Chapitre 8
Samedi 9 septembre
Je ne sais plus combien de temps je suis restée là mais maintenant il fait jour et depuis un long moment déjà. Je me lève enfin, il est 9h, j'enlève le mode «repeat», que j'avais mis pour Chopin de mon Ipod qui est connecté à l'enceinte et mets ma playlist «good mood».
Les sons défilent, et ma chanson préférée du moment retentit enfin et je me mets à chanter Machika de J.Balvin :
-Estoy muy borracho y no puedo más
Y no puedo más
Estoy muy borracho y no puedo más
Y no puedo más
Machika, machika
Machika, machika (matata)
Machika, machika (matata)
Machika, machika (matata)
Tout cela en me déhanchant au milieu de mon salon.
Après quelques minutes de pure folie qui font du bien, je m'arrête et vais me préparer de quoi petit déjeuner.
Après avoir bien mangé, je vais prendre mon téléphone, j'ai 3 messages.
Dès le matin ? s'interroge ma conscience.
C'est vrai que c'est rare.
Il y en a un de Matt et les deux autres sont d'un numéro inconnu. Je lis celui de Matt en premier :
de Matt à Moi:*Hey, l'haricot ! J'espère que t'as passé une bonne nuit. Juste pour te dire que je passerai te prendre chez toi à 15h donc si tu pouvais me communiquer ton adresse, ce serai cool !;) à toute.*
de Moi à Matt:*Cc patate ! J'ai passé une excellente nuit merci. J'habite au 27 impasse des martinets 94270 Kremlin-Bicêtre. A toute. Bisou *
Je regarde les deux autres messages inconnus :
de Inconnu à Moi:* J'espère que vous avez passé une bonne nuit ? J'ai passé une excellente soirée en votre compagnie.*
Bon bah plus d'inconnue, ça c'est le thon.
Du Thon à Moi :*Cependant aurai-je fais quelque chose qui vous aurait déplus quand nous nous sommes quittés ? Vous m'avez paru soudainement comment dire ? Distante.*
Je décide d'être franche pour ne plus rencontrer le même problème et me retrouver avec mes insomnies.
De Moi au Thon :* Merci j'ai passé une excellente soirée également, ma nuit l'était tout autant. (Bah quoi j'ai pas dis que je serais franche à 100%). Veuillez excusez mon comportement mais cette soudaine proximité, bien que vous ne m'aillez fait que la bise, m'a quelque peu dérangé, non pas que je ne vous apprécie pas mais disons que je n'ai pas l'habitude et que cela m'a mise mal à l'aise. En espérant que vous m'aurez comprise.*
Je repose mon téléphone mais le reprends quand j'entends la notification qui me signale que j'ai un nouveau message. C'est sans doute Matt.
Non c'est l'autre thon.
Du Thon à Moi :* Et bien veuillez m'excuser de vous avoir mis mal à l'aise, ce n'était pas mon but.*
De Moi au Thon :*Vous l'êtes ! Bonne Journée.*
Du Thon à Moi :*Bonne journée. A mardi.*
Oui c'est ça, à mardi.
***
14h. Je me prépare enfin. Matt m'a confirmé un peu plus tôt qu'il avait bien reçu mon message. Du coup, me voilà dans mon dressing à chercher quelque chose pour paraître féminine mais décontracter. Finalement, il a proposé que nous allions visiter les catacombes. Oui, c'est atypique mais j'aime les choses un peu morbide, et puis il faut bien rencontrer nos ancêtres. Du coup, je veux me sentir à l'aise, alors j'opte pour un pantalon en cuir avec un haut ample mi-long fleurie contenant quelques touches de noir pour être en accord avec le bas et je mettrais mes bottines noirs pour unifier le tout.
Une fois habillée, je vais dans la salle de bain pour me redonner quelques couleurs. Crème, blush, crayon, mascara, rouge à lèvre, tout y passe. A la fin, je me trouve pas mal. Reste encore les cheveux à arranger. Je les tresse en une épaisse natte collée commençant au haut de ma tête, quelques bijoux discrets, du déodorant, du parfum et me voilà fin prête. Je regarde ma montre, 14h45. Le temps pour moi de mettre la vaisselle dans la machine, fermer les fenêtres et voilà mon téléphone qui vibre.
De Matt à Moi :*Je suis là, l'haricot.*
De Moi à Matt :*Je descends !*
J'arrive en bas et il m'attend en dehors de sa mini cooper vert bouteille, deux portes. Je dois l'avouer, elle est stylée et j'ai toujours eu un faible pour les mini cooper. D'ailleurs il faudrait que je pense à m'acheter une voiture pour plus tard vu que j'ai mon permis. Bien que sur Paris, la moto soit plus pratique.
Il se relève en m'apercevant. Je m'avance pour lui faire la bise et il me dit :
-Vous êtes charmante, Mademoiselle Morelli. Avec un petit sourire charmeur.
-Vous n'êtes pas mal non plus Monsieur Wright.
C'est vrai, il est beau. Petit jean boyfriend, t-shirt blanc, veste en cuir noir et basket blanche. Simple et efficace. Il est charmant.
Il m'ouvre la portière.
En plus de cela gentleman.
Je le remercie, il fait le tour, s'installe, démarre et c'est parti.
45 minutes plus tard, nous voilà arrivé. On a un peu discuter dans la voiture, des cours, des partiels, de la vie pour finalement se taire et profiter de la musique.
Nous faisons la queue et maintenant nous sommes six pieds sous terres, et il fait beaucoup plus froid qu'à la surface. Soudain je regrette de n'avoir mis qu'une simple veste. Mais bon ce n'est rien de bien insupportable.
Arrivée devant l'entrée après avoir longé quelques couloirs humides avec les quelques touristes venues sans doute en espérant le grand frisson, nous apercevons la fameuse citation:
«ARRÊTE, C'EST ICI L'EMPIRE DE LA MORT.»
Ouuh, c'est terrifiant ! Vous avez senti le sarcasme vous aussi ?
On pénètre enfin dans la fausse commune. J'ai passé mon bras sous celui de Matt. Non pas que j'ai peur. Mais j'ai froid alors si je peux me réchauffer en palpant ses muscles bicipitales, je ne vais pas me gêner.
La visite se déroule bien, accompagné de nos audios, qui déblatèrent leur histoire pré-enregistrée à chaque fois qu'un nouveau numéro apparaît sur les plaques collées aux murs de la grotte, nous nous enfonçons dans un silence de circonstance. En effet, personne ne parle. Pas même moi, je ne voudrais pas déranger les morts.
Je me détache de Matt pour aller lire l'une des plaques gravée en face d'un tas d'ossements mieux rangés que mon dressing. J'y lis :
«Pensez le matin que vous n'irez peut-être pas jusqu'au soir et au soir que vous n'irez peut-être pas jusqu'au matin.»
Réjouissant ! M'informe la patate.
Je vais rejoindre le reste du groupe.
Je cherche Matt du regard et l'aperçois près d'une plaque. Il paraît très concentré, à croire qu'il a retrouvé son arrière grand-père dans les ossements.
Soudain, une idée émerge dans mon esprit. Tout est trop calme. Pimentons un peu cela. J'attends que les deux derniers touristes sortent de la salle et nous voilà enfin seul avec Matt. Il ne s'est même pas rendu compte que tout le monde -enfin presque- étaient partis. Je rentre en action. Je m'avance sur la pointe des pieds vers lui et j'espère de toutes mes forces qu'il ne se retourne pas avant que je ne l'atteigne.
Dieu m'a entendu puisque j'ai réussi à arriver jusque derrière lui sans qu'il ne s'aperçoive de rien et là je le bouscule en lui faisant peur.
Il sursaute et se cogne la tête. C'est que les plafonds ici sont bas pour son 1m85. Mais je ne peux m'empêcher d'exploser de rire. Il a crié comme une fillette. J'en ai les larmes aux yeux mais quand je me redresse et que je vois sa tête déconfite c'est la goutte d'eau qui fait déborder le vase.
-Avaaaaaaaaa !!! Je vais te tuer ! Dit-il sur le ton de la menace.
Vite, échappons nous.
Et je cours vers le chemin qu'a emprunté notre groupe. J'entends Matt me courser et m'ordonner de m'arrêter.
Jamais.
Mon dieu, le groupe nous a bien devancé. J'ai longé trois couloirs, traversé deux salles que je ne les vois toujours pas. Si ça continue, Matt va finir par me rattraper et je ne donne pas cher de moi.
Quelle belle perspective que de rejoindre tes ancêtres. Se fout de moi ma conscience.
Très drôle et la solidarité dans tout ça.
Soudain je ne touche plus le sol. Mon dieu à trop pensé je ne me suis pas rendue compte que Matt m'avait rattrapé. Il me soulève sur son épaule.
Je ne me sens pas mal, j'étais préparé à ce qu'il me touche de toute façon.
Non mais ça va pas, 80 kg qu'il porte là. Même s'il fait de la musculation, il va perdre un bras.
Qu'est ce que tu racontes ?! Vu comme il t'a soulevé sans problème ça m'étonnerai qu'il perde quoi que ce soit.
Je ne me débat pas, je lui ai juste tapé la fesse en lui demandant pour la 5ème fois de me poser. Mais non, rien à faire. Et le voilà qui fait demi tour pour m'amener à la salle précédente. Il me pose enfin, et dès que mes pieds touchent le sol, je le pousse pour m'échapper mais il me retient.
Bon et bien voici la fin de mon existence.
Adieu monde cruel et vie miséreuse.
-Tu as encore le culot d'essayer de t'échapper ? Dit-il mi-étonné mi-amusé de mon obstination.
Je ne répond rien. Je ne fais que mordre ma lèvre car j'ai beaucoup trop envie de rire.
-Vous n'avez rien à dire pour votre défense. Je vous ai connue plus loquace Mademoiselle Morelli.
-Je plaide coupable votre honneur. Mais ne regrette rien. Tu as crié comme une fillette, s'en était à mourir de rire. Dis-je en le regardant mais je n'aurai pas dû. Quelque chose à changé dans son regard. Ce n'est plus de la colère mais... du désir ?
- Petite insolente ! Voici votre peine alors. Et le voilà qui se rapproche dangereusement de mes lèvres.
Non, non, non. Sainte Marie Joseph mère de dieu faites qu'il s'arrête, faites que quelqu'un vienne.
Mais non, personne.
Et voilà ses lèvres sur les miennes. Il les goutte, les titille. Au début, je ne me prêtais pas au jeu mais c'est bizarrement agréable alors je lui rends son baiser. Il embrasse bien en même temps. Quand il veut s'immiscer entre mes lèvres, je me recule. Chaque choses en son temps. Il me regarde et me voilà calmer.
Enfin ! Ça va, ce n'est qu'un baisé, détends toi.
Oui mais c'est mon premier baiser -depuis la primaire- et dans les catacombes en plus, je m'en souviendrais, ça c'est sûr. Je suis sous le choc.
Passons, je passe ma main sous son bras et lui propose de rejoindre le groupe . Il n'omet aucune résistance.
***
Nous voilà sur le chemin du retour. La visite s'est terminée calmement. On est parti manger un petit morceau à côté de Notre Dame et on en a profité pour discuter et surtout beaucoup rire. Matt et moi avons un sens de l'humour similaire, fin et subtile avec une pointe de sarcasme alors il me fait rire tout autant que je le fais rire. J'ai préféré ne pas reparler de ce qui s'est passé. De toute évidence, je pense qu'il va en parler le premier, au vu de mon malaise et du fait que je n'ai pas voulu approfondir notre échange six pieds sous terre.
Nous voilà arrivé devant chez moi. Matt descend m'ouvrir même si ma seule envie serait de courir jusqu'à la porte et disparaître mais son air déterminé indique que je ne peux échapper à la confrontation.
Qui ne tente rien n'a rien.
Il marche avec moi jusqu'à ma porte, je garde le sourire au maximum pour paraître détendu mais ses yeux d'un marron profond me déstabilisent et me scrutent comme si je devais plaider coupable.
Je m'avance vers lui pour lui faire la bise et lui souhaiter une bonne soirée. Alors que j'ouvre la porte et m'apprête à monter la petite marche me séparant du couloir qui mène à la cour de l'immeuble, une main vient saisir mon bras. Matt me retourne et me plaque contre la porte. Je suis prise au piège comme un lapin apeuré, entourée de ses bras puissants aux muscles saillants.
Au moins tu auras tenté.
Il me contemple, plonge ses yeux dans les miens. Il s'attarde ensuite sur ma bouche et je sais que deux baisers dans une journée seraient trop pour moi, la vierge effarouchée.
Alors je l'arrête :
-Matt. Arrête, je ne peux pas. Lui dis-je le plus normalement possible pour ne pas qu'il se vexe.
-Pourquoi ? Pourquoi m'avoir arrêté tout à l'heure et maintenant alors que tu semblais avoir apprécié ? Si tu ne veux pas de moi ou que tu ne me trouves pas à ton goût dit le moi clairement au lieu de faire cela.
-Ce n'est pas ça , c'est... c'est que je risque de te faire souffrir si tu t'attaches trop à moi, car je n'ai pas cette faculté, alors je préfère ne pas te donner de faux espoirs, mais tout cela bien sûr je ne te le dis pas car nos jugements seraient aux antipodes l'un de l'autre, et tu voudras en apprendre plus sur ma vie, qui est soi-dites en passant merdique, et beaucoup trop obscure pour être supportée par un être saint d'esprit comme toi. Alors oui, je préfère faire ma difficile, et ouvrir ma bouche que ne rien faire et souffrir comme cela m'est déjà arrivée, c'est peut-être égoïste mais contrairement à vous tous, je ne fais chier personne et ne demande rien à personne si ce n'est la tranquillité et le maintien de ma vie privée, privée... que tu es le premier garçon ayant pour sûr au moins un poil sur la verge à m'embrasser, alors je t'avouerai que je ne sais pas faire dans l'intime, le toucher, et toutes ces choses liées à la sexualité. Ça me met tellement mal à l'aise du coup...
-Attends...tends...tends ! Quoi je suis le premier à t'embrasser mais c'est impossible, tu ne peux pas me faire croire ça Ava. Me dit blondinet en reluquant mon corps, qu'est ce que les hommes sont naïfs, ce n'est pas parce que là je suis passable physiquement...d'ailleurs j'en doute...que je l'étais dans ma jeunesse aussi alors calmos gringo.
-Il y a bien eu, je dois l'avouer un certain Joris qui m'a embrassé en primaire. Il était blond comme toi et aussi les yeux marrons, je dois avoir un faible pour vous. Mais sérieusement on avait la même voix aiguë et je ne me souviens même plus de la sensation de nos lèvres jointes. Donc littéralement, on m'a déjà embrassée mais théoriquement ça reste relatif de ce fait tu es le premier d'une longue liste j'espère maintenant que j'ai, grâce à toi, sauté le pas.
-Une longue liste ? Quelque soit le mâle venant à ta rencontre, il aura à en découdre avec moi.
Je ris. Il est tellement adorable que je ressens un léger pincement au cœur car je ne lui dis pas toute la vérité. J'ai été embrassée une autre fois, dans des circonstances différentes mais ça, personne n'a besoin de le savoir.
-Pourquoi tu souris comme ça depuis que je t'ai annoncé cette nouvelle ?
-C'est parce que je suis flatté. Je suis le premier homme à t'embrasser toi alors que tu es magnifique. Le premier à avoir souillé de mes lèvres, les lèvres gourmandes et rosées que sont les tiennes. Elles sont d'une douceur adorable, tu le savais ? Ah bah non vu que je suis le premier à pouvoir te le dire. Il déblatère en s'écartant de moi et me lâche les bras.
On a compris ! Calme ta joie aussi, on est pas la princesse de Monaco. Il est fou, il a pas compris que c'était le premier et dernier baisé de sa vie parce que je vais le trucider dans trois secondes. S'échauffe ma patate alors qu'elle était ravie il y a encore deux heures.
-Matt, ça va ! Ça veut rien dire. C'était bien mais ça s'arrête là tu sais parce que je ne peux pas être dans une relation quelle qu'elle soit avec qui que ce soit. Je lui dis ça en fermant la porte mais il l'a coince de son pied.
Il va commencer à me chauffer là.
-Pourquoi ? Je t'apprécie énormément Ava, et après t'avoir goûté je ne suis pas sûr de pouvoir te laisser tranquille un jour de plus.
-Parce que ! Et d'accord c'est noté, super. Dis-je avec sarcasme. Je force sur la porte et il décale enfin son pied me permettant de la fermer complètement.
Halleluja, mais pourvu qu'il ne devienne pas un boulet.
Tu as gagné la bataille mais pas la guerre Ava.
***
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