Chapitre 16

Après être rentrée, j'avais cavalé dans toute la maison à la recherche de Nathan. Cette voiture m'avait inquiété et j'avais besoin d'être rassurée. Je ne comptais pas pour autant lui en parler. Seule sa présence suffirait à me calmer.

J'avais trouvé Nathan, sous les couvertures du lit. Il somnolait à moitié. Je m'approchai doucement et fouinait mon visage dans son cou. Il gémit et se mit à sourire. Il souleva la couette pour que je m'y glisse et passa son bras autour de ma taille afin de m'approcher de lui.

Je ne mis pas longtemps à tomber dans les bras de Morphée, pourtant mon esprit divagua vers des scènes étranges sans que je m'en rende compte.

flashback

La galerie grouillait de monde et était pleine à craquer. Monsieur Amstrong m'avait chargé de m'occuper des invités et de m'assurer que tout se passait bien pour eux. Ça n'était pas la meilleure tâche qu'on m'avait donné à faire mais je m'en contentais.

J'avais été embauchée après mes études d'arts. Monsieur Amstrong avait été un petit peu réticent à m'engager. Il était vrai que le musée Guggenheim était extrêmement réputé et, embaucher une jeune femme fraîchement diplômée pouvait être risqué. Pourtant, j'avais su faire mes preuves et montrer que j'étais digne d'y travailler.

Tout le gratin de la ville était présent à cette réception mondaine. Un riche entrepreneur avait organisé une vente aux enchères. Ces fameux dons étaient ensuite utiliser afin d'améliorer les systèmes d'assainissements dans les pays défavorisés d'Afrique. Étant déjà aller en Afrique, je savais parfaitement ce que c'était.

Monsieur Amstrong monta sur l'estrade et demanda à tout le monde de se taire. Le bruit des potins et des conversations s'arrêta immédiatement, laissant place à un silence spectaculaire.

- Mesdames et Messieurs, bienvenue dans notre musée, commença-t-il. Cela fait des années maintenant que je m'évertue, avec mon équipe, à en faire un lieu d'exception. Nous affectionnons particulièrement les initiatives qui visent à bouleverser les codes qui ont l'audace de tenter de faire de notre monde un endroit meilleur, dit-il en scrutant le public. C'est pourquoi je suis très heureux d'accueillir ce soir, ici au Guggenheim Museum, Jacob Valentyne, fondateur de l'association qui anime cette soirée et grand mescène de notre cher musée.

De nombreux applaudissements retentirent. J'avais déjà entendu parler de cette homme. Je ne l'avais jamais vu. Je n'avais pas cherché plus loin puisque à New-York, les entrepreneurs milliardaires, ça courraient les rues !

- Comme vous tous, je connais l'entrepreneur mais, j'ai aussi découverts l'homme. Pendant toutes ces années il n'a jamais changé de cap, reprend Monsieur Amstrong, je vais à présent lui laisser la parole. Même si je sais que vous avez hâte de profiter du buffet ! plaisanta-t-il. Jacob, si tu veux bien.

Le vieil homme se décala, un sourire franc aux lèvres, afin de laisser place à son invité. Je me redressai un peu plus pour voir qui était ce fameux entrepreneur si brillant. Lorsque je vis Valentyne, mon cœur fit un bond. Sa démarche était assurée et rythmée par le mouvement de ses épaules imposantes. Ses yeux verts ressortaient grâce à sa chemise blanche légèrement ouverte, juste assez pour deviner la naissance de pectoraux dessinés. Ses cheveux blonds avaient l'air doux et soyeux, autant que son regard qui était à la fois perçant et amical. Sa barbe était coupée à la perfection et je me rendis compte que je le détaillais beaucoup trop ! J'avais soudainement pris un coup de chaud. Et je n'étais  visiblement pas la seule. Plusieurs femmes se dandinaient devant cet homme charismatique. Certaines se recoiffaient quand d'autres vérifiaient leur maquillage à l'aide de leur miroir de poche. Je levai les yeux au ciel d'exaspération.

Les deux hommes se serrèrent chaleureusement la main. Le vieil homme avait l'air d'avoir beaucoup d'affection pour lui. Lorsqu'il monta enfin sur l'estrade, toute l'assistance était suspendue à ses lèvres. Et je ne parlais pas de ces femmes qui le dévoraient des yeux. Je me sentis légèrement rassurée, il avait l'air de faire cette effet à tout le monde. Un jeune homme en smoking s'approcha de moi et me tendit un cocktail que j'acceptai volontiers. J'avais besoin d'un remontant pour calmer mes ardeurs.

- Merci à toutes et à tous d'être venu. Cet événement comme chaque année compte beaucoup pour notre fondation, commença Valentyne.

Sa voix était rauque et masculine. Elle pourrait, j'en suis sûre, faire tourner la tête de n'importe qui.

- Chacun d'entre vous, à votre échelle, permet à notre monde de devenir un endroit plus accueillant pour n'importe quel enfant de cette terre. Grâce à vos dons, plusieurs familles en Afrique ont enfin l'accès à l'eau potable, aux soins et à l'éducation.

Je bus une gorgée de mon cocktail, un peu désabusée, tout en observant l'assistance. Valentyne dégageait une telle assurance que tout le monde semblait en admiration devant lui, homme comme femme l'écoutaient avec attention.

- Ma firme poursuit ses recherches et déploie des infrastructures aux quatre coins du globe pour améliorer la vie de chacun. Nous n'imposons pas nos méthodes, mais nous formons la population à utiliser notre technologie et nos outils afin de leur garantir une meilleure qualité de vie.

Vraiment ? N'était-ce pas plutôt un moyen d'assurer la toute puissance de la firme ? J'avais du mal à y croire. C'était une question que j'aurais aimé poser à ce genre d'homme. Pour voir s'il était vraiment sincère. Alors qu'il continuait de parler tout en regardant l'assemblée, ses yeux verts se posèrent sur moi. Il sembla désarmé pendant quelques secondes, à tel point que certaines personnes se retournèrent vers moi. Valentyne se contenta de continuer son discours, tout en reprenant son assurance.

- Comme le disait Einstein, le mot "progrès" n'aura aucun sens tant que des enfants seront malheureux.

Monsieur Amstrong posa sa main sur l'épaule du jeune homme, visiblement touché par ses propos.

- Cette quête de sens m'anime depuis des années. Alors je vous invite, mes amis, à faire preuve de générosité envers notre fondation pour soutenir les actions que nous menons sur le long termes. Je vous souhaite une bonne soirée et je remercie le musée Guggenheim de nous accueillir encore une fois cette année. Merci pour votre attention, termina-t-il d'un signe de tête entendu.

Son discours fut évidement largement applaudi. Il fit simplement un autre signe de tête en remerciement et s'éloigna du pupitre.

Après son départ, le flot de parole des invités reprit de plus belle. Je restais figée quelques instants. Encore emplie de son discours.

J'observais cette foule qui déambulait dans un brouhaha assourdissant. Une jeune fille en tailleur me proposa très poliment une flûte de champagne afin de remplacer mon cocktail vide. J'acceptai et attrapai délicatement le verre de Crystal entre mes doigts. Les autres serveurs s'affairaient à enlever les petits fours de leurs emballages en plastique. Tout était somptueux et légèrement démesuré pour une telle occasion. Alors que j'observais encore le buffet, quelqu'un m'interpella.

- Mademoiselle Martins ! Comment trouvez vous notre réception ? Est-elle à la hauteur de vos attentes ? me demanda Monsieur Amstrong.

À la hauteur de mes attentes ? Quelle personne sensée pourrait attendre un gala de charité pareil ?

- C'est vraiment fantastique Monsieur. Tout est très beau, je n'avais jamais vu le musée sous cet angle, dis-je en souriant poliment.

Pendant que Monsieur Amstrong continuait de me parler, un autre homme s'approcha de nous et au moment où il fut à notre hauteur, je manquai de tomber à la renverse.

- Ah ! Jacob ! s'écria Amstrong en donnant une tape amicale dans le dos de l'intéressé.

Je me figeai complètement.

- Mademoiselle Martins, voici l'homme de la soirée, sourit Amstrong tout en affinant sa longue moustache.

Valentyne me tendit sa main que je m'empressai de venir serrer. Sa poigne était forte et ses yeux ne se retirèrent pas des miens durant toute la durée où sa main fut dans la mienne.

- Jacob Valentyne, dit-il.

- Jenny Martins.

- Je vois que les grands esprits se rencontrent, ajouta Amstrong, à plus tard dans ce cas.

L'homme s'éloigna pour ensuite aller faire un tour au buffet.

- Où travaillez vous ? demanda-t-il un sourire aux lèvres.

- Je travaille ici, au Guggenheim Museum.

- Oh vraiment ? dit-il en haussant un sourcil. Je ne vous ai jamais vu auparavant.

- J'ai été embauchée récemment mais j'ai rapidement pris mes marques.

- C'est ce que j'ai crus comprendre, dit-il avant d'interpeller un serveur.

Il attrapa une coupe de champagne et me la tendit. Nos mains se frôlèrent lorsque je pris la coupe et je reçus une décharge électrique. Je me dépêchai de lever les yeux vers Valentyne afin de voir sa réaction. Il était impassible et prit une autre coupe de champagne. Il but une gorgée puis me regarda de nouveau. Il ouvrit la bouche puis se résigna.

- Veuillez m'excuser Mademoiselle Martins mais je vous trouve vraiment ravissante, finit-il par dire.

Je me sentis virer au rouge écarlate.

- Mer... merci, bafouillai-je maladroitement.

Il se mit à sourire de plus belle. Un sourire qui me fit perdre la tête.

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