Chapitre 30

Dimanche 10 octobre

°°°

La lumière du lampadaire éclaire faiblement ce qui semble être une silhouette. Les idées mélangées à cause de l'alcool consommé, je ne suis plus sûre de rien.

-Bonsoir, est-ce que je peux vous aider ? dis-je les jambes vacillantes.

Une voix grave et sarcastique se fait alors entendre au travers des bruits de pas de la silhouette.

-Voyons, voyons Ava ! Il est trop tard pour aider. Que cela soit moi ou ton père.

Un long frisson désagréable me traverse l'échine. J'ai un mauvais pressentiment mais la peur vient tétaniser mes membres.

Un reflet m'ébloui.

Je suis à terre, surplomber d'un corps que je ne connais pas, du odeur que je ne connais pas et d'un sourire que j'aurai préféré ne jamais connaître.

Je sens quelque chose couler et l'odeur du fer. Mais il est déjà trop tard, j'ai perdu connaissance.

°°°

J'ouvre les yeux et me relève bien trop rapidement. La pénombre de la chambre où je loge ne fait qu'accentuer le sentiment d'oppression qui m'envahit. Dans des gestes frénétiques je cherche l'interrupteur de la pièce. Une fois que la lumière fût, je pu petit à petit reprendre mon souffle.

Je regarde l'heure. 5h. C'était l'heure habituelle à laquelle, quand j'étais une nouvelle fois de plus victime de mes insomnies, je me réveillais. J'avais décidé de lever la main sur mes comprimés mais il me les fallait.Je me lève pour aller les prendre dans mon sac.

Je cherche mais ne les trouve pas. J'ouvre ma valise et entame la même procédure, mais toujours rien. J'ai dû les oublier chez moi et je n'allais pas tenir bien longtemps sans. Il fallait que je passe les récupérer dans la journée sans faute.

Résigner à l'idée que je ne me rendormirai pas, je décide d'aller me changer pour effectuer mon sport de la journée. J'avais cru comprendre que se bâtiment logeait une salle de sport tout équipée en lisant les pancartes à côté de l'ascenseur au rez-de-chaussée. Si mes souvenirs étaient bons il faillait que je me rende au 20ème étage. Je pris les escaliers pour y aller. J'étais impatiente de me vider la tête et de sentir l'air remplir avec empressement mes poumons.

La joie m'envahit quand je constate une salle vide de monde.

En même temps qui va faire du sport à 5h20 du matin.

Je peux profiter des appareils dernières générations en toute tranquillité. Après avoir effectué quelques étirements, je commence par un peu de vélo. Les écouteurs enfoncés dans les oreilles et vibrant de musique, je m'efforce à m'essouffler. Les minutes s'envolent et ma réflexion avec. Je profite, depuis ma place, de la vue sur les premières lueurs du jour, à travers les immenses vitres qui offrent à ses occupants une vue à 360° sur le 16ème arrondissement de Paris et ses environs. 

Après une bonne 1/2 heure à pédaler, je prends des poids. Je fais plusieurs exercices nommés curl, standing butterfly ou encore arms extension. Je retourne aux bases, avec des pompes et des abdos pour enfin finir par le tapis. Mon moment préféré. Je monte sur l'engin qui après avoir été programmé par mes soins, commence lentement. Le rythme augmente progressivement, et alors qu'il y a de cela encore 30 secondes je marchais me voilà en train de courir. Mes jambes se croisent de plus en plus rapidement pour enfin arriver à un rythme de course régulier mais soutenu. La difficulté respiratoire et le martèlement de mes pieds sur le caoutchouc de la machine me redonnent un second souffle.

Plus paradoxal, tu meurs.

Mon corps pousser à ses limites fait abstraction de toutes distractions, voilà pourquoi j'appréciai tant m'exercer.

À la fin de mon entrainement qui avait duré 1h45 on était passé de la nuit noire au petit matin. Je bu au robinet de service faute d'avoir trouver une bouteille chez le thon, avant de remonter pour me doucher.

Je me déshabille en quatrième vitesse pressée de savourer la morsure brûlante de l'eau sur mes membres endoloris par l'effort.

Je me savonne délicatement et profite au maximum de cette belle douche à l'italienne qui aurai aisément pu accueillir un défilé nudiste de moi-même, si j'en avais eus l'envie.

Reste à ta place avant de glisser et de nous envoyer à l'hôpital.

Judicieuse est cette réflexion. Il serai fâcheux de me retrouver les quatre fers en l'air, complètement pourvu de tout vêtement, devant mon patron.

Je sors de la douche. La pièce plongée dans un épais nuage de vapeur, il me faut essuyer le miroir avec une serviette pour pouvoir m'examiner.

Les cheveux mouillés, j'entreprends de les brosser avant de leur appliquer un soin réparateur. Je décide de les tresser et de les laisser sécher par eux-mêmes. Je retourne dans la chambre pour choisir les vêtements que je vais mettre pour aujourd'hui et laisser le temps à la salle de bain de s'aérer pour pouvoir y retourner et me refaire une beauté.

Parmi le large choix de vêtements qui s'offre à moi. Vous noterez l'ironie. Je choisi de mettre mon jean noir, avec un pull gris à grosse maille. Des chaussettes haute grise. Je prends ma trousse ma trousse à maquillage et vais me maquiller. Un peu de BB crème, de l'anti-cerne pour cacher mon manque de sommeil. Du blush, du mascara et du gloss. Je finis ma toilette en me parfumant et en mettant du déodorant. Et après avoir fais le lit, je descends pour petit déjeuner.

Dans les escaliers, mes sens olfactifs s'éveillent à l'odeur d'oeufs qui émane de la cuisine. Quand j'y arrive, je vois Maître. Azaley, encore en pyjama, assaisonner sa préparation.

Mais c'est qu'il est bon à marier. S'échauffe ma patate.

Bon à marier, bon à marier... Tout est relatif.

Ce n'est pas parce que monsieur sait casser deux oeufs qu'on peut l'appeler Paul Bocuse. 

-Bonjour ! dis-je la voix chantante et le sourire aux lèvres.

J'étais d'humeur joviale malgré ma nuit écourtée.

Il lève les yeux vers moi et avec le même enthousiasme et son éternel sourire colgate, il me répond.

-Bonjour ! Vous avez bien dormi ?

-Très bien merci et vous ?

-Également, merci. Le thé est dans ce tiroir et j'ai mis l'eau à chauffer, si vous en voulez.

-Oh d'accord !

La table est déjà mise avec le jus fraîchement pressé. Je n'ai rien à re-dire.

-Pourriez-vous juste sortir la salade de fruit du réfrigérateur ? me demande-t-il en nous servant l'omelette à la pomme de terre.

Je m'exécute. Je pose le saladier et nous sers dans les petits bols en céramique que châtain sexy a posé plus tôt.

Une fois attablée avec mon thé, je ne peux que saliver.

-Merci beaucoup ! Tout à l'air savoureux. dis-je les yeux exorbités.

-Avec plaisir, bon appétit !

J'attaque sans plus attendre le repas que je n'ai pas eu à préparer. L'omelette n'est pas ni trop cuite ni trop baveuse et cette salade de fruit... je suis en extase.

-Je ne me doutais pas que vous étiez si bon cuisinier. Vous non plus, ne répondez pas au cliché des hommes qui ne savent pas faire cuir un oeuf.

-Merci du compliment. J'aime cuisiner, cela me détend. Mais dites-moi après je compte aller m'entraîner, voudriez-vous vous joindre à moi ? 

-C'est gentil de proposer, mais c'est déjà fait. lui dis-je sans réfléchir.

Zut, zut, zut. Il est à peine 8h et je lui dis que je me suis déjà exercée. Il va se poser des questions.

-Ah ! Très bien, vous êtes matinale. Et bien faites comme chez vous, j'en ai pour environ 2h. dit-il en se levant après avoir mangé sa dernière cuillère de salade de fruit.

-Je vous prends au pied de la lettre. À plus tard.

Je lui retenu le bras avant qu'il ne parte.

-Et surtout merci pour hier et excusez moi pour ce qu'il s'est passé.

-Vous n'avez pas à me remercier ni à vous excuser. Vous n'êtes pas responsable des agissements et de la folie des autres.

Après cette dernière phrase il quitta la pièce, me laissant devant mon omelette que je prends le temps de finir. Puis je range évidemment avant d'appeler Sarah.

-Allô ?

-Coucou Sarah.

-Coucou beauté ! Comment tu vas ?

-Ça va ! Ça va ! lui dis-je un peu la voix éteinte.

-Ohh toi tu en a gros sur le coeur. Dis-moi tout. Qu'est-ce qu'il y a ?

-Il s'est passé quelque chose la nuit dernière.

-Avec qui ? Où ça ?

-Avec Matt devant chez moi. Comme tu le sais déjà j'ai passé la journée d'hier chez mon patron. Il m'a accompagné chez ma soeur récupérer mes clefs pour enfin me déposer devant mon loft. Sauf qu'à mon arrivée, Matt me tombe dessus, il m'avoue avoir attendu pendant plus de 10 heures que je rentre et quand j'ai rallumé mon portable, il avait essayé de me joindre une trentaines de fois.

-Oui bon c'est louche mais encore ? me demande-t-elle en attente de la suite.

-Il s'est encore fait insistant et a essayé de me forcer la main pour que je l'invite à rentrer. Je l'ai recalé gentiment mais il s'est montré moins patient. Heureusement que Maître. Azaley était encore là. Il est intervenu et l'a repoussé. Mais Matt à quand même réussi à m'embrasser de force.

-Oh mon dieu ! Comment tu te sens ? Dis moi que ça va ? Où est-ce que tu es ? Tu veux que je passes te prendre ? Viens dormir à la maison quelques temps.

-À vrai dire, j'essaye de faire bonne figure mais j'en ai marre de tomber sur des tarés. Je suis retournée chez mon boss, il a proposé de m'héberger quelques jours pour que je sois en sécurité. Tu aurais du voir la rage dans ses yeux quand il a cogné Matt après qu'il m'ait embrassé. J'ai moi-même, sans le vouloir, eu peur. Mais je lui en suis très reconnaissante.

-J'espère que toi aussi tu l'as cogné. Et si je tombe sur le thon prodige rappelle moi de lui faire deux grosses bises pour ce qu'il a fait. Mais qu'a dit Matt ?

-Évidemment, il n'a pas échappé à mon crochet bien que j'aurai aimé finir le travail une fois pour toute. Compte sur moi pour te le rappeler, il s'est comporté en vrai homme. Et Matthieu m'a reproché de refuser qu'il n'entre alors qu'il m'avait attendu pendant des heures. À croire que je lui ai demandé quelque chose. Puis il a avoué m'aimer avant de me demander où j'avais passé la nuit pour la troisième fois et qu'il comprenne que c'était chez Maître. Azaley. Puis au culot il a osé dire que j'étais une fille facile qui écartai les cuisses devant le premier venu qui pourrai m'entretenir. Tu le crois ça, m'humilier moi, la vierge effarouchée ? Devant mon patron qui plus est ? Mais je ne pouvais pas lui régler son compte, pas devant quelqu'un d'autre. Je passerai pour une folle qui ne sait pas se contrôler.

-MAIS C'EST UN GRAND MALADE ! SI JE LE REVOIE JE LUI COLLE LA GIFLE DU SIÈCLE. Il ose encore parler après son comportement à la boîte. C'est n'importe quoi. À l'évidence nous nous sommes trompées sur son compte. IL EST FOU.

-C'est le mot, il est fou et tu peux me croire que je le lui ai bien fait comprendre. Mais comble du comble, j'ai oublié mes médicaments chez moi.

-Toi aussi, l'étourdie. C'est le B.A.BA tes médicaments. J'imagine que tu n'as pas profité d'un sommeil réparateur.

-Je sais, je sais. J'ai fais une erreur, ça m'apprendra. Et oui, ça n'a pas été une très bonne nuit mais je compte aller les récupérer dans la soirée.

-TOUTE SEULE ?!!!!

-Oui, je suis venue en moto ici donc je pourrais rapidement y aller et revenir, non ?

-Je ne suis pas d'accord Ava. Et si il est encore là ?

-Je ne pense pas, vu comment le thon lui a parlé hier, il a dû comprendre le message.

-Et si ça n'est pas le cas ?

-Écoute, mieux vaut voir le verre à moitié plein plutôt qu'à moitié vide. Ne t'en fais pas. Je sais ce que je fais et puis qu'est-ce que je dirais au thon ? Que j'y retourne pour prendre des médicaments sans lesquels je ne peux pas dormir. Et qu'est-ce qu'il dira ? Hein ? *voix grave* Et pourquoi vous ne pouvez pas dormir ? J'ai pas besoin de continuer je pense que tu as compris.

-Tu marques un point. Alors laisse moi t'accompagner ?

-Jamais de la vie ? Si il t'arrivait quelque chose ? Je ne me le pardonnerai pas. Non, je refuse.

-T'es quand même putain de têtue. Mais pour cette fois OK mais tu m'appelles quand tu sors, quand tu arrives et quand tu reviens sinon je préviens la police.

-Un SMS ne suffit pas ?

-Non, je veux entendre le son de ta voix sinon j'appelle ton patron et je lui dis où tu vas ? dit-elle menaçante.

-D'accord d'accord maman, j'appellerai si je peux. Ne t'inquiète pas. Bisous à plus.

-À plus !

Même si je me suis montrée confiante au téléphone, il n'est néanmoins pas faux que j'appréhende quelque peu cette sortie bien que je sache me défendre.

***

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