Chapitre 29
- Je ne peux pas dire que je suis d'accord avec ce que tu as pu dire ou faire, mais je ne peux pas non plus te blâmer, furent les premiers mots que prononça Derek au bout d'un long moment.
L'aveu de Stiles était si particulier et si dur à entendre qu'il avait été difficile pour le loup-garou de savoir quoi lui répondre. Il savait cependant que l'hyperactif n'attendait pas nécessairement de réponse : sa priorité, ç'avait été de se vider, de lâcher prise et d'enfin parler de ce qui le torturait... Ce qui le rendait si apathique. C'était simple : Derek avait l'impression que ce sinistre évènement avait non pas réduit à néant, mais mis en pause les progrès qu'il avait pu faire jusqu'alors. Quoique juger la chose de cette manière était se donner tort étant donné que la façon de penser de Stiles avait changé depuis lors – mais ça, Derek ne pouvait pas le savoir. De même, il ne savait pas comment le considérait l'hyperactif. Le voyait-il encore comme une hallucination ? C'était fort possible, autrement... Il ne se confierait peut-être pas aussi facilement à lui. Cette question, bien qu'il faisait au mieux pour la mettre de côté, revenait sans arrêt taper à la porte de son esprit. Bien sûr, il crevait d'envie de le tanner avec ça et d'insister jusqu'à ce qu'il l'accepte – mais il savait que braquer l'humain n'était pas la bonne chose à faire.
- Je ne peux pas non plus leur donner tort de t'avoir retenu. Ils ont essayé de te protéger.
Et il s'agissait là du premier véritable geste d'amour qu'ils avaient envers Stiles. Le premier depuis longtemps, qui contrastait avec cette indifférence si particulière qui avait marqué l'hyperactif.
- Je n'en avais pas besoin, rétorqua douloureusement l'hyperactif.
- Tu es humain, Stiles, lui rappela Derek.
Mais cette remarque plus de l'ordre du constat qu'autre chose déplut fortement au jeune homme, qui tourna le visage vers lui d'un coup. De ses yeux semblaient jaillir de nombreux éclairs... Il leur manquait juste une réelle intensité, celle que sa douleur intérieure étouffait.
- Et alors, ça signifie que je suis inutile ? Que je ne suis pas capable d'aider ?
Bien sûr, soupira intérieurement Derek. Il était là, le fond du problème.
- Est-ce que ça fait de moi un poids, Derek ?
Pour la première fois depuis un moment, Stiles semblait véritablement s'adresser à lui et pas à un simulacre de Derek. Mais ce dernier décida de ne pas accorder plus d'attention que nécessaire à ce fait : il fallait à tout prix qu'il le rassure le plus vite possible. Connaissant l'animal, il valait mieux ne pas faire traîner les choses, autrement... Il irait se faire des idées et intègrerait des mensonges qui iraient nécessairement dans son sens. Le silence occasionnait souvent ce genre de choses.
- Pas le moins du monde, répondit donc l'ancien alpha. Mais tu dois comprendre qu'ils ont eu peur pour toi. Physiquement, tu n'es pas aussi solide. Si par malheur tu avais pris une balle, perdue ou non...
Derek ne se le serait probablement jamais pardonné. D'ailleurs, il préférait ne pas envisager cette possibilité tant elle lui paraissait insupportable.
- Ça, j'en ai conscience, répliqua Stiles, mais c'est mon affaire. Si j'avais fini blessé, ç'aurait été mon problème, pas le leur.
Ses mots sonnaient étrangement, comme s'ils n'avaient pas qu'un sens et qu'il fallait les interpréter d'une manière différente pour les comprendre dans leur intégralité. Mais si Derek l'avait compris, sans doute l'aurait-il durement réprimandé, car Stiles sous-entendait par là qu'il ne faisait pas grand cas de son intégrité physique. Si l'on allait plus loin, on pourrait presque dire qu'il aurait voulu être blessé. D'une façon ou d'une autre. Parce que dans son cœur continuait de se jouer un dilemme dont il ne voulait pas voir le bout. En effet, le résultat de son questionnement le plus profond – dont il avait déjà parlé à Derek – déciderait de son avenir. Et même s'il avait un temps paru sûr de ce qu'il voulait, toutes ses certitudes vacillaient.
- Non, rétorqua sérieusement Derek. Dans la mesure où tu fais partie de la meute, c'est notre problème à tous.
Et lui-même aurait eu bien du mal à faire face s'il lui était arrivé quelque chose.
- Tu sais très bien ce que j'en pense, ricana légèrement l'hyperactif.
Le visage du loup-garou se ferma tant il eut du mal à contenir l'émotion qui le prenait car oui, il connaissait parfaitement l'avis de l'humain à ce sujet. Alors, il garda le silence un moment. Que dire ? Le seul point positif dans cette histoire, c'était que tout le monde allait relativement bien. Isaac s'en sortirait également. Mais il était clair que les règles du manoir changeraient suite à cet incident. Derek descendrait dire à tous les loups présents que les sorties, ce serait limité et dans un périmètre un peu moins large. De même, il essaierait de faire régulièrement des rondes pour débusquer la présence de potentiels chasseurs et défaire les pièges qu'ils auraient pu dispatcher dans la forêt.
- Ça changera, finit tout de même par rétorquer l'ancien alpha.
xxx
Il y avait dans l'attitude de Stiles quelque chose de différent. L'apathie, c'était terminé. Il s'isolait moins et Derek n'avait plus besoin de le traîner dans la cuisine pour manger. De même, il se montrait un peu plus et ne râlait pas lorsque l'ancien alpha essayait de le faire sortir de sa chambre. Néanmoins, son visage restait fermé, presque indéchiffrable. Son odeur plongeait Derek dans une indécision certaine étant donné qu'il ne savait pas quoi en penser tant elle était empreinte... D'autant de positivité que de négativité. C'était d'ailleurs pour cette raison qu'il ne lui avait pas reparlé de leur dernière discussion en date – il n'avait pas la moindre envie de le rendre plus morose qu'il ne l'était déjà. Et pour être tout à fait honnête, il aimerait bien lui changer les idées, trouver le moyen de le faire sourire à nouveau. Le problème, c'est qu'il n'était pas doué pour ça. Au cas-où, il avait laissé le crochet et la laine de sa mère sur la commode mais Stiles s'obstinait à faire comme s'il ne les voyait pas.
Fort heureusement, Derek attendait quelque chose, ou plutôt quelqu'un. En début de matinée, Deaton l'avait appelé pour lui dire qu'Isaac était en suffisamment bon état pour revenir au manoir. D'après ses dires, le loup réclamait la présence de sa meute qui lui manquait déjà. A force de vivre en groupe sous sa forme de loup, il avait pris goût à cet aspect-là de sa vie. Et même si Derek avait trouvé ses mots et sa formulation étrange, il avait préféré ne pas relever. Parfois, Deaton s'exprimait un peu mal.
Tout ça pour dire que Derek comptait sur le retour d'Isaac au manoir pour soulager un peu la tristesse invisible de Stiles : peut-être qu'en le voyant, il cesserait de se sentir coupable à son sujet. Parce qu'il commençait à le connaître, le bougre. S'il ne disait rien, c'est qu'il y pensait – et cela ne pouvait pas être en bien. De plus, il arrivait parfois à saisir un peu de culpabilité dans son odeur.
Et le signal qu'attendait Derek pour bouger finit par arriver – le bruit d'un moteur de voiture, des pneus crissant très légèrement sur les feuilles mortes. Deaton avait ramené Isaac.
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