Les doux cheveux blonds de Jacob chatouillèrent agréablement mon visage encore à moitié endormie. J'ouvris les yeux et vis son expression amusée. Je roulai des yeux et me levai difficilement du lit king size. J'enfilai mon peignoir en soie et me dirigeai vers la cuisine. Le carrelage glacé du loft me fit frissonner. La tasse brûlante remplie de café me réchauffa en un instant. Jacob enroula ses grands bras autour de ma taille et embrassa délicatement ma joue.

La journée avait à peine commencé que mes talons aiguilles me faisaient déjà mal. La galerie était pleine de monde. De riches acheteurs ou de simples touristes amateurs d'arts. J'appréciais la diversité des gens qui se présentaient.

Un homme très svelte s'approcha vers moi, l'air rêveur. Son visage était creusé et son teint était blanc. Ses vêtements étaient chics et il faisait très habillé. J'arborai mon sourire habituel et attendis qu'il me pose une question.

- À combien est celui ci ? demanda-t-il en fixant le tableau des yeux.

Je regardai dans sa direction et reposai mes yeux sur l'homme qui ne me regarda pas une seule fois, trop absorbé par la toile.

- Le Chagall du fond ? demandai-je.

Pour la première fois, il me regarda avec des étoiles pleins les yeux en acquiesçant d'un signe de tête.

- Il me semble qu'il est à 5 milles dollars mais, je peux aller vérifier, dis-je en me frottant la nuque.

Il fit non de la tête avant de reprendre la parole.

- Je n'en doute pas une seconde, je le prend.

J'ouvris grand mes yeux de surprise. C'était la première fois qu'un acheteur se décidait aussi vite. D'habitude ils se tâtaient, demandaient l'avis de leur femme ou de leur mari, me demandaient mon avis, me faisaient part de leur situation financière puis se décidaient enfin. J'haussai les épaules. Cet homme semblait un habitué et avait l'air sûr de ce qu'il faisait. Je le conduis jusqu'au bureau et lui fis remplir tous les papiers et assurances nécessaires. Il repartit un peu plus tard, tout content de son achat.

Jessica était passée me voir. Elle aimait me rendre visite de temps en temps mais c'était surtout à cause des demandes incessantes de son petit garçon. Elle m'avait proposé de venir dîner ce soir. J'avais évidement accepté.

Je ne vis pas le temps passer, la journée passa sous mes yeux. Comme en chaque fin de journée, j'étais épuisée.

Je nouai la cravate de Jacob en riant.

- Il faudrait vraiment que tu commence à savoir faire tes nœuds de cravate !

- Et toi que je te montre comment faire du bon thé ! répliqua-t-il en arquant un sourcil.

Je rigolai un instant avant d'aller enfiler ma robe.

Jacob était arrivé en Amérique il y a quelques années de cela. Il avait fait des études de commerces, puis de médecine et enfin d'arts mais il n'en avait terminé aucune. Rien ne lui plaisait vraiment. Il avait envie de changer d'air. Il a alors monté une entreprise de pubs à New-York. À vrai dire, il n'en avait pas vraiment besoin. Ses parents vivaient dans un des quartiers les plus prisés de Londres et n'avaient pas à se plaindre de leur style de vie plus que luxueux. Pourtant, il avait voulu devenir indépendant et il avait réussit. Il était devenu en habitué de la galerie et un mécène engagé. Il avait tant fait pour la galerie.

La robe blanche coulissa le long de mes jambes. Jacob entra dans la salle de bain et se positionna derrière moi pour remonter la fermeture glacée le long de mon dos frissonnant. Il me fit tourner sur moi même et embrassa doucement mon front.

Jacob appuya d'un coup sec sur la sonnette de la maison. Jessica avait fait fort. Sa maison était à tomber par terre. Le style italien qu'elle avait était juste splendide. La belle demeure était entourée dans grand jardin où Porter avait tout loisir de jouer. La porte s'ouvrit quelques secondes plus tard sur mon amie qui était rayonnante comme à son habitude. Elle nous fit entrer et nous emmena dans le salon. À ma plus grande surprise, nous n'étions pas les seuls à être invité.

- Eden ? balbutiai-je surprise.

Il me regarda d'un air amusé avant de me prendre dans ses bras. Il avait grandit, prit de la carrure et surtout, il semblait vraiment plus mature. Ses yeux étaient restés aussi pétillants qu'avant. Il était vrai que je n'avais pas garder contact avec lui après le lycée. Je l'avais d'ailleurs amèrement regretté. Eden était plus qu'un ami. Il m'avait sortir d'affaires plus d'une fois. Une jeune fille s'approcha de moi, un peu timide. Ses cheveux rouge feu tirés en une longue queue de cheval me sautèrent aux yeux. Ses yeux verts étaient recouverts par de grandes lunettes. Eden posa ses yeux sur elle puis enroula ses épaules de son bras.

- Jenny, voici Raphaëlle, ma petite amie.

Je souris tendrement. Il jeta un coup d'œil à Jacob qui était resté lui aussi un petit peu en retrait. Son regard se fit dur puis s'adoucit en un instant lorsque  Jacob tendit sa main vers lui. Ils se serrèrent la main vigoureusement.

- C'est Jacob mon petit ami.

Jessica nous invita à s'installer sur les sofas du salon. Porter débarqua comme une furie dans le patio et sauta sur Jacob.

- Jacob ! hurla-t-il.

- Porter ! cria Jessica, outrée.

Porter lâcha Jacob immédiatement avant de retrouver à ses occupations de petit garçon. Il était tellement adorable. J'imaginais mal comment Jessica aurai pu avorter.

J'avais échangé quelques mots avec Raphaëlle. Elle était institutrice dans une école maternelle. C'était assez surprenant. Elle semblait passionnée par son métier. Elle avait aussi l'air d'être complètement sous le charme d'Eden. C'était plutôt difficile de ne pas l'être. Il était charmeur, intelligent et avait des yeux incroyables. Je souriais doucement à chaque compliment qu'elle lui faisait.

J'avais remarqué qu'Eden restait sur la défensive par rapport à Jacob et ça m'étonnait beaucoup.

Matthieu ne cessait de ramener des bouteilles de vin sur la table. La chaleur  me montait à la tête. J'avais besoin d'un peu d'air. J'en informai les autres et sortis sur la terrasse. La brise légère me fit un bien fou. De petits craquements venant de la terrasse en bois se firent entendre. Je me retournai et vis Eden..

- Il a l'air parfait, dit-il soudainement en faisant allusion à Jacob.

- Il l'est à mes yeux.

- Ça me fait plaisir de voir que tu es enfin heureuse.

- J'ai toujours été heureuse mais ça ne se voyait pas forcément.

- Tu n'étais pas heureuse avec Nathan.

Mon cœur fit un bond. Je n'avais pas entendu parler de lui depuis des années. Je haussai les épaules avant de retourner au salon, talonnée par Eden.

Le reste de la soirée se déroula à merveille. A un moment du repas, Jessica dériva sur nos années de lycée.

- Et c'est à ce moment là qu'elle a vu que son mascara n'était pas bien mis ! s'écria Jessica en riant.

Tout le monde rit.

- Serena n'a pas pu venir ce soir, ajouta Jessica.

- Tu as gardé contact ? demandai-je curieuse.

- Oui, elle avait été repérée par une agence de mannequin et en ce moment, elle est au Cambodge ! C'est fou !

J'approuvai d'un signe de tête. Serena était une des nombreuses personnes avec qui j'avais perdu toute relation.

- Et Nathan ? Tu as des nouvelles de Nathan ? Vous étiez tout de même très proche, même un peu plus, dit Jessica d'un ton ambigüe.

Je lui lançai un regard noir sans le vouloir. Il était la dernière chose dont j'avais envie de parler.

- Non, absolument pas, dis-je froidement.

Jacob se raidit à côté de moi.

- Qui est Nathan ? demanda-t-il.

Eden se racla la gorge.

- Un ami, un ancien ami du lycée, dis-je en souriant.

- Aller Jenny ! Vous êtes sortit combien de temps ensemble ? Deux ou trois ans ? rajouta Matthieu.

Je serrai mes doigts autours de mes couverts. Je remarquai le regard gêné d'Eden. Lui qui s'était aventuré sur un terrain dangereux un peu plus tôt, savais qu'il ne fallait pas aborder ce sujet sensible.

- 1 an, mais c'était une grossière erreur et juste une amourette d'ado, dis-je agacée.

Jacob posa sa main chaude sur la mienne pour me calmer.

Il avait réussi, sans même le savoir, à gâcher ma soirée.

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Emma&Maëlle