IV - L'Orphelinat de la rédemption

Voir se produire le scénario que je m'étais malgré moi tant imaginé me clouait sur place.

Il y avait autant de chance de croiser à nouveaux son chemin que je me mette à aimer les galettes de millet ou que Godru s'initie à la couture. Mais aussi improbable que cela puisse paraître, elle était là.
Comme piqué au vif, je lâchais froidement sa main gelé. D'un bras crispé d'appréhension, je dégageais les commodes et autre meubles qui obstruaient encore l'entrée de la chambre.

Je pris conscience que j'avais la bouche béante et la referma aussitôt. Elle n'avait pas changé. J'empêchais un sourire trop pressant de m'imprégner.
Comme dans mes souvenirs, elle était ma parfaite inverse. Mes longs cheveux noir et gras juraient avec les siens blancs comme la neige. Propriétaire d'un corps robuste et épais sculpté par la guerre, ma taille frôlait les deux mètres. Elle, fine et de petite de taille, dégageait une intense fragilité qu'il était dur de ne pas vouloir combler. Ses deux mains innocentes pouvaient tenir dans l'une de mes poignes.

Je basculais la dernière commode et remarquais enfin l'effroi qui infestait ses yeux. Il me fallait comprendre que ce n'était pas par choix qu'elle se terrait ici. Lana m'avait laissé le souvenir d'une femme forte, mais cela n'empéchait pas la crainte de la faire trembler.

L'expression de Nathaniel était tout aussi ahurie que la mienne lorsqu'il comprit l'improbable.

- Merci messires.. Chuchota t-elle d'une voix faible, accompagnée de quelques claquements de dents.

Messires..? Un pincement m'effleura l'estomac.

Elle s'éclaircit la gorge, et reprit sur un ton qui se voulait plus pressant.
- Merci de vôtres aide, vous êtes bien aimables messieurs.

Messieurs..? Cette fois ses mots me transpercer quelque part au niveau des tripes. Une boule d'épines se bloquait dans ma gorge, impossible à déloger. J'avais beau avoir libéré plus d'âme que je ne pourrais jamais compter, j'étais encore capable d'avoir la naïveté d'un enfant. Elle ne me reconnaissait pas. Ma désillusion était puéril, mais cela n'empêchait pas mon rythme cardiaque de s'emballer.

- J'imagine qu'on est tous pressé de sortir n'est ce pas? Initia t-elle plus pressante, dirigeant à moitié ses mains en direction de la sortie. Peut être du à mon silence malaisant.

Je ris jaune intérieurement. Je ne m'attendais pas à une accolade empressé, un baiser, ou que sais-je mais.. D'accord il s'était passé plusieurs mois depuis notre "rencontre" mais.. de la à cette froide indifférence. Je n'arrivais pas a me faire à l'idée qu'elle ne me reconnaissait pas et restait silencieux.

Peut être était-ce juste le choc. Me rassurais-je. Peut être ne connaissait-elle que trop bien ce qui arrivait aux femmes dans pareil situation. Le viol avait toujours été de pair avec le chaos. Je n'étais donc qu'à moitié surpris de la voir effleurer le manche de sa rapière face a mon mutisme.
D'autant plus que mes yeux se trouvaient dans l'incapacité de se détourner d'un papillon tatoué sur sa hanche découverte. Tout comme ses couloirs ce tatouage ne m'était pas inconnue et j'eus le droit à quelques flash-back croustillant. Un souvenir que de toute évidence, j'étais le seul à partagé.
Mes pensées devenaient instables. Je dissimulais au mieux une colère qu'elle ne semblait en aucun cas chercher à comprendre. Elle était simplement.. indifférente. Un bruit sourd plus intense que les autres en provenance de la chambre où était enfermé la femme mi-morte mi-vivante me rappela l'urgence.

Ce fut Nathanael qui brisa le silence et se présenta d'une voix chaude et rassurante.
-Soldat Nathanael mademoiselle! Il n'y a plus rien à craindre ici pour l'instant rassurez-vous. En effet il est temps de sortir d'ici! annonça t'il d'un ton pressant en omettant consciemment de me présenter, par peur de blesser l'égo qu'il me connaissait.

"Quelle modeste! relevais'je". Jamais Nathanael ne précisait son grade ou son statut de grand capitaine. D'ailleurs la plupart de nos compagnons de la division l'ignorait eux aussi. Il détestait user de son autorité presque autant que de son arbalète. Si ce n'étais pas mon meilleur ami j'aurais probablement crier jalousement à la "pédanterie".
Il fallait l'avouer, Nath était bien plus qu'un homme ordinaire comme il aimait à le dire. C'était le genre de chevalier des contes pour enfant. Le prince qui venait délivrer la princesse à la fin du livre, un frère d'arme aussi loyale et solide que beau et charismatique. Capable de trouver bien meilleure compagnie qu'un mercenaire usé comme je l'étais.

C'etait mon tour de me présenter. 

- Soldat Mav...! Ma colère mal dissimulé hacha mes mots.

Un double sifflement de Lana me coupa dans mon élan. J'avais du mal à y croire. J'enrageais. j'enrageais qu'elle n'en demande pas d'avantage a l'entente de mon prénom lorsque dissimulé au fond de la pièce deux silhouettes se dévoilèrent au signal de Lana.
D'apparence rassuré sur nos intentions elle présenta rapidement les nouvelles venues sorties des amas de placards.

- Le petit rayon de soleil que voici se nomme Christa. Le sourire de Lana contrastait avec le visage terrifié de l'adolescente.

Mes yeux firent le tour de la maigrichonne jeune blondinette avant de retrouver le petit papillon sur la hanche de Lana. Celle-ci continuait les presentations , ignorant complètement la rage qui me tordait les boyaux et accélérait ma respiration.

- Et voici Ennali! son intonation défiait le moindre jugement.

En effet, il y avait de quoi être surpris. Les extrémités de la demoiselle étaient couvertes de bandages. Pas un brin de peau n'échappaient à l'embaumement. Seul ses yeux verts gardaient encore le loisir d'être libre.
La lèpre était présente ici comme ailleurs et mieux valait ne pas en voir les séquelles.

- Moi c'est.. Lana pensais-je très fort, l'amertume en bouche.

- Lana, se présenta t-elle en achevant le peu d'estime que je portais encore à moi même. J'avalais la boule de nerf que j'avais dans la gorge, elle ne se souvenait vraiment pas.

Plein d'une frustration que mon frère d'arme ne saisie que trop bien, on dégagea du bordel en vitesse avec trois résidentesa nos basques. Chrysta et Ennalie n'avaient jusque-là pas laisser entendre le son de leurs voix et à l'approche de l'entrée, la lumière rendait visible leurs yeux rouges et irrités. Depuis combien de temps se terraient-elles dans cette chambre?

La troupe frissona en passant la chambre ou on avait enfermé le phénomène. La commode a moitié démembré continuait d'être secoué sous ses assauts. Chrysta s'aggripa à la tenue légères de dentelles noirs et rouge de Lana et toutes deux coururent apeuré que leurs ancienne geôlieres ne se libère de son entrave.
Un profond soulagement s'empara du groupe une fois retrouvé le ciel gris extérieur et la porte du bordel refermé. Dehors le soleil était plus bas que je ne l'aurais souhaité. Il devait rester moins de trois heures avant la tombée du soleil jaune. Une nuit sans repos était bien assez, mais l'auberge de la ville ne paraissait plus être une solution. Un coin isolé dans la citadelle ferait l'affaire pour Nath et moi. Cela en serait peut être autrement pour les autres, mais leurs bien être pouvait bien aller se torcher. De toute façon elles n'auraient pas de meilleurs plans que de nous suivre.
Après ce que je venais d'entendre, elle pouvait bien aller se faire...

Ahhhhhhhh!

Un cri brisa le silence mortel de la ville. C'était tout près, un ou deux pâtés de maison tout au plus. Je ne me sentais pas d'humeur à jouer plus longtemps au bon samaritain, mais cette fois c'était différent.Ce cri était celui d'un gosse. Même si je détestais Godru pour le fumier qu'il était, il avait raison sur une chose. Quelque part je n'étais pas contre quelques moment héroïque qui peuvaient peser dans la balance.
Le bataillon pour la campagne de Symerie comptait sûrement parmi les moins croyants du royaume, mais peu nombreux était ceux qui ne craignait pas que l'enfer existe vraiment. Car si tel était le cas, aucun d'entre nous ne serait épargné. Nul doute qu'il aurait fallut au minimum sauver une église remplie de none des flammes pour espérer racheter une âme aussi pourrie que la mienne.

Laissant Nathanael en bonne compagnie je libérais Brownie jusque là tenue en renne à l'étal du bordel. A peine le pied a létrier je pris le galop jusqu'au cri juvénile qui venait une fois de plus de briser le silence lugubre de la cité. Les claquements des fers sur le sol pavé resonnaient a travers les artères vides. Des deux cotés de l'avenue de hautes rangés de bâtiments silencieux se dressaient comme des murailles. Une fois devant l'édifice d'où provenait le cri je fus troublé de découvrir que je n'étais pas loin du scénario que j'avais imaginé pour ma rédemption.
Je mis le pied à terre en urgence.
Devant moi se dressait un sanctuaire Oblivien. Je le reconnaissais de par ses courbes élégantes qui jurait avec l'architecture simple de CrosStones. Ici, pas d'imposants murs de chaux mais plutôt un assemblage de fer et de bois défiant la modernité. Plusieurs étages pyramidales qui se succédaient, supportés d'une solide et complexe charpente de piliers métalliques. Cela faisait quelques années déjà que cette religion avait fait son arrivée en  Centre-Terre et les moyens de ses instigateurs avaient fait fleurir ce genre de sanctuaire un peu partout dans le royaume.

La plupart des vitraux étaient brisés. Je poussais des deux bras une solide porte de bois déjà entrouverte qui arrivait dans une pièce haute de plafond a la décoration absente. Seul un haut escalier en spirale faisant le tour d'une haute statue de platine desservait tout les étages jusqu'en haut de la pyramide. D'ordinaire peu enclin a entrer dans ce genre de bâtiment je grimaçais à l'idée de continuer avec les nouveaux habitants de la ville lorsque soudain,

- Aidez moi entendis 'je résonner au dessus de ma tête. Dans les hauteurs de l'escalier en spirale  un garçon s'accrochait à la sculpture métallique représentant l'Optimum Oblivien.

- Tient bon gamin! lançais-je en traversant en hâte ce qui ressemblait à une nef. Je montais les marches quatres par quatres.

J'avais le souffle coupé. Le manque de nourriture d'eau et de sommeil se faisait sentir. Bientôt en plus des cris du gamin des bruits sourds de mobiliers traîné sur le sol provenaient des étages supérieurs.

"Plus qu'un dernier étage", m'encourageais'je.

Splash!

Le son ne laissait aucune place au doute. Arrivée trop tard à destination je jetais un œil par dessus la barrière. D'aussi haut le gamin n'était plus qu'une tâche de sang à travers un amoncellement de banc de prières brisés. Vouloir jouer les héros et tout foirer rendait les choses encore plus dur à accepter.
Je tapais le mur d'acier de mon poing lorsque d'avantages de cris me parvinrent. Pas le temps de s'apitoyer. Je m'avançais dans le couloir sombre et discernait de plus en plus de traces de sang et de morceau de tissus déchirés.

L'odeur d'ammoniac me poursuivait ou que j'aille et je commencais à la détester autant que le millet. Les cris de paniques étaient ma boussole et je ne savais que trop bien ce que j'allais y trouver.

- Putin de bordel de.. ma voix s'éteignit devant la scène. Une large entrée sans porte donnait sur le dortoir de l'orphelinat.
Je déguenais mon épée. Si je ne pouvais racheter mon âme avec ce qui se déroulait devant moi, alors rien ne le pourrait jamais.

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