Chapitre 32 : Qui es-Tu, Umi Jäger? (1)
Il est dans la vie des caméléons qui se glissent partout.
- Citation de Napoléon Bonaparte ; Les maximes et pensées (1769-1821) -
Ayala
Putain. Putain. Merde!
Où sont ces putain de chaussures? Elles étaient là! Juste derrière la commode, j'en suis sûre! Voilà ce qui arrive quand on est désordonné! Pourtant, je ne le suis pas. J'aime bien l'odre, grâce à cela j'arrive à gérer mon emplois du temps chargé. S'inscrire à plusieurs clubs n'était pas une si bonne idée tout compte fait. Malgré ça, lorsque je suis distraite cela se répercute sur mes actes. Voici donc le pourquoi du comment je ne trouve plus mes putain de bottes roses! Elles étaient là, purée!
Frustrée au maximum, je crie en tombant au sol un soupir au bord des lèvres. Je n'aime pas chercher, trop fatiguant, trop ennuyant et ce mal de crâne. On dirait qu'il va exploser. Je pense à trop de choses à la fois. Beaucoup trop. Mya ne tardera pas à m'appeler pour que je signal mon retard à notre rendez-vous à la pâtisserie Dolce&Liam. Ce n'est quand même pas de ma faute si je suis tête en l'air lorsque je suis stressée!
J'adore Mya, vraiment. Sa gentillesse, sa douceur, son petit grin de foli, mais souvent, elle faisait chier à faire sa mère-poule. S'il y a bien quelqu'un qui doit me sermonner, c'est la mienne de mère, pas elle.
Penser à ma maternelle soulève mon estomac d'un coup, déversant en moi une colère et une tristesse plus grande que voulu. Ça fait toujours mal de savoir que la personne qui compte le plus pour toi ne te prête ni temps, ni attention. Les seuls souvenirs avec elle sont sombres, gris, sans amours. Juste des petites anecdotes sur la Ayala Casey de deux ans raconté par ma gouvernante me convainquent que j'ai un jour été aimé. Les mèches roses dans ma chevelure me font doucement rire. Mendier l'amour de ma génitrice me coûte très chère. Autant psychologiquement que physiquement.
Bien-sûr que j'ai essayé d'être une bonne élève pour qu'elle m'aime. Pour qu'elle s'intéresse à moi, quitte à abandonner pendant un moment ma passion pour la photographie. Bien-sûr que j'ai tout fait pour être première de ma classe. Et qu'avais-je obtenus? Rien. Juste un "si tu travailles c'est pour toi, pas pour moi". Et un "ta réussite est la tienne, ton échec aussi". Tout ça dit avec son habituelle regard froid et vide. Donc j'ai rangé les affaires de la bonne fille et ai revêtu l'habille de la bad girl. Celle qui n'a peur de rien. Celle dont le sarcasme et les piques sont loués par tous. Celle-là même. Me faire punir me permettait de voir maman. De lui parler. Ma présence semblait la faire souffrir. Terriblement. Comme son absence me brisait. Petit à petit. Ça faisait mal. Très mal de vivre pour quelqu'un qui te fait clairement comprendre que tu ne vaux rien.
Après tout, peut-être que le problème vient de moi. Si je n'avais pas ressemblé à ce père qui nous a abandonné peut-être que mon visage ne lui donnerait pas autant la nausée.
Soudain, le sourire de Miley prend toute la place de mes pensées. Sa si jolie fossette qui me rappelle celle d'une personne mal intentionné. Bon, on ne sait...
Oh putain! Ayala mais comme t'es conne!
Penser à ma mère m'a fait totalement oublié ma rencontre d'aujourd'hui avec les autres! Notre enquête sur Umi! En plus c'est à moi d'apporter les déguisements!
Je me lève rapidement en rassemblement les affaires que j'avais apprêté et me rend compte qu'il manque les chaussures que je ne vois plus.
Ah. Oh. C'est pour ça que j'étais assise comme perdue.
Je soupire une nouvelle fois en relativisant. Je pourrais acheter de nouvelle chaussure dans un magasin avant de partir à la pâtisserie.
- Mlle Aya?
Ma gouvernante Audrey entre dans ma chambre une moue amusée aux lèvres.
- Mémé? Qu'est-ce qui se passe? Tu sais je suis hyper occupée! On parlera à mon retour, okay? Je lui dis en mettant nos déguisement dans une petite valise rose.
- Et ses chaussures?
Je me tourne vers elle et découvre les bottes roses que je cherchais entre ses mains fripées.
- Mais...
- Vous les aviez oublié dans la salle à manger. Je ne vous savais pas distraite.
- J'étais stressée, c'est pour ça. Sinon merci, je ne les voyais pas et j'étais sur le point de péter un câble.
Audrey roule des yeux tout en me tendant les bottes que je range précipitamment sous son regard gaga. Audrey, c'est un peu comme ma grand mère. Elle est avec ma mère et moi depuis hyper longtemps, elle sait tout de moi et me considère comme sa petite fille. Malgré son vieille âge, sa gentillesse et la manière dont elle s'occupe de moi n'a pas changé. Malgré les années. Ces longues années où je me disais que l'amour se tarissait. Qu'il ne pouvait pas rester le même parce plus les jours ce succédaient, plus ma génitrice me prouvait que l'amour avait une date de péremption, elle m'a appris que quand une mère aime un jour, elle aime toujours. Et je lui en suis reconnaissante. À elle et tous mes amis. Ouais.
- Bon! Je dois y aller!
- Vous ne mangez pas? J'ai fait des cupcake.
Je fronce les sourcils en secouant la tête. Étrangement, les pâtisseries ne m'ont jamais semblé autant fade que maintenant. Pas après que Miley nous donne tout le temps des gâteaux pareilles mais encore plus délicieux. J'ai même l'impression de prendre du poids tellement je m'en empiffre. Ils sont si bons, aussi!
- Comme vous voulez.
- Bisous!
Je sors en trombe de ma chambre, trimballant ma valise derrière moi en descendant les escaliers, pressée de retrouver mes amis. Je me demande si je ne dois pas prendre un taxi pour vite arriver...
- Ayala.
Mon corps cesse subitement de bouger et mon cœur de battre. Les yeux sortant de leur oribite, je détaille ma génitrice dans sa tenue blanche et sa coiffure soigné. Ma mère a toujours été chic et bien sur elle. Quand j'étais gosse je la prenais pour une Barbie, le sourire en moin. Elle était tellement parfaite et dégageait une telle aura que j'étais en admiration. Que ce soit ses grand yeux gris, ses cheveux chateins, sa peau halée, sa posture de reine, ma mère est parfaite sur tout les points physiques. Parce que sa perfection ne s'étale, malheureusement, pas sur son caractère froid et calculateur. Elle ne sait plus comment aimer. Comment m'aimer. Ce n'est pas à cause du boulot qu'elle ne passe plus du temps avec moi. C'est de son plein gré. Elle ne supporte pas de regarder dans les yeux cette fille qui ressemble tant à l'homme qui l'a abandonné. J'imagine que même mon comportement rebelle lui rappelle le bad boy qu'était mon donneur de sperme.
Ma mère à son tour me détaille froidement, s'attardant sur mes cheveux. Je sais déjà au rictus de dégoût sur ses lèvres qu'elle n'approuve en rien ma nouvelle teinture. Ce que je m'en fiche aussi. Elle a beau être belle, c'est étonnant comme elle est éteinte. Pas une étincelle dans les yeux. Pas d'expressions faciales montrant la joie. Comme de la pierre. Comme de l'acier. L'image de la Ayala du futur s'impose à mon esprit me retirant une grimace de dégoût. Hors de question que je devienne comme cette femme privé de joie. Celle qui ne semble plus vivre et libre. On dirait qu'elle était morte. Et c'est elle que j'allais peut-être devenir. Beurk! Hors de question!
J'aime ma mère mais elle ne prendra pas mon étincelle. Je deviendrais photographe pour figer dans le temps le sourire et la peine du monde. Ça et rien d'autre.
- Maman, je réponds. Comment vas-tu?
- Bien. Où comptes-tu aller vêtu ainsi?
- Dans un café avec ton élève préféré, Maya Walker.
Je souris devant les sourcils arqués de ma mère. Elle qui ne comprend toujours pas ce qui peut me lier à une intello comme Maya. Moi aussi d'ailleurs. Nous n'avons rien en commun. Maya est plus du genre introvertie, plus du genre les études avant tout, plus du genre timide. Bon, cette description est stéréotypée parce que Maya n'est pas du tout comme ça. Surtout maintenant. On dirait une fleur en pleine épanouissement.
- J'espère de tout mon cœur que tu n'auras pas une mauvaise influence sur Mlle Walker.
J'aurais voulu protester que je suis une très bonne personne pour la rousse, mais elle ne m'écoute déjà plus et part vers les escaliers. Le dos droit et le menton levé. Comme une statue dans le marbre. Sans expressions.
- Je t'aime, maman, tu sais. Je t'en veux aussi. Et c'est parce que je t'en veux que je t'aime, maman.
Comme chaque fois que je prononce cette phrase, je sens sa démarche vacillée et ses articulations se tendent. Juste une seconde. Puis elle continue sa route comme si de rien était.
Je soupire en essayant de relativiser. Ça ne fait rien, sans elle, je ne serais pas qui je suis. Donc, en faisait tout pour oublier la plaie qui comprime mon cœur je me rend à mon rendez-vous avec mes potes.
●●●●
Je pousse les portes de la pâtisserie Dolce&Liam et immédiatement, je suis frappée, bien que ce ne soit pas la première fois que j'y rentre, par tout les tons de roses et la décoration qui fait maison pain d'épices. Que ce soit les tapis en forme de crêpes. Les sièges en cupcake. Tout est mignon avec une forte odeur de gâteau et de sucre.
Je respire profondément. L'atmosphère est si chaleureuse. Si agréable. Je me demande à quoi pense les gens lorsqu'ils voient une fille un peu punk avec une valise rose en main. Sûrement rien d'intéressant.
Je cherche discrètement du regard mes amis et repère la touffe rousse de Maya, toujours autant en désordre.
Je soupire et pars les rejoindre, tous déjà réunis.
Quand elle me voit, Mya me fusille de ses petits yeux bleus et bridés. Totalement adorable cette gamine. Dans la banquette d'en face, Ewan a le bras autour des épaules de sa copine, cette dernière collé à son torse souriant niaisement alors qu'il lui dit quelque chose à l'oreille. Soudain, j'ai de la peine pour cette pauvre Mya qui a dû supporté ces tourtereaux.
- Salut! Je dis en m'asseyant à côté de Mya. Ça va?
- Tu es en retard! S'indigne ma voisine de table.
- Et tu as dû supporter Ewan et Maya se bécoter, ouais je compatis.
Ces derniers, pris d'une soudaine pudeur, se séparent légèrement, Ewan les doigts enlacés à ceux de ma pote.
- Arrête! On n'a pas fait que ça! Se défend comme elle peut Maya.
- Bien-sûr, je n'oublie pas les pelotage!
Le visage rouge, l'intello du groupe soupire et abandonne la bataille. Comme toujours. C'est presque triste de la voir ainsi.
- En attendant, tu n'es pas excusée. T'es tout le temps en retard, c'est dingue! Grogne encore Mya.
- C'est un don, je rétorque en prenant son petit gâteau à la fraise sous son regard noir.
- Bref, les filles! Plus important, nous sommes ici pour l'enquête sur Jäger alors un peu de concentration. Penser à Miley.
À la mention de sa fille, Maya se cripse brusquement, interrompant son geste. Je sais bien qu'elle aime vraiment, mais vraiment, Miley. Comme nous tous. Je sais aussi que savoir qui est réellement Umi ne nous dira pas s'il est le père de la petite Miley, mais la confirmation qu'il n'est pas dangereux. Ce que j'en doute fort.
Maya nous a montré les traces violacets sur son bras lorsqu'il attrapé. Elle nous a parlé du fait qu'il est plutôt agressif. En plus, durant les deux semaines qui ont suivi la formation du couple Maya+Ewan, Umi n'a pas cessé d'être là, voulant à tout pris parler avec elle. La prenant dans les couloirs, s'énervant quand elle refusait. Instable, je vous dis.
Et sérieusement, je ne crois pas qu'il soit le père de Miley. Même si certaines caractéristiques prouvent le contraire, il est à des années lumières d'elle. En tout cas, cette enquête ne plaît pas à Ewan, il le fait très bien remarquer. Il dit que c'est dangereux et patati et patata. Il fait le mec jaloux car il ne veut pas que sa petite amie se renseigne sur quoique ce soit concernant son rival. Buté. Un peu comme le comportement de Maya envers sa manager, Ambre. Cette fille est une garce. Certes, elle ne m'a rien fait, je ne la connais pas, mais si ma copine ne l'aime pas, alors je ne l'aime pas. C'est génétique. C'est girl power. C'est l'amitié quoi.
Je sors curieusement de mes pensées lorsque Maya dépose mon ordinateur sur la table. Nous l'avons découvert il y'a pas très longtemps, mais Maya est une vrai pro de l'informatique! Une vrai codeuse, haqueuse! Discipline que je maîtrise aussi bien que la photographie. Donc, avant-hier nous avons, toute les deux, piraté le système informatique du lycée renfermant les dossiers scolaires pour trouver celui d'Umi. Comme quoi ça paye d'être fille du proviseure. Tout ça pour dire que le dossier de notre présumé psychopathe est étrange. Certaines choses manquent et une certaine incohérence aussi. Tel que le fait qu'il aurait pu aller au lycée relier à son collège mais a préféré choisir le notre. Très suspicieux, surtout que son ancien établissement a une très bonne réputation. Nous sommes sûres que le reste de nos réponses se trouve la bas. C'est pourquoi nous allons nous déguiser pour enquêter sur Umi directement dans son ancien lycée. Enfin son ancien son collège. Il doit bien avoir des amis la bas.
- Ayala? Tu écoutes?
- Hein? Je réponds à Maya.
- Concentres toi! Je disais que j'ai le plan de l'école, les informations et tout ce qu'il nous faut. Il ne reste que tes instructions.
Je souris satisfaite d'être maîtresse de l'opération. J'ai toujours aimé commander, et ce depuis l'enfance. Je me rappelle encore de mes amis du primaire qui suivaient les moindres de mes ordres, considérant chaques paroles que je prononce comme source d'évangile, enflammant déjà jeune mon égo. Je suis surtout hyper contente que Maya me laisse tout faire. Elle et moi aimons bien contrôler ce que nous faisons, même si je me demande de qui elle tient cela. Peut-être de sa mère, tiens comme moi.
Toujours souriante, je prends une grande feuille et me met à dessiner malgré mes maigres capacités dans ce domaine. Je trace les différentes parties de notre opération tout en écrivant le rôle de chacun. Je sens que je vais m'éclater.
- D'abord, je dis, on va se vêtir comme les gens de cette école car bien-sûr ces enfoirés devaient avoir des uniformes. Heureusement que j'ai des connaissances. Après ça, nous nous diviseront en deux groupes. Mya et moi et les deux amoureux.
- Je commence à croire que tu regrettes que je sorte avec Maya, marmonne Ewan en embrassant le front de mon amie.
- Je regrette surtout mon innocence volée grâce à vos baisers langoureux.
- Et vous n'avez pas le droit de vous peloter pendant la mission, hein! Faut être concentrés!
- Vous êtes dures, on fera un effort, Ewan répond à l'attention de ma voisine de banquette.
- Bref! Continuons, vous les tourtereaux, vous cherchez des infos sur Umi dans le club de Tennis ou chez d'autres élèves. Soyez à l'écoute! Quant à moi, je piraterais le système de leur lycée tandis que Mya fera diversion. Simple.
- Et d'où comptes-tu pirater leur système?
- De la salle du proviseur, voyons!
- Quoi?! Mais c'est impossible! Et comment je suis censée faire diversion?!
- Tu te débrouilles, je veux juste cinq minutes de libre.
- Je sens que l'on va se faire arrêter, geint ma coéquipière.
- Pense à Miley, je lui chuchote.
Elle soupire brusquement mais hoche quand même la tête. J'imagine que sortir de sa zone de confort de cette façon c'est difficile. Mya est sûrement de notre duo la plus réservée. Pourtant, elle montre ses griffes et sa force pour défendre ceux qu'elle aime. Très honorable.
- Sur ce, partons nous changer dans les toilettes! Je m'exclame.
Ils suivent sans rechigner et je donne à Ewan ses affaires constituées d'une perruque blonde et de l'uniforme de l'ancienne école d'Umi.
Nous fonçons dans les cabines pour nous changer. Comme je ne veux absolument pas qu'on nous reconnaisse, j'ai décidé de nous relooker de manière contraire à notre look habituelle. Je lisse les cheveux de Maya et les coiffe en une queue de cheval chic et classe. Juste après, je lui mets des mèches roses et blanches en grand contraste avec sa couleur normal. N'empêche que c'est super jolie. Comme le maquillage gothique que je lui fait. Elle est si jolie avec une noir autour de ses grands yeux émeraudes et son rouge à lèvres tout aussi sombre. Franchement quand je la vois et que je sais que c'est moi qui ai fais ça, je me dis que je suis vraiment géniale comme personne.
Ensuite alors que Maya ne croit toujours pas au reflet que lui offre le miroir, je décide de donner un look bimbo à Mya en bouclant ses cheveux et la maquillant beaucoup. Fond de teint, teinture rouge pomme sur ses lèvres, jupe scolaire courte et décolleté à la chemise. Je fais perdre à Mya toute son innocence. Et ça lui va vraiment bien, à croire que c'est ainsi qu'elle est.
Pour moi, je ne fais pas de grand effort et porte une perruque blonde et des lunettes. On aurait dit une l'intello. L'intello la plus sexy du monde. C'est peut-être un peu abusé, mais qui va en mission sans se déguiser un minimum?
- Nous sommes prêtes! Je leur dit en fermant le tube de gloss. Avancez-vous, je vais confier la valise à Dolce, c'est une bonne amie à moi.
- Cette vieille femme?
- Celle-là même.
Un dernier regard au miroir et nous sortons bien décider à mettre les points sur les i concernant Umi. Trouver ce qu'il cache quitte à rencontrer la bête derrière son masque en porcelaine.
À suivre...
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