Shin s'était retrouver dans cette pièce pour enfiler son costume blanc. Il avait demandé à être seul. Il allait sûrement pleurer un peu. C'était la première chose qu'il avait fait en se réveillant le matin.

Il se regarda dans la glace, les yeux gonflés. Il tira sur le col de sa chemise, laissant apparaître une marque violacée dans son cou. Jun. Les larmes lui montèrent mais il secoua la tête, se frottant le visage pour reprendre ses esprits. Il devait se reprendre. Il ne pouvait pas se permettre de pleurer. Pas devant sa famille. Pas devant Jun. Pas devant Mee Na.

On toqua à la porte. Il mit quelques secondes pour reprendre ses esprits puis cria un « Entrez ! ».

Mee Na apparut dans la fente de la porte. Elle semblait l'interroger du regard, pour savoir si oui ou non elle pouvait entrer. Lorsque le blond le lui en fit signe, elle ferma la porte derrière elle, s'arrêtant devant Shin, relevant les yeux vers lui.

« ... Ça va ? »demanda-t-elle doucement.

Shin soupira en baissant les yeux.

« Comment cela pourrait ? On vas se marier Mee Na. Et nous savons aussi bien l'un que l'autre que ce n'est pas ce que nous voulons. »

Ce fut à son tour de détourner le regard.

« Mais nous savons aussi bien l'un que l'autre que nous n'avons pas le choix. Je ne te demande pas de m'aimer-

- Je suis peut-être censé d'épouser, mais sache que jamais je ne t'aimerai. » coupa-t-il en relevant le regard.

Mee Na s'interrompit et le considéra un instant, avant de se détourner en feignant un demi-sourire, les sourcils arqués.

« J'imagine que tu as vu Jun hier, ça devait être-

- Déchirant, lâcha le blond les yeux dans le vide. C'était déchirant. » reprit-il la voix éteinte.

Mee Na le dévisagea un instant, peinée. Son frère devait être dans le même état. S'ils avaient voulu s'opposer à ce mariage ils auraient dû s'y prendre bien plus tôt. Tout ce qu'ils risquaient de faire maintenant c'était de déshonorer leur famille. Ils ne pouvaient plus faire marche arrière.

« On devrait y aller, il ne faudrait pas que l'on arrive en retard. »

Sur ces mots, la violette quitta la pièce. Shin prit une inspiration pour se motiver et ne tarda pas à l'imiter.

Trop de monde. Il y avait beaucoup trop de personnes dans cette église. Shin devait à peine en connaître une vingtaine. Shin observa Mee Na alors que le prêtre commençait les banalités. Le blond chercha Jun des yeux, il était assis au premier rang. Ils échangèrent un long regard qui voulait tout et ne rien dire. Mais Shin revint à lui en entendant son nom. Déjà ?

« Park Shin, voulez-vous prendre pour épouse Hwang Mee Na ? »

Le blond jeta un coup d'oeil à Jun. Un à Mee Na. Puis il fixa ses chaussures. Il avait juste à prononcer un « oui ». Un minuscule petit mot de trois lettres pour signifier son accord.

« Non. » souffla-t-il vers la salle.

Il croisa le regard interrogateur de Mee Na qui fronça les sourcils. Il tourna la tête vers Jun. Il lui sembla avoir prononcé les mots suivants :

« C'est Jun que je veux épouser. »

Le rouge s'était alors précipitamment levé de son siège pour lui sauter dans les bras, alors que le prêtre les mariait et que les personnes présentent dans la salle... applaudissaient ?

« Oui, je le veux. »

C'était la voix de Mee Na.

« Park Shin, voulez-vous prendre Hwang Mee Na pour épouse ? »

Quoi ? Encore cette phrase ? Est-ce qu'il avait rêvé ? Il planta ses yeux dans ceux de Mee Na. Elle lui souriait pour l'inciter à dire « oui ». Il sourit à son tour. Le sourire le plus forcé qu'il n'est jamais eu à faire.

« Oui. »

Sa gorge s'était nouée. Il n'avait pas réussi à prononcer les trois mots qui suivirent, mais cela suffit. Son coeur loupa un battement. Alors ça y était ? Il était marié avec Mee Na ? Son histoire se terminait définitivement avec Jun ? C'était à ça qu'il avait droit ? Où était sa fin heureuse ?

Il se rappelait vaguement de la suite des événements. Mee Na l'avait embrassé. La foule de l'église avait applaudi pendant que sa femme -?- jetait son bouquet. C'était Jun qui l'avait attrapé.

Qu'est-ce que tout cela signifiait ? Il était là, dans la demeure familiale des Hwang.

« Papa ! Papa ! » cria une petite fille qui courait vers lui.

Il attrapa l'enfant dans ses bras, glissant la fleur qu'il venait de cueillir dans ses cheveux blonds, tout en lui souriant.

Sept ans s'étaient écoulés depuis. Et il était persuadé de ne pas être heureux. Ce n'était pas sa vie ça.