Interlude II
『 Interlude II : Traverser la nuit noire, jusqu'à l'Aube 』
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— Réveilles-toi Ezra, je suis à la bourre.
Le petit garçon fut tiré de ses songes par le soleil qui vint directement agresser ses yeux endormis. Il frotta ses yeux endoloris pour s'adapter à la lumière, mais sa mère ne lui laissa pas le temps de s'adapter, car elle l'attrapa par le bras pour le faire descendre du lit, en posant d'un geste rapide des vêtements sur le lit du garçon.
— Habille-toi et descends pour prendre ton petit-déjeuner, vite fait.
Maylin, la mère du petit garçon s'en alla de la chambre aussi vite qu'elle y était entrée, se rendant dans la salle de bain pour se préparer. Ezra était là, perdu, planté comme un poteau au milieu de sa chambre, sans bouger. Cela faisait maintenant quelques semaines, voir quelques mois que ses réveils se faisait ainsi. Sa mère le réveillait d'une manière assez brusque et le poussait à se préparer en vitesse, pour ne pas avoir à croiser son mari.
Bien que très jeune, Ezra comprenait ce qu'il se passait avec ses parents : un divorce. Le comportement de ses parents le laissaient bien paraitre, et même s'ils évitaient de se disputer devant leur fils, Ezra les entendaient se déchirer chaque soir. Il enfila machinalement ses habits d'un geste lent. Il sortit de sa chambre à la même vitesse et en passant devant la chambre de ses parents, il entrouvrit doucement la porte pour voir le corps de son père encore enroulé dans les draps. Il voulut entrer dans la chambre, sauter dans le lit pour réveiller son papa avec des câlins, mais sa mère l'intercepta. Elle posa sa main sur la poignée et referma la porte.
— Laisse ton père dormir Ezra !
— Ça fait longtemps qu'il ne déjeune plus avec moi, je voulais le réveiller...
— Non.
Ezra ne voulait pas se risquer à demander la raison de son refus. La dernière fois qu'il l'avait fait, sa mère s'était furieusement énervé contre lui. Elle n'hésita pourtant pas pour en rajouter une couche, et rabaisser une fois de plus son mari devant son fils :
— C'est sûr que c'est épuisant le chômage.
Ezra baissa la tête. Il était jeune, pas stupide. Il comprenait tout.
— Il fout rien de la journée, évidemment qu'il est fatigué.
— Mais Papa va retrouver un travail.
— Sûrement, mais quand ? Je commence à en avoir assez de tout faire, ici.
Sans un mot de plus, elle attrapa la main de son fils et descendit dans la cuisine. Elle attrapa un beignet à la framboise et le donna à Ezra, en le pressant toujours plus.
— Enfile tes chaussures, tu mangeras sur la route, je suis vraiment à la bourre.
La mère d'Ezra était la seule à travailler : Stephen était au chômage depuis bientôt un an. Il travaillait en tant que cadre dans une petite boîte qui était au bord de la faillite, et qui n'avait eu d'autre choix que de licencier quelques employés, par manque de moyen. Il était diplômé et ne baissait pas les bras, cherchant jour après jour du travail, mais souvent ses efforts s'avéraient non concluant. Ezra savait que son père finirait par retrouver du travail, car il en avait les capacités. Il fut de nouveau brusqué par sa maman, qui enfilait ses escarpins toujours aussi pressée. À peine qu'il eu fini d'enfiler ses chaussures, sa mère l'entraina dehors, d'un geste si brusque qu'il en fit tomber son beignet. Il le ramassa tout de même, soufflant dessus pour chasser la saleté. Il monta dans la voiture, attacha sa ceinture et sa mère démarra en trombe. Elle ne lui parla même pas dans la voiture. Sa mère était gérante d'un magasin de mode, elle devait se rendre là-bas tôt, afin de faire les stocks, et de nettoyer un peu avant l'ouverture. Elle était toujours pressée et stressée, habillée dans son joli tailleur noir. Une fois devant l'école, Ezra sauta de la voiture.
— Demande aux parents d'Andrew de te ramener, je suis de fermeture ce soir.
— D'accord, à ce soir Maman.
— À ce soir.
Elle redémarra sans un mot de plus. C'était souvent les parents d'Andrew qui le ramenait dernièrement, car sa mère travaillait tard. Ça ne dérangeait pas Ezra qui adorait passer du temps avec son meilleur ami et ses parents. Il était arrivé relativement tôt, comme tous les jours. Il allait s'asseoir sur un petit muret à l'abris des regards pour attendre son meilleur ami. Il était toujours le premier arrivé à l'école, mais personne ne le savait. Ezra était très fort pour cacher ce qu'il se passait chez lui, en apparence. Son mal-être était visible autrement : lui qui était habituellement un plutôt bon élève, ses notes avaient drastiquement chutées. Ses professeurs avaient pris rendez-vous avec les parents du garçon : seul son père était venu au rendez-vous, et s'était confondu en excuse, comprenant que la situation affectait son enfant, mais malheureusement, il ne pouvait pas arranger la situation.
Assis sur son muret, Ezra regardait les voitures passer. Heureusement pour lui, s'était déjà le mois de mai, le jour se levait tôt, le soleil était donc déjà haut dans le ciel et réchauffait sa peau d'une agréable chaleur. Une voiture s'arrêta près de l'école et Ezra aperçut un petit blond grassouillet descendre de la voiture, trottinant vers l'école. C'était Isaac. Il le connaissait bien, puisque ses camarades de classe passaient leur temps à le charrier, en particulier Andrew. Le bouclé le poussait, lui jetait ses affaires, lui volait parfois son gouter. Ezra lui n'aimait pas spécialement Isaac, mais ne le détestait pas non plus. Il n'aimait pas embêter le blond, alors il limitait ses actions. Isaac ne se défendait même pas, et il arrivait toujours tôt, pour éviter tout le monde. Ezra voulait tenter d'aller lui parler de temps en temps, mais il ne voulait pas s'embrouiller avec Andrew, qui lui aurait sûrement fait la tête. Puis, Isaac le détestait probablement.
Après un petit moment, quelques élèves arrivèrent accompagnés par leur parents. Les autres parents descendaient de leur voiture, prenaient le temps de faire un bisous à leurs enfants et leur souhaitait une bonne journée. Ezra était un peu jaloux, lui n'avait plus ça avec ses parents. Andrew arriva à son tour, rejoignant le brun vers son petit muret.
— Coucou !
Ezra salua à son tour son meilleur ami, et ils se mirent à marcher en direction de l'établissement.
— Dis Andrew...
— Oui ?
— Tes parents peuvent me ramener ce soir ? demanda-t-il gêné.
— Oui, évidemment. Ta maman travaille encore dans son magasin ?
Ezra hocha la tête. Andrew était le seul à tout savoir de sa situation. C'était donc souvent qu'il allait goûter chez lui, et parfois même dormir pour échapper à son quotidien. Souvent, ça lui faisait de la peine de laisser son père seul, mais il préférait ne pas assister aux disputes répétitives.
Les deux amis se rendirent en cours, et Ezra prit place à côté de son amoureuse, Erin. La jeune fille était au courant que les parents de son amoureux divorçaient, mais elle n'en savait pas autant qu'Andrew. Il allait chez elle de temps en temps, il montait dans sa chambre après avoir fait leur devoirs, ils jouaient à des jeux et Ezra lui avait une fois fait un bisou sur la bouche. C'était son premier bisou. Leur journée se déroula sans encombre, et enfin aux alentours de seize heures, les enfants furent libérés. Certains restaient pour des cours de soutien scolaire : Ezra était inscrit de base, mais les parents d'Andrew lui avait fait un mot, stipulant que le brun rentrait avec eux, il avait donc été dispensé. En sortant, les parents du bouclé n'étaient pas encore là, mais à la sortie se trouvait Mademoiselle Lollipop. Immédiatement, les deux garçons se précipitèrent vers elle.
— Ezra, Andrew, je suis contente de vous revoir les garçons, dit-elle de sa belle voix.
— Nous aussi, répondirent les garçons en choeur.
— Vous avez eu une dure journée ?
— Oh oui, rétorqua Andrew, on a eu un cours de mathématiques. On travaille les fractions en ce moment, c'est vraiment compliqué. Après, le cours de géographie était ennuyant.
Le bouclé était vraiment une pipelette quand il s'y mettait. Ezra l'écoutait en silence, acquiesçant de temps en temps. Mademoiselle Lollipop elle, écoutait le jeune garçon avec un grand sourire sur le visage.
— Tu ne vas pas me dire que toute ta journée était ennuyante ?
— Non, on a eu arts plastiques, c'était vraiment bien. En ce moment, on fait le cadeau pour la fête des mères. Normalement, je suis à côté d'Ezra, mais il est avec son amoureuse maintenant.
Mademoiselle Lollipop tourna son regard brillant vers le brun.
— Dis-donc, c'est du sérieux toi et la petite rousse. Tu comptes l'épouser ?
— Pourquoi pas ? répliqua-t-il fièrement. Erin est gentille et en plus elle est belle.
— Il n'y a pas que la beauté qui compte les garçons, répliqua gentiment Mademoiselle Lollipop.
— Quoi d'autre ? demanda Ezra.
Mademoiselle Lollipop tendit une sucette rose au brun, et une autre orange au bouclé, en leur souriant gentiment. Cette dame avait toujours le sourire, qu'importe la situation.
— Quand vous serez amoureux, vous comprendrez.
— Et comment on sait qu'on est amoureux ? questionna Andrew.
— Ton coeur palpite, tu ne cesses de penser à cette personne, tu veux la revoir quand elle n'est pas là...
— Oh ça a l'air ennuyant d'être amoureux, rétorqua le bouclé.
Mademoiselle Lolipop ne put retenir son rire.
— Vous êtes sûrs ? Mon coeur ne palpite pas avec Erin, pourtant c'est mon amoureuse.
— C'est sûrement parce que tu es encore jeune, ou alors ce n'est pas la bonne personne.
— Il n'y a pas de filles plus belle que Erin, ajouta le brun.
Les parents d'Andrew arrivèrent enfin, saluant la jeune dame.
— Nos enfants vous embêtent encore avec leur bêtises ? demanda la mère du bouclé.
— Pas du tout Madame, ces deux petits sont adorables.
Les enfants rigolèrent de la maman d'Andrew qui se contenta de leur faire une jolie grimace en réponse. Le mari de la femme, s'avança pour payer Mademoiselle Lollipop pour les sucettes, mais cette dernière refusa.
— C'est gratuit aujourd'hui.
— Je vous remercie, répondit le père, mais s'il-vous-plait, ne les gâtez pas trop souvent.
— Ne vous en faites pas, je les surveille.
Après cette petit discussion, les garçons s'éloignèrent et montèrent dans la voiture des deux adultes. Contrairement à sa mère, les parents du bouclé discutaient beaucoup, leur demandant comment s'était passé la journée des garçons, jouant un peu avec eux. Le père du garçon avait même fait semblant de voler leur sucettes pour les taquiner, ce qui avait fonctionné puisque les deux enfants s'étaient immédiatement agités. Après ce petit moment en voiture, Ezra fut posé devant chez lui. Il salua son meilleur ami, et rentra finalement chez lui. Il retrouva son père devant l'ordinateur. Lorsqu'il vit son fils arriver, il sauta de sa chaise pour attraper son fils, le serrant dans ses bras en le faisant voler dans les airs.
— Ezra ! Papa a peut-être trouvé un travail !
— C'est vrai ? s'exclama le brun, ravi.
— Je passe l'entretien dans trois jours, j'ai vraiment hâte. Croise les doigts pour moi !
Ezra savait que son père finirait par trouver, il n'en avait jamais douté. Il était très heureux, et peut-être même que sa mère serait heureuse en apprenant la nouvelle.
— Dis, tu veux aider Papa à trouver une belle cravate pour son entretien ?
Le brun accepta, se dirigeant avec son père dans la chambre, l'aidant à trouver une jolie cravate. Au final, ils optèrent pour une cravate grise, assez sobre qu'il portera avec une chemise blanche et un pantalon gris. Ensuite, Ezra alla faire ses devoirs dans sa chambre et son père se décida à l'aider : après tout, son fils avait des difficultés par sa faute, il se devait de se rattraper en l'aidant. Les heures défilèrent et les deux garçons furent ramené à la réalité par Maylin qui fit claquer la porte en rentrant. Elle monta les marches, faisant claquer ses chaussons contre l'escalier. Elle entra furax dans la chambre de son fils.
— Stephen, tu peux me dire pourquoi le dîner n'est pas prêt ?
— Excuse-moi Maylin, j'aidais Ezra à faire ses de-
— Je ne te demande rien Stephen, mais je travaille moi ! J'aimerais au moins que le dîner soit prêt quand je rentre.
— En parlant de ça, j'ai trouvé quelque chose. J'ai un entretien vendredi.
— Essaie de ne pas le foirer cette fois.
Ce fut la goutte de trop pour Stephen qui se leva, agacé. Il ne voulait pas s'énerver alors il se contenta de descendre dans le salon.
— Tu as faim ? demanda la femme à son fils.
Ezra haussa les épaules. Il avait un peu faim, mais il ne voulait surtout pas prendre le risque d'embêter ses parents. Alors, il répondit de cette façon, laissant sa mère interpréter ce qu'elle voulait.
— Je vais commander des pizzas, dis-moi ce que tu veux.
Le regard d'Ezra se mit à pétiller. Il adorait les pizzas. Après avoir dit ce qu'il voulait, sa mère passa la commande en descendant dans la cuisine, laissant son fils finir ses devoirs.
— Tu as commandé à manger ? demanda Stephen pour engager la conversation.
— Pas pour toi. Débrouilles-toi pour manger.
Stephen n'en pouvait plus. C'en était trop.
— Ça suffit maintenant !
Il fit claquer ses mains sur la table de la cuisine, faisant à peine réagir sa femme.
— On est plein divorce, ok. Ce n'est pas une raison pour te comporter ainsi.
— Pourquoi je devrais bien me comporter ? C'est toi qui le veut ce divorce, si je me souviens bien.
— Mais pense à Ezra merde ! Tu penses que cet environnement est bon pour lui ?
— Ezra est dans sa chambre. Ne l'utilises pas comme excuse !
— Notre gamin n'est pas con Maylin. Il ressent les choses, et ses notes ont chutés à cause de ça.
Elle souffla, levant les yeux au ciel.
— C'est la fin de l'année, il se relâche c'est tout.
— Tu le fais exprès ou tu en as juste rien à foutre ? Ton fils va mal et tu ne fais rien.
— Il va mal à cause de toi ! C'est toi qui veut divorcer, je te rappelle.
Il roula des yeux à son tours, croisant ses bras sur son torse. Il y a cinq mois de cela, Stephen avait demandé le divorce, n'en pouvant plus de sa femme. Elle le rabaissait sans cesse, et ça s'était amplifié quand il s'était fait licencier. Peu présente à la maison et très froide, il avait finit par vouloir divorcer. Maylin n'avait pas toujours été ainsi. Quand il l'avait rencontré, elle était très douce et aimante, puis quand Ezra est arrivé dans leur vie, ils baignaient dans le bonheur. Mais au fil des années, Maylin avait changé de comportement. Stephen pensait qu'elle avait peut-être rencontré quelqu'un, mais il chassa bien vite cette idée. Sa femme avait bien des défauts, mais elle n'était pas infidèle.
— En parlant de ça, ajouta-t-elle, je vais partir à New-York.
— Quoi ? Comment ça ?
— Notre chaine de magasins va s'implanter à New-York, alors je pars. Et je pars avec Ezra.
— C'est une blague ? Je refuse que tu partes avec lui !
— Ah oui ? Et qu'est-ce que tu comptes faire ? Tu es au chômage Stephen, jamais tu ne pourras offrir une vie descente à notre fils.
Il ne répondit plus, car il remarqua la tête de son fils qui apparut dans la cuisine. Au même moment, la sonnette de la maison retentit et Maylin pressa le pas pour aller ouvrir, récupérant et payant pour les pizzas. Elle donna une pizza à son fils.
— Va manger dans ta chambre trésor... Papa et Maman doivent parler.
Le garçon ne répondit rien. Il se contenta d'attraper sa pizza et de monter dans sa chambre. Ce que ses parents ne remarquèrent pas, c'est les larmes qui se mirent à couler sur son visage, quand il remonta. Il posa la pizza sur son bureau et alla se cacher sous sa couette, pour pleurer à chaudes larmes.
Quand la nuit fut tombée, Ezra se réveilla en sursaut dans son lit. Son réveil indiquait minuit passé. Il remarqua la pizza encore posée sur son bureau. Il ouvrit le carton, mangeant une part de la pizza désormais froide, puis une deuxième avant de s'arrêter. Il prit le carton à pizza et se dirigea vers la chambre de ses parents. En ouvrant la porte, il vit que seulement sa mère était dans le lit. Il referma la porte et se dirigea dans le salon. Il descendit discrètement les marches et retrouva son père, allongé dans le canapé, une petite couverture le couvrant. Ezra déposa la pizza sur la table basse, puis remonta dans sa chambre en trottinant. Il attrapa sa couette et sa peluche préféré, pour redescendre dans le salon. Il posa grossièrement sa couette sur le corps endormi de son papa, lui envoyant accidentellement sa peluche en pleine figure, ce qui eu pour effet de réveiller l'adulte.
— Qu'est-ce que tu fiches Ezra ? grogna-t-il en se réveillant.
— Je t'ai apporté de la pizza, et une couverture.
Stephen posa sa main dans les cheveux de son fils, ébouriffant sa tignasse brune.
— Merci, tu es adorable.
L'adulte attrapa une part de pizza qu'il amena à ses lèvres. Il mangea goulument les parts de pizza, accompagné de son fils, dans le plus grand des silences, en se blottissant dans la couverture, la peluche coincée entre les cuisses du brun. Après avoir mangé leur pizza, Ezra chercha à se blottir dans les bras de son père.
— Dis Papa, elle va m'emmener à New-York Maman ?
L'adulte se figea un instant avant de vite se ressaisir, enlaçant son fils.
— Tu nous as entendus ?
— Je voulais juste savoir quand les pizzas allaient arriver... je n'espionnais pas.
— Je sais mon ange. Pour répondre à ta question... je n'en sais rien. Tu aimerais ?
Ezra secoua la tête dans tout les sens.
— Non ! Je ne veux pas ! Je veux rester ici !
—Ezra... ta Maman et moi, on se sépare. Dans tout les cas, tu devras déménager.
— Non, je veux rester avec toi Papa.
— J'aimerais aussi que tu restes avec moi.
Stephen serra son fils dans ses bras, car il savait que le juge ne serait pas clément. Entre une femme gérante d'une chaîne de magasin et un homme au chômage, la garde serait accordé à sa femme de toute évidence. Il profita néanmoins de l'instant présent et il se rendormit, son fils dans ses bras dans le canapé, Ezra blottit dans la chaleur rassurante des bras de son père.
*
Lorsque le mois d'août arriva, Ezra fut contraint de déménager à New-York avec sa mère. Elle avait obtenu la garde de son fils. Stephen avait obtenu un droit de garde un week-end sur deux, mais avec le départ de sa femme à New-York, il ne pouvait pas faire le trajet et assurer ses week-end de garde. Maylin avait arraché Ezra de son père, séparant les deux hommes qui étaient si complice.
Assez mature pour comprendre la situation, Ezra souffrait de ne pas revoir son père. Il suppliait sa mère de lui prendre un billet d'avion pour les vacances d'octobre, mais elle refusa, lui promettant qu'il le retrouverait durant l'été. Le jeune garçon refusait d'attendre si longtemps. Il entra finalement au collège, se familiarisant avec quelques jeunes : cependant, aucune personne ne pouvait remplacer son meilleur ami Andrew, ou son amoureuse Erin, mais la compagnie de ses nouveaux amis lui faisait du bien, puis cela lui permettait de ne pas rester seul. Puis quand arriva l'anniversaire du jeune homme - le quinze novembre - il eut la bonne surprise de voir son père débarquant à New-York. Il avait embarqué son fils pour le week-end, l'amenant au parc d'attraction, au restaurant. Ezra s'était empiffré de glace et de barbe à papa tout le week-end. Stephen avait recommencé à travailler en tant que cadre, depuis le mois de juin, il commençait donc doucement à s'en sortir financièrement. Comme cadeau d'anniversaire, son père lui avait offert un billet d'avion pour Londres qu'Ezra décida d'utiliser à la période de Noël, sans laisser le choix à sa mère. Son père l'avait gâté, lui achetant tous ce dont rêvait les enfants de son âge. Ses deux semaines à Londres lui avait permis de revoir son meilleur ami. Les deux garçons sortaient ensemble dans le parc, rattrapant le temps perdu. Il avait passé deux semaines bien complète avec son père, renouant leurs liens, passant le meilleur Noël de sa vie, et probablement le dernier avec son père, avant un long moment.
Il dû retourner à New-York en janvier pour aller à l'école. Il n'avait pas pu revoir son père après cela, mais sa grand-mère avait décidé de venir vivre avec eux à New-York, s'installant avec eux dans leur petit appartement en banlieue, pour les aider dans les taches quotidienne. Les affaires semblaient bien aller pour la mère d'Ezra, qui semblait se détendre petit à petit, paraissant bien plus apaisé, se radoucissant auprès de son fils. Elle lui consacrait plus de temps, faisant de nombreuses sorties au cinéma, au parc, au restaurant. Son année au collège se déroulait également bien : ses notes étaient remontées, Ezra était un bon élève, très apprécié des autres, se faisant de nombreux amis. Son année scolaire se déroulait parfaitement bien, dans le plus grand des calmes.
Les années passèrent, Ezra s'était fait un petit groupe d'amis. À ses yeux, personne ne pouvait égaler Andrew, ses liens avec le petit garçon bouclé était indépassable. Cependant, ce petit groupe d'amis lui permettait de passer du bon temps, et lui évitait de rester seul. Parallèlement à cela, le magasin de sa mère n'avait pas autant de succès qu'espéré, alors Ezra fut contraint de rester à New-York, un été, puis un second, puis ce fut la routine. Les premières années, il écrivait à son père par SMS, puis ils avaient finit par naturellement perdre contact. La petite famille avait déménagé chez la grand-mère d'Ezra, pour soulager les frais de Maylin ainsi, qu'aider la vieille dame.
Puis, arriva la dernière année de collège. Un voyage scolaire à San-Francisco était organisé pour les collégiens en dernière année. Ezra ne pouvait pas participer au voyage dû aux problèmes d'argent de sa mère. Il était très déçu, mais au dernier moment, sa mère lui annonça qu'elle avait trouvé les moyens de financer son voyage. Ce que le brun ne savait pas, c'est que Maylin avait envoyé un message à son ex-mari pour lui demander de l'argent, stipulant que c'était pour son fils. Elle avait ainsi pu financer, en plus du voyage, son loyer et les courses. Ainsi, Ezra était plus que content de pouvoir partir avec ses amis à San-Francisco. Dans sa classe, il y avait une jolie fille, brune aux yeux naturellement violets. Cheryl avait une mutation génétique qui faisait qu'elle avait les yeux violets. Tous les garçons craquaient pour elle. Avec son visage angélique, sa nature douce et aimante, tout le monde voulait sortir avec elle. Ezra n'en faisait pas exception. Il trouvait sa camarade vraiment belle, et voulait tenter de sortir avec elle.
Le destin faisant bien son coup, ils s'étaient retrouvés dans le même groupe de voyage. Les professeurs avaient divisés les classes en plusieurs petits groupe pour se retrouver plus facilement. Ezra avait saisie cette occasion pour se rapprocher de Cheryl. Elle était très extravertie, le brun put donc facilement l'aborder. Quand il ne savait pas de quoi parler, la jeune fille prenait le relai et lui faisait la conversation. Le courant était naturellement bien passé entre les deux adolescent. Le dernier jour, alors qu'ils étaient en visite libre dans le Golden Gate Park, Ezra prit son courage à deux mains et embrassa sa camarde, qui répondit à son baiser pour sa plus grande joie. C'était officiel : Ezra et Cheryl de la troisième trois étaient en couple. De nombreux garçons étaient jaloux du brun, tout comme beaucoup de filles étaient jalouses de Cheryl. Après tout, Ezra avait l'apparence du petit copain parfait, et Cheryl était la fille parfaite. Ils étaient le couple phare du collège.
Ils passèrent quelques mois ensemble, puis ils arrivèrent enfin au lycée. La période où beaucoup d'adolescents commencent à ressentir des envies sexuelles. Cheryl montrait elle aussi ses envies à Ezra, mais lui ne ressentait aucune envie. Du moins, aucune envie envers sa copine. Il se donnait de temps en temps du plaisir en solitaire, mais il n'arrivait pas à sauter le pas avec sa copine. Pourtant, ils allaient souvent en soirée, et Cheryl l'avait de nombreuses fois emmené dans les chambres des grandes maisons, mais le problème était bien là : Ezra n'arrivait pas à se forcer. Il n'arrivait pas à bander, malgré les tentatives désespérées de sa petite-amie. Le plus souvent, ça finissait par blesser la jeune fille qui repartait soit énervée, soit en pleurant. De son côté, le brun était inquiet de son côté, car il trouvait sa copine magnifique, mais il ne ressentait pas l'envie de lui donner du plaisir. Il ne voulait pas coucher avec Cheryl. Il avait honte d'en parler à ses amis, qui avaient déjà tous couchés avec au moins deux filles. Il pensait avoir un problème.
Après un an de relation, Ezra décida de rompre avec Cheryl, car même si l'attirance physique était là, l'attirance sexuelle et les vrais sentiments n'étaient pas là. Refusant de jouer d'avantage avec ses sentiments, il décida de rompre avec, après avoir longuement parlé. Ils étaient resté en bons termes. Ses amis le charriait un peu, lui disant qu'il était « un PD » pour quitter une bombe pareille. Ezra rigolait avec eux, en sentant son coeur se resserrer.
La première année de lycée se termina, et la seconde année commença. L'année débuta très mal pour l'adolescent, puisque le magasin de sa mère fut contraint de fermer. Leurs revenus étaient au plus bas. Ezra voulait soulager sa famille en trouvant un travail, mais personne ne voulait de lui à seize ans seulement. Sa mère commença à travailler en intérimaire pour une boite agro-alimentaire, seulement elle commençait à faire des malaises. À force de travailler, sa mère était exténuée, et Ezra ainsi que sa grand-mère décidèrent d'emmener Maylin à l'hôpital. En plein durant les fêtes de fin d'année, l'adolescent réalisa que sa mère souffrait d'un cancer à un stade très avancé. Les médecins étaient formels, il lui restait au mieux, un an à vivre. Le cancer était à un stade trop avancé pour pouvoir le soigner, tout ce que pouvait faire les médecins, c'était le ralentir et donner des anti-douleurs à la mère du brun.
Autant dire que ce Noël n'avait pas été joyeux. Sa mère était un coup avec eux, puis devait partir faire des examens. Ezra tentait de tenir le rythme, mais il était vraiment trop mal mentalement. Ses notes chutèrent, il devint un fantôme. Ses amis tentaient de lui tirer les vers du nez, mais le brun ne voulait tout simplement pas parler. Il se renfermait sur lui-même. Quand les vacances d'été arrivèrent, l'état de la mère du garçon se dégrada d'un seul coup, la forçant à se faire hospitaliser définitivement. Ezra pensait que son état s'était dégradé avec la chaleur étouffante de l'été, et espérait voir sa santé se stabiliser. Pour lui, il y avait de l'espoir, c'était insensé de garder une personne mourante attendre ainsi son heure. Seulement, il vivait une course contre la montre : tôt ou tard, sa mère allait mourrir. Et Ezra devait se raisonner, sa mère ne terminerait pas l'année.
Après deux semaines d'hospitalisation, Ezra n'était plus que l'ombre de lui-même. Ses amis faisaient des sorties à la plage, ou a la piscine, mais lui restait enfermé chez lui à broyer du noir, ne donnant aucune nouvelle à personne. Alors, un soir durant le repas, sa grand-mère, lui parla du fait de changer d'air. La marmite remplie d'une délicieuse blanquette de veau à la crème l'attendait, mais il n'était pas réjoui à l'idée de manger, comme souvent.
— Écoute, Ezra... tu m'inquiètes beaucoup, commença la vieille femme.
— Je sais, mais qu'est-ce qu'on peut y faire ?
Il poussa un soupir, tentant de ravaler ses larmes.
— Tout ce qu'on peut faire, c'est attendre que Maman décède.
— Ezra...
— J'ai tort peut-être ? Mamie, on ne cesse de redouter ce moment, alors qu'il finira par arriver... mais quand Maman nous aura quitté, on deviendra quoi nous ?
La vieille femme laissa s'échapper quelques larmes, en voyant son petit-fils dans un tel état.
— Ezra j'ai discuté avec ta mère l'autre jour... tu sembles tellement mal vivre la situation, alors on a pensé qu'il serait peut-être préférable que tu changes d'air.
Le concerné releva le regard vers sa grand-mère, le regard rempli de questions.
— Changer d'air ? Qu'est-ce que ça changera ? Et puis, tu veux que j'aille où ?
— La situation te fait trop de mal Ezra... tu as eu un énorme décrochage scolaire à cause de cela, et je ne te parle même pas de ton moral. Tu as trop de pression sur les épaules...
Les larmes se mirent à couler sur les joues du brun, mais il ne prononça aucun mots, ne sachant quoi répondre. Sa grand-mère avait raison, il ne pouvait nier la vérité.
— J'ai contacté ton père... il est d'accord pour t'accueillir chez lui, au moins pour cette année.
Ezra se releva furibond de sa chaise, envoyant valser cette dernière sur le sol.
— Pardon ? Mamie, il habite à Londres !
La vieille dame baissa les yeux.
— Vous voulez vraiment me séparer de Maman, c'est ça ? s' écria-t-il.
— C'est le mieux pour toi Ezra, regarde toi. Tu ne manges plus, tu ne dors plus, tu ne souris plus.
— Ça va faire cinq ans que je n'ai pas revu Papa, et tu veux que j'aille vivre chez lui ? J'aurais juste l'impression de m'imposer, de ne pas être à ma place...
Quelques seconde s'écoulèrent avant qu'il ne hurle :
— PUTAIN !
— Ezra... réfléchis-y.
Pour y réfléchir, autant dire que l'adolescent n'avait fait que ça de ses journées. Retourner à Londres signifiait quitter son quotidien, laisser ses amis, et surtout laisser sa mère. Un soir tandis qu'il ruminait, il fut pris d'un excès de rage à l'idée de quitter sa mère, et il envoya valser le contenu de son bureau à travers sa chambre. De gros livres de cours furent projetés contre une étagère, donc quelques babioles tombèrent. Un bruit de verre brisé se fit entendre. Ezra s'énerva encore plus. Il balança les livres au sol entouré de morceaux de verres, en se coupant maladroitement les paumes. En soulevant un énième livre pour le balancer contre son mur, il tomba avec un cadre, explosé en milles morceaux. Au milieu se trouvait une photo de lui et Andrew, une sucette à la main.
Sur la photo, Ezra avait un énorme sourire sur le visage, Andrew aussi et il avait encore cette lueur espiègle qui brillait dans ses yeux. Ezra se retrouva assis sur le sol de sa chambre, secoué par les larmes, tandis qu'il serrait la photo contre son coeur. Comment avait-il pu oublier ainsi son meilleur ami ? Lui et Andrew avait tous partagé, et noyé dans sa peine, Ezra l'avait oublié. Ce soir là, le brun prit la décision qui allait changer sa vie : il allait retourner à Londres.
Il allait retrouver son père, Andrew et son sourire. Il en avait plus qu'assez de traverser une nuit noire sans réussir à trouver son chemin. Il fallait qu'il atteigne l'Aube.
☆ ★ ☆
✎ Yena
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