Live-Zirkus 0.9

Bonjour, me revoici avec une nouvelle partie de Live-Zirkus, ça faisait longtemps, et j'espère qu'elle vous plaira. Elle est courte mais bon, que voulez-vous.

Sur ce, bonne lecture.

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Une étrange lueur illuminait la ville lors de cette douce nuit printanière. Une épaisse fumée noire s'élevait de cet endroit rougeoyant par nombre de volutes et des hurlements se faisaient entendre. Le ciel si obscur prenait une sinistre teinte orangeâtre et se couvrait d'une couverture nuageuse plutôt dense. En-dessus de la cheminée ardente se trouvait une énorme flamme olympique. Véritable mélange rouge, orange, or et banc. Elle éclairait et réchauffait avec ardeur les alentours. C'était magnifique. Or, ce fabuleux cierge incandescent était une énorme bâtisse, foyer de nombreuses familles.

Les soldats du feu luttaient à essayer d'éteindre les flammes grâce aux tuyaux fonctionnant avec un moteur à vapeur tandis que les habitants aidaient du mieux qu'ils pouvaient avec des sceaux d'eau. Cependant, ces actions devant des brasiers d'une telle intensité étaient vaines. Les flammes avaient gagné trop de terrain et il fallait malgré tout les empêcher d'atteindre les autres bâtiments. L'immeuble entier était devenu un véritable bûcher. Face à ce triste spectacle, des personnes sauvées de justesse pleuraient toutes les larmes de leur corps. Leur chez-eux était en train de partir en fumée sous leurs yeux malgré les efforts incessants des pompiers. Or, un élément de triste tableau se démarquait du lot. Un enfant se tenant debout à quelques mètres seulement de la fournaise ardente. Il était immobile, ses cheveux de jais décoiffés et son visage couvert de suie. Il ne portait que des vêtements de nuit abîmés par les flammes et son corps revêtait quelques marques de brûlures assez importantes.

Son regard noir était illuminé par la torche incandescente face et semblait être perdu dans les vagues. Ses pupilles, étrécies au maximum, suivaient avec une certaine admiration la danse sensuelle des flammèches crépitantes. Il était subjugué par une telle beauté et finesse dans un art qui était à la fois si divin et violent. Il aimerait en connaître le secret. Mais il était paralysé. Paralysé par la peur. Horrifié. Terrifié. Traumatisé. A l'intérieur du bûcher, à son plus grand désespoir, il pouvait entendre sous la forme de bourdonnement les hurlements des quelques condamnés et les craquements sinistres de la charpente et des fondations semblables à ceux des os.

Ce fut une adolescente qui arriva en courant vers lui, ses longs cheveux blonds à moitié enflammés dans son dos, pour s'agenouiller devant l'enfant et le secouer doucement par les épaules, les yeux brillants de larmes qui le ramena à la réalité. Elle l'attira, tremblante, contre elle en lui déposant un doux baiser sur le front pour le repousser avec lenteur, constatant l'étendue des blessures sur le frêle corps.

- Ça va Xxxxx ? demanda-t-elle, la voix brisée par le chagrin.

- Grande-sœur, murmura le petit garçon, le regard toujours vissé sur les flammes. On y va ?

- Oui... on va partir loin d'ici...

- Non. Pas loin. Rejoindre papa et maman.

- Hein... ?

- Ils sont toujours là-bas. Ils nous appellent.

La jeune femme resta pendant quelques instants totalement interdites devant ces paroles avant d'étreindre son cadet avec force en pleurant. Cette indifférence dont il faisait preuve face à cet incident devait être sa façon à lui de se protéger émotionnellement bien qu'il devait être le plus brisé.

- Oh Xxxxx... non, on n'a pas le droit de les rejoindre..., chuchota-t-elle doucement avec tristesse.

- Pourquoi ? fit-il de sa petite voix avec un certain sang-froid à toute épreuve.

- Ils doivent faire des choses de grandes personnes... nous n'avons pas le droit de les déranger...

- Et on pourra les retrouver quand ?

- Bientôt, bientôt...

- Tu mens.

Le plus jeune avec prononcé ses mots avec une telle froideur et dureté dans sa voix que sa sœur avait tremblé l'espace de quelques secondes avant de se reprendre avec peine, incrédule :

- Que... ?

- Ils ont besoin de nous. Ils nous appellent.

- Quoi... ? Mais qu'est-ce que tu racontes Xxxxx... !

Le jeune garçon ne semblait plus l'écouter, le regard à nouveau perdu dans la danse flamboyante avant de se défaire avec lenteur de l'étreinte et de contourner sa sœur. Il se plaça dos à l'incendie, ses épaules offertes à une chaleur insoutenable, et planta son regard noir, brillant d'exaltation, dans celui de la blonde qui eut un mouvement de recul. Elle avait peur. Non peur de l'incendie. Peur de son frère.

- Aller Xxxx. Viens avec moi. Allons retrouver papa et maman.

Un sourire emprunt de démence étira les lèvres de l'enfant avant qu'il n'éclate de rire. Un rire complètement fou, insensé compte tenu des circonstances. Un rire dément. Horrifiée, l'adolescente n'osa même pas l'approcher pour le sauver de la morsure de la chaleur du brasier. Elle savait qu'il était de son devoir d'aînée de le soutenir et de l'aider en ce moment-même mais elle ne pouvait. Des larmes de lâcheté coulaient sur ses joues sales. Elle avait honte d'elle-même. Incapable de sauver un enfant de six ans ! Elle avait mal. Son cœur était déchiré. Elle souffrait. Elle souffrait pour lui. Lui qui actuellement avait perdu toute notion de la réalité et ne devait même plus sentir la chaleur des flammes lécher ses bras dénudés.

Quel triste tableau.

Le petit brun riait encore, un rire qui sonnait à la fois faux et malsain et il tournait sur lui-même, les bras ouverts sur un public inexistant. Il n'y avait plus que lui et ses pensées. Des perles salés roulaient en continues le long de ses joues, traçant des sillons noircis par la suie mais il était impossible d'en connaître le sentiment qui en était la cause. Venait-il de prendre conscience qu'il avait perdu ses parents ? Était-ce de la tristesse ? De l'horreur ? De la peur ? De la folie ? Ou... pire... de la démence... ?

Hilare et dansant sous la petite bruine qui venait de se mettre à tomber, forçant les flammes à se courber, il se dirigea d'un pas sautillant vers la fournaise ardente sous le glapissement terrorisé de sa sœur. Elle tendit une main impuissante vers l'enfant qui se retourna une dernière fois vers elle.

- Ne m'abandonne pas...

Et il lui tourna à nouveau le dos, reprenant son hilarité et sa joie démentielle avant de pénétrer à travers l'immense barrière qu'était la chaleur étouffante des flammes sous les cris de stupéfaction des habitants et l'appel empli de détresse de la blonde.

Le cri résonnait encore dans la tête du jeune garçon qui ouvrit d'un coup les yeux comme électrocuté, se redressant d'un bond de sa couchette de fortune pour lancer un regard affolé autour de lui avant de passer une main lasse entre ses mèches noires et blanches. Ça allait, il était toujours dans sa cellule. Rien n'avait changé. Toujours les mêmes murs d'acier uniforme. Le même sol froid sur lequel se trouvait son « lit » - un simple drap dans lequel il avait pris l'habitude de se rouler en bouler pour un minimum de chaleur. La même porte close, épaisse, cloutée et d'acier inoxydable qui le gardait emprisonné. Elle était sa seule issue et sa seule condamnation.

Ce n'était qu'un rêve, soupira-t-il en fermant les yeux.

Oui, un simple rêve. Rêve qu'il refaisait encore et encore, et ce, depuis longtemps, chaque nuit. Depuis plus d'un an, il revoyait les mêmes flammes voulant dévorer cet enfant brun qui devenait fou au milieu de l'incendie. Au début, il n'avait pas compris la signification de ce qui aurait pu être qualifié de cauchemar et avait pris peur la première fois, mais à force de revoir cette scène encore et encore, nuit après nuit, chaque fois qu'il fermait les yeux il n'était plus choqué. De plus, il voulait en connaître le sens. Petit à petit, il arrivait à avoir de plus en plus de détails comme le visage des soldats du feu or le prénom de l'enfant et la blonde n'étaient toujours que sifflements stridents à ses oreilles. Peut-être ne verrait-il jamais la fin de cette scène ? Ne saura-t-il jamais ce qu'est advenu l'enfant ? Il le voudrait pourtant. Il se sentait étrangement lié à ce gamin.

Il finit par se lever avec lenteur et bailla à s'en décrocher la mâchoire. Il se recoiffa vite-fait, passant une main dans sa tignasse bicolore et réajusta son haut à moitié déchiré sur son torse, dissimulant par la même occasion une sorte de tâche noir se trouvant dans son dos. Il s'étira à la manière d'un chat, dénouant avec peine ses muscles ankylosés et soupira, dépité. Il se demandait à nouveau ce qu'il allait faire de sa journée. Et ce, depuis plus d'un an. Il était coincé dans cette cellule close avec pour seule compagnie un drap. Allait-il avoir à manger ? Allait-on lui confier une mission ? Sortirait-il d'ici pour une durée indéterminée ? Allait-il être torturé ? Subira-t-il une des nombres terribles séances d'entraînements ? Pourra-t-il revoir ceux qu'il appelait ses « amis » ? Ressentir le soleil caresser sa peau d'une pâleur à en rendre jaloux un mort ? Tant de questions dont bons nombres resteront sans réponses. Quelle lassitude. Quelle habitude. Celle de cette vie en cage. D'être le cobaye d'un homme se croyant supérieur à tous.

Ce qui fut l'une des plus grandes surprises du jeune homme lorsqu'il retourna en cellule était qu'il regrettait vraiment l'époque où le Live-Zirkus voyageait dans divers villes et pays pour offrir des spectacles toujours aussi fabuleux les uns que les autres. C'était les moments les plus magiques de toute sa misérable vie de meurtrier. Il voulait à nouveau sentir l'adrénaline irriguait ses veines avant son numéro. Écouter les acclamations du public lorsque le tour se terminait. Communiquer avec les spectateurs enjoués. Et surtout... reparler avec toute la bande. Échanger avec Gin. Se lancer des pics avec Jason. Se taquiner avec Aiden. Sourire avec Shawn. Et rire avec Ionas. Il souhaitait de tout son cœur qu'ils aillent bien puisqu'à leur retour en Angleterre ils avaient été séparés et ne s'étaient pas vus une seule fois. Et ça... c'était bien son unique regret malgré toutes les atrocités qu'il avait pu commettre.

Il s'en voulait de ne pas être assez fort pour se battre et se libérer de ces griffes le retenant prisonnier. Il ne pourrait sauver personne sans être capable de se sauver avant. Il pouvait juste regarder ses proches mourir une fois de plus devant ses yeux, impuissant. De plus, il était...un meurtrier... c'était donc naturel ? Non ? Enfin, c'est ce que lui dirait le Penseur s'il savait ce à quoi il pensait. Qu'il était son jouet. Son assassin. Son outil. Son espion. Son épée. Son meurtrier.

Tu as totalement raison mon cher, fit avec malice une voix familière dans son esprit.

- Ah... tu es là toi..., soupira le jeune garçon.

Haha, tu veux que j'aille où Aaron ? Je reste dans ce corps.

- Tu es sûr ? Tu ne veux pas aller voir ailleurs si j'y suis ?

Serait-ce une invitation à prendre possession de ce sublime corps ?

- Non.

Quel humour... De toute façon, tu sais très bien qu'il va bientôt falloir me céder la place.

- ...

Ne joue pas à l'ignorant mon cher, haha ! Tu le sens dans tes entrailles que tu commences à t'affaiblir de plus en plus ! Il n'y a aucun moyen de te sauver !

- Tu n'en sais rien. Je trouverai un moyen de nous libérer.

Pauvre idiot ! J'ai hâte d'assister à cela. Cependant, ta seule chance est passée. Elle était là quand on était à l'extérieur et tu l'as laissée partir. Ce n'est pas en restant dans une cellule que tu trouveras la solution.

- Le Penseur n'a pas encore ramené l'Orbe Bleue. Nous avons une chance de pouvoir sortir de nouveau.

A moins qu'il n'ait plus besoin de toi. Et là, tu vas tout simplement agoniser dans d'horribles souffrances avant de devenir un misérable pantin entre mes mains.

- Je nous libérerais et ce jour-là, tu mourras, Kurios.

Le prénommé Aaron serra le poing pour accompagner ses paroles, signe de sa détermination. Il comptait bien accomplir son objectif. Il était déterminé à redevenir libre. Non. A goûter à la liberté. Rien ni personne ne l'en empêchera.

J'aime bien te voir rêver inutilement mon cher. Peu importe ce que tu diras, ce ne sont que des mots, la roue tournera. Bientôt. Il ne te reste que deux mois. Tu as encore soixante et un jours à vivre. Aaron. Profite bien.

Cette révélation fit frissonner le bicolore alors qu'il sentit la présence dans son esprit s'endormir une fois de plus. Deux mois ? C'était le temps qui lui restait avant qu'il ne perde le pouvoir et qu'il ne soit recalé au second-plan. Définitivement. Il devait impérativement sortir d'ici et trouver une solution à son problème. Il n'avait pas le droit à l'erreur. La prochaine fois qu'il en aurait l'occasion, il se sauvera. Or avoir connaissance de cette date butoir ne faisait qu'ajouter un délai de plus avec celui qu'il avait déjà à cause de son lié dans son dos. Il n'avait décidément pas d-

Une douleur aiguë soudaine coupa court à ses pensées lui enserra le cœur et un gémissement plaintif franchit la barrière de ses lèvres. Ses jambes tremblèrent avant de céder, incapables de supporter son poids. Il s'écroula au sol, tel un pantin désarticulé, une main agrippant avec fermeté son haut au niveau de l'organe battant. Il avait l'impression que celui-ci était pris dans un étau glacial en plus d'être aux prises d'une ronce dont les épines ne cessaient de s'enfoncer toujours plus profondément. La douleur était insoutenable. Seules ses plaintes résonnaient dans la chambre close et il se tortillait au sol. Il avait mal. Terriblement mal. Il préférait encore mille fois les coups de fouet, les chocs électriques et les bains d'eau bouillante qu'à cette torture qu'il ne pouvait faire arrêter.

La porte de la cellule finit cependant par s'ouvrir avec fracas sur deux hommes vêtus d'une espèce de large combinaison blanche et masqué qui accoururent auprès d'Aaron. L'un prit avec difficulté son pouls à cause des gestes désordonnés du souffrant avant de lancer à son collègue avec gravité :

- Ramène du renfort. Il refait une crise.

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