34. 💢 Gay ou Gai 💢

En voyant le visage de Rémy se décomposer, la jeune dame regarda longuement son compagnon en réfléchissant.

- Je vois... dit le blond en baissant les yeux, le coeur serré. Bon, ben, je vais y aller. Désolé de vous avoir dérangés.

- Attends, lui dit Laurine en secouant la tête avant de lui sourire. J'ai une idée. Tu sais quoi, tu n'as qu'à prendre les clés de mon appartement. Je le louais à des gens mais ils se sont enfouis sans payer ces crétins... Je comptais le remettre à louer mais je préfère que tu le prennes toi.

- Il n'a pas d'argent, Laurine, comment veux-tu qu'il te paie un loyer ? demanda le papa.

- Je n'ai pas demandé à ce qu'il paie un loyer... répondit-elle. On fait comme ça ? sourit-elle ensuite à Rémy. Mais tu restes avec nous ce soir, je fais toujours trop à dîner.

- Oh heu tu es certaine ? demanda le blond, une nouvelle fois étonné. tu n'es pas obligée de faire ça...

- Qui a dit que je me sentais obligée ? Allez, monte tes affaires dans la chambre d'amis et rejoins-nous dans la cuisine.

D'accord, il l'avait mal jugée. Elle lui sauvait clairement la vie alors qu'ils ne se connaissaient quasi pas et que son père était près à le laisser tomber. Il n'avait aucune idée de comment il allait faire pour manger là-bas, seul et sans argent ou presque mais il se débrouillerait. Il ne savait pas à quoi ressemblait l'appartement ni même où il était situé mais ce qui était certain, c'était qu'il se sentait tout à coup beaucoup mieux après ces deux horribles derniers jours. Il posa ses affaires dans la chambre, puis redescendit.

- Au cas où tu te le demandais, il y a bien de l'électricité, la télévision et le Wi-Fi dans l'appartement. Il est meublé et plutôt sympa, tu verras. Il est en face de la gare de Namur et tu verras, il y a de jolies voisines et elles sont cools ! Lui dit Laurine en lui servant une grosse part de lasagne maison.

- Je ne sais pas quoi dire, tu es certaine que tu veux bien que je m'y installe ? demanda Rémy, mal à l'aise. Ah et au fait, je voulais te dire, papa...

- Oui, j'en suis certaine, ça me fait plaisir et à ton père aussi... répondit-elle.

- Tu voulais me dire quelque chose ? demanda Marc, qui se demandait ce qu'il pourrait bien avoir à lui annoncer cette fois.

Rémy posa un moment ses couverts et se racla la gorge avant d'annoncer la nouvelle.

- Je suis gay.

Marc crut s'étouffer avec le morceau de lasagne qu'il avait en bouche qu'il se dépêcha d'avaler afin de pouvoir tousser tandis que Laurine prit une bonne gorgée de vin blanc. Elle s'en fichait complètement mais savait que son homme lui, venait de se prendre une décharge électrique dans le visage.

- Et en plus il fait super bon aujourd'hui, dit-elle bêtement sans vraiment savoir pourquoi.

- Tu es gay ? Gay, du genre homosexuel ? demanda lentement le père, qui n'était pas certain qu'il ne voulait pas simplement dire qu'il était gai, comme joyeux.

- Mon frère aussi est gay, un garçon super fashion, mon dieu. Il arrive à me maquiller comme personne, un vrai pro... dit la dame en se resservant un verre.

- Laurine, s'il te plaît, je parle à mon fils !

- Heu, je suis gay du genre homosexuel oui... J'ai un petit-ami... dit Rémy en ayant l'impression qu'il allait bientôt recevoir une assiette de lasagne en plein visage.

Marc prit le verre de Laurine et le but d'une traite. Il ne savait pas quoi dire, ni quoi faire. Il n'avait rien contre ces gens-là, mais chez les autres. Un de ses enfants, c'était tout de suite plus problématique. Qu'allait devenir son fils ? Une folle atteinte du sida sans enfants, sans maison, sans amour, sans rien d'autre qu'un mal de cul quotidien ?

- Je pense que c'est juste une mauvaise passe, tu as juste envie de faire comme tous ces jeunes que l'on voit dans les séries... Comme dans la série que Laurine regarde, Elite... Une connerie sans nom... finit-il par dire.

- Navré de te décevoir, mais je crois que c'est parti pour durer, papa. Je vous laisse, je préfère encore dormir dehors ! dit le blond, qui commençait clairement à être à bout.

Il alla chercher rapidement ses affaires - puisque décidément - il posait problème à tout le monde partout - puis s'en alla. Une fois dans l'allée, il s'alluma une cigarette et fut suivi par Laurine.

- Donne-m'en une... dit-elle en ouvrant sa voiture.

Rémy fronça les sourcils en lui donnant une cigarette en se demandant où elle allait comme ça.

- Monte, qu'est-ce que tu attends ? dit-elle d'un ton autoritaire. Tu peux fumer dans la voiture, je m'en fou.

Le jeune homme s'exécuta, de toute façon, il n'avait aucun autre endroit où aller et ne savait pas quoi faire.

- Je sais que tu penses que ton père est un vieux connard et je te comprend, mais saches que ça va lui passer...

- Si tu le dis... On va où ? demanda-t-il.

- A l'appartement.

Soulagé, Rémy lui sourit sincèrement. Il allait pouvoir être seul et enfin tranquille. C'était un mélange de tout dans sa tête, il en voulait à sa mère, à Eric, à son père, à la vie qui était parfois dégueulasse. Mais il était aussi reconnaissant envers Laurine et puis Florian lui donnait la force de pouvoir avancer sans cesse, la force d'être capable de sourire malgré les malheurs.

L'appartement de Laurine était certes petit, mais très joli. Il était doté d'un balcon et était entièrement équipé. Le tout faisait très moderne et Rémy remarqua rapidement que le rouge était sa couleur préférée. Le frigo, le congélateur, le lave-vaisselle, la machine à café, tout était rouge. La télévision était plus grande que celle qui était chez sa mère et la chambre était dotée d'un lit de deux personnes au matelas moelleux. Il faisait nul doute qu'il se sentirait bien ici, même s'il se sentirait aussi seul. Après lui avoir fait faire le tour de l'appartement, la jeune dame lui conseilla de se rendre au supermarché afin de faire quelques courses puis s'en alla retrouver son homme.

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