V - Reste Mort

Je déglutis.

Je ne distinguait qu'à peine ce qui se passait dans ce dortoir. Brandir mon épée me paraissait inutile devant leurs nombres. Je ne savais pas par où commencer. Ce n'était pas la peur qui me paralysait. J'avais de trop nombreuses années de guerre pour la savoir inutile. C'était l'impuissance qui me figeait.

Je n'avais pas encore eu le temps de me demander comment crever ces trucs. Si tenté qu'ils leurs étaient possible de mourir une deuxième fois. Pour vérifier une hypothèse je décapitai le premier a ma porté. Son corps cessa de bouger, mais la tête qui roula sur quelques mètre ne cessa pour autant d'agiter sa mâchoire affamée. pratique mais pas définitif. Le cri des gosses m'empêchait de prendre le temps de la réflexion. Ils étaient bien une vingtaine de môme a courir dans tout les sens dans le dortoir pour échapper aux mangeurs de chairs.
Cela faisait bien longtemps que je n'avais été bloqué de la sorte, paralysé comme un bleu lancé dans le champs de bataille.
Le chaos se propageait.. Au bas mot une trentaine de ses bouffeurs de chairs saccageaient le dortoir. Je détournai les yeux d'un gamin hors de ma portée qui se faisait fraîchement arracher la nuque. La masse ne diminuait pas malgré mes coups de lames.  Membre après membres, je découpais des bras, des jambes, transperçaient des torses, des têtes et tranchaient des corps. Je ne faisait que créer des manchots, des unijambiste et des tètes vivantes.

Au fond du dortoir quelques gosses désespérés avaient érigé une barrière de lit qui ne débordait pas d'efficacité. Je me dirigeais vers elle tout en débroussaillant de ma lame les obstacles de chair sur mon passage. A l'opposé d'autres gamin se réfugiaient en haut des lits superposés, tandis que d'autres encore, naïf, se contentaient de se cacher sous leurs lits.
Chacun leur tours ils étaient attrapé. Tous finissaient inexorablement entre les molaires des mangeurs. L'entrée ou je me trouvais était l'endroit où la masse de ces monstres était la plus importante. La seule issu qu'il restait aux gamins demeuraient les fenêtres. Un deuxième, puis un troisième splash se fit entendre. La ruelle se remplissait de jeunes cadavres. Des nones et quelques gosses en toge noire grossissaient déjà les troupes des morts vivants si bien qu'on pouvait voir de ses orphelins manger leurs propres camarades. Les cris des enfants déchiquetés crispaient mon visage de haine. Une colère que je dirigeais d'abord envers moi même, aussi inefficace qu'un chaton contre une armée de lion. Chaque mort supplémentaires alourdissait ma sensation d'impuissance.

Seul un détail me sortie un instant de mon brouillard dépressif. Mes yeux s'arrêtèrent sur l'un des enfants, immobile, allongé sur le sol. Sa tête était incrusté d'un triangle métallique, emblème de la religion Oblivienne.
Il était mort mais la n'était pas l'incroyable. Il ne se relevait pas. Il était mort et il le restait.

Mon esprit logique m'empêchait de voir un lien entre cette religion occulte et la mort définitive du garçon. Et pourtant.. L'exemple parlait de lui même. 
Le culte Oblivien était récent, du moins en CentreTerre, et assez mystérieux pour que je ne connaisse rien à son sujet. Etant un soldat au service de centre terre depuis deux décennies la religion n'était pour moi qu'un prétexte a la guerre efficace. J'avais cependant aujourd'hui la certitude qu'un coup de leurs emblèmes dans la tête, et les morts restaient mort.
Sans attendre je mis l'expérience en pratique et fis valser l'un de ses emblèmes sur le crâne d'un de ses monstres. L'homme, prêtre de son habit,  convulsait. J'engouffrai alors avec brutalité le disque Oblivien plus profond encore. Mon poignet baignait l'intérieur de la boîte crânienne. La scène déjà macabre rendait presque mon geste normal. Puis soudain, devant moi, je les vis. Les minuscules pupilles noirs du vieil homme, elles reprenaient la taille originel. L'homme en toge noirs s'écroula... 4,5,6 secondes passèrent. Il resta au sol. Il ne se relevait pas. La vie l'avait quitté pour de bon. Ces créatures avaient donc une faille, si étrange soit elle. L'espoir renaissait de mes tripes à mes bras. Jamais un homme de foie ne m'avait été aussi utile.

Cependant qui se passa en cet instant me glaça des cheveux aux orteils. le silence envahi le dortoir. De pair avec la chute du corps du prêtre tout les regards laiteux aux fines pupilles des bouffeurs me fixèrent. Je ressentais le même effroi qu'a la guerre en première ligne face a une charge de cavalerie. Les bouffeurs qui jusque là ne montraient aucun signe d'intelligence, ni aucune autre attitude qu'une faim insatiable, venaient de dévoiler un semblant de conscience. Tous sans exception avaient marqué un bref arrêt. Un regard synchronisé léger, mais loin d'être anodin.
Mais malgré ce frisson qui me parcourait encore l'échine, savoir comment terrasser l'ennemie avait fait renaître l'héroïsme qui m'animait en arrivant. Il était devenue bien trop rare que je ressente cela en combattant. Ce n'était pas la guerre d'un régent, ni les ordres d'un capitaine, je combattait pour moi, pour mes choix. Je combattais pour sauver des vies.

Déterminé à sauver le plus de gosse possible, je frappais les tètes les une après les autres. J'ignorais la fatigue de mes bras. Chaque ennemie tombé se fêtait comme une victoire et attirait comme précédemment l'attention des autres. Une partie se mettait a me prendre pour cible prioritaire. Ils étaient nombreux et il n'était pas si aisé de les maîtriser avec une insigne religieuse à peine coupante.
Soudain l'un d'eux attrapa mon angle mort et je n'eut d'autre choix qu'enfoncer ma dague dans son crâne, pour le repousser un instant. Seulement mon étonnement continuait d'être mis à l'épreuve. Les surprises se succédaient depuis mon arrivée. Je ne comprenais pas. Ce n'était pas le premier mangeur que je transperçais à la tête, et pourtant.. Ma dague planté dans son front, il ne se releva pas.

Un éclairé de génie me frappa. Ou plutôt je pris conscience de mon extrême débilité. Ce n'était pas le signe religieux qui était efficace, c'était sa matière. Voilà pourquoi ma dague sertie d'argent était efficace. si j'en avais eu le temps je me serais bien frapper pour ma stupidité. Ce fut par la suite bien plus simple de réduire les rangs des morts vivants. Tous venaient à leurs tours goûter mon Assassine, comme on nommait les dagues chez les bourgeois. Ca n'en finissait plus. Trancher vite et sans réfléchir permettait de mettre de côté autant que possible la difficulté qu'il y avait à trouer un gosse. Je ne devais qu'à l'expérience de la mort sur un champs de bataille de ne pas tressaillir alors que je charcutais l'innocence dans son plus précieux écrins. Je me retenais de les voir comme autre chose que les monstres qu'ils étaient devenues. La guerre apprenait à dresser des barrières contre la folie et la campagne contre la Symerie avait l'écœurant mérite de m'y avoir bien préparé. Mettre de côté la compassion était devenue un art de vivre.

C'était une autre préoccupation qui m'arrivait en pleine bataille. Le silence. Dans l'ardeur et l'ivresse du combat, Je ne pris pas conscience que la plupart des cris autour de moi avaient cessé.
Je retirais ma lame d'argent du dernier mangeur de chair qui tomba d'un bruit sourd sur le sol. C'était fini. La boucherie était terminé et le calme douloureux s'installait. A bout de souffle, Je balayais la pièce des yeux en guise d'espoir. Bien vite mon regard devint aussi livide que ceux des cadavres qui recouvraient le sol. J'avais maintenant le souffle coupé. J'avais échoué.

A genoux les mains crispé je ne pouvais que constater. L'orphelinat entier avait été décimé. Il n'y avait aucun survivant.

Le sang recouvrait tout, de la literie au plafond de pierres. J'aperçus sur un des lits un début de corde ensanglanté faites de draps noué qui n'avait pas eu le temps de servir  de corde pour rejoindre la rue. Mon estomac se crispait. Avachi sur l'un des Matelas ou traînait un morceau de nez et quelques tripes, je surpris un gémissement traverser la salle. Mon œil se raidit à l'affût alors que l'autre restait à demi fermé. Je m'approchais de la source du bruit aussi promptement que mon épuisement le permettait.
Derrière un lit renversé, les mains autour d'un enfant, une none versait ce qu'elle pouvait de larme sur le corps frêle d'un jeune garçon. Du moins jusqu'à ce que je m'approche d'avantage. sa main était encore crispé sur le chandelier de métal Oblivien qu'elle lui avait enfoncé dans le crane. Elle laissa tombé le petit corps qu'elle retenait encore. La seconde suivante, elle expulsa un mélange de cris et de larme pimentés de regard délirant.

Je feint de ne remarquer le vomis qu'elle expulsa par trois fois en posant ma main sur son épaule. Certains aurait pu penser qu'il aurait mieux valu pour elle faire partie des cadavres qui recouvrait le sol du dortoir que de finir dans cet état. De son regard absent elle ne semblait pas encore consciente de ma présence, ou du moins son esprit divaguait.

Je saisie la none sans parole et l'incitai à déguerpir au plus vite. Pas le moment pour les états d'âmes et surtout pas le lieux. Mes mots la traversait mais ne paraissait pas l'atteindre.

"puisses les innocents me juger! susurrait t-elle. Puisse les Obliviens nous sauver!"

Elle répétait son refrain religieux en boucle alors que je la mis sur mon épaule en quittant la pièce.

- Attendez moi surgit une voie inquiète à l'autre bout du dortoir.

Comme ses camarades il portait une toge religieuse noire. Celle ci était recouverte par endroit de petit bout d'humain. L'enfant avait le teint mate, les cheveux noirs et des yeux perçants. Si aucun sang Symerien ne coulait dans ses veines, alors je n'étais pas soldat. La none lui accorda un regard étrange et continuait de débiter sa prière.

L'enfant sourit difficilement face à la none.

- Merci monsieur le capitaine, me lança le gosse en souriant malgré les cadavres d'un de ses camarades à ses pieds.

Bien que l'attitude presque neutre du garçon me laissait perplexe, je l'appréciais déjà plus que la none qui continuais de débiter son charabia. Bien plus également que Lana. Celle-là méritait la potence. Elle avait réussis à me laisser une séquelle, tout comme elle l'avait fait à notre première rencontre.

- Mon nom c'est Marcellus.. mais. J'aime pas beaucoup ce prénom. Enfin bref.. Merci monsieur le guerrier! continua le garçon d'une voix étonnamment tranquille et claire.

Nul état de choque ne se dessinait sur son visage. Compte tenue de la scène macabre qui nous entourait, cela relevait plus de l'étrange que du courage. Seul l'odeur paraissait lui être un problème cependant.

Comment ce miracle était possible ? m'interogeais-je en le regardant courir vers la sortie. Ou était caché se gamin pour échapper à la meute de mort-vivant. Celui-là m'intrigua autant que son pas dansant me déroutait.

- Juger par les innocents ils seront! marmonnait la none toujours tremblante alors que je l'incitait a descendre l'escalier.

Ma pitié avait ses limites et celle ci commençait à me les briser sévères. Les deux victimes étaient aux antipodes, l'un respirait la joie de vivre alors que l'autre sombrait dans la démens. Si Nath n'arrivait pas bientôt c'était moi qui allait tourner fou. Les images de ce qui restait du dortoir a mon départ avaient déjà commencé le travail.
Alors que j'arrivais dans la nef, je les vis tous. J'affichais mon réconfort de voire mon frère d'arme et cachais le plaisir de voir les courbes de Lana. Ces deux là retenaient la grande porte du sanctuaire de tout leurs corps. Les ennuis étaient loin d'être finis. Ennali et Christa en renfort entassaient les bancs de prières pour tenter de bloquer l'entrée alors que Nath et Lana découpait les membres qui daignaient la traversés. Quelques corps sans vie de mangeurs salissaient déjà le sol, visiblement je n'étais pas le seul à avoir trouver leurs points faibles.

Derrière eux Brownie hennissait, mais son compère, chocolat, le cheval de Nath, était absent. Un dessin n'était pas nécessaire.

La grande porte tremblait.

L'empilement de banc ne soulageait que de peu les efforts pour la maintenir la porte close et je me précipitais en renfort.

- Y a-t-il une autre sortie ? lançais-je en urgence à la none dont les tremblements était maintenant semblable à celui de la porte.

Aucun son ne sortait de sa bouche béante. La peur l'empêchait même de détourner ses yeux de l'entrée malgré les secousses que lui intimaient mes deux mains sur ses épaules.

- Par derrière il y a une poterne! lança Marcellus non dépourvue d'une certaine fierté de pouvoir se rendre utile. Il eut d'ailleurs droit à un bref regard de chacun des membres du groupe.

- Bien joué gamin! lançais-je souriant malgré moi.

- Un nouveau membre? s'étonna Nathanael en saluant le garçon qui lui renvoya un sourire confiant.

Emboitant le pas de Marcellus je traversais la nef jusqu'à un renfoncement de pierre à l'arrière. Derrière moi des craquements de bois et un tintement de métal me parvenaient. Une charnière de la porte principal venait de céder. J'échangeais quelques regard lointain avec Nath, évitant à tout prit de croiser ceux de Lana. Allez savoir pourquoi je m'imposait de tel règle dans un moment pareil.

J'arrivais devant une toile couverte de symbole Oblivien qui de visu ressemblait à une liste de règles. Marcellus l'arracha comme si il avait à se venger de ce qu'elle représentait et derrière apparut un grille de fer forgé.

Il était cependant trop tôt pour se réjouir. La porte était fermé à clefs et mes tentatives pour la forcer rejoint par Nathanael n'y changeait rien. Je compris à l'air gêné de Marcellus qu'il ignorait ou se trouvait les clefs. Trouver les clefs dans l'énorme enceinte du sanctuaire revenait à chercher une aiguille dans une botte de foin.

Nous étions piégés. Devant la poterne était infranchissable. Derrière la porte principale ne demandait qu'à céder. Ce n'était qu'une question de minute avec que l'armée de Mort vivant ne pénètre l'édifice.


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