Chapitre 3
Stiles se sentait lourd, très lourd. Et c'était loin d'être agréable. C'était comme si son corps entier était compressé en une même direction, complètement à la merci de la gravité. Sa tête lui faisait mal, sa respiration était aléatoire : tantôt erratique, tantôt calme. Le pire dans tout ça, c'était le fait de se sentir... Faible, comme toujours, avec cette horrible impression que chacun de ses membres pesait une tonne. Une loque, voilà ce qu'il semblait être. Un objet inanimé qui ressentait pourtant trop de choses pour son bien.
En fait, les sensations lui venaient petit à petit et la douleur avait été la première à pointer le bout de son nez. Elle n'était pas énorme, simplement assez importante pour s'avérer dérangeante. Peut-être était-ce elle qui l'avait réveillé ou peut-être que non. Au moins, il était conscient de son éveil. Par contre, son esprit était encore trop embrumé pour qu'il se souvienne de ce qu'il s'était passé, encore moins pour faire le lien entre les différents éléments.
Quelque chose cependant finit par lui parvenir. Une nouvelle sensation. Humide, mouillée, chaude. Sur sa joue. Plus les secondes passaient, plus les neurones de Stiles reprenaient du service. Il fronça les sourcils. Quelque chose touchait sa joue, la frottait ou plutôt... La léchait.
Hein ?
Oui, c'était une langue, ça devenait clair, la sensation s'affinait. On lui léchait la joue. C'est alors que ses yeux tentèrent de s'ouvrir aussi doucement que péniblement. C'était si difficile qu'il dut s'y reprendre à plusieurs fois et prendre sur lui pour s'habituer le plus vite possible à la luminosité ambiante qui... Eh bien n'était pas si forte que ça. On pouvait même dire qu'elle était faible, comme lui. Pour autant, elle le mettait à terre, mais Stiles était tenace. Il n'avait pas dit son dernier mot. Alors même que le léchage continuait, le jeune homme se fit violence pour ne pas retomber dans les limbes du sommeil qui, malgré son réveil, l'appelait encore. Il était attirant, tentateur, semblait vouloir l'accueillir à bras ouverts. Mais Stiles se devait de résister. Il fallait qu'il comprenne ce qu'il se passait, où il était et surtout... Pourquoi diable le léchait-on ? Son cerveau avait beau être partiellement embrumé, il arrivait quand même à se poser quelques questions.
Puis, des sons lui parvinrent alors qu'il essayait de se convaincre qu'ouvrir les yeux était une bonne chose. C'était diffus et étouffé, mais c'était aigu. Il fallut plusieurs secondes à Stiles pour parvenir à identifier les bruits qui l'entouraient. Des grattements, des grognements et surtout... Des couinements. Oui, il y avait du mouvement autour de lui. Et ces grognements... Grognements ? Soudain, Stiles comprit. Tout lui revint en mémoire. Les loups dont il s'occupait, sa fatigue, la crise de Malia... Oh merde. L'adrénaline parcourut l'entièreté de son corps et il arriva enfin à ouvrir, péniblement malgré tout, les yeux.
La pièce n'était pas très bien éclairée. A vrai dire, le soleil avait bien entamé sa descente et le grand salon n'avait pas les plus grandes fenêtres qui soient. La lumière ne passait pas beaucoup. Autant cela facilita l'adaptation visuelle de Stiles, autant il eut du mal à distinguer tous les loups autour de lui. Celui qui était le plus proche de sa personne, Scott, se recula vivement, surpris par son réveil. Stiles comprit alors que c'était lui qui le léchait, sans doute pour le faire sortir de sa torpeur. L'adolescent reporta mollement son attention un peu plus loin, là d'où provenaient les grognements. Après avoir plissé les yeux et fait des efforts pour se rappeler du pelage exact de chacun des membres de la meute, Stiles discerna Derek, devant lui, qui faisait face à Malia. Le loup noir était dos à lui, avait l'air d'un rempart. Il était crispé, sur la défensive ou plutôt... Prêt à attaquer... A moins qu'il ne l'ait déjà fait ? Malia, un peu plus loin, grognait de mécontentement. L'adolescent put discerner quelques tâches pourpres, presque brunes, cassant l'harmonie du pelage de la coyote. Stiles s'affola instantanément et tenta tant bien que mal de se redresser. Elle était blessée, il devait la soigner. Mais en y faisant plus attention, il entrevit, malgré le peu d'éclairage, une lueur rouge serpenter entre les poils noirs de la fourrure du loup de Derek. Là, son cœur rata carrément un battement. Derek n'était pas dans un meilleur état que sa cousine. L'hyperactif comprit alors bien vite la situation : ils s'étaient battus.
Malia poussa un grognement plus fort que les précédents, un grognement empli de menaces toujours plus sombres. Derek y répondit en faisant la même chose. Leur immobilité n'était qu'une accalmie avant la reprise du combat, ce que Stiles voulait absolument éviter. Ils n'avaient pas à se battre, ils faisaient partie de la même meute et, qui plus est, de la même famille.
- A-arrêtez... Articula-t-il.
Mais ils ne semblaient pas l'écouter, du moins, pas vraiment. En fait, il vit juste Derek tourner légèrement ses oreilles, signe qu'il l'avait entendu. Aux côtés de Stiles, Scott se rapprocha à nouveau et mit sa tête contre son épaule en appuyant un peu, comme s'il cherchait à le pousser. A le mettre à l'abri. Mais Stiles n'était pas de cet avis.
- Non, ne... Ne vous battez pas !
Sa voix avait un étrange regain de force, ainsi elle porta plus que précédemment. Stiles était si perturbé par la scène qu'il n'avait pas remarqué tous les loups qui l'entouraient. A vrai dire, il n'avait même pas vu qu'Isaac et Jackson s'étaient allongés contre lui, comme pour essayer de lui tenir chaud pendant qu'il était inconscient. L'inquiétude le rongeait trop.
- Tout va bien, je... Malia, je suis désolé, tu auras ce que tu veux et Derek... Tout va bien ! Toi aussi, tu auras ce que tu veux, tu... Juste, essaie de me le faire comprendre, je... Je parle pas le langage des grognements, je...
Stiles paniquait et son épuisement l'obligeait à reprendre son souffle en plein milieu de ses phrases. Son cœur battait un peu trop vite à cause de sa fatigue et le fait de s'être redressé aussi soudainement ne l'aidait pas du tout. A cet instant, il était pâle comme la mort, ses bras tremblaient légèrement et son corps était glacé. Seulement, il n'y faisait pas vraiment attention, trop inquiet pour les deux Hale, qui avaient tourné leur tête vers lui.
- Je suis désolé, continua-t-il difficilement. J'ai pas fait exprès, je vais arranger ça, faire... Faire comme d'habitude. Alors s'il vous plaît, juste... Calmez-vous...
Parler, son activité favorite, se révélait plus difficile qu'il ne le pensait. Dans son état, articuler tous ces mots étaient fatigants et le rythme rapide de son palpitant le lui faisait bien comprendre. C'était comme s'il faisait un trop gros effort.
Derek fut le premier à réagir. A l'entente de cette voix fébrile, il grogna une dernière fois à l'intention de Malia avant de se détourner d'elle et de marcher en direction de Stiles. Son regard bleu le toisa longuement avant de s'assoir à ses côtés, sans faire attention aux loups déjà allongés contre son corps fin, qui avaient redressé la tête. Ses yeux cyan se posèrent à nouveau sur Malia et la coyote baissa les oreilles en couinant. Elle n'avait plus un loup de son côté, tout le monde était contre elle. Stiles, lui, ne comprenait pas vraiment ce qu'il se passait. La seule chose qui lui importait réellement, c'était de savoir qu'ils n'allaient pas continuer de s'étriper. Il s'autorisa un soupir de soulagement qui ne passa pas inaperçu puisque plusieurs têtes se tournèrent vers lui, mais il n'y fit pas attention. Ses yeux couleur whiskey s'étaient déjà posés sur les blessures apparentes de Derek. Son cœur rata plusieurs battements en constatant qu'il mettait du temps à guérir. Un coup d'œil lui suffit à remarquer qu'il en était de même concernant Malia. Fébrilement, il sortit son téléphone de sa poche et chercha dans son répertoire avant de se démerder pour envoyer un message. Une fois ceci fait, il n'arriva plus à contrôler les tremblements de sa main et son cellulaire tomba au sol dans un bruit sourd.
- Merde, jura-t-il.
Il était si faible. Au moins, il avait eu le temps de prévenir Deaton de la situation. Il espérait juste que le vétérinaire verrait son message assez vite et qu'il viendrait avec, bien sûr, sa trousse médicale. Un couinement détourna son attention. C'était Isaac. Stiles remarqua alors seulement maintenant sa présence et celle de Jackson, tous deux allongés contre lui. Et c'est en constatant ce fait qu'il se rendit compte qu'il n'allait vraiment pas bien, pour ne pas avoir notifié cela plus tôt. C'était la première fois qu'ils agissaient de cette manière avec lui et c'était... Perturbant, surtout de la part de Jackson. Pour autant, Stiles ne réfléchit pas vraiment à cela, n'imagina même pas que c'était sans doute dans le but de lui tenir chaud. Il avait beau être réveillé, son cerveau ne tournait pas à plein régime. Il était lent, embrumé, endormi. Alors, il ne fit aucune remarque et se dit simplement qu'il avait encore beaucoup de choses à faire.
C'est ainsi qu'il tenta péniblement de se relever. Son visage plus crispé que jamais fit couiner plusieurs loups qui ne le quittaient pas du regard. Derek, lui, était particulièrement tendu, comme s'il s'attendait à devoir agir à un moment ou à un autre. Stiles eut beau réussir à se remettre sur ses pieds, il était clairement instable et prit de longues, très longues inspirations en s'appuyant sur le dossier du canapé pour rester debout. Il posa une main sur sa poitrine, à l'endroit où se trouvait son cœur. Il battait beaucoup trop vite et chaque effort qu'il faisait semblait augmenter sa vitesse et son irrégularité. Néanmoins, il tint bon et fit tout ce qui était en son pouvoir pour calmer son rythme saccadé, allant même jusqu'à tenter des exercices de respiration. Sa tête qui tournait lui donnait envie de vomir, c'était fou comme un rien pouvait le mettre dans un tel état de faiblesse. C'était tel qu'il ne fit aucunement attention à la manière dont ses amis pouvaient le voir. Ils pouvaient le prendre pour une merde qu'il s'en foutait royalement à cet instant précis. Tout ce qu'il voulait à l'heure actuelle, c'était éviter de s'effondrer à nouveau. Il devait... Il avait trop de choses à faire. Il était tellement ailleurs qu'il n'entendit même pas certains loups glapir. Il ne sentit pas non plus Scott frotter sa tête contre ses jambes pour attirer son attention.
Ainsi, plusieurs minutes passèrent et durant ce laps de temps, tout ce que Stiles put faire fut de câliner les loups qui le demandaient, sans jamais se demander d'où leur venait cet élan de tendresse. Ils étaient inquiets pour lui, mais il n'était même pas venu à l'idée de Stiles que leur attitude était due à cela. Il s'était assis par terre, le dos contre le bas du canapé et sa main passait de loup en loup, de pelage en pelage. Il ne cherchait même plus à identifier ses amis, agissant de manière automatique. Ses yeux whiskey étaient perdus dans le vide, son cœur battait toujours un peu trop vite. L'élément le plus inquiétant, c'était son silence absolu. Il ne parlait plus, ne faisait aucun bruit. Chaque fois qu'un loup venait près de lui, l'adolescent le caressait de manière distraite, sans rien faire d'autre. En fait, cette simple activité le raccrochait à la réalité, l'empêchait de céder une nouvelle fois à l'inconscience... Pour le moment. Ce moment ne saurait tarder, Stiles ne faisait que retarder l'échéance. Son corps hurlait, quémandant deux choses simples mais indispensables à son bon fonctionnement : de la nourriture et du repos. C'étaient deux éléments que Stiles ne semblait pas près de lui donner. Disons qu'il avait d'autres priorités, notamment, la principale : s'occuper de sa meute, peu importe ce que ça lui coûtait. Stiles avait basculé dans un abandon total de sa personne et c'était mauvais. Il prenait soin des autres, en s'oubliant lui-même.
Au bout d'un moment, l'un des loups, celui au pelage noir comme la nuit, sortit de cet étrange cercle, attiré par un bruit extérieur. Il revient vite et Stiles mit du temps à constater qu'il n'était pas seul. Un bipède tenant une grosse mallette marchait à ses côtés. Un homme de taille moyenne, au teint chocolaté, un homme dont la bienveillance se voyait sur son visage et n'était plus à prouver.
- Stiles ?
Le vétérinaire avait froncé les sourcils en voyant le teint blême de l'adolescent et son air éteint par terre, assis non pas sur le canapé mais contre. Il était là, sans être là. Le message de Stiles lui avait simplement indiqué qu'un loup et la coyote étaient blessés, sans préciser pourquoi. Cela n'expliquait pas sa faiblesse apparente. Alors, au lieu de prioriser ses amis les animaux, Alan Deaton s'avança vers Stiles et s'accroupit pour se mettre à son niveau. Plusieurs des loups qui l'entouraient s'écartèrent et le médecin remarqua la présence de Malia, à l'écart dans le fond de la pièce. Il posa doucement une main sur l'épaule de l'adolescent qui sursauta, même s'il avait eu l'air à deux doigts de s'endormir quelques secondes plus tôt.
- Ah, c'est vous, vous êtes là... Ne put qu'articuler l'adolescent.
- Stiles, veux-tu bien m'expliquer ce qu'il s'est passé ? Demanda bien vite l'émissaire, les sourcils toujours plus froncés.
L'hyperactif semblait à bout. Son teint était vraiment trop pâle et ses joues lui semblaient un peu creuses. Il entrevit même ses cernes, à peine dissimulés par un anticerne comme un autre. Mais surtout, c'était sa faiblesse apparente qui l'alarmait. Il avait du mal à parler et ça se voyait. L'adolescent ferma les yeux durant quelques secondes, avant de les rouvrir difficilement.
- Je... Quand j'me suis réveillé, les deux allaient se sauter dessus... C'est là qu'j'ai vu leurs blessures...
Les mots étaient mâchés, de plus en plus mal articulés et la manière dont le jeune homme peinait à aligner ces quelques mots alarma d'autant plus le vétérinaire, qui garda néanmoins son calme. Il releva toutefois un élément :
- Quand tu t'es réveillé ? Tu as dormi ?
- Non, enfin... J'sais pas, j'suis tombé. Je... C'est flou.
- Comment ça, tu es tombé ?
Stiles ne répondit pas, épuisé. Pour lui, cet interrogatoire devait prendre fin, Deaton avait toutes les informations dont il avait besoin, il pouvait aller s'occuper de Derek et Malia sans souci. Néanmoins, le vétérinaire ne reporta pas tout de suite son attention sur les animaux.
- Tu peux te lever ? Lui demanda-t-il soudainement.
- Je... Sans doute... Enfin on s'en fout, Derek et Malia vous attendent...
- Stiles, continua le vétérinaire sans se soucier de la meute qui les entourait, tu dors bien en ce moment ?
L'adolescent fronça les sourcils et toisa le vétérinaire de ses yeux entrouverts. Il ne voyait pas le moins du monde l'intérêt de la question. Sa poitrine se soulevait doucement mais clairement, dénotant ses capacités respiratoires un tantinet altérées. Il ne se rendit alors même pas compte que Deaton tenait son poignet d'une main et prenait son pouls. La préoccupation gagna ses traits, sous les yeux de la meute. Son rythme cardiaque était beaucoup trop rapide. Stiles était littéralement épuisé.
- Pas vraiment mais c'est pas le sujet, finit par lâcher l'hyperactif en reprenant son souffle comme sa phrase était un effort en elle-même.
- Et de quand date la dernière fois où tu as mangé ? Lui demanda-t-il encore.
Stiles soupira.
- J'en sais rien, je... J'vous ai pas fait venir pour ça, occupez-vous d'eux, ils ont besoin de vous...
- Dans ce cas, il me semble qu'il y a des chambres à l'étage, monte t'y reposer, lui enjoignit le vétérinaire.
L'adolescent secoua la tête de gauche à droite. Son mouvement était si léger que l'émissaire faillit ne pas le percevoir.
- Non, plus tard, j'ai trop de choses à faire... Faut que je m'active, je... Ce soir.
Deaton hocha la tête et se recula, s'éloigna de l'adolescent. Il alla ouvrir sa mallette et Stiles ne fit même pas attention au fait qu'il remplissait une seringue avec un liquide transparent. En fait, le jeune homme essayait tant bien que mal de se redresser, sans remarquer qu'il était littéralement au bord de l'inconscience. Autour d'eux, les loups étaient tendus, semblant commencer à comprendre la situation. Le loup noir de Derek ne quittait pas l'adolescent des yeux, sans doute parce qu'il était l'un des seuls à avoir remarqué la fatigue devenue épuisement du jeune homme. Scott se rapprocha à nouveau de Stiles et glapit.
- Pousse-toi Liam, tu m'gênes, lui intima-t-il faiblement.
L'intégralité des garous eut l'air surprise, Scott le premier. Stiles ne se trompait jamais, d'habitude. Il avait très vite intégré quel loup était qui, tellement rapidement que ça en avait étonné plus d'un. Les yeux étaient écarquillés et les sens surnaturels, soudain à l'écoute de ces battements cardiaques trop rapides. Certains baissèrent les oreilles. Derek, lui, les garda bien droite et s'assit de l'autre côté de Stiles. Alan chassa l'air de la seringue et revint se placer accroupi face à Stiles. D'un geste ferme, il le cloua au sol, le gardant ainsi assis contre le canapé. L'adolescent eut vaguement l'air stressé et maugréa péniblement quelques mots incompréhensibles tout en tentant faiblement de pousser l'émissaire. Deaton dégagea comme il put un bout de sa veste et la manche de son t-shirt, exposant ainsi son épaule.
- Désolé Stiles, c'est pour ton bien.
L'aiguille s'enfonça dans l'épaule sans un bruit et le vétérinaire enclencha sèchement le mécanisme de la seringue. Ainsi, le produit se répandit presque instantanément dans le corps de l'adolescent qui déglutit, essaya de dire quelque chose puis, enfin, ferma les yeux. Il sombra finalement très vite dans une bienheureuse inconscience.
Des grognements se firent entendre tout autour du vétérinaire. Ils étaient faibles et pas vraiment menaçants, mais tout de même présents. Tous les membres de la meute savaient qu'ils pouvaient avoir confiance en cet homme qui les aidait depuis toujours. Néanmoins, ils ne comprenaient pas son geste, pas encore. Leur confusion augmenta lorsqu'ils le virent poser sa main sur le front du jeune homme désormais inconscient.
- Ne vous en faites pas, il s'agit d'un simple sédatif, de quoi le faire dormir un moment. Il en a besoin.
Laissant la seringue vide par terre, Alan se leva en soulevant l'adolescent dans ses bras. Il lui paraissait étrangement léger. Il indiqua alors à la meute qu'il revenait dans un instant. Il monta alors à l'étage, trouva une chambre et installa confortablement l'adolescent dans un grand lit double après lui avoir retiré ses chaussures. Il fit attention à bien le couvrir sans toutefois qu'il ne le soit trop. Il fallait tout de même que sa température baisse. En effet, lorsqu'il avait touché son front, il s'était avéré que celui-ci était bouillant. Par chance, avant de monter, le vétérinaire avait glissé un thermomètre frontal dans sa poche. Il le sortit et, quelques secondes plus tard, le petit écran se colora de rouge et indiqua le résultat : 38,9 degrés. Une bonne fièvre. Si l'on couplait à cela son épuisement et le fait qu'il ne mangeait apparemment pas beaucoup, il n'était pas difficile de comprendre que l'adolescent était dans un sale état. Décidément, il aurait dû passer plus tôt et sans attendre de recevoir un message alarmant de cet hyperactif un peu trop dévoué pour son bien. En même temps, jamais il n'aurait pu deviner que celui-ci ferait plus que son devoir : il se tuait carrément à la tâche.
Bien sûr, Stiles ne devait pas rester seul. Néanmoins, il savait que Noah Stilinski travaillait ce soir jusqu'au lendemain matin. L'adolescent, lui, avait sans doute oublié. Très honnêtement, le vétérinaire aurait pu rester cette nuit. Néanmoins, cette once de colère qui était née en lui après avoir vu l'hyperactif à moitié endormi par terre au milieu des loups lui fit prendre une toute autre décision. C'est alors qu'il descendit retrouver la meute, qu'il regarda gravement.
- J'ai beau juste être vétérinaire, je sais reconnaître les symptômes d'un surmenage, dit-il lorsqu'il eut passé la dernière marche.
Les loups et la coyote le regardèrent avec une perplexité non feinte. Pourquoi disait-il cela ?
- J'imagine que sa chute tient plus d'un évanouissement que d'une simple maladresse, laissa-t-il tomber. Il est épuisé. Je peux même aller jusqu'à dire qu'il est à bout.
Les animaux l'écoutaient religieusement, même Malia, qui leva des yeux peinés vers lui. Se rendait-elle compte de sa bêtise ? Peut-être. Tout le monde s'agita. Derek, de son côté, resta assis, alerte, l'air fermé. En lui jetant un coup d'œil, Deaton comprit alors que le loup noir savait, qu'il l'avait remarqué. Néanmoins, il faisait partie du problème, puisque le message de Stiles concernait l'état de Derek et Malia. Il était vrai que le loup et la coyote montraient quelques plaies apparentes qui n'avaient, semblait-il, pas encore guéri. Etrangement, leur guérison sous cette forme était plus lente.
- Vous deux, fit Deaton en désignant Derek et Malia, je ne sais pas pourquoi vous vous êtes battus mais je vous interdis de recommencer.
Derek hocha la tête et Alan en fut décontenancé tant la situation était inédite. Au moins, c'était une preuve de plus qu'il comprenait ce qu'il disait et que c'était a priori le cas de tous les autres membres de la meute présents. Malgré sa surprise, le vétérinaire garda un visage complètement fermé. Il avait cet air autoritaire qui n'appelait aucune rébellion. L'homme regarda chacun des animaux, tour à tour avant de reprendre la parole :
- Stiles fait tout ce qu'il peut pour vous, il se tue à la tâche et voilà comment vous le remerciez. C'est à cause de vous qu'il est dans cet état-là. Il se donne à fond pour que vous viviez au mieux cette situation, il y met toute son énergie et vous ne lui facilitez pas la vie. Vous n'imaginez pas dans quel état vous l'avez mis. Il fait partie de votre meute, j'attends que vous agissiez comme une vraie meute en le soutenant. Soyez heureux de ce qu'il vous offre et ménagez-le. Arrêtez d'être impatients et laissez-le faire les choses plus doucement.
Le ton autoritaire et les mots choisis par Deaton faisaient leur effet, puisque l'intégralité des membres de la meute avait les yeux écarquillés. On voyait même de la tristesse dans certains iris et la plupart des loups baissèrent tête et oreille. Ils commençaient à comprendre leur erreur. Néanmoins, le vétérinaire ne se départit pas de son sérieux : il fallait qu'il reste ferme.
- Comme je vous l'ai dit plus tôt, je sais reconnaître les symptômes du surmenage. Stiles est en plein dedans. Il est épuisé et, comme vous l'avez entendu, il ne se rappelle même plus de la dernière fois qu'il a mangé. Sachez également qu'il est malade, il a de la fièvre. Son père travaille cette nuit et il est inconcevable qu'il passe la nuit seul chez lui. Par conséquent, il va rester ici, sous votre surveillance.
Sans un regard pour la meute qui était suspendue à ses lèvres et qui semblait se décomposer au fur et à mesure qu'il parlait, Deaton sortit un cachet de sa mallette et le déposa sur la table basse. Il partit chercher un verre qu'il remplit d'eau et déposa à côté du comprimé.
- Demain matin, vous lui montrerez ça, il faudra qu'il le prenne.
Heureusement que Deaton avait toujours du paracétamol dans ses affaires médicales, ça pouvait toujours servir.
- Je veux que vous fassiez attention à lui. Au moindre problème, vous me contacterez avec ceci, fit-il en montrant une petite télécommande qui ne possédait qu'un bouton. Une pression suffisante suffira.
C'était quelque chose que le vétérinaire avait depuis un moment. Il l'avait fait fabriquer le mois dernier, quand cette situation avait commencé. C'était une précaution juste au cas-où, dont il n'avait pas parlé à Stiles mais qu'il comptait toutefois lui donner en cas de problème. Honnêtement, il ne pensait pas réellement devoir s'en servir puisqu'il pensait que tout irait bien mais le gardait, pour des situations comme celle-ci. Il n'arrivait presque pas à croire qu'il allait confier cette technologie à des humains coincés dans des corps de prédateurs. Il déposa l'objet à côté du verre et du comprimé. Les loups et la coyote ne le lâchaient pas du regard.
- Pour terminer, j'aimerais que vous fassiez attention à la manière dont vous vous comportez avec lui. Faites attention à lui, rappelez-vous qu'il a des besoins, tout autant que vous. Ne le laissez pas continuer de se négliger de la sorte ou bien vous finirez par le perdre.
Tout en continuant de parler, il examina Derek, puis Malia qu'il avait fait mettre côte à côte, avant de désinfecter et de mettre des pansements là où il le fallait.
- Cet évanouissement peut être le premier, tout comme il peut être le dernier, tout dépend de la manière dont vous le traiterez.
Même s'il s'occupait actuellement seulement des deux canidés bagarreurs, il parlait à toute la meute qui n'avait d'ailleurs pas bougé, trop perturbée par tout ce à quoi elle n'avait pas fait attention. Deaton gardait cet air sombre qui l'obligeait à être pris au sérieux.
- J'espère pour vous que vous saurez agir en conséquence.
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