Chapitre 10

Lundi 11 septembre

Cela fait déjà deux heures que les cours ont commencé et je n'arrive pas à me concentrer. Hier j'ai pris le temps de me recentrer sur moi et sur ce que je faisais, en particulier avec Matt. Je me contredis et ça ne me ressemble pas. J'ai réfléchi et je dois avoir une discussion sérieuse avec Matt pour que l'on reparte du bon pied après la fin de notre rendez-vous de samedi. Je profiterais de notre cours en commun de cet après-midi, pour lui proposer qu'on se retrouve pour parler, en espérant qu'il ne fasse pas la gueule.

J'espère aussi que demain, il n'y aura pas de malaise entre de moi et Maître Azaley. C'est que j'ai du mal à finir mes rendez-vous sur une bonne note.

Je ne vais pas te contredire sur ça.

Pour le déjeuner, je rejoins Sarah, une autre de mes amies, dans un restaurant italien peu connue mais très bon, se situant non pas loin de mon université.

Elle fait des études d'ingénieurs et à un an de moins que moi, je la considère un peu comme ma petite sœur. Et je ne suis pas la seule, il paraît que l'on se ressemble énormément. Elle est brune comme moi, les yeux marrons, elle est légèrement plus mince et fais dans les 1m65. Elle a le teint hâlé bien qu'elle sois plus claire que moi et des yeux légèrement tirés, révélant nos origines arabes.

On se connaît depuis l'adolescence maintenant et elle me fait mourir de rire à chaque fois que l'on se retrouve.

-Alors la plus belle, quoi de frais à me raconter ? Me demande-t-elle.

-Plein de chose, ma vie devient palpitante depuis quelques temps. Lui dis-je un sourire en coin.

-Raconte ! Dit-elle excitée.

-J'ai rencontré quelqu'un et j'ai changé de patron entre temps, un patron des plus sexy.

-Quoi ? Tu as rencontré quelqu'un et ton patron ou la personne que tu as rencontré est aussi ton patron ?

Je ris.

-Mais non ! Ce sont deux personnes bien différentes. Lui dis-je.

-Ah, dommage.

-Sarah ! Tu te fous de moi, je le vois bien.

-Oh c'est bon, si on peut plus rire. Mais dis-moi comment s'appelle ton patron ?

-Tu ne veux pas savoir qui est l'autre personne ?

-Non, tu as utilisé le mot sexy, alors ton patron d'abord surtout qu'il doit avoir de l'argent. Me dit-elle en souriant.

J'éclate de rire, je sais qu'elle ne pense pas ce qu'elle dit, concernant l'argent, mais c'est vrai qu'elle aime les beaux spécimens.

-Victor. Victor Azaley ! Lui dis-je entre deux rires.

Aussitôt dit, elle dégaine son téléphone aussi vite que son ombre et tape en quatrième vitesse l'information qu'il lui a été donnée.

-Azaley avec un z ?

-Oui.

Deux secondes plus tard je l'entends siffler.

-C'est qu'il est tout sauf moche ton patron ma chérie, je me le ferais bien !

-Eh ! Pas touche, c'est mon patron et ai un peu de décence voyons.

-Bah quoi ? Ne me dis pas que c'est un thon.

Si elle savait !

-Ce n'est pas ce que j'ai dis, mais tu ne l'as pas encore entendu parler !

-Pas besoin qu'il parle si il prend comme un dieu !

C'est bon, elle a craqué.

-OK, je capitule. Lui dis-je fatiguée.

-Bah alors ?

-Alors quoi ? Je lui demande perdue.

-Est-ce qu'il prend bien ?

-Tu es sérieuse ? Qu'est-ce que j'en sais ? Tu sais bien que je suis vierge. Lui dis-je comme si elle était la dernière des imbéciles.

-Et alors ? Tu vas bien sauter le pas un jour ou l'autre ? J'ai pensé qu'avec un tel étalon, tu te serais déjà mise en selle, si tu vois ce que je veux dire. Me dit-elle avec un clin d'œil.

-Et bien non, ça ne fait qu'une semaine que je le connais et oui je vois très bien, même un peu trop bien ce que tu insinues mais tes paroles salaces ne m'auront pas, ma biche.

-Une semaine ? C'est ce qui te retient ? Il m'en a fallu bien moins pour écarter les cuisses alors devant ce Victor ça se compterai en secondes.

-Ta vie sexuelle paraît très excitante mais tu me pardonneras que je ne veuille pas en entendre davantage.

-D'accord mais raconte moi tout depuis le début avec lui.

-C'est une menace ?

-Non, un conseil.

Je décide de tout lui dire pour m'éviter des images de mon amie dans différentes positions peu flatteuse.

***

-Que comptes-tu faire ? Me demande-t-elle à la fin de mon récit.

-Rien. Lui dis-je comme une évidence.

-Comment ça rien ? Ce beau gosse te fait la cour et toi tu ne vas rien faire, maintenant c'est toi qui te fous de moi.

-Arrête de dire des sottises. Il ne s'intéresse d'aucune manière à moi et puis je suis son employée et même, ce n'est pas une personne très fréquentable.

-Crois-moi quand je te dis qu'il en veut à ta petite culotte, c'est l'expérience qui parle. Et employée ou pas qu'est ce que ça change ? Tu n'as plus rien à prouver à personne, pas après tout ce que tu as accompli pour en arriver là où tu en es aujourd'hui malgré les nombreuses épreuves que tu as vécu dans ta vie, et ne me dis pas le contraire j'ai été là à chaque fois pour te ramasser à la petite cuillère et te voir te remettre sur pieds écrasant tout sur ton passage par ton ambition et ton talent. Alors je refuse que tu te prives de vivre ta vie à cent à l'heure pour je ne sais qu'elles raisons stupides que tu trouveras. Finit-elle par dire sur le bord de l'énervement.

Je réalise qu'elle a raison malgré moi, et je la remercie du plus profond de mon coeur pour tout ce qu'elle a fait, pour son soutien et d'avoir toujours cru en moi dans les périodes les plus sombres de ma vie, elle est ma bouffée d'oxygène et je ne sais comment j'aurais fait sans elle, pour survivre.

Je ne sais pas comment nous aurions fait.

-Merci Sarah ! Vraiment, pour tout. Tu es loyale et authentique et je remercie tous les jours le bon dieu de t'avoir mis sur mon chemin. Je vais prendre en compte tes conseils avisés même si ils me paraissent un peu surréalistes.

-Moi aussi, ma chérie. Je t'aime plus que tout et je ne veux que ton bien. Mais c'est vrai, il fait tout pour trouver grâce à tes yeux.

-Peut-être mais je me méfie de ses intentions. Lui fis-je par de mes doutes. Et puis, c'est vrai que je suis attirée par lui physiquement mais je n'éprouve rien du côté sentimentale, sa réputation le précède et malgré mes efforts pour ne pas en prendre compte, je n'arrive pas à penser que ce qu'il fait n'a que pour but de passée un bon moment, ou de travailler. Et puis il y a aussi Matt.

Elle me regarde interloquée. C'est vrai que depuis tout à l'heure nous n'avons pas abordé l'autre personne que j'ai rencontré ou en réalité que je connais depuis un moment mais avec qui je viens de dépasser le cadre amicale.

-Matt ? Me demande-t-elle.

-Oui, l'autre personne que j'ai rencontré.

-Ah ! En tout cas, pour Maître Azaley laisse le temps faire et décrispe toi. Tu vas voir, ce ne pourra être que bénéfique.

Se décrisper, plus facile à dire qu'à faire quand on sait qu'un simple contact venant d'un homme vous provoque des cauchemars et des insomnies.

-Oh Ava, tu m'écoutes ?

Je sors de mes pensées.

-Non, désolé tu disais ?

-Matt c'est pas ton ami de la fac, que j'ai déjà vu deux ou trois fois en venant te chercher ?

-Oui, c'est lui.

-Tu viens pas de le rencontrer alors.

En effet.

-Oui, mais c'était dans le sens où on a commencé à se fréquenter plus qu'amicalement.

-Comment ça ? Me demande-t-elle surprise par ma révélation.

-On va dire qu'on a eu un rendez-vous ce week end et que l'on sait peut-être embrassé pendant. Lui dis-je un peu honteuse.

Peut-être ? Vous vous êtes embrassée ! Se rajoute ma conscience.

-Quoi ? Mais fallait commencer par ça dès le début. Je n'arrive pas à y croire ça fait une heure qu'on est là et tu viens seulement de me le dire.

-C'est toi qui as choisi, en même temps. Lui dis-je pour ma défense.

-Peut-être mais je ne savais pas. Et vous vous êtes embrassé ? Ava s'est faite embrassé par Matt ? Pincez-moi, je rêve !

-N'en rajoute pas non plus, ce n'est pas incroyable. Lui dis-je en lui faisant signe de baisser d'un ton.

Elle ne prend pas en compte mon geste et continue sur sa lancée.

-Tu as raison, c'est EXTRAORDINAIRE ! En plus on ne peut pas dire que tu te tapes les plus moches, en même temps ça ne m'étonne pas, tu es tout de même une sacrée beauté.

-Sarah !! Arrête et baisse d'un ton. Lui-dis je en me rapprochant d'elle et en chuchotant. 

-D'accord mais tu dois tout me dire.

Encore des menaces auxquelles je cèdes en moins de temps qu'il ne faut pour le dire.

Je lui raconte tout, même mes réflexions d'hier sur ma possible relation avec Matt. Elle sera sans doute de bons conseils.

-Je vois, ça a été un baisé atypique.

Je rêve où elle ne se souvient que de ça. Mais je décide de ne pas l'interrompre.

-Mais c'est quand même mignon, à mon avis tu as bien fais de le stopper, du peu de fois où je l'ai vu, ça à l'air d'être quelqu'un d'impulsif donc tu as bien agis et après tout c'était ta pseudo première fois après Joris et tu sais quelle autre fois.

Elle me regarde après ses derniers mots et je suis sûre qu'elle peut voir un voile sombre traverser mes yeux.

Elle continue rapidement.

-Mais à mon avis tu devrai essayer avec Matt, je sais qu'il y a de ça trente minutes je te disais de sauter dans les bras d'Azaley mais là on est sûre que Matt en pince, et pas qu'un peu, pour toi. Là où tu vas devoir la jouer fine, ça va être sur son comportement de mâle dominant surtout maintenant qu'il sait qu'il a eu le privilège de goûter à tes lèvres en premier.

Je hoche de la tête pour lui montrer que je suis d'accord avec elle et pour l'inciter à continuer.

-Je pense qu'après une bonne discussion tu sera fixée et n'aie pas peur de le perdre en tant qu'ami. S'il ne comprend pas ton point de vue, prend le comme un plus, les gens qui ne te comprennent pas, ne te servent à rien si ce n'est à te culpabiliser et à te remettre en question quoi que tu fasses. Conclut-elle.

-Merci Sarah, je savais que tu serai de bons conseils. Lui dis-je en mettant dans ma bouche le dernier morceau de mille feuilles qu'il me restait.

-C'est normal, ma chérie, tu fais la même chose pour moi. Bon il est temps que l'on se quitte, J'ai cours dans 30 min et mon école en est à 45. Dit-elle en rigolant du retard qu'elle aura.

-Désolée, je n'ai pas vu le temps passer. Lui fis-je navré.

-C'est pas grave, j'avais très bien vu l'heure. Si on ne vit pas pour profiter de ses amis, pourquoi vit-on?

-Tu as raison, merci encore et je te tiens au courant de ce qui se passe, de toute façon je t'appellerai dans la semaine pour que l'on se revoit. Lui dis- je en enfilant mon manteau et en me dirigeant vers la caisse talonnée de près par elle.

Je demande rapidement l'addition, ma carte bancaire déjà prête, au serveur qui s'est occupé de notre table, avant qu'elle ne sorte la sienne. Elle ne va certainement pas payer.

-Ava je sais ce que tu veux faire, et je refuse, c'est moi qui invite aujourd'hui. Me dit-elle sur le ton de la menace.

Mais cette fois ça ne marche pas.

-Mais oui bien sûr, je t'attendais c'est tout. Lui dis-je en même temps que je valide mon code.

Je la stoppe, entrain de sortir sa carte de son porte feuille et lui dit.

-J'espère que tu n'as pas cru que je t'attendais vraiment, aller en avant toute avant que tu ne sois plus en retard que tu ne l'es déjà.

-Cette fois ça passe, mais c'est la dernière Ava. Dit-elle comme si elle s'en faisait la promesse.

-Mais oui cela va de soi. Dis-je ironiquement.

Je l'embrasse sur les deux joues et lui fait un gros câlin avant de la regarder partir dans la direction opposée à la mienne.

***

Cela fait déjà vingt minutes que je suis assise dans l'amphithéâtre pour le cours de droit pénal, quand je vois enfin rentrer Matthieu. Je lui fais signe de me rejoindre parce que je lui ai gardé une place à mes côtés. Une fois qu'il m'a vu, il se dirige vers moi tout sourire. Sa gaieté m'avait manqué, je dois l'avouer mais j'espère qu'une fois que je lui aurait parlé, il aura toujours le même sourire.

-Bonjour l'haricot ! Comment vas-tu ? Me demande-t-il en m'adressant un clin d'œil.

Je lui réponds une fois qu'il s'est assis.

-A vrai dire ça pourrait aller mieux. Répondis-je mi-amusé mi-sérieuse.

Je ne lui laisse pas le temps de me répondre et enchaîne directement, tant qu'il me reste assez de courage.

-J'aimerais que l'on ai une discussion sérieuse, par rapport à notre relation, par rapport à ce qui c'est passé ce week-end et à mon comportement qui t'a peut-être paru froid et distant à la fin. Qu'importe ce que tu as pensé à ce moment là, je veux être claire sur le fait que j'ai passé une excellente journée en ta compagnie. Lui dis-je d'une traite.

-Euh.... Je    ... D'accord et bien moi aussi j'ai vraiment passé un super moment avec toi. Je te trouve intelligente, drôle et spontanée et il est vrai que ton comportement m'a un peu troublé, je pensais que tu avais apprécié notre échange ancestralement osseux mais je ne t'en tiens pas rigueur. J'ai moi aussi été un peu trop insistant et lourd donc je m'excuse pour ça.

Je ris doucement sur le ancestralement osseux.

-Merci, je pense la même chose de toi. Mais je suis une novice concernant tout ça, je ne doute pas du fait que tu as dû en avoir des rendez-vous avant moi, vu ta petite bouille d'ange mais ça n'est pas mon cas, loin de là tu peux me croire. Alors même si je pense que je peux avoir confiance en toi, je ne sais pas ce que je veux mais je sais que je tiens énormément à mon indépendance. Je voudrais qu'on passe du temps ensemble sans pour autant attendre quelque chose de l'autre. J'espère que tu vois ou je veux en venir.

-J'apprécie ta franchise et je ne comprends pas que jusqu'à aujourd'hui tu n'as rien eut ou fait mais je ne m'en plains pas. Je ne vais pas te mentir, tu me plaît énormément Ava et ça depuis la première fois que je t'ai vu alors quand j'ai appris à te connaître ça n'a fais que renforcer mon envie d'être avec toi. Ne pense pas que je suis un Don Juan, ça n'est pas le cas. Alors oui je serai enchanté d'y aller à ton rythme et de tenter quelque chose. Me dit-il avec toute la sincérité du monde dans les yeux.

Je rougis face à sa déclaration à peine masquée mais j'ai peur. Peur de ne pas être à la hauteur parce que même si j'ai dis vouloir tenter quelque chose, je me connais et il y a plus de chance que je le laisse tomber à un moment que je ne me mette en couple avec lui. Et je ne veux pas lui faire de mal parce qu'il reste quelqu'un qui a toujours été gentil et attentionné avec moi.

Peut-être que je ne mérite pas des gens aussi bons finalement.

***

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