Ce n'est pas un coup de foudre si la foudre ne frappe pas. C'est un coup de cœur parce que mon cœur tu as frappé

— Quelqu'un —

Été 2043

L'été a beau être le temps des vacances pour d'autres, pour moi, c'est la pire des saisons. Je préfère largement le froid de l'hiver. Lorsque mes doigts deviennent trop gelés, lorsque la chaleur de la cheminée m'étreint, lorsque la couleur blanche recouvre la ville. Il n'y a rien de plus merveilleux que cette saison selon moi, en plus avec cette ambiance festive, j'adore.

Par contre l'été, c'est l'occasion pour les adolescents de s'amuser, de voyager, de bronzer et de faire les p'tis cons pendant que je les regarde tristement. Si mon patron Sunshine Wright entendait de telles pensées, je suis sûr qu'il me gronderait. Pour lui l'été, c'est le moment où la pâtisserie fait encore plus fureur. Ça doit être pour ça que nous sommes bondés chaques jours. Enfin, aujourd'hui fait exception.

Adossé contre le comptoir, je ferme légèrement les yeux, fatigué de la chaleur et de mon patron qui refuse d'allumer la clim. On dirait qu'il n'a pas chaud, peut-être parce que c'est le soleil ?

— Noah ! Cesse de rêvasser, j'entends.

Je grogne en soupirant. Si on devait me cataloguer, je serais ce genre de personne à toujours geindre, se plaindre, grognon et un poil sarcastique. Je n'y peux rien et la canicule n'arrange pas les choses. Souvent, je regrette de travailler pendant les vacances. J'aurais peut-être pu me reposer, mais non, j'ai besoin d'argent.

— Je ne rêvasse pas ! Et il n'y a aucun client, je réponds.

— Ah oui ? Et cette fille la bas ?

Mes sourcils noirs se froncent d'eux-mêmes tandis que je cherche la dite cliente du regard et effectivement, j'aperçois une silhouette à la table 10, son visage malheureusement caché par une plante verte. Putain, encore une ado hystérique qui va me draguer, elle ne pouvait pas aller à la plage comme tous ceux de son âge ?

— C'est obligé ? je geins une nouvelle fois.

— Pense à ton avenir ! me répond Sunshine en souriant légèrement.

Je lui lance un regard mauvais en partant vers notre cliente. Malgré mes râles, j'apprécie beaucoup Sunshine, le considérant même comme un grand frère. Il me soutient depuis le tout début, lui et son père Alkis, ils m'ont vraiment aidé lorsque je n'allais pas bien et je leur en suis vraiment reconnaissant. Le truc avec moi, c'est que j'ai toujours du mal à montrer mon affection aux autres. Je fais des efforts, pourtant, je préfère la solitude. Alors oui, c'est peut-être difficile pour quelqu'un comme moi d'être serveur, mais je sais bien jouer la comédie. Avec un petite sourire et une attention, tout est joué ! J'essaye de faire de mon mieux, surtout que AppleBee's, la pâtisserie des Wright, est un hommage à la femme décédée du père de mon patron. Je ne suis peut-être qu'un mec grognon, mais je sais respecter ce qui doit l'être.

Je m'arme mentalement d'un sourire éclatant tout en sortant mon écran pour nôter la commande. La plus part du temps, les adolescentes qui viennent ici sont un peu lourdes. Si elles ne me draguent pas, elles rigolent à chacuns de mes déplacements et de mes regards. Non, ça n'a rien de sympathique, c'est bien au contraire, énervant et chiant. Je n'ai pas besoin d'une copine — pas maintenant — et je ne fais pas dans le détournement de mineur ou la pédophilie. Je préfère largement les femmes mûres à ces gamines écervelées, et pour être écervelées, elles le sont, et je sais de quoi je parle.

Prêt dans la tête, je me tourne vers la cliente, un sourire formel aux lèvres.

— Bonjour made...

Mais ma voix se brise quand mes yeux noirs rencontrent deux pupilles vertes claires.

Surpris, j'ai un mouvement de recul sans pour autant lâcher du regard la jeune fille en face de moi. Mes poils s'hérissent automatiquement alors que mon cœur bat à un rythme tout sauf approprié, me faisant mal à la poitrine. Ma respiration est rapide comme après une course effrénée tandis que je sens des milliers de souvenirs envahissent ma mémoire, avant de disparaître sur le champ. Je ne crois pas au coup de foudre, je ne suis pas du tout pédophile, alors pourquoi je réagis ainsi ?

Comme si je ne suis plus moi, j'examine la personne devant moi en essayant de contenir les vagues de plaisirs et de joie qui montent doucement. De courts cheveux bruns caramels encadrent un visage légèrement rond et parfaitement bronzée, apportant un aspect encore plus doux à l'adolescente. De grands yeux verts profonds, clairs, lucides, curieux, sublimes, magnifiques, me regardent avidement, me fixent sans battement de paupières. Et là, je me perds dans des milliers de couleurs. Des tremblements me traversent et un sentiment d'aise profond me pousse à soupirer. Le gouffre en moi, ce puit horrible qui se creusait encore et encore dans mon coeur, cette partie pas si blanche de moi, se referme brusquement. Et c'est tellement apaisant. Et c'est tellement puissant. Comme si tout ce que je cherchais depuis si longtemps venait de trouver sa réponse. Comme si la vie me disait ça y est, tu peux mourir en paix. Comme si je venais de trouver la moitié qu'il me manquait.

Les images qui peuplent mes rêves me frappent de pleins fouet, telle une sentence du bon Dieu. Puis, comme un mirage, elles disparaissent, laissant encore en moi un vide. Le vide d'avoir oublié quelque chose d'important. Et c'est terriblement horrifiant parce que chaque matin lorsque j'éveille des bras de Morphée, ce sentiment est là. Enraciné dans les tréfonds de mon âme. Enfouie dans les abîmes de mon cœur. Et chaque matin depuis mes quinze ans, je me réveille en pleurs, secoué de sanglots à cause de la douleur du manque. Le manque de quoi ? Je ne sais pas car au réveil, tous souvenirs des limbes a disparu. Sauf cette putain de sensation qui persiste encore et encore et encore depuis dix ans.

Pourtant, en regardant l'adolescente, la douleur s'estompe. Comme si... comme si c'était elle, cette chose que mon cœur réclame depuis tout ce temps.

— Un jour on sera ensemble, je te le jure, mais pas pour le moment, pas maintenant, mais prochainement... promis Noah ?

— Comment te résister, Miss ?

— Vous pleurer, murmure-t-elle d'une voix cassée.

Je me reconnecte à la réalité en touchant mes joues, les essuyant nerveusement, mon père aurait honte en me voyant. Mais l'entendre parler remue quelque chose en moi. Guéris quelque chose en moi.

— Vous aussi, dis-je en un râle.

Elle essuie doucement ses joues constellées en riant malgré ses sanglots. Elle est magnifique. Je suis un pédophile.

— Je... je suis désolée, j'ai juste l'impression que...

— Quelque chose vient de bousculer votre âme, je la complète.

Nos regards se croisent. Grossière erreur, j'ai la chair de poule.

— C'est bizarre ce qu'on vient de vivre... je...  wahou, j'ai pas les mots ! J'en tremble encore, argumente-t-elle doucement.

Nerveux, je m'assois sur le canapé d'en face pour me remettre de les émotions. Mais plus je suis proche d'elle, plus je sens des explosions dans mon ventre. Putain, même Heaven ne m'a jamais fait réagir ainsi.

— C'est comme si nos âmes sont...

— Connectées, complète-t-elle. Comme si nous étions égarés et maintenant nous venons de nous trouver.

Elle vient exactement de décrire ce que je ressens. C'est extraordinaire. C'est terrifiant. Je ne sais pas comment réagir. Et en regardant ses petites mains toutes blanches et les miennes grandes et noires, je prends conscience de ce que je fais. C'est une gamine, elle ne doit même pas avoir seize ans. Ça n'a rien se légal ou de normal. La honte me frappe de plein fouet, je me relève brusquement.

— Je suis désolé, dis-je précipitamment. Je ne vous connais pas et j'envahi votre espace personnel ainsi, désolé...

— Non ! Ce n'est pas grave ! Rester, avec ce qu'on vient de vivre... il vaut mieux en parler. S'il vous plaît ?

Ses grands yeux verts me font une moue totalement craquante qui me fait soupirer avant de me rasseoir. Voila, je laisse une gamine me dicter ma conduite.

— Alooors, commence-t-elle, et si on se présentait ? Moi c'est Miley et vous ?

Miley. Miley. Miley. Miley. J'ai l'impression de l'avoir répété encore et encore, mais pas suffisamment puisque j'ai le goût de l'avoir oublié.

— Je ne vois l'importance de vous donner mon nom, râlé-je en prenant mon badge électronique entre les mains, cachant ainsi les informations sur moi.

M'attendant à la réaction normale des gens après une de mes plaintes, je suis surpris quand Miley me sourit.

— Je pense qu'avec ce qu'on vient de partager, il faut en parler, mais si vous voulez partir, je ne vous retiens pas 

Je me mords l'intérieur de la joue en proie à un profond dilemme. Je ne suis pas stupide, je sais que cette Miley ne sera pas juste une cliente, la sensation apaisante qu'elle crée en moi est trop bien pour que je l'abandonne. Je sais aussi qu'entre nous, il n y aura jamais rien, les gamines ce n'est pas pour moi et avec Heaven à la maison, je peux me gourer pour sortir avec une quelconque fille. Cependant, en me présentant à elle, je vais lui donner l'opportunité de rentrer dans ma vie et moi dans la sienne et ça, c'est déjà risqué. Mais d'une main tremblante, je lui tends mon badge électronique.

Elle l'attrape en me souriant gracieusement, appuyant sur le clic en même temps qu'un hologramme montrant des informations sur moi apparaît.

— Noah Miller, lit-elle. Vingt-cinq ans, serveur à mis temps à Aplebee's... c'est tout ?

— Ouais, je n'aime pas raconter ma vie sur ces machins.

— Tu es drôle, Noah, rit-elle. Et tu as vingt-cinq ans, je t'en donnerai cinq de moins.

— Ah bon ? On me le dit souvent, que j'ai une bouille de gamin.

— Et moi je fais mes seize ans ?

— Tu donnes l'impression d'en avoir quatre de moins.

Ses yeux se rétrécissent avant qu'elle ne rigole discrètement, passant une main dans ses courts cheveux.

— C'est vrai que je fais encore enfant, murmure-t-elle, le regard vide.

Je m'apprête à répondre lorsque la voix de Sunshine résonne de mon badge :

— Noah, cesse de flirter, les clients commencent à affluer.

Je souffle, un brin exaspéré en lançant un coup d'oeil à Miley, son visage bronzé est maintenant rougi. Mais comment elle fait pour changer de couleur aussi facilement ?

— Je suis désolée, je t'ai distrait de ton travail. De toute manière je dois aller à un concours de maths, tu veux venir ? Tu n'as qu'à dire au robot cette phrase : le chocolat n'est bleu que si le soleil est jaune. Et tu rentreras. Bon, je n'ai rien manger, mais...

— Tu ne vas pas être en retard ? je l'interrompts dans l'espoir qu'elle cesse de dire des choses inutiles.

Elle pique encore un fard en détournant le regard.

— Si. J'espère que tu viendras me voir !

Elle se lève et s'en va sans un regard en arrière, laissant une traînée de lumière blanche à chacun de ses pas, illuminant la pièce, m'hypnotisant par le mouvement de ses cheveux qui tressautent à chaque mouvement. Puis, tel un coup d'épée en pleins cœur, le sentiment de manque refait surface, me faisant défaillir. J'attrape la table, ne comprenant pas comment mon corps peut réagir ainsi. Est-ce Miley qui me manque ? C'est quoi cette histoire ?

— Tu vas arrêter de regarder la petite Hill comme ça ? rigole Kenneth, l'un de mes collègues.

Je tourne la tête rapidement vers lui. Il connait son nom de famille ?

— Tu la connais ?

— C'est vrai que tu travailles ici que les étés et que d'habitude, elle ne vient ici qu'a la rentrée. Bien sûr que je la connais. C'est une cliente plutôt régulière, elle est marrante et super mignonne.

— Tu as déjà tenté quelque chose ? je lui demande.

Puisque Kenneth a juste dix-sept ans, il est nettement en droit de draguer Miley que moi.

— Pas du tout, elle sort avec un mec hyper bien foutu. C'est mort pour moi.

Je le regarde étonné. Certes, il n'est pas le mec le plus beau au monde, mais pour un gamin, je dois avouer qu'il est plutôt pas mal. Une bonne partie de la clientèle féminine vient pour lui et moi, alors si même lui reconnait le copain de Miley comme une bombe alors il doit vraiment l'être. Je fronce les sourcils devant la jalousie qui monte petit à petit. Je n'ai vraiment pas ce droit, pas seulement parce qu'elle est mineure, mais surtout parce que je ne suis pas libre. Enfin, pas totalement.

●

— Tu n'arrêtes pas de fixer la sortie, t'as déjà hâte de m'abandonner ? blague mon patron.

— Pas vraiment... dit, tu sais s'il a un concours de maths près d'ici ?

— Oui, pourquoi ? C'est juste après cette rue.

— Juste que... rien... en fait, est-ce que je peux m'absenter quelques minutes ?

Les grands yeux azurs de Sunshine m'examinent attentivement. Je sais que je vais faire une putain de bêtise, je le sais pertinemment, mais je me sens attiré. Je veux voir Miley Hill, j'ai vraiment envi de la voir. Je dois la voir. C'est comme un instinct. Une envie trop forte pour être refoulée.

— C'est important ?

— D'après toi ?

— Okay, mais tu reviens dans quelques minutes. On va gérer avec les autres. Et si c'est véritablement important, tu devrais te dépêcher, c'est juste à côté de l'immeuble de recyclage.

J'acquiesce vivement avant sortir en courant comme un taré dans les rues.

Je suis un mathématicien, un scientifique dans l'âme. Je crois en la logique. En ce que je vois et touche. Je ne suis pas dans les sentiments. Je ne vis pas de magie et d'espoir. Seulement de logique et de réalité. Or, ce qui se passe actuellement dépasse mes compétences. Ce qui m'attire à retrouver Miley n'a ni formule, ni propriété. Je ne suis pas idiot. Partir à ce concours, c'est me jeter dans la gueule du loup. C'est jouer avec le diable. Je n'aime pas prendre les risques, mais là, là c'est plus complexe.

Je repère rapidement le lieu puisque plusieurs voitures sont stationnées devant. Je pénètre dans le hall,e renseignant pour trouver la salle où tou se passe. Donnant rapidement la phrase d'entrée complètement bizarre.

À peine dans la pièce sombre éclairée que de quelques lampes volantes, je repère rapidement Miley sur la scène, un grand tableau digital divisé en deux. Miley écrit encore et encore, marquant de bleu la presque totalité de son tableau. L'équation semble assez difficile, puisque sa concurrente bouge à peine, jetant des regard inquiets à l'adolescente.

J'ai toujours aimé les maths. Je ne sais pas pourquoi, j'adore les chiffres, cette logique irréfutable, ces équations, tout. Là où mes amis la fuyaient, je la préférais. J'ai en plus des facilités dans cette matière. Je la trouve même poétique à certains moments. C'est elle mon échappatoire quand tout va mal. Et là, regarder Miley Hill résoudre cette équation à une vitesse hallucinante, un sourire aux lèvres, je sens mon âme vibrer. Comme si elle se réjouit de voir que celle de Miley est faite de la même matière qu'elle. De chiffres, de théorèmes, de propriétés.

Puis, comme prévu, Miley remporte la compétition ayant trouver la solutions l'équation dans un temps record et surtout avant sa concurrente. C'est un concert d'applaudissements. Moi je me contente de la regarder, surpris par cette gamine de seize ans. Caché dans le noir, je fronce les sourcils lorsque ses yeux se baladent un peu partout, comme à la recherche de quelque chose. J'espère, un petit rêve, que ce soit moi. Et quand, même plusieurs mètres nous séparant, nos regards se croisent.

Les frissons ne mentent pas.

Je le sais. C'est moi qu'elle cherchait. Qu'elle a toujours cherché. Et elle m'a trouvé.

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Heeeeeeeeeey mes petites boules d'arc-en-ciel !

Wahou, ça me fait bizarre de faire cette NDA XD

Alors, vous allez bien ?

Voici un petit bonus pour vous donner la force avec la rentrée qui est toute proche 🙈

Bon, ce n'est pas un bonus vraiment bonus étant donné que c'est le premier chapitre de l'histoire de Miley et Noah... c'est un petit avant-goût avant sa sortie...

🌲Vous avez aimé ?

Dites moi vos impressions ! À vrai dire, j'ai vraiment envi d'écrire des bonus, mais je n'ai pas trop d'idées... donc si vous avez des idées de bonus, ils sont les bienvenue !

💚 Alors qu'avez-vous envie de lire ?

En fait, si vous avez aimé ce bonus sur l'histoire de Miley, je peux vous donner le deuxième qui sera sous le point de vue de la fille de Maya, vous verrez un peu de plus près la famille Hill ! 😏

Sooooooooooo, ce petit avant-goût vous a mis l'eau à la bouche ?

J'espère que vous avez aimé même si on n'a pas vu Maya, Ewan et leur clique...

Voila ! C'est tout ! N'hésitez pas si vois avez des idées de bonus ça me ferait plaisir de les écrire ^^

Sur ce, je vous dis bisous de courage pour cette nouvelle année scolaire 📚

Phanuelle 💚🌹