6.

 Jun était inconsolable. Bien sûr, devant ses parents il faisait mine de rien, mais à chaque fois qu'il s'enfermait dans sa chambre, c'était lorsqu'il était sujet à une nouvelle crise de larmes. Il avait mal. Tellement mal. Il avait l'impression qu'on lui avait planté un poignard en plein coeur. Il suffoquait. Il n'avait pas pour habitude de pleurer. Ce n'était pas dans son caractère. Il n'avait jamais autant pleuré de toute sa vie. C'était un peu comme si il avait accumulé toute cette tristesse pendant des années, jusqu'au point d'exploser. Et l'explosion était violente, et longue. Elle semblait sans fin. Et c'était cela : Jun avait l'impression qu'il n'allait jamais s'en remettre.

                                 

Et pour ne rien arranger, ses parents avaient annoncer le mariage pour la semaine suivante. Il était en miette. Et il devrait assister à la cérémonie ? Ne pas s'opposer à cette union ? Retenir ses larmes alors que cela lui est impossible ? Comment allait-il faire ? Il ne pouvait pas accepter que cela se passe de cette manière entre Shin et lui. Ça ne pouvait pas se terminer comme ça. Ils devaient se dire adieu de la plus belle des façons. Ils ne pouvaient pas tirer un trait sur huit ans de relation de cette manière.

                                        

Shin venait voir Jun tout les jours pour savoir s'il allait mieux. Mais il constatait toujours que son état se dégradait. Il pleurait plus, plus longtemps. Ses yeux étaient constamment gonflés et rouges. Shin aussi pleurait. Il pleurait non seulement à cause de ce foutu mariage, mais aussi parce qu'il était coupable.

                                    

Toujours il serrait le rouge dans ses bras. Il versait une larme quand Jun ne voyait pas son visage. Puis il repartait.

                                   

Cela dura jusqu'à la veille du mariage. Seulement, lorsque Shin rentra dans la chambre du rouge, il ne le trouva pas assis sur son lit, comme à son habitude. Il était debout face à l'énorme baie vitrée. Il s'était tourné vers lui et le blond avait pu remarqué qu'aucune larme ne se trouvait sur ses joues, pas même au coin de ses yeux. Jun avait planté son regard magenta dans celui de son homologue. Il avait ouvert la bouche et il lui avait parlé. Il lui avait parlé ? Pour la première fois depuis qu'il l'avait appris, oui.

                                       

« Rejoins-moi au cabanon ce soir. » Prononça-t-il la voix grave.

                                       

Il le regarda encore un instant dans les yeux, avant de détourner le regard, les sourcils arqués.

                                      

« S'il te plaît... » supplia-t-il la voix tremblante.

                                     

Ça y était. Une nouvelle crise de larmes. Shin s'était empressé de l'étreindre contre lui.

                                   

« Oui, oui, je serai là... » répondit-il en passant sa main dans la chevelure du rouge.

                                          

                                

                                             

Et il était venu. Il savait pertinemment ce qu'allait lui demander Jun. Il s'était dit que s'il lui demandait une telle chose, il refuserait, mais il aurait été extrêmement égoïste. Alors il était venu.

                                   

Une fois la porte ouverte, ses yeux croisèrent ceux de Jun et sa gorge se noua. Il lui souriait. Mais en même temps son regard traduisait sa peine. Shin s'était avancé lentement vers lui, sans bruit. Une fois arrivé à sa hauteur, il avait replié ses bras pour les placer dans son dos, le tout dans une douceur inhabituelle. Le rouge avait répondu, le serrant à son tour contre son torse, et posant sa tête sur son épaule. Le blond sentit son estomac se tordre face à tant de délicatesse. Ce n'était pas nouveau de la part du rouge, mais cette fois-ci, c'était tellement différent. Ses mains glissaient sur sa peau, ses doigts s'attardaient sur chacune de ses parcelles, ses gestes dégageaient une telle passion que le blond en avait le tournis. Il sentait la chaleur l'envahir à vive allure, alors que seulement ils s'étreignaient. Une vague d'empressement envahissait le blond, et en même temps il appréciait la lenteur de leurs gestes.

                                    

Les lèvres de Jun contre sa joue, qui cheminèrent tendrement jusqu'à ses consœurs. Leur bouche qui se rencontèrent et se scellèrent en un baiser brûlant. Le plus grand mouvait de façon maladive ses deux croissants de chaire contre ceux du plus petit. Son coeur se serra face à cette passion soudaine et si tendre. Leur baiser échangé. Son visage ne semblait pas vouloir se séparer de celui du blond. Son corps tout entier frissonnait à l'idée que ces caresses ne soient les dernières. Bien plus que de frissonner, il en tremblait. Il sentait ses yeux s'irriter, signe que l'eau commençait déjà à perler au coin de ses paupières. Il étreignit encore plus fort Shin contre lui, alors que ses larmes s'échappèrent et s'écrasèrent sur sa joue, venant mouiller la main du blond qui y demeurait. Interpellé par le liquide qui venait de rencontrer sa main, le plus petit se sépara pour voir son aîné pleurer.

                                           

« Jun... » murmura-t-il en séchant ses larmes.

                                      

Le concerné se détourna en se pinçant les lèvres, les yeux toujours embués de larmes. Il se dégagea toute en douceur de l'emprise de son bientôt ex-amant, allant s'asseoir sur le lit. Il enfouit son visage humide dans ses mains tremblantes, bientôt empoignées par les fines paumes de Shin qui s'agenouilla face à lui.

                     

« Ça va aller... » lui souffla-t-il.

                      

Le grand secoua la tête d'un geste négatif, ses larmes s'intensifiant sur ses paumettes.

                                        

« Non... Non... Comment ça pourrait aller ? Shin ? » questionna-t-il en le transperçant du regard.

                                        

Le petit ne sembla pas savoir quoi lui répondre, il baissa simplement le regard.

                                      

« Je savais que nous deux n'était pas censé durer... Je savais que ça finirait mal et que je souffrirai, mais... quand je me souviens de ce que l'on a vécu ensemble, je me dis que l'on a bien fait d'essayer. » prononce le rouge dans un souffle à peine audible.

                                            

Shin releva instantanément les yeux vers Jun pour croiser ses iris magentas dans lesquelles il appréciait tant se perdre. Il arqua les sourcils, effleurant tendrement la joue de son homologue de son pouce d'un geste qui se valait rassurant. Pour réponse, il pressa ses lèvres contre les siennes, le suppliant d'arrêter de penser à leur séparation prochaine. Leur langue se cherchèrent, se rencontrèrent et se taquinèrent. Elles dansèrent. La plus belle danse et la dernière.

                                      

Le petit se releva, sans quitter la bouche du plus grand, posant son genou contre la cuisse de son homologue. Puis sans rien prononcer, mais d'un commun accord, le rouge se laissa tomber en arrière sur le lit, le blond le surplombant.

                          

                       

                             

Leurs vêtements tombèrent alors que leur corps se redécouvrirent comme s'il s'agissait de la première fois. Les caresses interminables et fiévreuses balayèrent leur peau. Leur yeux noircis de désirs se dévorèrent, peut-être pour la dernière fois. Assurément qu'il s'agissait de la dernière fois. Ils le savaient. Pourtant, ils décidèrent de le chasser de leur pensée. Leur bouche qui se frôlaient. Leurs doigts qui parcouraient de façon presque frénétique le corps de l'autre. Leur peau qui s'effleuraient. Leur coeur gonflés d'amour qui semblaient sur le point d'exploser.

                                         

Alors que leur souffle irrégulier se mêlaient. Alors que leur bassin épousait les mêmes mouvements. Alors que leurs cris faisaient écho aux gémissements de l'autre. Alors que leur corps fusionnaient, laissant un étrange sentiment d'appartenance au plus profond d'eux.

                                    

Leur regard avait longuement admiré le corps de l'autre, comme pour ne jamais en oublier les formes. Leurs mains avaient langoureusement frôlé la peau de l'autre, comme pour ne jamais en oublier les courbes. Leur bouche avait avidement glisser contre chaque parcelle de leur épiderme, comme pour ne jamais en oublier le goût.

                                        

Ils s'étaient fait l'amour. Comme s'il s'agissait de la dernière fois. Parce que c'était la dernière fois. Comme pour se dire adieu, de la plus belle des façons. Parce que c'était ce que leur histoire méritait : qu'ils s'offrent le plus doux des adieux.

                                   

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