Chapitre 1
- Et comment je me sors de cette merde maintenant ?!
Stiles regardait le vétérinaire, l'air désespéré. Et dieu sait à quel point il l'était. Ce qui lui tombait dessus, c'était un cataclysme au sens littéral du terme. Il n'était pas préparé à ça. Personne ne l'était.
Mais peu de monde pouvait se vanter d'avoir vécu une situation pareille, tout simplement parce que ça n'arrivait pas. Même Deaton – celui qui savait tout – n'avait aucune idée de la manière dont il pouvait régler ce problème. Si Allan Deaton ne savait pas comment sortir l'hyperactif de cette situation, personne ne le pourrait. Ce n'était pas un souci classique nécessitant une solution ordinaire.
- Je suis désolé, Stiles, mais tu vas devoir gérer le temps que je fasse des recherches, finit par lui dire le vétérinaire, penaud.
- Mais c'est... Non, je ne vais rien dire, ça dépasse de loin le domaine de mes compétences intellectuelles, je... Okay. Donc, si je résume bien, vous êtes en train de me dire que je vais devoir m'occuper d'une bande de loups-garous... Tous sauf garous ? Genre des loups, des vrais loups ! Ah oui, pardon, j'oubliais la coyote...
- Stiles, c'est la meute, ce sont tes amis, tenta de le rassurer le vétérinaire. Même sous cette forme, ils gardent leur personnalité et leurs souvenirs, ils sont juste...
- Sous une forme animale, je sais, le coupa sèchement Stiles.
Je suis dans la merde.
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Stiles avait dû penser à tout. Puisque nous étions en pleines vacances d'été, les cours n'étaient pas un problème et il avait simplement dû trouver une excuse pour expliquer l'absence de plusieurs de ses amis auprès de leurs parents. Officiellement, tous étaient partis en vacances entre amis, Stiles avait même dû se débrouiller, en allant chez eux en cachette, pour prendre quelques affaires leur appartenant pour étayer sa version. Puis au moins, il était sûr qu'ils auraient de quoi se rhabiller lorsqu'ils reprendraient forme humaine. L'hyperactif ne tenait pas à voir la quasi-intégralité de ses amis en tenue d'Eve ou d'Adam.
Parce qu'il y en avait bien deux qui n'avaient pas subi le même sort que les loups et la coyote : il s'agissait bien sûr de Lydia et Mason – humains de surcroit – qui, eux, étaient réellement partis en vacances, l'une avec Jordan Parrish, l'autre avec Corey. Des vacances entre amoureux.
Et puis il y avait Stiles, célibataire de son état, condamné à s'occuper d'une bande de loups et d'une coyote. Aidé de Deaton, il avait rassemblé ses amis-animaux dans le seul endroit capable de tous les contenir : l'ancien manoir des Hale, appartenant toujours à Derek, transformé également. La tâche n'avait pas été facile, surtout avec ces chenapans qui ne l'aidaient pas vraiment.
Surtout que ce n'était pas tout. S'il s'agissait simplement de les enfermer quelque part, ça allait, c'était tranquille. Le vétérinaire avait été clair : il allait falloir les nourrir, les obliger à faire leurs besoins en dehors de la bâtisse, les emmener se balader un certain temps dans la journée, les empêcher de s'entretuer en cas de litige animalier... Une horreur. Par « chance », Allan Deaton lui avait donné quelques tuyaux concernant leur alimentation particulière mais lui avait toutefois précisé que s'ils chassaient régulièrement, ça irait : il fallait toutefois que cela ne soit pas toujours le cas, ou bien la forêt se retrouverait bien vite vidée de toute vie animale autre que la leur. Toutefois, Stiles allait devoir surveiller ces grosses bêtes le plus de temps possible en essayant de ne pas y laisser sa peau.
Un plaisir.
Bien sûr, le shérif Stilinski et Melissa McCall étaient au courant de son problème, ils avaient un pied dans le surnaturel depuis un moment déjà. Néanmoins, Stiles ne pouvait pas espérer beaucoup d'aide de leur part : en ce moment, l'hôpital était surchargé et les employés du commissariat croulaient sous les affaires. En tant que shérif, le père de Stiles était très régulièrement demandé.
Stiles ne pouvait compter que sur lui-même.
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- Eh, vous commencez vraiment à me taper sur le système ! Non, Malia, tu arrêtes de bouffer le coussin ! Toi, Scott, grogne-lui dessus un peu, t'es son alpha ! Isaac, tu... Essaie de calmer Liam ? Ou alors peut-être que c'est Jackson ? Bordel, je suis fatigué... Tuez-moi... Soupira Stiles, désespéré.
Seulement deux jours qu'il gardait ces petits garnements et ils mettaient déjà tout sens-dessus-dessous. Bon, il pouvait comprendre qu'ils puissent être désorientés par leur nouvelle condition – qu'ils espérait vraiment temporaire – mais tout de même ! Stiles n'en pouvait déjà plus et le désespoir était présent dans chacun de ses gestes. Pourquoi lui avait-on confié cette mission, déjà ? Ah, oui, parce qu'il était disponible et l'un des seuls à avoir gardé forme humaine... Les joies d'être le seul être banal d'une meute de créatures surnaturelles. Il appelait régulièrement Deaton pour que celui-ci le tienne au courant s'il trouvait une solution mais... Rien. Toujours rien. L'hyperactif essayait de faire preuve de patience, mais c'était difficile.
Surtout quand un regard bleu électrique le fixait, quoi qu'il fasse.
- Derek, franchement, arrête de me regarder comme ça, c'est flippant. T'as pas mieux à faire, comme... Chasser du mulet ? 'Fin, je sais pas si t'aimes ça mais... Laisse tomber.
Derek était celui qu'il reconnaissait le plus facilement non seulement parce qu'il était le seul loup de la meute à avoir la fourrure intégralement noire mais également parce que Stiles l'avait déjà vu sous cette forme, au Mexique. Pour Malia, c'était facile aussi, c'était la seule coyote du groupe. Elle avait tendance à mordre tout ce qui ne bougeait pas, comme si ces pauvres coussins à moitié brûlés lui avaient fait du mal. Liam, un louveteau en pleine puberté, avait un pelage tirant un peu sur le roux, un roux particulièrement foncé. Lui, c'était simple : il gardait son tempérament sanguin et son problème de gestion de sa colère. Il s'énervait très souvent... Et grognait tout le temps. Ses grognements étaient différents de ceux de Derek : ils étaient agressifs, donnaient l'impression qu'il allait faire un massacre. Si Derek grognait – ce qui était le cas puisque c'était sa marque de fabrique – c'était plus par habitude que par réelle envie de dézinguer quoi que ce soit.
Enfin, Stiles se demandait si le loup ne cherchait pas à l'étriper, à cet instant. Il le fixait toujours et l'hyperactif en était plus gêné qu'autre chose.
- Va chasser, t'es un loup, tu chasses hein ? Ca sera toujours plus intéressant que me voir galérer à gérer... Tout ça, là, fit Stiles en désignant les boules de poil d'un geste vague de la main. Quoique, c'est peut-être ça qui te fait tripper, c'est de me voir ramer mais je t'arrête tout de suite : c'est vraiment pas drôle et vous imaginez pas la merde dans laquelle vous me mettez... Putain Malia, Stop !
Puisque cet alpha trop laxiste qu'était Scott avait simplement lâché un petit grognement à l'attention de la coyote et que l'effet escompté était complètement absent, Stiles n'avait pas le choix : il devait intervenir, au risque de voir le salon du manoir recouvert des plumes de tous les coussins et oreillers de ce pauvre manoir décrépi qui ne ressemblait plus à grand-chose. Bon, il risquait d'y laisser un bras ou une jambe mais ça, c'était un détail.
En effet, stopper la coyote-garou ne fut pas une mince affaire et Stiles finit avec quelques traces de griffures sur les bras. Par chance, il avait prévu ce détail à l'avance et Deaton lui avait passé une pommade qu'il devait régulièrement se passer sur le corps. Le gel était spécifique, presque magique et préparé par une amie émissaire, plus précisément une druidesse. Il empêchait la transformation par les griffures et les morsures. Parce que oui, l'air de rien, malgré sa faiblesse constante, Stiles appréciait bien son statut d'humain. Même si être une créature surnaturelle avait ses avantages, l'hyperactif préférait tout de même garder son humanité.
- Maintenant, t'arrêtes tes conneries et tu vas faire un tour dehors ! Lui ordonna Stiles en haussant le ton, sciemment.
S'il y avait bien une chose que l'adolescent avait comprise, c'était qu'il devait être autoritaire. Ici, c'était lui qui commandait. Ces putains de loups – et cette coyote – étaient sous sa responsabilité, ils devaient lui obéir. Un peu. Juste pour que tout se passe bien, le temps que Deaton trouve une solution. Cela ne devrait pas prendre beaucoup de temps, n'est-ce pas ? Parce que bon, Stiles était bien gentil de s'occuper de tout ce petit monde mais il ne comptait pas passer l'intégralité de ses vacances à mettre sa vie entre parenthèses alors qu'il en avait, des choses à faire.
La première et la plus importante était de prendre soin de lui, de s'accorder du temps et du repos, autant physiquement que mentalement. Il fallait dire que faire partie d'une meute souvent couverte d'ennuis n'aidait pas à penser à soi, surtout lorsque ladite meute faisait sans cesse appel à lui pour des recherches.
Autant dire que ce n'était pas demain la veille que Stiles allait pouvoir s'accorder une pause.
Les bras croisés et le regard dur, l'adolescent ne fléchit pas. Il campa sur ses positions et finit par gagner, puisque Malia finit par baisser les oreilles et s'en aller, la queue entre les jambes. Après son départ, Stiles réunit tous les loups et décida de mettre les poings sur les « i » :
- Ecoutez, je vais pas y aller par quatre chemins. Je sais que c'est bizarre pour vous d'être sous une forme animale, je me doute que ça ne doit pas être facile et je peux comprendre que ça puisse être perturbant. Ok, ça, pas de souci. Par contre, c'est moi qui dois vous gérer et franchement, ça me fait aussi peu plaisir qu'à vous. Je vous adore hein, mais qu'est-ce que vous êtes chiants sous cette forme ! Non mais sérieux, je laisse Malia seule deux minutes et elle me démonte les coussins ! Hé, Liam, fais pas l'innocent, toi, t'étais prêt à défoncer quiconque s'approchait trop de toi. Scott, franchement, t'es un alpha, impose-toi, mec ! Limite t'as miaulé au lieu de grogner sur Malia pour qu'elle arrête ! Non, vraiment, les gars, faites un effort pour que ça soit vivable pour vous et pour moi. Je vous jure, Deaton met tout en œuvre pour trouver une solution à tout ça. Alors, s'il vous plaît, essayez de me faciliter la vie...
La voix de Stiles, au début ferme, avait fini par laisser transparaître son désespoir. Plus sa tirade avançait, plus il essayait de se convaincre lui-même plutôt que les autres. Parce qu'en réalité, il n'avait pas tant d'autorité que ça, c'était limite s'il n'était pas un peu intimidé devant tant de loups, tant de... Prédateurs. S'il arrivait à ne pas trembler de peur, c'était simplement parce qu'il savait que ces boules de poils étaient ses amis, sa meute. Mais s'il y avait bien une chose qui ne changeait pas et qui persistait, c'était son manque de charisme. Du temps où tout le monde marchait sur quatre pattes, on n'écoutait pas beaucoup l'hyperactif. Il avait tendance à passer inaperçu, sauf quand il se mettait à parler. Pour les plans et les recherches, ça allait : quand il s'agissait d'exprimer son avis sur quelqu'un qui pouvait potentiellement paraître suspect, là, on n'écoutait plus le petit humain bavard. Matt, Théo... Même si ce dernier était hypothétiquement devenu gentil, Stiles n'oubliait pas. Il se força à penser à autre chose et soupira d'un air las en se dirigeant vers la cuisine à peu près fonctionnelle du manoir à moitié rénové sans remarquer les yeux bleus qui le fixaient, encore.
Stiles avait faim et s'occuper de ses amis n'était pas une activité des plus reposantes. Il n'avait pas eu le temps de manger ce midi alors il décida de se préparer un petit quelque chose, un sandwich simple.
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La nouvelle routine de Stiles était assez bancale, mais elle tenait encore par il ne savait quel miracle. Le jeune homme se levait en même temps que son père aux alentours de cinq heures, déjeunait vite fait, lui préparait un repas sain pour le midi. Son père s'en allait à six heures et Stiles se rendormait une petite heure. Ensuite, il s'en allait voir Deaton qui lui dénichait chaque fois – il ne savait comment – une quantité de viande crue assez importante pour que chacun puisse manger à sa faim sans avoir à trop chasser. Enfin, aux alentours de huit heures, Stiles se rendait au manoir en Jeep et traînait ses deux à trois sacs de viande. Là, il passait la journée avec sa meute sauvage et rentrait chez lui aux alentours de vingt heures après avoir préparé à l'avance au manoir un autre repas sain pour son père. Par la suite, il mangeait avec le shérif et retournait au manoir jusqu'à minuit, heure à laquelle il s'autorisait à rentrer pour de bon et dormir... Ainsi se déroulaient ses journées depuis deux semaines. C'était difficile et Stiles commençait réellement à fatiguer, mais il n'en parlait pas. Il faisait simplement ce qu'il avait à faire et réparait les pots cassés.
Le seul point positif dans cette situation, c'est que les plus excités d'entre les loups s'étaient calmés. Même si Malia continuait de mordre des trucs, elle faisait moins de dégâts. Liam s'énervait moins et Scott... Miaulait moins. Il ne s'imposait pas encore vraiment, mais il y avait du progrès. C'était fou de se dire que sous sa forme humaine, l'alpha en jetait pas mal. En loup, il s'écrasait devant les autres alors qu'il n'avait aucune raison de le faire. Les autres se comportaient plus ou moins bien selon les moments. Et Stiles devait presque deviner quand seraient ces moments de tranquillité relative pour pouvoir nettoyer certaines pièces du manoir. L'air de rien, des loups, c'était salissant et quitte à passer des heures, des journées ici, Stiles se devait de faire un peu de ménage de temps en temps.
Le plus frustrant dans cette histoire, ce n'était pas le temps qu'il passait à s'occuper de la meute, c'était surtout d'avoir l'impression qu'aucun ne semblait avoir quelque chose à faire de ses efforts et pourtant, dieu sait à quel point il en faisait. Chaque jour, Stiles se cassait le cul pour eux, les faisant manger quand ils en avaient besoin, réparant leurs conneries, nettoyant très régulièrement les endroits où ils avaient l'habitude de dormir... Il jouait avec eux, aussi. Si au début, ça l'amusait, maintenant, c'était une corvée. Fatigué comme il était, Stiles ne profitait plus : il faisait les choses de manière automatique et dans sa tête, les tâches à effectuer tournaient en boucle.
C'est seulement au bout d'un mois que la routine de Stiles commença à s'effondrer.
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