VI - Le couché du Soleil Rouge
Les bancs amoncelés devant la porte dégringolaient sur le parterre glacé. Les dernières charnières de la grande porte de la pyramide Oblivienne ne demandaient qu'à exploser. A l'inverse, les battants de la poterne était déterminées à ne pas bouger et la none paralysé par la peur ne répondait à aucune de nos questions.
Coups de lames et forçages de serrures demeuraient inefficaces. Ennalie et Chrysta cherchait les clefs à travers l'église en bordel. Elles y allaient a tâtons de leurs mains tremblantes sur le sol, abasourdies par les battements de mains des mangeurs sur la porte. La survie de tous dépendait d'une paire de clefs.
- Quelle con ! Quelle idiot ! m'insultais 'je tout en avalant a nouveaux l'escalier centrale de la pyramide. L'illumination avait pris son temps pour me parvenir si bien qu'au vue de certains regards j'eus l'impression de faire repartir certain cœur.
Je me rappelais dans les moindres détails de la scène que j'avais laissé à l'étage et avant même d'arriver dans le couloir qui menait aux dortoirs, je regrettais de m'être souvenu où j'avais vu le trousseau. L'odeur d'ammoniac m'agressait les narines. J'étais à deux doigt du renvois alors que j'atteignais cette morgue géante que j'avais aidé à créer. Des hordes de mouches avaient déjà investit les lieux tandis qu'un corbeau déguerpissait par la fenêtre avec un œil en bouche.
Pas le temps de flemmarder. Je cherchais des yeux le prêcheur Oblivien que j'avais décapité plus tôt. Le premier sur lequel j'avais testé ma dague en argent. Il devait avoir les clefs sur lui. J'espérais qu'il les aies. Comme pour en rajouter a l'horreur du lieu pour trouver le cadavre du religieux j'étais obligé de regarder au sol. Comme si je manquais d'image de ce genre pour occuper mes nuits. Encore en fois je remerciais la guerre pour m'avoir forger un foie capable de supporter chacun de mes pas dans ce merdier écœurant.
Je n'oubliait pas l'urgence de la situation et la porte de l'église que j'entendais battre d'ici lorsque Mon pied buta sur le corps du prêcheur. Je vérifiais poche et ceinturon. Rien ! Mon cœur accéléra.
Au rez de chaussez un fracas plus puissant que les autres me parvint. La pile de mobilier qui soutenait la porte, compris'je. Une horde de mangeurs impatients devait déjàcommencer a rentrer. Je ne pouvais revenir sans les clefs. Mes mains oscillaient dans les marres de sang des alentours. Je déplaçait les membres et entreprenait ce qui ressemblait à une exhumation de masse. Il me fallut de nombreuses et précieuses secondes pour enfin mettre la pied dessus. Je dévalais les escaliers en furie.
Comme prévue le comité d'accueil avait debarqué. L'équipe du dortoir était ridicule comparé au nombre de mangeurs qui pénétraient la nef. la porte brisé les laissait rentrer trois par trois mais déjà on ne pouvait plus les compter. A trop se bousculer certains se faisaient piétiner par les autres. Ils n'avaient plus rien à voir avec la femme du bordel de tout à l'heure. Ceux là étaient comme.. déterminé. Ils étaient plus nerveux, plus rapides, presque plus affamés.
Arrivée à la poterne, je constatais l'effet de l'espoir sur les visages de chacun. Seul Nath était trop occupé à diminuer le nombre de cadavre vivant pour m'accorder un regard. Je confiais l'épais trousseau et ses cinq clefs à Christa la première que je croisais, pour rejoindre mon frère d'arme.. Sans tact, je lui assénais de se dépêcher tout en me préparant a recevoir les invités. Mais sous mon insistance les tremblements de la jeune blondes devinrent des secousses. Je ne manquais pas le regard presque réprobateur de Lana qui avait cependant mieux à faire pour le moment que de me faire la morale. Elle aussi avait choisi de faire face.
La none et le gosse quand a eux était en retrait. C'était d'ailleurs plus Marcellus qui surveillait la none que l'inverse. Je regrettais trop tard de ne pas lui avoir confié le trousseau plutôt qu'a la blondinette. Nous étions trois et demi devant la vague qui approchait. Nath Lana moi et même la fille au bandage qui brandissait un tisonnier en acier. Elle luttait pour s'empêcher de reculer face à la horde en approche. Ses yeux visibles trahissaient sa peur justifié ce qui ne diminuait en rien sa bravoure. Nathanael lui sourit, sa manière à lui d'encenser son courage et de part la manière dont elle resserra ses mains sur le tisonnier je choisie de penser que nous étions finalement quatre et pas trois et demi.
Derrière nous Christa essaya la première clef, puis la deuxième, il n'en fut rien.
Les mangeurs aux yeux laiteux arrivaient à porté. une bonne quinzaine. Ils couraient presque. Les premiers coups de lames fendirent quelques crânes et traversèrent quelques corps. Seul Nath Lana et moi disposions de quoi les faire tomber pour de bon. Des dagues d'argent fournit avec l'équipement des soldats marqués pour nous et un chandelier pour Lana.
La troisième clefs tourna sans succès dans la serrure de la poterne. Les bras de Chrysta tremblaient comme des feuilles mortes, et j'entendis le trousseau tomber. Je ne pu empêcher un cri de me racler la gorge. Accepter la faiblesse d'autrui n'étais pas mon fort.
Tout comme l'optimisme d'ailleurs.
A ce rythme la pyramide serait notre tombeau. Nous perdions du terrain face aux mangeurs. Mon épée transperça la tempe d'un feu garde de la ville. De quelques paysans en gueniles, d'un page en toge, et d'une esclave au teint foncé.
Puis devant moi je le vis. L'enfant qui s'était jeté du dernier étage. Celui dont j'avais entendue le cri. Celui qui m'avait mené dans cet enfer. Il se traînait au sol, les os des jambes broyés incapable de marcher. Sa courte vie s'était terminée dans la douleur, sa mort continuait dans l'horreur. Quelle monde pourri. Une tel vision avait de quoi décourager. Avoir conscience d'une telle injustice n'était que souffrance. Je perdais l'envie qui m'animait. Le contrecoup d'avoir massacré un dortoir entier me parvenait à son tour et au plus mauvais moment. J'avais déjà ressentit ça bien sur, mais là, s'en était de trop. Ma lame méritait du repos. Je méritais du repos.
Avec l'arrivée de ces bouffeurs de chaire, je n'étais même plus sur de pouvoir obtenir la cinquième marque, la dernière. Je n'étais plus sur d'obtenir la paix pour laquelle j'avais fait la guerre.
Une fine rapière me passa sous les yeux. Elle transperca la tête de l'enfant qui avait déjà atteint mes talons puis d'un coup de chandelier termina le travail. La vie quitta le gosse pour de bon. Je revint à moi.
- C'est pas le moment pour les états d'âmes, me houspilla Lana en me dévisageant.
J'etais sous le choc. Elle venait de me sauver la vie.
Encore une fois face à elle j'endossais le rôle d'un gosse, incapable de se débrouiller seul et d'échapper à la frustration qui me brûlait les nerfs. Je mis rapidement cet énervant égarement sur la compte de la fatigue et reprit la boucherie sans pour autant cesser de reculer, de plus en plus proche de la potence. Le clic qui me parvint fut salvateur.
La grille était ouverte. Il y eut d'abord la none et Marcellus qui s'engouffrèrent, puis la blondinette, la lépreuse, Brownie et enfin Lana, Nathanael et moi même. Je ne manquais pas de refermer derrière moi et ressentait déjà le soulagement de fuir la horde de monstre.
Le tunnel était court et bas de plafond, mais rapide a traverser même pour ma jument. Le tunnel débouchait sur une allée calme et silencieuse et l'atmosphère nous contamina aussitôt. Tout le monde semblait avoir perdu sa voix. Tout était matière à abandonner. Dans le ciel la chute du soleil rouge était pour dans moins d'une heure. La nuit arrivait et il faudrait traversé l'avenue principale pour atteindre la citadelle avant ça.
De plus l'absurdité de notre petit groupe donnait de quoi douter sur la moindre chance de survie. Hormis Nathanael, mon ami de toujours. Nous n'avions rien d'un groupe de gens capable de survivre à ce qui s'abbatiat sur nous. Cela sonnait comme le début d'une bonne blague. Trois femmes de joie, un gosse et une none rentre dans un bar. Le côté cocasse de la none et dramatique de la lépreuse illuminait le pathétisme de cette ballade. J'attendais avec impatience l'arrivée du bouffon, de l'oeunuque, et de l'aveugle pour compléter le groupe. J'aurais été étonné que même un seul d'entre nous puisse vivre assez longtemps pour voir le prochain soleil se lever.
- Sacré équipe! lançais-je a Nathanael continuant d'arpenter la large rue pavé en tenant brownie par les rennes.
Mon ironie le fit sourire. Il semblait plus heureux en cet instant que durant toute la campagne passée.
- Avant aujourd'hui, quand as tu sauvé une vie pour la dernière fois ? me lança t'il avec une voix si profonde qu'elle donnait envie de se poser et discuter autour d'un feux de camps.
Nul besoin de réfléchir à la question. Un soldat ne sauve pas de vie. Surtout des soldats de notre trempe, plus proche du mercenaire que du soldat à vrai dire.
Je lui répondis d'une simple approbation du regard.
Autour de nous le silence de la ville contrastait l'assaut qu'on venait de subir. Seul les faibles prières de la None murmurait à nos oreilles.
Chacun scrutait les alentours aux aguets du moindre signe de mangeurs. Les rues désertes que nous arpentions me rapellait les accalmie du front avant l'assaut.
Tous suivait le rythme sans même comme un groupe de mouton livré a lui même dans une forêt de loup. La responsabilité de la destination revenait à Nath et moi même en première ligne et d'une certaine manière à Lana dont la situation façon de prendre les devants m'irritait.
- Où allons nous maintenant madame la générale? interrogea le gamin qui se voulait malgré tout, brave et concerné.
Il eut le mérite de briser le silence et de provoquer un certain intérêt parmi le groupe. Lana s'arrêta perplexe et échangea un rapide regard avec Nathanael et moi même. Inutile de dire que je n'appréciais pas que la réponse lui revienne, mais qu'importe, son choix ne serait pas forcément le mien.
En attente d'une réponse le gamin me regarda à mon tour. J'aimais bien ce gosse et n'allait pas hésiter autant que Lana pour répondre.
- A la citadelle gamin, répondis-je fièrement à Marcellus.
La destination fit se tordre le visage de certain.
- C'est une mauvaise blague ? s'offusqua Lana en cessant d'avancer comme si la direction qu'elle devait prendre serait désormais l'opposé de la notre.
- Il n'est pas question de rester dans cette ville, réitéra t-elle en s'approchant d'Ennalie et Christa.
- Mav et moi devons nous assurer qu'aucun membre de la noblesse n'y est encore présent. On doit y recevoir quelque chose qui nous est très précieux, intervint Nathanael. Contrairement aux miennes, ses paroles étaient mesurés, son ton neutre et son sourire chaleureux.
Il était clairement plus doué que moi pour la diplomatie. La seul intervention de Lana avait affolé mes palpitations. Rien de bon ne serait sortie de mes mots.
- Une chose précieuse..? Rassurez moi, on ne risque pas nos vies pour de l'or ? la voix de Lana se voulait autant curieuse qu'accusatrice.
Je n'eus pas le temps de répondre qu'une flèche traversa le bras de Nathanael. Son coude était transpercé en son milieu et son sang arrosa le sol pavé d'une gerbe continue. Elle venait d'un des toits derrière nous. Je balayais des yeux chacune des fenêtres. Mon frère d'arme maintint courageusement son cri pour ne pas alerter les nouveaux habitants de la ville et serrait les dents. Je fit une deuxième reconnaissance des hauteurs en prenant le pas de course. Nous courrions tous ensemble. Personne en vue, mordeur ou archer. Le sale lâche se cachait.
- Il y a bien assez des mangeurs de chair sans avoir besoin de ça, grognais'je en regardant Nath casser l'extrémité de la flèche qui le traversait le coude.
Il retira l'autre partie sèchement et enleva la pointe sans trop broncher. Ce n'était pas la première qu'il se faisait percer et j'espérais, pas la dernière. Sans doute un petit malin qui profitait de la situation pour tirer à l'arc sur de vrai cibles. L'esprit humain était parfois tordue et l'arrivée de ces choses le révélerait sûrement d'avantage. A ma gauche Ennalie arrachait une partie des bandages qui lui couvraient le bras et en entoura le coude de Nath. Ce dernier la remercia d'un sourire qui me fit presque ricanner tant je pouvais renifler a plein nez la romance que dégageait les iris bleutés de mon frère. L'attaque eut au moins le mérite de nous faire avancer dans la même direction. La flèche nous avait fait prendre le premier croisement lorsqu'une deuxième flèche se lança à notre poursuite.
Cette fois ce fut à moi d'eviter et je crus un instant apercevoir l'improbable avant qu'il ne se réfugie derrière une cheminée. Un voile blanc, un visage tatoué et de long cheveux noirs.. Je devais rêver. Un symerien à CrosStones. J'avais du mal à y croire, mais pas le temps d'y consacrer un plus grand intérêt.
La petite allée arrivait à sa fin. En fil indienne et au pas de course nous debouchions sur une large avenue. L'une des huit artères principales de CrossStones qui traversaient la ville et menait à la citadelle et pas la plus accueillante.
Je regardais Nath les sourcils froncés. Dans la précipitation et la méconnaissance des petites allées de la capitale nous avions débouché dans le pire des quartiers. Le quartier des étoiles. De part et d'autre de l'avenue des milliers d'ames entassés les unes sur les autres dans de petits appartements formaient des blocs semblables à une véritable muraille. Cet endroit était aussi surpeuplé que mal fréquenté
D'un geste Nath me montra les nombreuses bougies qui s'allumait de part et d'autre des bâtiments rectangle. Certaines tours avait condamner leurs entrée de pierre et de meubles pour empêcher les affamés d'entrer. D'autre n'en avait pas eu le temps et aucune bougie ne les eclairaient.
Dans l'ensemble nous restions silencieux. Chrysta et la None trainaient de la pâte, mais en tête de ligne je forçais l'allure en direction de la citadelle. Parfois une silhouette se dégageait derrière une fenêtre. Vint un moment où derrière l'une d'elle se tenait une fille aux yeux bleus et a moitié nu qui laissait glisser sa main sur la vitre. Son regard était résigné. Marcellus s'arrêta prêt de moi pour la regarder à son tour lorsqu'un bras agressif attrapa la gorge de la fille. La seconde suivante elle disparaissait.
- Tu vois gamin. Si il y a bien quelque chose ou quelqu'un la haut je le remercie de pas être née avec un vagin, confiais 'je à voix basseà Marcellus. Fait pas bon d'être une femme en temps de guerre.
Mon regard croisa celui de Lana et je pris conscience que ma colère pour elle me rendait plus odieux encore qu'a l'accoutumé. Elle me regardait sans me voir et je la maudissait sans y croire lorsque soudain un bruit de vitre brisé résonna au dessus de nous.
Un corps sans vie était passé à travers sa fenêtre. J'eus a peine le temps de regarder la peau du pauvre gars en tenue de mineur ne faire qu'un avec le sol qu'un deuxième tomba a son tour.
- On se remue ça sent pas bon. Criais'je tout en prenant Chrysta sur mes épaules malgré ses regards mal à l'aise à mon approche. La citadelle était en vue. Aussi austère et massive que le reste de sa cité, celle ci avait été bâti non pour faire rêver les artistes mais pour résister aux invasions occasionnelles que subissait cette région.
Lana et Fennec étaient en tête de colonne. Vennait ensuite le serpent. Puis Nath et Ennalie qui couraient ensemble, je ne pouvais d'ailleurs dire si c'était elle qui le ralentissait ou l'inverse au vu des traits tiré de mon camarade. J'assurais nos arrière avec Marcellus, la nonne avait été passé sur Brownie et je portais christa en baluchon.
Nous donnions tout dans notre course.
Que se passait t'il ? De plus en plus de bougies s'éteignait et de corps passaient à travers les fenêtres. Le soleil était presque couché. Il subsistait encore assez néanmoins pour m'apercevoir que le mineur tombe en premier courrait à sa manière derrière nous. A la différence de ce dernier nous commencions à nous essouffler.De bruits de fenêtres brisés éclataient.
Une véritable pluie de cadavres nous tombaient dessus. Devant derrière. Nous étions encerclé. L'un d'eux fracassa la pâte de brownie qui ejecta la none en se cabrant. Son henissement attira les mordeurs les plus proches qui le prirent pour cibles. Nath et moi tentions de le dégager à coup de lame mais trop tard, une partie de son corps était couvert de morsure.
Ma gorge se nouait. Nous allions tous y passer. Il ne manquait qu'une trentaine d'enjambées avant la cours de la citadelles, mais la route était bloquée par les affamés. Nous resserions les rangs. Nous n'avions plus de force.
Nous étions fichus. Je jetai mon regard sur Nath, puis sur le reste du groupe paralysé. Des centaines d'entre eux nous entouraient. Mort avant la cinquième marque. J'étais si prêt du but. Marcellus me tirait la manche. Ennalie étouffa le cri de Chrysta d'une main ferme. Les affamés arrivaient sur nous comme une vague prête à nous englouti.
Nous allions tous mourir, puis revivre. Je refusais. J'approchais ma lame de ma gorge prêt à me donner la mort plus tôt que d'être l'un d'eux mais je fut stoppé. Autour de nous. Les morts ne bougeaient plus.
Éclairé des dernières lumières du Soleil rouge, ils étaient tous là, debout, immobiles, la tête vers le ciel. Plus de mangeurs que je n'avais jamais vu. À l'arrêt. Leurs pupilles d'ordinaires si petites couvraient maintenant la totalité de leurs yeux.
- Courrez, hurlais'je. L'image était cauchemardesque et pourtant... Nous courons et frôlions leurs corps putrefiés jusqu'à la cours. Christa ne pouvait retenir sa respiration de flanchée, la none scandait ses psaumes a hautes voix, mon arme claquait sur mes jambières, pourtant aucun bruit ne semblait pouvoir les perturber. Ils demeuraient immobiles, les yeux tournés vers le soleil rouge sans même ce soucier d'être bousculé.
Tous voyait un miracle lorsque nous arrivâmes à la porte de la Citadelle sain sauf. J'y voyais une terrible nouvelle. Cette malédiction nous réservait encore des surprises.
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