Chapitre 17
*Avant d'envoyer mon courriel, je revérifie une dernière fois que tout est clair mais je reçois une nouvelle fois un appel.*
C'est encore le thon.
--Allô, si cela concerne les dossiers, je comptais vous les envoyer dans un instant.
--Non. Pourquoi avez-vous menti ?
Quoi ? Mais de quoi parle-t-il ?
--Pardon ?
--Vous me prenez pour qui ? Le dernier des imbéciles ? Vous n'étiez pas en cours aujourd'hui.
Ah, c'est problématique.
--En effet, je n'ai pas jugé utile de vous en parler. Comment l'avez-vous su ?
--Par hasard. J'avais rendez-vous avec votre directeur et en passant dans les couloirs, une de vos amies, une certaine Véronica il me semble m'a demandé si aujourd'hui vous travailliez exceptionnellement. J'ai alors compris que vous n'étiez pas allée à l'université.
Sacré Véronica, qu'elle idée de demander à mon patron où j'étais passée. Des fois, j'ai l'impression qui lui manque une case, elle aurait pu m'appeler ou m'envoyer un message.
--Je vois. Et bien oui voilà je n'y étais pas et après ?
--Puis-je savoir quelle a été la raison de cette absence ?
Mais croit-il qu'il est ma mère ?
--Non, cela ne vous concerne pas alors si vous me permettez, je vais vous laisser et je vous envoie les dossiers par courriel.
--Je ne vous permets pas. Dites moi pourquoi vous n'y étiez pas ou je viens moi-même vérifier ce qui ne va pas.
Qu'est-ce que c'est ? Du chantage ?
Ça ne va sûrement pas fonctionner avec moi.
--Écoutez, Maître. Azaley j'ai encore énormément de choses à faire alors très bonne soirée à vous.
--Ava, je ne plaisante pas, si vous raccroch...
Trop tard.
Quelle plaisanterie. Je lui envoie tout ce qu'il faut par mail et me lève pour boire de l'eau. D'un coup j'ai des vertiges, je me retiens de justesse à la tranche de mon bureau et respire pour reprendre mes esprits. C'est le manque de nourriture qui me fait cela mais je ne peux vraiment rien avaler. Alors, en prenant mon temps, je me dirige vers mon canapé pour m'allonger et allumer la télé, histoire de me reposer. Je suis toujours en peignoir, les cheveux en spirale dans une serviette depuis ce matin et ça aussi ce n'est pas très intelligent de ma part. Je risque de tomber malade surtout que je n'ai toujours pas fermé les fenêtres et que la fraîcheur de la nuit fait frissonner ma peau. Dans 15 minutes je me lèverai pour les fermer, pour l'instant je veux juste un peu de repos.
***
Je rouvre les yeux subitement. J'ai cru entendre des coups. Décidément, je ne vais pas très bien. Je me décide enfin à me lever pour fermer ces satanées fenêtres et je suis de nouveau prise de vertiges mais cette fois ils sont plus violent. Il me faut une nouvelle fois un temps pour me sentir mieux. Je me dirige alors vers elles mais je suis stoppée par la sonnette de ma porte. Qui cela peut-il bien être, je n'attends aucune visite. Je reviens sur mes pas et une fois proche de l'entrée, je demande.
--Qui est-ce ?
Vu l'heure je doute que ce soit un livreur et d'ailleurs je n'ai rien commander.
--Mademoiselle. Morelli, ouvrez !
Je ne peux pas le croire, il est vraiment venu. Maître. Azaley est vraiment devant chez moi à me demander d'ouvrir. Sauf que je ne peux pas, je ne suis pas habillée correctement.
--Cela ne va pas être possible.
--Ava, ma patience à des limites.
--J'entends bien mais attendez quelques instants s'il vous plaît.
--Non, ouvrez cette porte sur le champ avant que je ne l'enfonce.
Je ne pense pas avoir le choix. Il m'avait déjà prévenu qu'il viendrait si je ne lui disais pas pourquoi je n'étais pas partie en cours et il était là, alors si il me dit qu'il va enfoncer ma porte je ne vais pas remettre sa parole en doute. Elle m'a coûté cher en plus.
--D'accord, d'accord, calmez-vous. Je vous ouvre.
Je retire le loquet de la porte et tourne les clés. Je resserre le col de mon peignoir.
Comme si ça servait à quelque chose.
J'abaisse la poignée, entre-ouvre la porte et passe ma tête dans l'embrasure, de sorte à ce que ce soit la seule partie visible de mon corps.
--Bonsoir, Maître. Comment allez-vous ?
--Beaucoup mieux si je n'avais pas eu à me déplacer pour voir comment vous alliez.
--Dans ce cas, comme vous pouvez le constater tout va très bien. Au revoir.
Et je referme la porte sauf que c'est sans compter sur sa vivacité. Il la coince de son pied et de sa main droite, il l'ouvre. Je n'ai pas assez de force pour contrecarrer son action et puis je ne vais pas jouer au chat et à la souris. Qu'il entre. Il avance et examine mon intérieur. Il a l'air très intéressé par ce qu'il voit.
--Vous avez un très beau loft.
En finissant sa phrase il se retourne vers moi et se stoppe net. Et oui, je ne suis pas habillée. Je le vois sourire, j'en conclus que ce qu'il voit ne lui déplaît pas. Sous ce regard limite fiévreux que seul lui sait faire, je me sens vulnérable alors je resserre d'autant plus le col du seul habit que je porte. Je ne voudrais pas me retrouver les quatre fers en l'air aujourd'hui alors je lui réponds.
--Merci. C'était celui de ma tante. Si vous voulez bien m'excuser. Faites comme chez vous, je reviens dans une minute.
Je me dirige vers mon dressing en quatrième vitesse et je le sens me suivre du regard avant que je ne disparaisse de la pièce.
Je ne l'entends plus, il doit sans doute découvrir les lieux. C'est fou comme d'une part il sait parfaitement se comporter en société et de l'autre il manque complètement de retenu. Je trouve enfin de quoi me vêtir. Je n'ai pas eu le temps de réfléchir alors j'ai attrapé les premiers vêtements que je trouvais ce qui nous ramène à un pantalon de pyjama long et fluide en satin crème et un débardeur noir de la même matière. Je retire la serviette de mes cheveux foncés presque secs et les laisse tomber en cascade sur mes épaules et jusqu'au creux de mes reins. Un rapide coup d'œil dans la glace. Je suis déjà beaucoup plus présentable. Et puis il est 20h passé je n'allais pas mettre un tailleur ou des talons. Je ressors de mon dressing après avoir mis mes chaussons noirs aux oreilles de lapin.
Bah quoi, encore une fois je suis chez moi et ce n'est sûrement pas ça qui va me faire me sentir ridicule.
Je le retrouve debout près de l'une de mes commodes. Je vois son manteau posé négligemment sur mon canapé. À ce que je vois il sait faire comme chez lui.
--Je vous sers quelque chose à boire ? Un café ? Un thé ? Ou peut-être quelque chose de plus frais ?
--Un café conviendra parfaitement, merci.
De là, je vais le préparer et par la même occasion je mets de l'eau à chauffer pour mon thé.
Le temps que tout soit prêt je retourne dans la pièce à vivre.
--C'est vous ? me demande-t-il toujours près de la commode.
Je m'avance pour voir ce qu'il regarde. C'est une photo de moi et ma mère quelques temps avant d'apprendre qu'elle était malade.
--Oui, en effet. lui dis-je non nonchalamment.
--Vous n'avez pas changé, et la personne à côté de vous, qui est-ce ? Votre tante ?
Je n'ai pas changé ? Si il savait.
--Non, c'était ma mère.
--C'était ? m'interroge-t-il de nouveau.
--Oui, elle est morte il y a presque cinq ans. continue-je à répondre indifféremment.
--Je suis désolé pour vous. me dit-il plus rembruni.
--Vous n'avez pas à l'être. C'était il y a un moment.
Après un moment de silence il finit par me demander :
--Pourquoi ?
Sa question me surprend. Comment ça pourquoi ? Je l'interroge du regard pour le pousser à s'expliquer.
Il me regarde dans les yeux.
--Pourquoi agissez-vous comme si cela vous indifférez ? Étiez-vous en mauvais terme avec elle ?
En quoi cela l'intéresse ?
--Loin de là, au contraire, j'aurais donné ma vie à la place de la sienne si j'avais pu.
--Alors pourquoi ?
Tout en me dirigeant de nouveau vers la cuisine pour finir de préparer nos boissons je lui réponds.
--Parce que comme je vous l'ai dis c'était il y a longtemps et je suis quelqu'un qui ne s'attarde pas sur le passé.
À une exception près.
--Tout le monde meurt un jour ou l'autre, certain jeune, d'autre a un âge avancé. Qu'importe le moment, c'est toujours dur mais ça forge le caractère et c'est à nous, personne injustement laisser derrière de savoir avancer, non pas que pour nous mais aussi pour l'être aimé que l'on a perdu. Alors, je ne vous réponds pas comme si sa mort ne m'affectait pas, je vous réponds parce que j'ai fais mon deuil, qu'elle est sans doute mieux là où elle se trouve et parce que ce n'est pas un sujet que j'apprécie aborder avec les gens.
Il m'a suivi dans la cuisine et je vois qu'il réfléchit à ce que j'ai dis. Je sors deux tasses après lui avoir indiqué de prendre place sur l'une des chaises entourant mon îlot centrale . J'ouvre mon sachet de thé rouge, mon préféré, mets deux sucres et verse l'eau bouillante. Je me retourne alors pour prendre le breuvage fumant sur la machine à café et y mets un sucre et demi. Après une seconde fracture de la phalange je touille pour bien mélanger le tout et je sers Châtain sexy.
--Merci. J'apprécie votre manière de voir la perte de quelqu'un. Personnellement à part mes grands-parents paternels que je n'ai jamais connu, je n'ai perdu personne.
--Vous êtes chanceux mais je ne vous dirais pas de profiter le plus possible de ceux que vous aimez. Parce qu'en réalité, nous n'avons jamais assez de temps pour le faire, alors tâchez juste d'être présent dans les moments importants, ceux qui comptent pour vos proches et pour vous. Là est l'essentiel.
Je ne sais pas ce qu'il me prend à faire ma grande philosophe. Sans doute ai-je été attendrie par sa confession.
--Je tâcherais de m'en souvenir. Venez donc vous asseoir à mes côtés et enfin m'expliquer pourquoi vous n'étiez pas en cours aujourd'hui.
Je me lève de la chaise sur laquelle j'étais, en face de lui, après avoir bu une gorgée brûlante. Je n'aurais pas dû, la chaleur me monte à la tête et combinée au fait que je me suis levée trop rapidement de ma chaise, cette fois-ci mon regard ce brouille et la dernière chose dont je me souviens c'est que je me sens tomber sur le sol et que j'entends la voix de Maître. Azaley crier mon prénom au loin.
***
Bạn đang đọc truyện trên: AzTruyen.Top