. Peut-être que tout allait changer d'ici une minute, une heure, un jour ou une semaine. Une seule question le hantait :

Et s'il ne se réveillait jamais ?

C'est aux alentours de minuit qu'il reçut un appel d'Aline. Après avoir hésité à répondre, il se décida à le faire après s'être raclé la gorge.

Aline : Rémy ?

Rémy : Oui...

Aline : Je suis rentrée avec mon père, maman veut rester à l'hôpital malgré le fait que le médecin nous a assuré qu'il nous téléphonerait s'il y avait du nouveau.

Rémy : Je suis... Je suis vraiment désolé, on... Je n'ai pas bien compris ce qu'il s'est passé. Putain de vie de merde.

Aline : Tu ne l'as pas poussé, c'est pas ta faute.

Rémy : J'aurai préféré être à sa place, crois-moi.

Aline : T'as une voix bizarre, t'as bu ?

Rémy : Non !

Aline : Sérieux Rémy, mon frère est à l'hôpital et toi tu t'amuses à boire ?! T'es sérieux là ?!

Rémy : J'ai pas bu putain ! Puis qu'est-ce que ça change ?!

Aline raccrocha aussitôt, peut-être persuadée qu'il allait bien et buvait en s'amusant. Mais comment diable pouvait-elle penser ça ? Certes, il avait bu mais non, il ne trouvait en aucun cas la situation amusante.
Au contraire, il n'avait jamais pensé à ce point à mettre un terme à sa vie si les choses venaient à tourner mal pour son petit-ami. Il pouvait comprendre la colère et le désarroi d'Aline et de sa maman, mais l'agresser lui ne changerait pas les choses, puisque même s'il pouvait servir de punching-ball, il n'était pas sûr que cela réveillerait Florian.

Le jeune homme finit par s'endormir aux alentours de trois heures du matin et se mit à rêver de son copain, qui lui suppliait de ne pas lui écraser la tête contre le sol avec son pied.

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