Chapitre 10

Je crois que je ne m'étais rendu compte de ce que j'avais fait seulement lorsque j'avais tenu le volant. Jacob m'observait depuis le seuil, le visage bienveillant. Moi, je regardais droit devant moi, sur le point de fondre en larmes. Jacob finit par me faire un signe de la main et rentra dans le loft.

La situation me dépassait. Je croyais en avoir fini avec Nathan, avoir ma petite vie bien en main. Mais maintenant, tout m'échappait, et je n'étais même pas capable de préciser quand ça avait dérapé.

Ah, si. C'est arrivé quand Nathan était revenu tout chambouler. Je n'avais plus le contrôle sur rien. Une seule option s'offrait à moi désormais, rejoindre Nathan. Et en finir pour de bon. Mais au final, qu'est-ce que ça signifiait, en finir ?

J'avais roulé jusqu'à la sortie de New-York en me souvenant que je devais rendre visite à Samuel. C'était le moment où jamais. Si je ne le faisait pas maintenant, jamais je ne le ferai.

Liam m'avait envoyé les coordonnés de l'appartement de Samuel par SMS.

Lorsque j'arrivai dans le quartier reculé de Boston, l'endroit me parut immédiatement lugubre. Les rares passants portaient une capuche sur la tête et avaient le regard fuyant.

Je claquai ma portière et marchai jusqu'à la résidence cinquante trois, bâtiment C. Je passai devant trois hommes étranges. Ils me fixèrent tous, le temps que je marche jusqu'à la cage d'escalier. J'aurai aimé que Jacob soit avec moi. Je pressai le pas et me rendis à l'appartement de Sam.

Je toquai une fois, puis deux, puis trois. Aucune réponse. J'attendis un petit peu et regardai autour de moi. Le bâtiment était dans un état de délabrement total. Comment papa et maman avaient pu envoyer Sam ici. C'était tellement sale et insalubre. Comme si ils n'avaient pas pu payer un appartement plus confortable à Samuel.

Au bout de quelques minutes, je repensai aux paroles de Liam. "Si il ne répond pas, prends la clé qui est sous le paillasson. Il a toujours cette mauvaise habitude de la laisser là"

Je me penchai, attrapai les clés et enfonçai le morceau de métal dans la serrure. Le petit cliquetis m'indiqua l'ouverture de la porte.

Une odeur fétide et désagréable se dégageait de la pièce. Elle était elle même plongée dans l'obscurité, ayant pour seule lumière celle du soleil qui peinait à se frayer un chemin à travers les rideaux. Je mis un instant avant de constater que des canettes et des sachets en plastiques jonchaient la moquette verte. Des restes de nourriture étaient éparpillés un peu partout, donnant un air de déchèterie à cet appartement. Lorsque j'arrivai dans la chambre, mon corps se décomposa, se fut comme une claque. Mon petit frère gisait au sol. Il ne bougeait plus et laissait croire qu'il était mort. Des dizaines de seringues et d'autres petits sachets plastiques étaient présents à côté de lui. Je me précipitai vers lui pour essayer de le réveiller. Son nez était recouvert d'une poudre blanche que je connaissais très bien. Ses vêtements dégageaient une odeur de marijuana très reconnaissable. Son visage était orné de cernes violettes. Je pris son pouls, complètement affolée. Je fus soulagée de sentir son rythme cardiaque sous mon doigt, malgré sa lenteur affolante. Ses bras étaient recouverts de points rouges, dû aux seringues.

- Samuel ! criai-je plusieurs fois en le secouant. Mais qu'est-ce qu'il t'as pris ? murmurai-je au bord des larmes.

Je courus jusqu'à la salle de bain et pris un vert d'eau. Je jetai le liquide froid au visage de mon frère, sans grande réaction. Qu'étais-je sensée faire dans ce genre de situation ? Je commençais sévèrement à paniquer. Tout doucement, je vis les yeux de Samuel s'ouvrir. Il cligna lentement des yeux, ses pupilles étaient anormalement dilatée.

- Je vais te ramener à la maison, dis-je tout bas.

- Non ! Pas la maison ! hurla-t-il d'un coup.

Je reculai, surprise.

- Je vais t'emmener chez moi alors, concluai-je.

Il acquiesça à moitié, encore dans les vapes. Je l'aidai à se relever et l'appuyai sur mes petites épaules. Samuel avait longtemps fait du football au lycée et il s'était forgé une bonne carrure pour son âge.

Malgré son état catastrophique, il réussit à marcher, me laissant un peu de répit.

Les hommes étaient toujours accoudés sur les murs du bâtiment. Lorsqu'ils virent Samuel, leurs regards se firent plus aiguisés. Je lui demandai de se dépêcher et l'installai côté passager de ma voiture. Alors que j'avais juste fermé ma portière, un des hommes se précipita vers la voiture, un couteau à la main. Je pris peur et démarrai d'un violent coup sur l'accélérateur.

Durant tout le trajet jusqu'à mon appartement, Samuel avait observé le paysage défiler sous ses yeux. Il n'avait pas dit un seul mot.

J'avais cherché quelles auraient pu être les raisons de cette soudaine décadence. Samuel avait été jusqu'au collège et une partie du lycée, ce qu'on pouvait appeler un enfant modèle. En deuxième année de lycée, il avait arrêté le foot et avait complètement changé de style. Il était passé du joueur de foot à l'ado rebelle. Il avait teint ses beaux cheveux blonds vénitiens. Ils étaient maintenant noir de jais et ça lui allait plutôt bien ce style. Il en avait sûrement eu marre, de jouer ce jeu de rôle. J'avais insinuer dans ma tête qu'il avait voulut se démarquer de son frère, Liam. Même si Liam était plus jeune, je savais qu'il était toujours le plus féliciter. Samuel voulait faire ses preuves, c'est pour cela qu'il n'avait pas pour autant arrêté d'avoir de bonnes notes. J'avais été très fière quand il était entré à Yale. Mais malheureusement il était tombé dans un piège qui s'était refermé sur lui et il n'avait aucun moyen d'en sortir seul.

Samuel marcha difficilement jusqu'à l'appartement. Lorsque la porte s'ouvrit sur Jacob, il sembla surpris pendant quelques secondes. Il prit immédiatement Samuel par la taille, qui s'écroula presque sur Jacob.

- Qu'est-ce qu'il lui est arrivé ? demanda Jacob après l'avoir allongé sur le canapé du salon.

- Une... Une overdose, dis-je en hésitant.

Jacob prit un air dégoûté.

- On ne peut rien faire que de le laisser décuver, ajouta Jacob.

J'observai un instant Samuel qui s'était endormi.

- Est-ce que c'est ça que tu avais à régler ? demanda-t-il.

- Il me reste encore une chose à éclaircir.

Je vis une expression triste passer dans ses yeux.

- Je vais m'occuper de lui, finit Jacob.

Je pris Jacob dans mes bras et m'effondrai sur son torse. Je laissai couler plusieurs larmes. Sa main frotta doucement mon dos pendant que l'autre attrapa ma taille.

- J'ai pas choisis tout ça, dis-je en sanglotant.

- Fais ce que tu as à faire. Dès que tu rentres, on fera les préparatifs du mariage, dit-il en me regardant dans les yeux, un sourire aux lèvres.

Je me mis à rire. J'avais hâte que tout sois terminé. J'avais hâte de reprendre ma petite vie parfaite.

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