À l’orée de cette journée qui promettait d’être d’une banalité affligeante, Katsuki avalait sa dernière gorgée de café en soupirant. Il n’avait rien de prévu, un jour calme et morose.
Depuis quelque temps, il n’avait pas vraiment d’occupation. Il passait ses jours à arpenter les rues de sa ville en quête d’une action quelconque.

Et celui-ci ne faisait pas exception. Le jeune homme reposa sa tasse sur son plan de travail et éteignit sa cigarette fumante, dans le cendrier en aluminium posé sur le rebord de sa fenêtre.

Katsuki était un homme de vingt-trois ans qui vivait seul dans un petit appartement au centre de Tokyo. Celui-ci avait été offert par son père à l’obtention de son diplôme universitaire. Il venait d’obtenir un doctorat scientifique, maintenant il cherchait un travail dans quelque chose de prestigieux.
Mais d’après les employeurs il avait un fort caractère, la langue bien pendue et il n'hésitait jamais à dire ce qu’il pensait sans filtre.
Et hélas pour lui, les entreprises s’étaient passé le mot et le refusaient avant même qu'il ne passe l'entretien.
Il devait faire des efforts, il le savait bien, mais changer du tout au tout était toujours compliqué, surtout pour un homme égocentrique et orgueilleux comme l'était le blond.

Il était conscient de ses nombreux défauts, bien plus nombreux que les qualités. Mais il avait au moins quelque chose pour lui, sa beauté. Un jeune homme d'environ un mètre quatre-vingt-dix avec de jolis cheveux blond cendré. Et bien sûr de merveilleux yeux d’un rouge carmin profond et pénétrant. Ceux-ci avaient fait sa réputation, faisant tomber toutes les femmes et tous les hommes à ses pieds.

Malgré sa facilité à attirer le regard et à faire craquer les cœurs, il ne voulait pas de ce connard qu’on appelait l’amour.
Il avait osé un jour donné sa confiance, son corps, son âme et son coeur à quelqu’un et on lui avait rendu en mille morceaux, en miette, décomposé.
Alors il s’était promis de ne plus jamais retomber amoureux, de seulement enchainer les relations sans lendemain. Il ne voulait plus impliquer son coeur dans tout cela, il en avait trop souffert pour se laisser avoir une seconde fois.

Par honnêteté ou par égo, il n’avait laissé personne voir sa tristesse, il s’était ramassé lui-même à la petite cuillère. Personne ne devait voir qu’il avait souffert, il ne pouvait l'accepter, même si son ex avait laissé sous-entendre que le jeune homme avait été fortement blessé. Il avait tout démenti en bloc, crachant sur les questions et niant les faits.

Le blondinet s’habilla afin de sortir se changer les idées. Depuis qu’il avait fini l’école, il n’avait que très peu de contact avec ses camarades de promo, son sale caractère avait fait fuir tout le monde. Alors il avait l’habitude de sortir seul, dans un bar quelconque ou un café afin de se vider la tête et de penser à autre chose.

Il prit ses clés, enfila ses chaussures et sortit de son domicile ; il regarda sa moto garée sur sa place attitrée. Il réfléchit rapidement et se remit en route, il voulait marcher et profiter de l’air frais.
Le cendré adorait sa moto, il l'avait achetée grâce à ses économies, elle était sa fierté. Mais il ne pouvait s'empêcher de vouloir rouler vite lorsqu’il la chevauchait  et bien sûr rouler à fond dans Tokyo en journée était tout simplement impossible et bien trop risqué.
Alors il avait pris l'habitude de rouler avec son monstre de nuit, sur des routes dégagées et bien droites.

Après quelques pas, il se retrouva dans un quartier animé et plein de monde. Malgré sa non sociabilité, passer le plus clair de son temps seul était bien trop dur et pesant. Il avait besoin de se fondre dans la foule pour se sentir un minimum vivant et entouré.
Il appréciait le chambard et le barouf de ce quartier ; l’animation et les gens, lui permettaient de faire taire la bête noire de sa tête.

Il en était incapable seul, alors il devait trouver des solutions pour ne pas ruminer des jours et des jours.

En passant devant des panneaux publicitaires, il tomba nez à nez avec une immense affiche qui lui attira l'œil par la couleur de cheveux du modèle. Un jeune homme posait pour une marque de parfum , le thème de la photo était très sombre, à contrario les cheveux et les yeux vert du mannequin était très clairs, pour les mettre en valeur et attirer l'œil surement. Et bien sûr ça avait très bien fonctionné sur lui. Il était quelque peu hypnotisé par ce regard farouche mais si pur, prédateur et pourtant si innocent.

Il resta l’observer, envoûté par la contradiction de cette affiche, le nom du modèle était inscrit tout en bas du panneau publicitaire, Izuku Modoriya, il avait déjà entendu ce nom à la télé. Il lui semblait que c’était un jeune homme plutôt connu dans le monde du mannequinat, non pas qu’il s’y intéressait mais quelques personnes de sa promo étaient passionnées par les modèles photo et celui-là en particulier, donc il avait entendu bien des choses.

Il se dit que le métier de mannequin devait être sympa, être adulé et admiré pour sa beauté; avoir un grand nombre de fans, poser pour des magazines, répondre de temps en temps à des interviews, se présenter à des émissions. La vie de rêve quoi.

Katsuki lui, ne se voyait pas d'avenir professionnel, sa mère voulait à tout prix que son prodigieux fils fasse un métier dont elle pourrait se vanter auprès des autres. Il est vrai qu’elle voulait que son fils ait un avenir glorieux mais elle voulait surtout pouvoir se servir de l’image du blond pour briller.
Lui ne voulait pas d’un métier quelconque bien sûr mais, trouver ce qui le faisait vibrer était bien plus compliqué. Il voulait être le meilleur, mais le meilleur dans quel domaine ?
Quel travail lui donnerait la niaque de se lever chaque matin ?

Les conseillers d’orientation lui avaient tous prédit un avenir glorieux et simple, mais ça ne le faisait pas vibrer, rien ne le faisait plus vibrer à vrai dire.

Le chambard avait repris autour de lui, il sortit de sa bulle de réflexion. Katsuki était resté devant cette affiche à la fixer simplement, il devait passer pour un hébété aux yeux des autres.

Alors qu’il allait reprendre sa route et rentrer chez lui, un petit groupe de trois personnes s’était approché en le regardant. Sentant le traquenard venir, il fit mine de ne pas les avoir vu et il tenta de reprendre son trimard.

“- Excusez-moi ? Monsieur ? “ Dit un homme.

L’inconnu de taille moyenne, les cheveux blond assez long, continuait de s’approcher du blondinet.

“- Je n’ai pas le temps, au revoir “ rétorqua-t-il en se retournant légèrement vers l’homme.

Il avait commis une erreur, il s’était retourné, il avait baissé sa garde. Lorsqu’il regarda de nouveau devant lui, il se heurta à un corps ; le deuxième homme était devant lui pour lui bloquer la route.
Un devant et un derrière il était coincé dans cette entourloupe.
Que lui voulait-on ?

Il se prépara mentalement à se battre, le combat ne lui faisait pas peur. Il savait que même contre deux hommes il pouvait gagner.
L’inconnu blond sentant Katsuki se tendre, désamorça la situation pour détendre l’atmosphère.

“- Je me présente je suis Monsieur Yamada, le manageur du mannequin Izuku. Celui dont vous regardiez l’affiche tout à l’heure. “

Il était là le piège, il avait osé mettre les yeux sur ce panneau et les ennuis lui était tombé dessus.

“- Détendez vous, nous voulons juste vous proposer un entretien. Vous avez le profil parfait pour faire mannequin et nous cherchions un jeune modèle homme pour faire des duos avec Izuku, cela vous intéresse-t-il ?” Expliqua calmement l'autre blond à Katsuki.

Le jeune homme fut abasourdi, comment cela pouvait-il être possible ? Il se savait beau mais pas au point d’être repéré par des membres d’une agence de mannequins. Était-il en train de rêver ?
Toujours quelque peu cauteleux, il demanda la carte de visite de ce Monsieur Yamada, celui-ci lui présenta immédiatement.

“- Je comprends totalement votre méfiance, Izuku viens s’il te plait. “

À ces mots, le troisième individu resté à l'écart s’approcha, le blondinet reconnut immédiatement l’homme de l’affiche. C’était donc vrai ?
Il resta légèrement suspicieux mais, une petite voix au fond de lui, lui souffla de faire confiance et de lâcher prise. Il avait peut-être devant lui l'opportunité qu’il attendait depuis longtemps.

Elle était là sa contingence, sa chance d’enfin trouver la petite chose qui le ferait vibrer et briller. Alors lorsque l’homme lui tendit une main, il prit une grande inspiration et la saisit avec un sourire.

__________________________________________________

Et on s’arrête là pour le chapitre un !

Pour une fois on commence dans le vif du sujet, alors ? Avez-vous trouvé des mots cachés ?
J’espère que cette première vous aura plu, on se retrouve Jeudi prochain pour le deux.

Je suis allé regarder et vous êtes 95 à être abonnés, je vais donc devoir trouver une idée de One shot de remerciement bien plus vite que prévu 😅. Merci infiniment pour cela !

Bon vous connaissez la chanson, je vous dis à très vite,

C’était Son_of_Géo pour vous servir~